Avec mon compagnon photographe (Geoffroy De Schutter – http://www.geoffroy.photo), remonter tout le territoire de la Porte du Hainaut, à pied et en packraft (canoë-kayak gonflable), depuis sa pointe sud-ouest jusqu’à la frontière belge au nord-est, en suivant un itinéraire qui passe par toutes les communes où je suis intervenue : Bouchain, Lieu-St-Amand, Douchy-les-Mines, Denain, Haveluy, Bellaing, Raismes, St-Amand-les-Eaux, Château l’Abbaye, Mortagne-du-Nord.

Marcher, pagayer peut-être, photographier, écrire, prendre du son. Rencontrer. Collecter des traces, des regards. Puis en faire un outil de diffusion qui relie, partageable avec tous.tes.

Je sors de 4 mois de résidence artistique en Porte du Hainaut. Pas très dépaysant, c’est juste de l’autre côté de la frontière belge. Au terme de ces 4 mois de résidence, je me surprends à me dire que je n’ai pas vraiment pu rencontrer le territoire. J’y ai mené ou initié une dizaine de projets, rencontré autant d’équipes et leurs participants, circulé du Nord au Sud, mais je ne connais pas le territoire. Au terme de mes précédentes résidences, je partais souvent avec l’impression de mieux connaître le territoire que certain.e.s de ses habitant.e.s. A quoi est-ce dû, je n’en sais trop rien. Le temps et la météo n’étaient pas à la flânerie, à la déambulation, à la rencontre fortuite et démasquée, à l’insouciance.

Au terme de ces 4 mois si particuliers, la Communauté d’Agglomération Porte du Hainaut (et la DRAC) octroie à ses artistes en résidence deux semaines supplémentaires pour mieux rencontrer le territoire et ses habitants. Quelle aubaine ! Je veux profiter de ces quinze jours pour me confronter intimement au territoire, non plus le traverser aveuglément entre deux dedans où des interventions m’appellent, mais le parcourir, au rythme et à la force de mon pas, prendre le temps de la rencontre fortuite ou organisée. Prolonger ces 4 mois de résidence par deux semaines de résidence lente et nomade à travers tout le territoire du Sud vers le Nord en suivant l’axe des communes dans lesquelles je suis intervenue au cours de ces 4 mois.

Les objectifs
Marcher sans objectif de performance, mais plutôt de rencontres, des étapes courtes et lentes, pour laisser du temps à la collecte (mots, sons et images) et à la rencontre fortuite.

Rencontrer : prendre le temps des rencontres fortuites et organiser au fil du parcours des moments de rencontre spécifique avec des publics définis : soit une invitation à nous accompagner dans la marche, soit lors d’une pause poétique. En lien, ou non, avec les interventions de ma résidence.

Partager : tenir au fil des jours un « blog de route » régulièrement alimenté et mis en ligne sur le site qui consigne tous les projets que j’ai menés durant la résidence : https://aversailles.wixsite.com/colportagedici. Faire de cette remontée un événement que tout le monde peut suivre, à distance ou dans une rencontre de proximité.

Transmettre : monter une exposition qui pourrait tourner sur le territoire et réaliser un outil de diffusion pérenne (une petite édition, un livre, une carte, un CD, un webdocu, …) qui relie et partageable avec tous.tes.

Voilà, on a marché et puis pagayé.
On est partis de Wasnes-au-bac.
On est arrivés à Mortagne-du-Nord.
On est partis à pied,
arrivés en packraft.

Ce fut une lente et dense remontée.
Nos aventures sont à lire ici, dans le carnet de route que nous tenions au jour le jour : https://aversailles.wixsite.com/colportagedici

Et bientôt, nous écrirons un récit à intégrer dans ce Carnet d’expé.
Juste le temps… d’écrire encore, sélectionner les photos, …

 

Aujourd’hui,
plonger pousser tourner
les pagaies dansent
et moi je glisse.

De ce côté de la rive,
le vert est à son comble
et déborde comme un ventre
au-dessus de l’eau
tantôt ridée
tantôt miroir du ciel.

Le fil est argent
le fond sans soupçon
rien ne perce
si ce n’est la pagaie
jaune.

Par dessus les saules
le héron qui passe
et distrait le haut échange
entre feuillages et nuages.

Par dessous les saules
couve l’oie
qui me regarde passer
ride éphémère.