Rédaction Mathieu Chable.
Le but est de rejoindre le lac Råstojaure, très au nord de la Suède, en partant de la frontière Finlandaise. Ensuite, continuer le sentier qui passe au nord-est du lac pour gagner les rivières Gorvvejohka et Taavaeno, atteindre la confluence avec la rivière Rostoeatnu, la remonter vers le lac Råstojaure pour la descendre et enchainer avec la rivière Lainioälven jusque Övre Soppero.

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 Lundi 14/06, Sielddás-Biggosjohka (petit affluent de la rivière Rostoeatnu). 7km packraft et +/- 16 à pied.

 

Notre journée commence avec un long rapide de classe II sur +/- 1,5 km. La rivière est large, entre de hautes berges sablonneuses, parfois très verticales. Les bouleaux ne sont plus éparses, mais bien présents, accrochés aux berges et aux flancs des collines.

La confluence de la Lainioälven,  la Rostoeatnu  et la Taavaeno est déroutante, un carrefour de 3 rivières où, un instant, nous hésitons sur celle que nous devons remonter. Le courant, bien que lent, nous indique le cours principal. Nous débarquons et empaquetons. Je fais un petit tour et trouve quelques cannettes que j’écrase et prends avec moi. Je reste toujours étonné de cette habitude de laisser des déchets derrière soi. J’ai beau essayer, je n’arrive pas à comprendre. C’est bien simple, jamais je n’arriverai à comprendre et accepter cette stupide attitude. Alors, je ramasse cet objet si incongru dans cet environnement, ce morceau d’aluminium ou plastique posé sur la toundra ; ce si vilain, si triste objet dans un si bel écrin. Ça m’énerve !

Pour remonter la rivière Rostoeatnu, nous empruntons la piste hivernale qui laisse une trace de motoneige et de quad bien nette. 

Nous pouvons filer sur celle-ci. Quelques cabanes à Skyddsrum, nous nous y arrêtons pour regarder la rivière qui se montre dans de beaux rapides. Difficile de juger de si haut mais elle gronde ! La piste la longe et elle nous fait parvenir sa grosse voix turbulente  et bien impressionnante. La piste est hivernale et donc en été, ça mouille. Sylvain en fait l’expérience en s’enfonçant un peu au-delà du genoux.

Nous croisons une petite troupe de rennes pour le plaisir de mes 2 compagnons. Ils tentent une petite approche mais les rennes sont bien trop farouches et surtout, ils courent plus vite.

Reste à voir la bête mythique, l’élan. Mais à trois, nous sommes trop bruyants, nous parlons beaucoup et rions encore plus. Nous formons un petit groupe hilare qui s’entend de loin.

Arrivés à Rusovárri, un autre petit groupement de cabanes, la piste s’arrête au beau milieu de 3 petits lacs. Tant bien que mal, nous essayons de traverser. C’est Aurel qui nous démontre l’impossibilité de notre tentative, il disparaît jusqu’à la taille dans une boue noire. C’est son sac à dos, en buttant sur le bord du trou qui l’empêche de descendre plus bas.

Évidemment, nous ne pouvons pas nous empêcher d’éclater de rire. Soyons donc raisonnables et contournons ce trio de lacs. Nous revoilà donc partis à travers la toundra. 

On avance et commençons à chercher un endroit de bivouac abrité du vent. Le vent est toujours au nord-ouest et toujours aussi froid. Et juste derrière une longue et haute bande de sable, un petit paradis s’offre à nous. 

Du haut de celle-ci, nous pouvons admirer un ruisseau, le Biggosjjohka, qui coule dans une plaine et nous offre un confortable abri du vent polaire.

La plaine est parsemée de saules mais en bord de ruisseau, il y a de belles places nues et plates. On s’installe confortablement et surtout on ramasse assez de bois mort pour se faire une belle flambée. Et, comble du bonheur, le ciel s’ouvre largement. Le soleil nous gâte, il nous baigne de sa chaleur après ces 3 journées un peu pluvieuses, un peu grises et bien venteuses. Pieds nus, face au feu, nous dégustons notre soupe chaude. Je fais découvrir à mes compagnons les bienfaits d’une soupe garnie de croutons. C’est mon habituel coupe-faim, juste après l’installation du bivouac et avant mon repas du soir. Nous finissons la soirée au goût du malt et du chocolat.

 

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