Quatre expés en ski de randonnée nordique

screenshot_1901Je n’ai aucune idée pourquoi j’ai envie d’écrire ce soir, je suis dans mon lit épuisé, une belle interro m’attend demain en histoire et je ne la connais qu’à moitié mais j’ai envie d’écrire, de décrire mon voyage, d’expliquer, de partager mes idées, mon vécu dans le Sarek…

Du coup je regarde les photos prises pour ne rater aucun moment de ce voyage, je mets un beau petit morceau de piano dans mes oreilles pour me laisser aller totalement.

Cette expé fut pour moi une grande première, le Sarek c’était du nouveau.

Dom me proposa lors de la soirée CapExpé un projet, une semaine dans le Sarek en ski de randonnée nordique. J’accepte mais c’est tout, je ne passe pas des soirées à rechercher sur le Sarek ou quoi que ce soit, j’attends avec peu de motivation le jour du départ. Je n’explique toujours pas aujourd’hui cette réaction, serait-ce de la peur ? De l’appréhension ? Aucune idée.

Je quitte l’internat prêt, habillé de façon expé, le sac sur le dos, et les bottines chaussées. J’arrive à l’aéroport de Zaventem, poirote une heure et retrouve Max, Rod et Jephan. Check-in, douane et tout le tralala pour monter dans un simple avion. On prend le bon avion direction Stockholm et un bus nous amène à la gare des trains. Rod et moi s’étonnons que notre train n’est pas affiché et allons voir au guichet… « the train is cancelled.» Rod, les emmerdes commencent mon vieux. Je suis sidéré par ses suédois et norvégiens, en Belgique dès le moment où un train est supprimé on vous dit tant pis mon grand. Mais, là-bas on nous trouve un train puis un deuxième puis un taxi puis un troisième train qui nous amène ou nous voulions sans une seule minute de retard ! Dingue ! Nous retrouvons Geoffroy qui nous amène vers le départ de la « Kungsleden » où nous retrouvons Dom plongé dans un bouquin. On dispatche la bouffe et le matos, fêtons l’anniversaire de Jephan et profitons d’une nuit en refuge… Le lendemain matin, réveil de bonheur tous prêts à attaquer le ski de fond car nos expériences n’étaient que très minimes. Une journées de piste balisée pour se mettre en jambes et après une super journée on arrive à « Partechtugan » un super petit refuge où nous passons la nuit. Le deuxième jour de ski fut déjà plus rude, le chemin était encore balisé mais on skie sur une vingtaine de kilomètres, on débouche sur un immense lac qu’on doit traverser pour arriver à « Aktse ». Le soleil au zénith et la beauté du paysage nous émerveillent tous… Et la petite attention de la gardienne du refuge qui nous accueille avec une tasse de jus de groseilles chaud me séduisa tout de suite.

En repartant de ce super refuge, un vent violent nous oblige à sortir masque, cagoule,… maintenant on s’enfonçait vraiment dans le Sarek, fini les chemins balisés, les jus de groseilles le soir, les refuges,… la carte, la tente et le pemican seront notre quotidien durant les cinq jours à venir. On skie tête baisée tous en pleine méditation… et là une petite voix enthousiaste qui fut celle de Max me dit « ça va Greg ? » je lui réponds que tout va super sauf que je ne sens plus mes parties génitales. Et là, un amas d’inquiétude et de stress explose, Max ne sent plus non plus son entre-jambe et celà le fait paniquer… Une série de questionnement vont alors trottiner dans sa tête, qu’est-ce que je fais là ? Et si on faisait demi-tour. La peur de l’inconnu l’envahit mais une fois qu’il se sera rendu compte qu’il est trop tard de faire marche arrière et que c’est plus court de continuer tout droit il va s’ouvrir, se relaxer et profiter a fond ! On arrive dans le bas de la « Rapadalen » et plantons la tente, Dom me dit de faire un mur autour de celle-ci. C’est en pelletant énergiquement que j’arrive à canaliser mon stress, je fais un mur le plus haut possible et une fois trop épuisé je rentre me mettre au chaud et découpe le gouda à plonger dans la soupe… Super cette première nuit sur neige mais je n’ai pas énormément dormi car je ne connaissais pas encore la technique du bonnet sur la tête la nuit. Je me les caille toute la nuit. Mais je suis tout de même prêt pour attaquer une nouvelle journée de ski sous un soleil radiant ! On remonte toute la « rapadalen » qui est une rivière gelée, marquons quelques poses de temps à autre pour croquer dans un morceau de côte-d’or et arrivons vite sous un col que nous avons à passer le jour suivant.

screenshot_1902Le rituel veut un beau damage de la neige, de beaux murs autour de la tente, une bonne soupe au pemican, un couscous copieux, et un petit morceau de fromage Stilton une fois prêt a fermer l’œil. Une belle petite nuit nous remet d’aplomb, pour attaquer ce col, je suis plus chaud que jamais, j’ai l’envie d’arriver le plus vite possible au sommet et découvrir le paysage d’en haut, du coup je me tape un super sprint, et arrive en haut les larmes aux yeux tellement l’émotion est grande et le lieu magique. Je m’assieds, contemple, j’ai envie de crier, je crie, je suis débarrassé de toute inquiétudes et de tout soucis, j’ai l’esprit vide. L’émotion me prend d’une façon tellement intense quelle ne me quittera pas, même maintenant je sens mes yeux se remplir de larmes. Cet endroit est magique.

screenshot_1903Je m’essaie à la poulka mais abandonne très vite vu l’effort que cela demande, nous dormons dans un petit cabanon perdu et avançons jusqu’à la dernière ligne droite, on plante notre bivouac et dormons. Le matin fut très très rude, l’angoisse m’envahit, le froid me prend. Je ne sens plus mes pieds, ils ne réagissent plus. Alors je prends la décision de mettre mes chaussures et d’aller skier pour me réchauffer. L’horreur, impossible de mettre mes bottines, elles sont gelées aussi. Rien ne va j’en ai marre, j’ai envie de retourner dormir et d’attendre que cela aille mieux… après une quart d’heure de combat je parviens à les mettres, je chausse mes skis et part tout droit sans même voir où je vais. Je n’arrive pas à me réchauffer, les larmes se mettent à couler, ma respiration s’accélère très fort, c’est trop pour moi. Je pense à Dom et me dit qu’il saura m’aider qu’après tout c’est lui qui m’emmène ici donc c’est à lui de trouver une solution. Je rentre et marmonne « Dom aide moi j’en peux plus ». Il me met pieds à nus et plaque mes pieds contre son ventre. En moins de trois minutes j’étais reparti, tout de même un peu choqué de cette petite crise d’hyperventilation, et d’avoir perdu les pédales… Je me renseigne un peu auprès de pécheurs que l’on croise et apprends que l’on enregistrait tout de même des températures allant de -25 a –30 degrés… C’est notre dernier jour de ski avant d’arriver à « saltoluokta », un super refuge, un repas incroyablement jouitif et des thés à la menthe à n’en plus finir, j’avais besoin de sentir de la chaleur couler dans ma gorge. Le retour se passe aisément tout en étant rempli de nostalgie.

Le sarek est un endroit indescriptible, il faut l’avoir vécu pour le comprendre. On à eu une chance inouïe pour le temps car une semaine de grand soleil nous a fait découvrir cette région extraordinaire.

Dom, Geoffroy,  je ne sais pas quel mot utiliser pour vous remercier de ce voyage tellement il m’a apporté, peut-être que je trouverai un jour et si pas, crois moi j’ai vraiment vécu des choses fortes dans cette neige…

Merci.

Greg