Une bouffée d’air vosgienne

Désir de liberté et envie découverte, appréhension, fatigue de la semaine et soif de chaleur fraternelle, c’est dans ce mélange d’émotions que nous sommes partis à 7 hommes pour vivre le temps d’un weekend une expérience nature dans le beau massif des Vosges. Une première pour certains, une habitude pour d’autres, un désir d’échange et de partage pour tous. D’Amsterdam, de Bruxelles, de Nivelles, de Liège et de Namur, tous juste sortis du boulot et après avoir rejoint le point de ralliement, nous prenions la direction de La Bresse.

L’euphorie du départ laissa place à un voyage joyeux ponctué de discussions sincères et de l’expression de nos rêves mutuel, comme si le simple fait de prendre la route vers la nature nous rapprochait déjà de notre propre nature.

A l’arrivée, la route que nous pensions emprunter pour nous rendre au refuge était fermée, nous donnant ainsi l’opportunité de nous immerger rapidement dans le calme somptueux d’une forêt enneigée. La pleine lune guidait nos pas dont seul le bruit rompait le paisible silence. Arrivé au refuge, après une demi-heure de marche, surprise, l’endroit que nous espérions vide et calme abritait déjà une bande de joyeux luron qui en avait fait leur lieu de fête. Les sentiments se mélangèrent et l’inconfort de la situation ainsi que la divergence des attentes des deux groupes, nous invita à faire jaillir des idées de solutions pour la nuit. La conviction que nous avions de pouvoir trouver une solution idéale pour tous se confirma rapidement en découvrant un espace adjacent supplémentaire, pouvant accueillir notre groupe . Ouf, nous allions pouvoir dormir à l’abri et à l’écart des émanations de fumées et d’alcool.  Les craintes se dissipèrent et l’équipe soulagée s’endormit.

Après une bonne nuit de sommeil et un délicieux petit déjeuner cuisiné sur nos réchauds par le plus grand chef d’entre nous et ses assistants, il était temps de prendre la route pour arriver à notre prochain refuge à temps. Le ciel clément de la veille avait fait place à de longs nuages poussés par le vent et décorant les cimes de leurs flocons blancs. Partis sur un sol humide, nous atteignîmes rapidement l’altitude ou la fine pluie de la vallée voyait ses gouttes se transformer en de délicates étoiles blanches. Petit à petit, notre cordée découvrit un nouvel environnement que certains n’avaient jamais eu la chance de connaître et qui renforçait doucement le lien nous rapprochant à la fois de la nature et de nous-même. Les sons s’étouffaient et le temps semblait avoir pris un rythme plus lent, peut-être pour laisser place à la contemplation. Les conversations devenaient plus éparses et chacun s’abandonnait au rythme de son pas et à la majesté du paysage.

Petit à petit, nous nous rapprochions de notre prochain objectif, un petit refuge perché sur un col où nous aurons l’occasion de reprendre des forces et de partager nos impressions de la matinée. Au détour d’un tournant, dissimulé sous une épaisse couverture blanche, il était là, le lieu auquel nos estomac aspirait se découpait dans le paysage. La quiétude de la marche fit place à la joie du partage, d’un temps de repos, de quelques blagues et à la chaleur d’un bon petit feu laissé dans l’antre par d’autres randonneurs en partance. Certains retiraient leur vêtements humides pour tenter, l’espace du repas, de leur rendre leur sèche chaleur, en les faisant pendre près du feu, tandis que d’autre extirpaient de leurs sacs les délicieux mets dont allait se composer notre repas. La table se garni rapidement de fromage, de lentilles, de pain et d’autres aliments bien mérités et le petit groupe fumant de transpiration et discutant de bon train s’attabla heureux de pouvoir partager ce repas et cette expérience.

Les discussions et l’atmosphère chaleureuse de ce petit chalet forestier renforça la chaleur fraternelle qui unissait notre groupe dont plusieurs membres étaient encore des inconnus les uns pour les autres la veille. Ancré  et en relation forte avec la nature, nous tissions petit à petit ce lien que nous étions aussi venu chercher.

Le repas terminé, il était l’heure de se remettre en route pour atteindre notre destination finale de la journée, le refuge des Champis, à quelques kilomètres de là. La neige n’ayant pas cessé de tomber, nous nous engageâmes alors dans un itinéraire féérique où les arbres revêtaient d’éphémères parures blanches et cristallines. Notre périple, après nous avoir fait quitter dans la matinée le brun de la boue, nous emportait maintenant dans un lieu où le ciel et la terre semblait se rejoindre dans une union parfaite avec pour unique lien les bras tortueux des arbres. Émerveillés et joyeux, les boules de neige fusèrent pour faire dégringoler l’épaisse couche de neige qui surplombait l’un ou l’autre, tandis que l’équipe se faufilait dans ce sentier forestier.

Tout à coup, l’orée de la forêt nous apparut, nous abandonnant à un désert blanc et déroutant. Comme hors du temps, nous nous dirigions aveugles vers le chalet qui quelque pas plus loin se dessinera à l’orée d’un autre bois. L’endroit charmant avait attiré de nombreux randonneurs et lorsque nous ouvrîmes la porte, une dizaine d’entre eux étaient affairés à faire sécher leur vêtements, à cuisiner et a attiser le feu qui se consumait dans la cheminée centrale. La pénombre de la fin du jour était transpercée de l’éclat des flammes et des lampes frontales dont la lueur dansait sur les murs en pierres et le plafond en bois. Une épaisse buée recouvrait les fenêtres et un mélange de feu de bois, d’essence et de divers plats conféraient à cet endroit une odeur unique et chaleureuse.

Nous nous faufilâmes entre les groupes affairés et avec soulagement déposâmes nos sacs humides dans un coin libre. A peine arrivé, il s’agissait de s’activer, le paillasses devaient être installées et le bois pour le feu récolté.  Tandis que certains déroulaient matelas et sac de couchages à l’étage d’autres allèrent récolter de grosses branches que les premiers s’encourageront ensuite à débiter en bûches. Les cuistos du jour s’affairaient autour de leurs réchauds pendant que les autres alimentaient le feu, partageaient leurs aventures de la journée ou préparaient des boissons chaudes pour toute la tablée. Au menu : raclette au feu de bois, riz à l’huile de coco et Gomasio et bananes farcies au chocolat cuites au feu de bois. Nos regards, rougis par le froid et le grand air, rayonnaient d’une joie intense en partageant cet extraordinaire repas.

Entre temps, le refuge que nous pensions complet pour la nuit, accueilli une quinzaine de scouts qui serrés les uns contre les autres se partageront le gîte de ce lieu fort prisé pour une nuit d’hiver enneigée.

Une fois le repas terminé, la soirée ne faisait que commencer. Entrainés par les plus motivés d’entre nous, nous partîmes des bûches sous le bras pour passer la soirée autour d’un feu au milieu des bois. Arrivée à l’orée, la forêt nous accueillit en nous dévoilant un passage accueillant. Après s’être enfoncé d’avantage, dans l’atmosphère majestueuse que ces grands fûts de hêtre éclairés par la lune conféraient à l’endroit, nous avons installé, dans une clairière, notre foyer. Souffler, attiser, alimenter, le feu se battait contre l’humidité ambiante pour faire éclore de nouvelles flammes tandis que nous l’y incitions de tous les moyens. Finalement, après plus d’une heure d’encouragement, notre feu vaincu la neige et l’humidité pour nous réchauffer des ses belles ondes oranges et rouges dansant dans l’univers immaculé de cette soirée. L’hypnose du feu propice au partage nous offrît un instant profond et bienveillant qui tissera entre nous un lien invisible.

Fatiguée de la journée, l’équipe, remercia la forêt de son accueil et s’en allât pour se retrouver quelques minutes plus tard emmitouflée dans ses duvets prête à se prélasser dans les bras de Morphée.

La luminosité extérieure et le bruit de nos chers compagnons de nuitée nous réveilla doucement tandis qu’une nouvelle journée d’aventure s’offrait à nous. Un bon petit déjeuner de porridge était tout se qu’il nous fallait pour remettre en marche nos corps et nos esprits. Une fois le déjeuné avalé et nos paillasses repliées nous étions fin prêt pour marcher. Le blizzard de la veille avait fait place à un ciel légèrement voilé qui laissé présager que le soleil allait bientôt percé. Enjoués de commencer cette belle journée et triste de voir la fin de notre périple se rapprocher, nous avons pris le chemin du retour, celui qui nous fera redécouvrir petit à petit la palette de couleur que nous avions abandonné la veille au profit de cette apaisante blancheur. Un peu perdu au détour d’un tournant, nous en avons profité pour se laisser glisser dans une petite percée qui nous mènera quelques dizaines de mètres plus bas sur un chemin balisé, celui que nous n’avions juste pas trouvé.

Connecté à nous mêmes et aux autres et en lien intense avec la nature, dans une dernier désir de repousser le moment de notre retour, nous nous sommes arrêtés au détour d’un chemin pour déguster au soleil les vivres qui nous restaient avant de descendre heureux vers notre point d’arrivée. En l’espace d’un weekend, nous avons partagé cette belle fraternité que nous étions venu cherchée. Emportés par la nature, nous nous sommes délaissés, l’espace de ces courts instants, du train-train quotidien, pour nous retrouver en pleine intégrité, ressourcé par une nature débordante de beauté.

Merci à Capexpé pour ces moments partagés.

 

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