Short-short ski de rando en terres d’abondance

Aah la trentaine, cet âge fameux (ou fumeux) où de nombreux projets occupent le temps et l’esprit, d’aucuns rénovent une barraque, d’autres font des enfants, d’autres travaillent un peu trop, certains cumulent les trois !

Nous sommes 4 amis, au beau milieu de la trentaine, dont le temps est inversément proportionnel à notre envie de faire de la montagne. Qu’à cela ne tienne, nous créons une brèche dans nos agendas et décidons de partir du mercredi au dimanche pour trois courses de ski de rando. Une formule short ski donc ! C’est dans l’air du temps il paraît.

La date du départ approche, les conditions météo se révèlent : grand bleu, peu de vent. C’est clair, tous les éléments sont avec nous, tous sauf un : la neige ! Manquante, voire absente par endroits, croutée sur les faces sud et les sommets, il reste heureusement quelques ilots de poudreuse gracieusement conservées sur les versants nord, ils nous offriront quelques instants de plaisir intense !

Nous arrivons au parking à 22h le mercredi. Nous chargeons les victuailles et entamons la montée, 7km, 600m D+ et 4heures plus tard (on comprend qu’on ne sera pas très rapides), nous arrivons au refuge sous une nuit fraiche et étoilée.

Un refuge non gardé dans la vallée d’Ubine (1500m), au dessus de Vacheresse (près d’Abondance) nous servira de QG. Et quel QG ! Un confort exceptionnel : du gaz pour cuisiner, du bois couper, un poêle généreux, on était comme des coqs en pâte, dans un cadre idyllique. Plus un spot de raquettes que de ski, les courses aux alentours ne sont pas grandioses d’un point de vue ski. Mais c’est l’idéal pour le décrassage dont nous avons tous besoin.
Nous commençons le premier jour par la pointe d’Ottignies, histoire de ne pas trop se dépayser (d’Autigny, en vérité), par le col de la Plagne. Plutôt de la randonnée à ski que du ski de randonnée. La petite pointe d’Autigny du haut de ses modestes 1810m nous offre une vue extraordinaire à l’avant poste des alpes. Au nord le Léman sous une mer de nuages, les monts du Jura. Au sud, de nombreux sommets

Le deuxième jour, nous voulons monter en puissance et visons les Cornettes de Bise (2432). Un peu trop ambitieux, se dit-on lorsqu’on atteint le pas de la bosse (1830) à l’heure du casse-croute.

Encore une fois, la distance est plus limitante que le dénivelé pur et nous perdons énormément de temps à peauter-dépeauter-repeauter. Qui plus est ,n ombreuses petites avaries se présentent sur le matos emprunté, que nous rafistolons tant bien que mal avec le kit du skieur averti : ducktape – cordelette – leatherman – colson
Un morceau de pain et de comté dans le ventre, nous entamons la descente au pas de la bosse.

Et bardaf ! C’est l’embardée. La neige croutée emporte le ski d’un des notres, il ne déchausse pas et dès lors, en cascade, le ski emporte le pied, qui lui, emporte le genou. Un ligament a du claquer. Max ne peut plus marcher. Il n’y a pas le choix, nous devons appeler les secours. Un hélicoptère fend l’air quelques minutes plus tard et emporte notre Max, le plus expérimenté d’entre nous, le leader incontesté de notre expédition. Nous autres trois, orphelins et sonnés par l’accident, rentrons au refuge et redescendons tout de suite au parking. C’est avec cette longue journée que se clôture ce short-short ski.

Nous gardons néanmoins le plaisir de quelques descentes, l’énergie du soleil et de l’air montagnard, et le souvenir du sauvetage en hélicoptère. Quelle aventure !!!