Dijon-Lodève (650km) à vélo en autonomie

J’avais au fond de moi une envie de voyage, d’expérience et de découverte. J’avais besoin d’être dehors, demander à mon corps un nouveau défi, rencontrer des gens, mais j’avais aussi besoin de quelque chose de simple. C’est avec ces différents ingrédients que nous sommes partis en voyage à vélo, Geoff et moi.

Nous avions l’opportunité de passer une semaine à Olmet, près du Lac Salagou, en France, avec Louis et Gabi. C’était devenu notre objectif : les rejoindre à vélo.

Faire les 1094 km en une semaine était peut-être un peu exagéré… Faute de temps, nous prenons le train jusque Dijon et de là nous enfourchons nos bicyclettes pour 650 km.

A défaut d’avoir un porte bagage, Geoff la joue en bike-packing, et moi, chargée comme un camion, je file avec mes toutes nouvelles fontes. La répartition du poids n’est pas tout à fait égale mais ça fait partie du jeu.

Dès Dijon nous traversons les vignes sur des petites routes de campagne et ravel. C’est la période des vendanges, l’odeur du vin ne nous lâche pas. Nous trouvons notre premier bivouac au milieu des vignes, les nuages passent juste à gauche de notre tente en nous offrant un magnifique couché de soleil. Geoff me prévient : On a de la chance de trouver un si bel endroit, ça ne sera pas toujours si simple.

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Le lendemain le temps est chaud, les routes sont assez plates, et nous filons à travers les paysages.

Il est 17h et nous passons à coté d’un terrain de foot, le coach nous ouvre les douches. La tente ne sera pas posée loin, dans le petit parc juste derrière. Demain matin il faudra partir à l’aube, le panneau avec une tente barrée nous le fait comprendre.

Très vite nous rejoignons le Rhône… Sur un chemin en gravier très peu adapté au vélo en carbone de Geoff… Il peste mais très vite nous bifurquons sur les routes de villages, voilà enfin un peu de dénivelé. Plus que quelques kilomètres avant Lyon, nous visons un warmshower idéal que nous avions repéré, il s’avère être une erreur, la ferme était localisée en plein centre de la ville, l’adresse indiquait un patelin allemand…

On passe au plan B, un camping à 16km du centre. On y serait vite, s’il n’y avait pas un col à gravir !

Le lendemain il fait dégueulasse, il pleuvine, il ne fait pas chaud mais on avance pour quitter la ville au plus vite. Louis, qui a fait le même chemin en vélo quelques semaines auparavant, nous conseille un petit camping pas cher à Saint Vallier, le long du Rhône. Quand il ne fait pas beau et qu’on a du mal à avancer c’est pas mal d’avoir un objectif.

La ViaRhôna me permet de prendre la roue de Geoff et je m’offre quelques kilomètres sans trop me fatiguer. S’en suit un bivouac cocasse dans une exploitation de kiwis. Nous n’avions même pas remarqué le chemin de fer caché au dessus du talus, au pied duquel était planté la tente. On s’en est rendu compte vers 19h quand le premier train de marchandise nous a surpris. La nuit fut courte.

En quittant la ViaRhôna, notre ressenti est mitigé. La route est plate, rectiligne et en devient lassante. Par ailleurs, nous nous attendions à traverser des petits villages avec des boulangeries et des petits commerces mais ce ne fut jamais le cas. Pour faire nos courses nous devions systématiquement quitter la trace, nous perdre dans des zoning ou grandes villes. Nous perdions du temps dans ces décors sans âme.

C’est à hauteur de Pont-Saint-Esprit que nous quittons l’eau pour viser l’Ouest. Nous sommes de nouveau au milieu de vignes et petits villages. Le dénivelé se fait nettement plus sentir, il fait un peu plus chaud mais nous avançons bien. Louis et Gabi nous appellent pour nous avertir qu’ils arriveront plus tôt que prévu. Il nous reste 155km avant d’atteindre le petit village d’Olmet. Nous avions prévu de les faire en deux jours mais pourquoi pas les tenter en un jour quitte à finir à la frontale.

Nous nous sommes lever à l’aube pour atteindre cet objectif mais à 16h, nous sommes au pied du col, il reste encore 55km. Il fait très chaud, mes cuisses me font comprendre que faire le col ce soir risque d’être difficile. C’est le moment de se raisonner, d’en discuter à deux et d’opter pour un camping le long de l’Hérault. Nous allons profiter de notre dernière soirée ensemble et prendre le temps de clôturer ce voyage en profitant de chaque moment. Les derniers kilomètre avant de rejoindre nos copains seront pour le lendemain. Ce fut sans regret car le lendemain le paysage au dessus du col était splendide. Le faire dans le noir aurait été décevant.

Le village d’Olmet est perché sur une colline, les dernières côtes sont difficiles. Heureusement Geoff me motive « Pense au cara fraîches qui nous attendent ».

Bilan : pas de pneu crevé, pas de problème mécanique, mais bien une première expé (pour ma part) remplie de sensations, de dépassements physiques, de bonheur, d’air frais, de déconnexion, de fous rires et de moments simples partagés avec Geoff.