Jeannot, mon frère et mon plus fidèle compagnon de cordée, me surprend une fois de plus : “ La Dent Blanche ce WE, ca te dit ? Créneau météo. Si tu n’y vas pas, j’y vais…”

Il ne faut pas réfléchir longtemps pour que cette envie “furieuse” de monter là-haut prenne le dessus et devienne une évidence, malgré tous les engagements déjà pris pour ce WE-là…

Je prends mon téléphone et je « balance tout » : répondre à cet “appel” de la Montagne, est une invitation à prendre soin de moi, dans ces grands espaces, avec cet esprit de cordée, ce dépassement soi, cet émerveillement à chaque instant, cette concentration corporelle si intense…

“OUI, évidemment que je viens….”

Après une première nuit à la belle étoile le long de l’autoroute…(charmant)…

J1 (8/9/23): Départ du village d’Evolène (Valais Suisse) ; montée vers le Refuge de la Dent Blanche (Rossier; 11h15 – 17h). Passage par un lac et une longue moraine avec vue imprenable sur le Glacier. Rencontre du gardien Georges super sympa et chill, repérage puis nuit à la belle étoile pour tester mon nouveau sac duvet. 100% convaincue, je profite un max !).

J2 :  Lever 4h30, départ 5h. Les lumières dansent sur 4 cordées. Montée lente le long de la moraine, subjugués par la vue sur le Cervin de face. Quelle beauté. “La montagne c’est mon équilibre”, disait Stéphanie Bodet mais moi aussi !). Bluffant…

Cette ambiance continuera sur le fil de l’arête pendant 6 gendarmes, dans cette immensité lumineuse. Arrivée au sommet à 10h30, en cordée, seuls avec cette belle croix qui nous réjouit ! Paysages somptueux ; course variée, !technique et imposante face au Cervin, à l’Obergabelhorn, au Zinalrothorn, au Mont Rose…  Quelle joie !

Pensées à Charly, Harold qui vient de nous quitter, Antoine, Christophe…ils sont tous si près. On le sait tous les deux. Que d’émotions.

11h15, descente tous légers, avec une belle recherche d’itinéraires entre les gendarmes (qui se ressemblent tous), à la recherche des traces de crampons et rochers blanchis par la transpiration des alpinistes, pose de friends, de sangles et de rappels à répétition. Tout s’enchaîne ; la cordée progresse…mais quelles longueurs !

Arrivée à 19h au Refuge (exténués mais si heureux), avec la médaille de la lenteur face à toutes les cordées de guides descendus bien plus tôt (13h-15h). OK, faudra qu’on adapte notre technique d’arêtes en descente mais peu importe, on en apprend à chaque course et celle-ci fut assurément la PLUS BELLE DE MA VIE AVEC CE CERVIN qui a éclairé chacun de nos pas.

Je suis chanceuse de faire de l’alpinisme ; on se le redit à chaque course. Les guides nous félicitent et nous passons une bonne soirée avec eux…à rêver de la Dent d’Hérens, de l’Obergabelhorn…et de tous ceux qui nous entourent…Heureux de revoir Georges qui nous accueille avec un délicieux spagetthi improvisé rien que pour nous…il vallait de l’or, après nos pâtes montées la veille.

J3 : Retour à Evolène sous le soleil. Passage au Lac Léman pour une crêpe avec l’épouse de Georges (rue du Port) !

J4 : Olivier regarde mes photos d’expé dès mon retour et s’exclame : « je suis jaloux », me lance-t-il avec un sourire taquin. “Un jour aussi tu grimperas là-haut avec tes sœurs j’espère” !-). C’est du ciment pour la vie !-).

C’est sûr : on reviendra en famille à la Cabane de la Dent Blanche… promis Georges !