Le Kirghizistan était dans ma tête depuis plusieurs années. Très peu médiatisé en France, il a pourtant attiré mon attention lorsque je suis tombé sur le blog d’un cyclotouriste ayant passé 5 semaines là-bas. Ses photos sont MAGNIFIQUES !!! J’ai dû les regarder une vingtaine de fois en fantasmant qu’un jour je puisse y mettre mes roues.
Lorsque j’ai commencé à préparer ce projet, je me suis inspiré de son itinéraire et lui-même s’était inspiré de la Silk Road Race (une course de fêlés en VTT/Gravel).
Je suis parti de Paris le 25 juin 2022 pour Bichkek, la capitale, avec un retour le 18 juillet. Je trouve que le vol A/R n’est pas trop cher (500e +180e de vélo) et surtout, nul besoin de visa.
La période est favorable pour les raisons suivantes : les cols sont accessibles, les cours d’eau sont bien alimentés, la météo est bonne et les températures sont plus ou moins supportables avec toutefois des variations importantes dans une même journée (6°C/37°C).
L’attente de mes bagages à l’aéroport est toujours pour moi une situation un peu stressante. Heureusement, j’ai tout :). Je ne sais pas s’ils remplissent les avions avec une pelleteuse mais en sortant le vélo de la housse, j’ai les deux portes bagages tordus. Merci Turkish Airlines ! :(((
Je pédale 30 km depuis l’aéroport jusqu’à Bichkek en plein cagnard. Cela ne présente aucun intérêt mais les jambes en avaient besoin. Je fais quelques courses et transforme 600 euros en 51000 SOM avec la baguette magique d’une Demir-Bank. Le pays n’est vraiment pas cher : j’ai dépensé le tiers de cette somme pour la totalité de mon séjour.
Je passe ma première nuit à l’Astoria Garden, d’où la gérante me trouve pour le lendemain un taxi pour Bokonbayvo, point de départ de mon parcours (https://ridewithgps.com/routes/40269912).
Je prévois 16 jours sur ma selle et 2 de repos pour réaliser un total de 1200 kms.
Comme toute aventure qui se respecte, elle a bien évidemment son lot d’imprévus. J’ai dû faire une croix sur une partie de mon itinéraire car je m’approchais trop près de la frontière chinoise. Stoppé par une barrière et deux soldats kirghizes, je rentrais dans une zone militarisée. Sans permis, ni guide, c’est retour à l’envoyeur (4 zones réglementées au total dans le pays, voir carte en bas de page) !
Le poids est l’ennemi des pistes et de l’effort en altitude. Néanmoins j’ai fait le choix de me lester de tous mes petit-déjeuners (céréales) et de tous mes dîners (18 plats lyophilisés REAL) afin de varier les apports nutritionnels et le plaisir d’un plat plus élaboré que je n’aurais pu préparer. Les midis se compléteront lors de mes passages dans les villages. Se réapprovisionner, même dans le plus petit bled est assez facile. Il y a bien souvent de la publicité sur la façade des épiceries, la porte est ouverte sinon il faut sonner. La diversité des produits vendus est assez bonne (meilleure qu’en Mongolie). Pains, tomates, concombres, œufs, fruits, gâteaux secs, soupes chinoises seront, la plupart du temps, l’essentiel de mes déjeuners.
L’isolement de certaines parties de mon parcours m’ont contraint à rouler avec 5 jours d’autonomie alimentaire. Pour l’eau, je n’ai rencontré aucun problème, car il est assez simple d’en trouver. Attention toutefois à la filtrer car les troupeaux sont partout. J’avais deux litres sur le vélo chaque matin pour la journée et il m’est arrivé de remplir ma loutre de 10l si j’avais le doute d’en trouver en fin de journée. Un réchaud PRIMUS multi fuel avec de l’essence 95 m’a permis de faire bouillir mon eau pour la soupe et la ré-hydratation de mon plat lyophilisé le soir ainsi que le café, mes céréales du matin et les œufs durs pour le midi.
Mon délire pour ce voyage était de prendre un Fatboy (fauteuil gonflable de 700g). Les minimalistes appellent cela un doudou, lorsque l’objet transporté n’a aucune utilité pour la randonnée. J’ai ADORÉ contempler matin, midi et soir, cette nature si riche, vautré dans autant de confort. Il contrastait tellement avec ma selle que mes pauses étaient devenues des moments de totale plénitude. Je recommande GRAVE !!!!!
Généraliser l’état des pistes serait inutile. Elle va de très bonne à très cassante. A cela, j’ai essayé de rendre ma bicyclette le plus “Tout Terrain” possible avec une cassette 11/34 et un triple plateau 22/32/42, histoire de grimper aux arbres. J’ai ensuite monté ce qu’il y avait de plus gros pour un cadre Surly Disc Trucker, des pneus SCHWALBE MARATHON PLUS MTB de 26×2,25. Gonflés à 2 bars, ils me donnaient un certain amorti et je n’ai déploré aucune crevaison. Je recommande aussi !
L’autonomie en électricité de mes appareils électriques (GPS, smartphone, GOPRO, frontale) m’a été fournie par une batterie additionnelle, elle-même alimentée pendant que je pédalais par un moyeu Dynamo Son via un port USB C.
Les kirghizes sont accueillants, généreux, curieux sans être collants. Ils aiment qu’on les saluent et savoir d’où tu viens. Malheureusement nos conversations étaient très limitées car très peu parlent anglais. Ceci étant dit, il n’est pas surprenant de se retrouver invité à un pique-nique avec un verre de vodka à la main pour le midi.
J’ai été bluffé par la beauté de ce pays qui m’a rapidement mis en confiance. C’est un véritable coup de cœur.