Les grands espaces immaculés du Grand Nord, le long de la célèbre Kungsleden, mais sans le vrombissement des moto-neiges, avouez que ça vend du rêve! Pour notre première incursion en pays Sami, nous avons opté pour THE classique : Abisko – Nikkaluokta en ski de rando nordique (pour Laetitia et Natacha) et en ski de rando classique (pour Robin, qui rêvait d’aller taquiner l’une ou l’autre belle pente aux alentours des refuges). Car oui, on a opté pour le confort du sac léger en journée et des jeux de société sans moufles et sans y laisser un doigt en soirée … et pour le divin réconfort du sauna!

Les grands espaces immaculés du Grand Nord, le long de la célèbre Kungsleden, mais sans le vrombissement des moto-neiges, avouez que ça vend du rêve! Pour notre première incursion en pays Sami, nous avons opté pour THE classique : Abisko – Nikkaluokta en ski de rando nordique (pour Laetitia et Natacha) et en ski de rando classique (pour Robin, qui rêvait d’aller taquiner l’une ou l’autre belle pente aux alentours des refuges). Car oui, on a opté pour le confort du sac léger en journée et des jeux de société sans moufles et sans y laisser un doigt en soirée … et pour le divin réconfort du sauna!

1. Première partie de l’expé : Camp de base de Dom à Kabdalis

Avant de prendre le chemin de la Kungsleden, nous – Natacha, Robin et Laetitia – sommes passés chez Dom Snyers à Kabdalis. Echanger et s’amuser tout en allant skier sur la montagne à proximité du paradis de Dom, tester le matériel de bivouac hivernal en conditions réelles et s’exercer à l’utilisation des ARVA furent au menu de ces trois super journées passées avec Dom.

Campement au bord du lac Autjac © Laetitia T

 

Nat et Robin @ Laetitia T

2. Deuxième partie de l’expé : Abisko-Nikkaluokta (Kungsleden) – mi-mars 2024

J1 : Train Gallivare (8:07) – Abisko (11:09)
Tronçon Abisko – Abisko jaure : 13 km, 122m+, 9m- : 4h
nuitée refuge Abiskojaure

A peine descendus du train, on chausse les skis de randonnée nordique. C’est parti pour l’aventure! Nos premières longueurs avec les skis sont assez chaotiques. Nat n’a pas de peau sous ses skis, c’est la galère sur la neige glacée et damée par le passage. Les chaussures de Laetitia sont si grandes (de l’immense 39,5 pour un pied menu 36,5 fillette). Ses orteils n’allant pas au bout des boots, elle ne parvient pas à faire complètement les gestes de ski de fond. C’est plutôt épuisant. Robin, ski de rando (ski freerando ou « torp peak ski », quelque chose du genre, en suédois) aux pieds, s’en sort le mieux, mais n’a pas facile pour autant.

Nous découvrons tous les trois qu’une traversée d’à peine 13km peut être longue en ski de rando, du moins plus longue et plus lente que ce que nous le pensions. Nous tenterons de diverses manières d’accélérer et de faciliter le mouvement. Retrait des skis et marche à pied, retrait des peaux, c’est en vain ! Le mieux reste les peaux sous les skis et de lâcher prise sur la vitesse de déplacement. Nous apprendrons dès le lendemain que la Kungsleden en ski nordique consiste aussi et tout de même à s’efforcer d’aller le plus vite possible pour arriver avant le froid de la nuit (les étapes peuvent être longues et les journées courtes en fonction du mois de l’aventure) avec un des moyens de déplacement parmi les plus lents que l’homme ait inventés.

Après une longue traversée de 3 km sur un lac avec le soleil se couchant sur les montagnes en arrière-plan, nous arrivons à Abiskojaure. Nous y sommes chaleureusement accueillis par Bo, hôte du refuge. Il nous explique comme fonctionnent les refuges en Suède : les tâches y sont communautaires et l’organisation fonctionne sur base de la confiance mutuelle et de la réciprocité collective (ainsi les vols ne semblent pas courants par ici). Quel bonheur ! Avec une scie, il faut débiter des bûches dans des billots d’un mètre de long. Celles-ci sont ensuite aisément fendues avec un fendeuse ergonomique ou des haches/merlins de qualité, bien affûtés. L’ergonomie, c’est un des points forts des Suédois, on ne cessera de s’en émerveiller tout au long du chemin. Il faut aussi aller chercher de l’eau dans le lac gelé : une fois rempli, il faut tirer le bidon de 40 litres à l’aide d’une corde jusqu’au refuge. Les seaux d’eau souillée sont à verser dans un conteneur prévu. Un coup de balai est nécessaire quand on quitte le refuge au matin.

Après un sauna revigorant, nous passons la soirée à observer les aurores boréales, à profiter de la magie du Grand Nord. Les formes vertes se succèdent dans le ciel. Le froid est mordant. Les batteries des appareils photos se déchargent à une vitesse folle.

J2 : Tronçon Abiskojaure – Unna Allakas : 21,1 km, 231m+, 19m- : 7h30
nuitée refuge Unna Allakas

Nous sortons de la Kunsleden pour une incursion à Unna Allakas. Il neige à petits flocons dès notre départ. Le chemin sera long, en montée, avec une intensification des chutes de neige et un vent forcissant une fois les basses forêts de bouleaux derrière nous. Les traversées de rivières et de lacs se succèdent avec un vent tantôt de face, tantôt de travers. Les paysages infinis nous font nous sentir tous petits. L’immensité des paysages combinée au vent nous donne aussi cette impression de ne pas avancer, ou si peu. Robin s’est même mis à entendre des skidoos (motoneiges) auxquels il aurait bien tendu le pouce… A sa grande déception, ils n’étaient que dans sa tête. Cela n’empêche, le paysage de montagnes est très beau.

Nous arrivons épuisés à Unna Allakas, les pieds et les muscles en feu. Nous y sommes très chaleureusement accueillis par Simon et son adorable berger australien, Aya. Il nous propose un délicieux verre de thé chaud aux airelles (une tuerie!). Nous serons les seuls ce soir à loger dans ce petit paradis du bout du monde. Les environs sont sublimes. Depuis le sauna, la vue sur les montagnes et le grand blanc est magique. Simon viendra passer la soirée avec nous au refuge, bien au chaud autour du JØTUL, le fameux poêle à bois en fonte norvégien que quelques bûches de bois suffisent à faire ronronner et bouillir de chaleur. On y discutera durant de longues heures et nous deviendrons amis.

Le sauna de Unna Allakas, avec sa vue magnifique sur le coucher de soleil © Laetitia T

J3 : nuitée refuge Unna Allakas

Les prévisions météo ne sont pas réjouissantes. On attend de fortes chutes de neige en matinée, et une tempête pour le lendemain. Nous décidons de rester au refuge, on y est si bien. La matinée est passée aux travaux communautaires et à l’écriture. L’après-midi, le soleil se dévoile. Robin chausse ses skis de rando pour profiter de la poudreuse. Il grimpe et descend avec bonheur quelques pentes faciles à l’arrière du refuge. Laetitia pousse ses skis nordiques jusqu’en Norvège (à 1 km de là), glissant avec plaisir sur ce manteau blanc tout frais.

La tempête soufflera plus tôt que prévu. Elle se déchaînera durant la nuit, faisant entrer de la neige dans le refuge, à travers les interstices des murs du bâtiment.

J4: Tronçon Unna – Allesjaure : 14,8 km, 565m+, 487m- : 7h
nuitée refuge Allesjaure

Les prévisions météo ne sont toujours pas « jojo », mais les percées de soleil sont encourageantes. Malgré un vent rafaleux à 14 m/s (50 km/h), on décide d’y aller, car nous l’aurons dans le dos. Le chemin vers la reprise de la Kungsleden et le refuge d’Alesjaure consiste en une montée de quelque 565 m qui se fait en trois paliers, chaque raidillon débouchant sur un long plateau. Les carres des skis nordiques n’accrochent pas bien la glace dans les portions les plus abruptes, mieux vaut enlever les skis et grimper à pied.

Le vent souffle, décrochant des particules de neige et de glace. Plus on prend de l’altitude, plus le vent forcit et le brouillard s’épaissit. La température chute, on ressent le froid glacial. Bientôt, on doit s’arrêter à chaque balisage (normalement une croix rouge sur un piquet, mais là-haut il s’agissait de piquets dénués de croix) et attendre d’y voir quelque chose, en l’occurrence le piquet suivant, avant de continuer.

Le mauvais temps nous accompagne jusqu’au refuge d’Alesjaure, qu’on ne distingue qu’à quelques centaines de mètres. On y arrive vers 15h30, épuisés par le vent et le froid. L’accueil est, comme à chaque fois, chaleureux et empathique. Le refuge est de grande taille, plus impersonnel que celui d’Unna Allakas.

J5 : Tronçon Allesjaure – Täktja : 12,9 km, 293m+, 45m- : 4h
nuitée refuge Täktja

Ce jour et les deux prochains sont des étapes volontairement plus courtes pour permettre d’arriver en tout début d’après-midi et d’aller explorer les environs, notamment de monter et de descendre des flancs de montagne en ski alpin. Mais les kilomètres accumulés et la longueur des marches d’approche pour atteindre les pentes et sommets nous conduira finalement à nous reposer (voir plus bas nos conseils et notre retour d’expérience pour la pratique du freerando sur la Kungsleden).

Cette étape se réalise avec un vent glacé de face, dans des paysages immenses. L’impression de ne pas avancer est bien présente. Mais quel régal pour les yeux ! Cette vallée glaciaire est très belle. Au refuge de Täktja, pas de sauna, donc pas moyen de se laver. Tout de bois, ce refuge est chaleureux, son gardien l’est tout autant. Amoureux des espèces vivantes de son coin de Suède, il parle avec passion des traces d’animaux (notamment des gloutons) qu’il observe dans la neige, photos à l’appui.

Un grand groupe de 19 Anglais réalise la portion Abisko-Nikkaluokta de la Kungsleden en raquettes, avec un guide. Ils sont là pour une œuvre de charité visant à collecter des fonds pour un hôpital du pays de Galles où leurs amis sont soignés pour un cancer. Leur altruisme et sourire banane à toute épreuve font plaisir à voir. Ils sont communicatifs.

Robin dans le Grand blanc © Laetitia T

J6: Tronçon Täktja – Salka : 12,2 km, 30 m+, 240m- : 4h
nuitée refuge Salka

Malgré le vent de travers annoncé et la neige, nous prenons le chemin du col de Täktja. Après 3 km de montée, on y arrive. La lumière sur la vallée en contrebas est divine et la met subtilement en valeur. Le passage du col de Täktja est pentu et difficile pour qui n’a pas le talon de sa chaussure fixé sur les skis. Dès lors, la descente se fait à pied, les skis nordiques fixés sur le sac à dos (il faut donc bien penser à prendre un scratch pour les attacher). L’usage de guêtres facilite vraiment la vie et évite de se retrouver avec de la neige jusqu’aux cuisses. Robin, ski de rando aux pieds, quant à lui, s’amuse dans cette descente.

Le refuge de Salka est situé dans un paysage idyllique, à l’intersection de la Kungsleden et de la vallée de Nallo. Normalement, Salka est le point le plus froid de ce tronçon de la Kungsleden. Pour nous, ce sera le plus chaud. 0 degré à l’arrivée, ça nous change des -15°C des jours précédents.

Nous retrouverons dans ce refuge, deux compagnons de rire allemands, Stephan et Line. Rencontrés à Alesjaure, nous les côtoierons au refuge de chaque étape. Ils deviendront nos amis.

Scier et fendre du bois, le travail communautaire quotidien © Laetitia T

Le sauna du refuge de Salka © Laetitia T

J7 : Tronçon Salka – Singi : 11,5 km, 27 m+, 176m- : 4h
nuitée refuge Singi

La météo est enfin clémente : quasi pas de vent, du soleil, des températures qui flirtent de -3 à 0 degrés. Le chemin vers Singi est quasi exclusivement en légère descente. C’est très facile. Singi est un refuge sans sauna (le point d’eau se trouve à … 800 mètres!), mais l’environnement est superbe. On coupe du bois et on lézarde au soleil l’après- midi.

Paysage autour du refuge de Salka @ Laetitia T

J8 : Tronçon Singi – Kebnekaise : 12 km, 30 m+, 150m- : 4h
puis skidoo de Kebnekaise à Nikkaluokta

En l’absence de vent, le goulot de Kebnekaise se passe facilement. Une fois arrivés au refuge de Kebnekaise, on prend des renseignements pour descendre en skidoo. En effet, notre bus de retour part le lendemain à 12h de Nikkaluokta, à 18 km de là. Si on y va à ski, et sans stress, cela nous demandera de nous lever à 4h du matin. Nous n’en avons pas envie. D’autant plus que cette portion de 18km est une véritable autoroute à skidoos, à réaliser avec les montagnes dans le dos, dans le sens du retour vers la civilisation. A la réception de cet immense refuge, il y a moyen de commander un voyage en skidoo dont le départ est fixé à 10h, 14h et 16h. Le prix est de 495 SEK par personne, y compris les skis, les bâtons et un sac à dos.

Nikkaluokta est un village sami. Un seul hébergement y est disponible, tenu par la STF : Nikkaluokta Sarri AB. On y trouve de très jolis studios et appartements au même prix que des lits en dortoir au refuge de Kebnekaise. Nous y profiterons durant la nuit d’une magnifique et intense aurore boréale, certainement la plus grande et la plus intense de notre séjour. Un cadeau du Grand Nord pour la célébration de la fin de ce parcours sur la Voie Royale.

Massif du Kebnekaise © Laetitia T

J9 et J10 : Trajet retour

Avant de quitter l’appartement de Nikkaluokta, il faut le nettoyer. Le bus pour Kiruna part à 12h. L’arrêt est situé à 100 mètres des appartements et studio. Arrivée à Kiruna à 13h30. Départ du train pour Galliväre à 14h08. C’est dans cette ville que nous déposons les skis/peaux/bâtons prêtés par CapExpé. Comme notre train de nuit part à 19h50, on en profite pour aller dévorer une (bonne) pizza chez Manuella.

Le train de nuit arrive à 09:46 à Arlanda. Notre vol SAS vers Bruxelles part à 16:05 et arrive à Bruxelles à 18:30.

 

3. Nos conseils et retours d’expérience

3.1. Quelques conseils pour pratiquer le freeride et le snow/ski kite sur la Kungsleden

Les conseils ci-dessous se destinent à celles et ceux qui envisagent la Kungsleden comme un terrain de jeux de freeride, à celles et ceux qui souhaitent surtout gravir des pentes blanches en ski de rando pour les descendre.

3.1.1. Fonctionner par camps de base

Parcourir les distances entre les différentes étapes de la Kungsleden implique du temps et de l’effort physique. Le déplacement à ski de rando avec les peaux reste lent. Et même une « courte » étape d’une quinzaine de kilomètres entre deux refuges peut devenir longue, voire éprouvante physiquement et mentalement, lorsque la mauvaise météo se joint à la partie : un vent de face et l’on prend une heure dans la vue. A cette distance entre deux étapes (d’au moins 4h même pour les plus courtes), il faut également ajouter la marche d’approche vers le sommet convoité qui peut être plus ou moins longue selon les lieux.

Or, pour monter et descendre en freeride des pentes abruptes au milieu de ces grands espaces, chacun sait qu’il vaut mieux être en forme, au top de ses capacités physiques pour ne pas commettre d’erreur technique à ski, au risque de blessure ou pire encore.

A moins d’être aussi en forme et rapide que Kilian Jornet, il vaut donc mieux établir un camp de base en refuge ou en bivouac à partir duquel rayonner afin de pouvoir consacrer au moins une journée entière à la conquête des pentes et/ou sommets repérés dans la zone. C’est ainsi que procède la plupart des groupes de freeskieurs que nous avons rencontrés sur le tracé. Dans un programme d’itinérance combiné au freeride sur la Kungsleden, il faut donc compter au minimum deux nuits dans le même camp de base : une première nuit succédant à la journée ou une demi-journée pour rallier une étape et installer son camp de base et une seconde nuit succédant à la journée de conquête des pentes repérées.

3.1.2. Le choix des spots

A l’exception d’Abisko – Abiskojaure, la plupart des autres zones où sont situés les refuges sur la Kungsleden (Tjäktja, Sälka, Singi, Kebnekaise, etc.) ou légèrement en dehors de celle-ci (Unna Allakas, Nallo) présentent diverses possibilités de freeride. Il y a des sommets et des pentes accessibles pour différents niveaux techniques dans chacune des zones, mais les marches d’approches peuvent être longues et l’enneigement variable selon les lieux.

Les zones où les pentes accessibles sont les plus proches et partant, les marches d’approche les moins longues sont Unna-Allakas, Tjäktja, Sälka, Kebnekaise et Nallo.

Notons que Tjäktja et Unna Allakas présentent des possibilités de descentes « faciles » (peu raide) tandis que les pentes et couloirs de la zone de Sälka, Nallo et Kebnekaise nécessitent un bien plus sérieux bagage technique. Il faudra aussi être particulièrement vigilant aux conditions d’enneigement, à la nivologie et au risque d’avalanche du côté de Nallo.

Quelques étapes de la Kungsleden comprennent également de belles pentes sur le tracé balisé. Vous aurez la possibilité d’une longue descente (équivalent d’un niveau de piste bleu) sur l’étape Unna Allakas-Alesjaure. Celle-ci débute après le passage du col (qui fait suite au 3ème raidillon) en direction de Alesjaure et se poursuit jusqu’au refuge d’Alesjaure. Une pente sympathique, un peu plus raide (de niveau piste rouge) mais plus courte se trouve également sur le tracé reliant Tjäktja (juste après le passage de col) à Sälka.

Sans les peaux, on peut donc gagner pas mal de temps sur les descentes de ces étapes.

3.1.3. Utiliser le kite (ski/snow kite) pour faciliter et accélérer ses déplacements

Utiliser une aile de kite pour accélérer ses déplacements en ski de rando entre les étapes de la Kungsleden et faciliter le tractage d’une Pulka est tout à fait possible. Une aile Peak de 6m2 pèse 2kg avec la barre (compter 2,5kg pour l’ensemble avec un baudrier d’escalade comme harnais) et ne nécessite que peu de vent pour voler (10 à 14km/h de vent peuvent être suffisant pour un rider de 70kg). En fonction du vent et des conditions météo, il est donc souvent possible d’utiliser le kite, que ce soit pour réaliser une traversée entre deux étapes, en tout ou en partie, ou juste pour s’amuser dans les espaces grandioses que présente la Kungsleden.

Les passages de lac interminables sont, bien sûr, les lieux les plus aisés à traverser en ski kite. On peut donc envisager le kite sur différentes étapes et à différents endroits (pour le fun). Les traversées qui se prêtent le mieux à sa pratique sont Alesjaure-Tjäktja, Tjäkta- Sälka (sur la fin de l’étape) et Sälka-Singi (pour la première partie du tracé). Des spots particulièrement fun seront les deux gigantesques lacs du côté de Alesjaure et le lac (3km) juste avant le refuge d’Abiskojaure. Il est également possible de réaliser certaines parties de la deuxième partie du tracé entre Abiskojaure et Unna Allakas.

Avec un vent arrière (au moins 18-20km/h) et un très bon niveau technique (capacité à suivre des trajectoires précises et à manœuvrer rapidement entre différents obstacles), on peut également envisager de remonter tout le dénivelé positif sur l’étape Unna Allakas-Alesjaure.

Notons néanmoins que, contrairement aux voiles de vagues à boudins gonflables que l’on utilise le plus souvent sur l’eau, les voiles de landkite (de type peak, etc.) ne supportent pas bien les vents forts lorsqu’ils sont rafaleux. Donc prudence ! Selon votre niveau bien sûr, il vaut mieux éviter de sortir ces ailes au-dessus de 60km/h. Notez également que les prévisions de vents sur les bulletins météo qui sont mis à disposition, chaque matin et chaque soir, par les gardiens de refuge sont exprimées en m/s. Le facteur de conversion en km/h est de 3,6. Par conséquent, 1 m/s est égal à 3,6 km/h (16m/s est égal à un vent de 57,6km/h) et à 1,94 knots.

3.2. Trucs, astuces et autres ingéniosités suédoises

• Se munir de guêtres si on est en skis nordiques. En effet, la neige tombée et soufflée durant la nuit recouvre parfois de plusieurs dizaines de centimètres les alentours des refuges : impossible alors d’aller aux toilettes sans se retrouver avec de la neige dans les chaussures. De même, si on doit enlever les skis pour un passage délicat, les guêtres facilitent grandement la vie.

Too much is te veel : bien sûr, concernant les boots de ski nordique, mieux vaut prendre une pointure au-dessus de sa pointure habituelle pour mettre de plus grosses chaussettes. Mais il ne faut pas que la chaussure soit plus grande que cela. Laetitia, chaussant normalement du 36,5, avait des boots d’une pointure 39,5 (les pointures plus petites étant alors indisponibles). Malgré le placement d’une épaisse semelle et de deux paires de chaussettes l’une sur l’autre, cette trop grande chaussure a été handicapante. En effet, les orteils n’allant pas dans le devant de la chaussure, il était impossible de réaliser l’entièreté de l’amplitude du mouvement de jambes lors de l’avancée en ski nordique, mais aussi de se relever lors de chutes. Par ailleurs, le talon qui frotte à l’arrière est davantage susceptible d’avoir des ampoules. Enfin, la cheville n’étant pas suffisamment soutenue dans cette chaussure trop large, – et malgré des resserrages fréquents des lacets -, le risque de foulure était bien présent.

• Bien que l’on puisse randonner en pantalon de rando classique, le collant thermique combiné au pantalon imperméable et coupe-vent avec zips d’aération nous semble ce qu’il y a de plus adapté à toutes les situations. Dès que le vent se lève, le froid se fait directement ressentir, y compris par jour de grand soleil. Le pantalon et la veste coupe-vent deviennent indispensables pour rester au chaud et réguler sa température.

• La pelle à neige et le sac à vent (bivy bag) pour la sécurité. Ces deux objets sont importants dès lors qu’ils peuvent, sans aucun doute, sauver nos vies. L’un des dangers dans ces montagnes du nord est le brusque changement de météo. Il peut se traduire par une montée en puissance du vent et l’arrivée du blizzard. Les températures chutent alors très rapidement, de même que la visibilité. En cas de besoin, la pelle à neige permet de creuser un trou au sein duquel se réfugier, utiliser la couverture de survie et le sac à vent (un petit d’urgence pèse à peine 200g) pour limiter les effets du vent et du froid. Ces outilsnous paraissent incontournables !

• Le ski de rando (freerando, « torp peak » ski, ou un truc du genre, en suédois) ne présente pas l’avantage de glisse d’un ski de rando nordique (touring ski  en anglais) que l’on peut (grâce à la surface écaillée de sa semelle au patin) aisément utiliser sans peau sur les parties plates ou légèrement en montée. Un ski de rando nécessite d’utiliser les peaux en permanence sur le plat et dans les légères montées. En revanche, bien choisi et avec des boots de ski légères, l’ensemble est presque aussi léger que la panoplie de ski de rando nordique. Les skis prêtés à Robin par Capexpé ne pesaient par exemple que 1,2kg, tout au plus 1,4kg avec les fixations. Le ski de rando est également bien plus stable et bien plus sécurisant dans les descentes (talons fixés et déchaussage en cas de chute) qu’un ski de rando nordique. Enfin, il ouvre le champ des possibles du freeride et du ski kite.

Pour limiter, réduire quelque peu le plus gros inconvénient du ski de rando, c’est-à-dire la perte de glisse due à l’usage des peaux sur le plat et dans les légères montées, on peut envisager d’utiliser deux systèmes : des peaux beaucoup plus courtes que l’on colle uniquement sur une partie du ski (au niveau du patin) ou des peaux fines et étroites que l’on colle sur toute la longueur du ski (les peaux initialement prévues pour les ski de rando nordique peuvent faire l’affaire). Autant penser à emmener l’un de ces systèmes de peaux en plus pour compléter ses peaux classiques.

• Le traîneau pullpac est une ingéniosité suédoise qui permet de pallier l’inconvénient du port en permanence d’un sac à dos lourd sur le dos en hiver. Le sac de marche est inséré dans une plaque en plastique souple et légère – celle bricolée par un Suédois croisé sur le chemin pesait 700 g. Il est ensuite tracté derrière soi via une corde sur les parties plates et/ou en montée. Lorsque la pente se fait trop forte, il est aisé de remettre le sac sur son dos. Cette innovation simple est particulièrement ingénieuse et peut présenter un beau compromis entre le port du sac à dos et l’usage d’une Pulka classique.