Vince, Arnaud et moi (Julien) partons dans le coin d’Haugastol en Norvège pendant la dernière semaine de mars pour faire du snowkite.
kitesurfeurs depuis qqs bonnes années, fans de ski randos et d’expés, il est temps de mettre les 2 ensemble pour un bon trip !
On passera d’abord 2-3 jours d’acclimatation à Haugastol avant de faire le triangle Haugastol-Finse-Dyranut-Haugastol pendant 3-4 jours.

Ca va être tout bon !!

L’équipe

Arnaud, Julien, Vincent. Trois kitesurfers expérimentés (près de 20 ans de pratique sur l’eau) de +/- 40 ans, mais pas d’expérience de kiteski (juste quelques jours pour Arnaud à Haugastol il y a quelques années, mais en snowboard). Un bon bagage de ski de rando pour Arnaud, et de ski sur piste pour Vincent. Niveau de ski correct pour Julien. Aucune expérience, pour aucun de nous, de camping sous tente en « vrai » hiver (nuits à +/- -20°).

Le projet

Se faire une expé hivernale, le plus possible en mode tracté. La Norvège, et en particulier le plateau du Hardangervidda, s’impose très vite à nous. Pour les modalités pratiques de cette expé, on part un peu dans tous les sens … Expé durant toute la semaine, ou quelques nuits seulement ? Sous tente ou en refuge ? En tout cas, ce sera à ski (de rando), et pas en snowboard. Après quelques semaines de réflexion, on opte pour une semaine « hybride » : passer 3 jours au Turistcenter à Haugastol, pour se mettre tous à niveau en kiteski et s’amuser un peu, puis partir en rando de refuge en refuge sur le plateau, avec comme objectif, a priori et si les conditions le permettent, de rallier d’abord Finse depuis Haugastol (direction Ouest-Nord-Ouest), puis de là, Dyranut (direction Sud), puis revenir vers Haugastol (direction Nord-Est).

Le matos embarqué

Nos voiles de kitesurf respectives : 3 voiles à caissons fermés Flysurfer (8m, 12m, 19m) pour Vincent ; 2 voiles à caissons fermés Flysurfer (6m et 15m) et 1 Peak2 9m de Capexpe pour Julien ; 2 voiles à boudins (7m et 13m) et 1 Peak2 9m de Capexpe pour Arnaud
Trois paires de skis de rando + bâtons + peaux (2 sets venant de Capexpe)
Les harnais
Une pulka
Cartes du plateau, boussole, GPS.
Les vêtements hivernaux classiques (pour grand froid).

Les déplacements sur place

Une route traverse le plateau, sur un axe Sud-Ouest – Nord-Est, de Haugastol à Dyranut (31 km).

C’est le long de cette route que sont localisés les principaux « spots » de kitesnow, tout simplement parce qu’ils sont accessibles facilement grâce à la route. Mais bien sûr, tout le plateau, et notamment la zone Haugastol – Finse – Dyranut, est un énorme terrain de jeu.

Les conditions de vent

Un grand principe météo domine sur le plateau la plupart du temps : si le vent vient de l’ouest, il y aura plus de vent à l’est du plateau, et inversément. Cela s’est bien vérifié durant notre semaine.
Plus d’infos sont disponibles sur le site d’Haugastol : https://www.haugastol.no/en/spots. Il y a aussi un app’ pour smartphone vraiment bien foutue pour connaitre le vent en temps réel : https://www.haugastol.no/en/wind-apps.

Le déroulement de la semaine

Vendredi 23 mars : arrivée à Haugastol

Décollage de Zaventem et atterrissage à Oslo en fin d’après-midi. Prise en charge de la voiture de location, puis direction Haugastol (+/- 4 heures de route).

Nuit à Haugastol.

Samedi 24 mars : Kiteski à Orteren

On part pour Orteren, où le vent rentre bien (vent d’ouest vers les 18 nœuds). Session de découverte, particulièrement pour Julien et Vincent qui découvrent le spot d’Orteren, histoire de se mettre en jambes pendant quelques heures. Le maniement des voiles ne posent pas de soucis, et la pratique en skis tractés vient très vite.
Julien en Flysurfer 6m, Vincent en Flysurfer 8m, Arnaud en Peak2 9m.

Nuit à Haugastol.

Dimanche 25 mars : Kiteski près de Fagerheim

Beau soleil, vent toujours orienté ouest, mais un rien plus faible. Après quelques reconnaissances de spots, on se décide pour un spot près de Fagerheim qui se perdait à perte de vue où personne ne ridait à part un couple de Français sympathiques qui nous y donne 2-3 conseils. On a bien fait, on était quasi seul sur un spot splendide qui commençait par un beau lac pour continuer avec de magnifiques collines où on s’est absolument gavé, une vraie plaine de jeux.

Après quelques kilomètres dans ces reliefs ondulés on commençait d’ailleurs à bien sentir l’isolation au milieu d’un paysage enneigé splendide. Arnaud fait quelques essais avec la pulka.

Julien en Peak2 9m , Vincent en Flysurfer 12m, Arnaud en Ozone Edge (boudins) 13m.

Nuit à Haugastol.

Lundi 26 mars : Kiteski à Orteren

Alors qu’on pensait que la neige allait nous empêcher d’aller rider (ça tombe joliment, avec une visibilité moyenne), on se décide à retourner à Orteren (vent +/- 15 nœuds, toujours ouest). On trouve une colline très sympa à monter et redescendre, on s’y gave pendant longtemps.
Julien en Peak2 9m, Vincent en Flysurfer 8m, Arnaud en Peak2 9m.

Nuit à Haugastol.

Pour les 3 journées suivantes, on comptait donc partir en rando de refuge en refuge sur le plateau, mais une épidémie de grippe intestinale dans de nombreux refuges du plateau nous a empêché de concrétiser le projet. On a donc décidé d’effectuer des randos “à la journée” (on a donc repris au moins une nuit à Haugastol). Au niveau de la météo, on a eu trois journées magnifiques, sans nuages, mais glaciales (-10°, -15° la journée ; -25° la nuit) ; et un vent d’Est, qui amène donc un vent plus fort et régulier sur le côté Ouest du plateau.

Mardi 27 mars : Rando Dyranut > Kjeldebu > Dyranut

On se décide, vu le vent d’Est, pour une rando sur un axe Nord-Sud du côté Ouest du plateau. On pointe Kjeldebu sur la carte, +/- 10km au nord de Dyranut. On en fait notre objectif aller – retour. On démarre à +/- 2km à l’Est de Dyranut, depuis le long de la route, donc. On démarre sur un terrain tout plat, un lac gelé, sûrement. Le vent est parfait, on glisse dans de la neige légèrement poudreuse, vierge, en plein soleil, c’est très agréable. On plonge ensuite dans une vallée où les reliefs nous amènent des conditions de vent variables intéressantes à naviguer, et on se lance dans une remontée au vent vers l’Est en croyant y trouver le refuge de Kjeldebu.

On y croise un attelage de chiens de traîneau, puis un groupe de skieurs de fond qui nous confirment que le refuge est bien … dans la direction opposée !

On repart donc sous le vent et ce downwind nous amène en douceur au refuge. L’arrivée est splendide. On y mange un lunch bien mérité au soleil par -15°C, avant de repartir en début d’après-midi, persuadé que le retour sera relativement direct. Le relief nous oblige pourtant à partir dans une direction Sud-Est qui nous dévie et nous mène dans des vallées où le vent est particulièrement faiblard.

C’est très technique, sous le vent de hautes collines, et avec encore un relief à gérer (certaines montées de collines se feront mètre par mètre, à « huiter » les ailes en permanence pour garder de la puissance !). On finit finalement par traverser ces vallées déventées, et on retouche beaucoup plus de vent en se rapprochant à nouveau de la route (le vent est manifestement accéléré dans une sorte de couloir à cet endroit). C’est là qu’on se rend compte qu’on est bien loin de notre point de départ ! On est beaucoup trop à l’Ouest, sous le vent de notre point de départ. Il faut remonter au vent dans de grosses conditions de vent, et dans un couloir de neige verglacé. Un nouveau changement complet de conditions qui n’est pas pour nous déplaire. Une fois sortis du couloir, il nous reste encore quelques dernières centaines de mètres à remonter au vent, dans des conditions à nouveau hyper agréables, et on retrouve notre spot de départ. La « Ride de Kjeldebu », comme on l’a surnommée, se termine. Enorme journée !
Julien en Peak2 9m, Vincent en Flysurfer 12m, Arnaud en Peak2 9m.

Nuit à Haugastol.

Mercredi 28 mars : Tentative de rando Dyranut > Trondsbu > Dyranut

Les conditions ont l’air en tous points similaires à la veille. On se décide à retenter une aventure similaire, vers le Sud cette fois : Trondsbu.

Le début de la rando est prometteur, les paysages sont un peu moins vallonnés que le jour précédent, mais splendides également, avec des collines enneigées à perte de vue. Le vent est parfait sur les premiers kilomètres, il nous permet de glisser le long des flancs de colline, c’est bon, c’est beau ! Après 4-5 km, le vent commence cependant à faiblir drastiquement, et particulièrement entre les petits reliefs qui affectent le vent. Si on n’y prête pas attention, les voiles décrochent par manque de vent … c’est assez technique à les garder en l’air. On tente quand même encore un peu, mais manifestement, au plus on descend vers le Sud, au moins le vent souffle. Ce sera chaud d’arriver jusqu’à Trondsbu en kite aujourd’hui. On se décide alors, plutôt que de rallier coûte que coûte l’objectif fixé (à ski donc, sans les voiles), de plutôt repartir vers le Nord, et donc vers Dyranut, pour retoucher du vent et continuer à faire du kiteski. On passe le reste de l’après-midi dans les zones pleines de vent, et on se fixe finalement un nouveau petit objectif : remonter au vent sur 1 km ou 2 et aller chercher un petit sommet situé à l’Est. Le petit challenge technique se situant dans le fait de devoir remonter le vent ET la pente. Heureusement, le vent n’était pas trop perturbé par ce relief, et même sous le vent de la colline, on touchait un vent tout-à-fait correct. Une fois au sommet, on redescend tout plein pot jusqu’à Dyranut, et on en termine avec cette journée. On n’a pas atteint l’objectif fixé initialement (Trondsbu), mais on s’est finalement bien amusé quand même !
Julien en Peak2 9m, Vincent en Flysurfer 12m, Arnaud en Peak2 9m.

Nuit à Dyranut.

Jeudi 29 mars : Kiteski à Dyranut

On se décide à rester près de Dyranut pour cette dernière journée, pour notamment tester quelques sauts. On a bien fait, le vent tombe finalement de plus en plus au fur et à mesure de la journée. Mais bien sûr du coup, pour les sauts, c’était pas dingue non plus, on monte max vers les deux mètres, et en s’aidant de la pente. On aurait dû se toiler un peu plus sans doute … mais on a un peu l’appréhension de mal atterrir à skis. En snowboard, on aurait été plus tranquille, sans doute.
Julien en Peak2 9m, Vincent en Flysurfer 12m, Arnaud en Ozone Edge 13m.

Nuit à Haugastol, dans la Mountain Room cette fois (dortoir). Rencontre de quelques riders qui étaient déjà là pour le Ragnarok la semaine d’après, sympa !

Vendredi 30 mars : Retour vers Olso puis vers Bruxelles.

Conclusion

On n’a finalement pas mis en pratique l’ambition du projet de départ. Mais on a quand même largement trouvé ce qu’on était venu chercher : se mettre au kiteski, et « se perdre » sur le plateau en mode petite rando. Maintenant que c’est fait … l’envie d’une rando plus axée « expé » se fera sûrement sentir, avec des objectifs de distances un peu plus importants, et, pourquoi pas, sous tente ? Une chose est sûre en tout cas, notre expérience de kitesurf (gestion de la voile) nous a énormément aidé. Maintenir la voile en l’air dans les molles, la rattraper quand elle décroche, la redécoller quand elle est tombée, la remettre en place même dans du vent fort quand on a dû larguer … tout cela se faisait assez naturellement, et c’est évidemment un grand avantage. Si on n’a pas essayé de rando en snowboard, il semble de toute façon évident qu’il est plus pratique d’être à skis si le but est de randonner. La remontée au vent est bluffante (sûrement 45° du vent), les skis de rando apportent une facilité de déplacement même si le vent est tombé, etc etc … Un point que nous devrons améliorer pour la prochaine expé, c’est la gestion de l’orientation quand on se fixe un objectif précis à atteindre. Bien sûr, les GPS et smartphones aident pour se localiser sur le plateau, mais savoir avec précision quelle direction prendre pour atteindre l’objectif n’est pas si aisé qu’il pourrait paraitre. Et consulter carte ou GPS – GSM n’est pas si facile avec des voiles en l’air (il vaut en fait mieux à chaque fois poser les ailes pour faire un point routage, avec un système efficace de sécurisation des ailes au sol permettant quand même de repartir vite ensuite).

Merci à cette petite équipe pour cette belle aventure, et à Capexpe pour le matos !

Vincent – Julien – Arnaud