De Bruxelles à Vladivostok en Lada Niva

UAZIMUT est une expé de  5 mois (juillet à novembre 2010) qui a consisté à traverser le continent Eurasien (de Bruxelles à Vladivostok) en Lada Niva.

 

Le départ

Vendredi 3 juillet, veille du départ …

Nous nous rendons compte qu’un dernier passage, soit disant “administratif”, au contrôle technique s’impose (encore merci l’administration). Arf. Ils nous auront emm … jusqu’au bout. On profite d’un dernier petit week-end test à travers les Ardennes belges avec le Niva. Merci à Hubert pour le saucisson.

Lundi 5 juillet, pas de bol, papier rouge au contrôle: “Le bac de chargement n’est pas conforme Monsieur”. Merde. Réponse de Jonas: “Mais enfin, cette bagnole est passée y a un mois au contrôle et tout était en ordre”. Re-merde : “C’est pas mon problêêême si les collègues de Verviers n’ont pas fait leur boulot”. Quelques rivets plus tard, nous repassons le contrôle et le départ officiel est donné à 16h.

 

Première pause…

 

Les kilomètres défilent et le Niva s’avère déjà être le compagnon idéal du “campeur sauvage”. Rien ne lui fait peur; un chemin de traverse et nous voilà dans une superbe prairie …

 

A part çà, rien à signaler en Allemagne, si ce n’est la taille des bières et des schnitzels (mit Pommefrieten und Salat) que nous avons engloutis, ainsi que notre interception par la Bundespolizei à 500m de la frontière tchèque.

C’est par des petits chemins campagnards que nous avons choisi de traverser la Tchéquie: bucolique, mais un peu monotone. Arrêt culturel à Olomouc, où nous essayons sans succès de suivre la demi finale du Mondial (apparemment çà n’intéressait personne).

La Slovaquie quant à elle est nettement plus montagneuse et nous y rencontrons avec plaisir quelques Ladas Niva (wouaw, finalement on n’est pas les seuls). Bizarrement, aucun autochtone propriétaire de Lada ne répond à nos signes enthousiastes. Nous faisons l’acquisition d’une pastèque (un rien avancée, étal situé derrière un semi remorque puant); délicieux, mais elle empestera la voiture pendant des jours.

Les Tatras, en Slovaquie

 

La frontière ukrainienne se profile à l’horizon. Nous y sommes accueillis par une douanière blonde en pantalon de camouflage, “combat shoes” et tee shirt kaki. Bref, welcome to Ukraine. Après une fouille complète de notre barda et le remplissage de nombreuses paperasses (2h30), nous faisons une entrée triomphale dans le monde soviétique. Après 500m, René aperçoit la première UAZ 452. Euphorie, rapidement suivie d’un premier borrtsschhhhh (miam).

“Hé t’as vu, des Iceberg’s !! Y a pas mieux pour les Hamburgers …”

Nous filons sans attendre vers les Carpathes, où nous attend un trekking de deux jours. Attention aux molosses qui gardent les moutons dans la montagne ainsi qu’aux énormes bières en vente forcée (“Pivo !!!”) dans l’unique “kamp” du coin.

 

Après deux jours dans la montagne, nous repartons vers L’viv. Très joli, mais après 2500 Kms parcourus depuis la Belgique, la Lada commence à émettre des borborygmes inquiétants. A L’viv, nous trouvons un garage. Verdict: roulements avant droit usé. Pièces de rechange et 2h de main d’oeuvre à quatre ukrainiens sur la voiture (et un marteau): 40 EUR. Suspens, affaire à suivre …

Gloups…

Demain nous partons vers la Crimée avant de passer en Russie, merci pour les commentaires !!

 

 

Welcome to « CCCP » 😉

Après notre passage au garage, nous quittons rapidement L’viv vers la Crimée. Traversée d’une mer de froment et de lada diverses.

 

Vers 18h, nous nous arrêtons (comme d’habitude) dans le café d’un bled “typique”. René étant un peu fiévreux (le pauvre!), Jonas se charge des premiers contacts avec Volodia et Pietro, qui éclusaient leurs bières et vodkas sur la table d’à côté. Très vite, Pietro (65 ans, moustaches blanches, édenté, pensionné de l’armée rouge et 5 vodkas derrière la cravate) insiste pour nous offir une vodka. Gloups. On lui propose les cornichons du Colruyt en retour qu’il refuse. Bref, en buvant sa vodka, il nous raconte ses nombreux exploits de soldat soviétique en criant à maintes reprises “CCCP” (= URSS). Volodia s’intéresse quant à lui principalement au prix de la Lada. Sur la proposition de Pietro, nous nous éclipsons vers son logis. Pietro nous présente fièrement son potager (magnifique), ses voisins, et sa maison (grande comme trois fois la Lada). Sa TV, digne d’une publicité américaine des années 60, tourne en boucle et la vodka coule à flots (enfin, surtout dans le gosier de Pietro en fait). Ultra accueillant en tout cas et vraiment gentil de nous accueillir pour la nuit alors qu’il n’a manifestement pas grand chose pour vivre. Il nous avouera tristement sa gueule de bois le lendemain: “Ya mnoga pil vodku” (= j’ai bu trop de vodka).

 

Chez Pietro

 

Après de nombreux kilomètres, nous aboutissons finalement à Sébastopol, base navale russe de la mer noire (louée à l’Ukraine). Amusant de voir les élégantes ukrainiennes en hauts talons s’écarter pour laisser passer les énormes camions remplis de soldats russes débraillés.

L’armée russe à l’exercice (35° à l’ombre)

 

Après 5 minutes de recherche, nous aboutissons dans un palace avec vue sur mer (on en avait besoin ;-)) et partons à la découverte de la vie nocturne de Sébastopol.

En route vers Sebastopol, dans l’arrière pays de la Crimée.

 

La Crimée, destination idéale de votre voyage de noce, ses plages, son arrière pays montagneux, ses 35 degrés, son athmosphère de station balnéaire digne des “Dents de la mer” vous rappelleront la Provence (en plus beau bien sûr).

Peut surprendre néanmoins, Yalta, doux mélange de Walibi et de Monaco, avec une pointe de Las Vegas.

“Mui atdvikhaem na morie” (= nous nous reposons à la mer)

 

Niveau culinaire, lorsqu’on ne s’arrête pas dans le “koffié” du coin, on s’essaye aux curiosités culinaires vendues sur le coffre d’une Lada sur le bord de la route : Yoghourt au myrtilles, fricassée de gros lard et champignon, écrevisses, crevettes de la mer d’Azov, et gras de porc dans la soupe (“C’était bon, hein René”) !

mmmm !

 

Il faut aussi mentionner les diverses interceptions par la militsia ukrainienne et russe… Tous aussi corrompus les uns que les autres… Comme en Ukraine, où, après avoir traversé une ligne blanche, deux flics bedonnants veulent nous extorquer 520 HRV (= 50 EUR)… Bon, il faut dire que ca s’annonçait bien car ils roulaient dans le même Niva que nous… Cependant, ils nous regardent avec un petit sourire et nous demandent “vui chaditie protokol?”  (en gros, “on fait la paperasse, ou on s’arrange autrement ?”). On n’a pas cette somme (malheureusement ;-)), mais quelques pièces d’euros traînent dans le vide poche… ils sont bien intéressés par ca, et nous laissent partir, en montrant les euros et disant “Souvenirrrr”… Ok, ca roule mon vieux, prend tes 4,50 EUR !

Après une journée torride à attendre le bateau et à passer la douane nous aboutissons dans le Sud de la Russie. Destination Volgograd (= Stalingrad), à travers le pays des Cosaques et ses steppes infinies !

 

Petite pause dans cette ville à l’architecture stalinienne (assez agréable finalement) avant de remonter la Volga vers l’Oural.

Pour ceux qui s’inquiétaient, la Lada se porte maintenant très bien et vient de fêter ses 5000 km en notre compagnie. Petite incertitude cependant, même les Russes semblent ricaner quand on leur explique qu’on va à Vladivostok en Niva (“Pakupaïtie Land-Rover durak” – = “Achète-toi une Land Rover imbécile”).

 

 

Volga et Oural

добрй диен,

Alors à Volgograd on a bien dû aller voir les différents monuments et musées de la fameuse bataille de Stalingrad (Volgograd étant juste le nouveau nom de la ville) ! Spectaculaire …

 

Ensuite, c’est la remontée de la Volga sous une chaleur atroce. Petits villages, villes aux airs de stations balnéaires ainsi que spots de camping sauvages spectaculaires. La Volga est le plus gros fleuve de Russie, et avec les nombreux barrages sur son cours, il fait parfois plusieurs kilomètres de large.

Ca c’est du camping!

 

Mentionnons notre pélerinage à Togliatti, ville natale de toutes les Ladas du monde ! On n’a pas pu visiter la zavod (usine), mais bien le “lada research center”, juste a côté, qui consiste en une plaine de 39 Ha de vieux matériel soviétique rouillé (dont un sous marin nucléaire); il est possible d’y faire ses photos de mariage, voire d’y organiser votre réception.

Remarquez le siège de Lada derrière

 

S’ensuit Samara, ou nous attendent quelques stress administratifs concernant les passeports. Aïe, les deux premiers hôtels ne veulent pas de nous. Finalement rien de bien grave, le “Holiday Inn” veut bien nous arranger ca, et on peut finalement aller écluser une bière le long de la Volga… Assez courte, car 2 gros russes un peu saouls nous serrent d’un peu près et le serveur du bar nous conseille de partir si on ne veut pas que ca finisse mal.

Samara

 

Ulyanovsk, ville qui devrait faire résonner en vous tous quelque chose, vu que le U de Uazimut vient de là ! C’est en effet ici que se trouve l’Usine d’Automobile d’Ulianovsk (UAZ – elles y sont toutes produites aussi). Wouaw, le premier but du voyage est atteint. C’est aussi la ville natale de Lénine, le Bethleem du communisme ;-). Faut aimer, c’est un peu effrayant comme construction, mais finalement pas désagréable …

Dernière étape sur la Volga : Kazan, capitale du Tatarstan. Très jolie architecture, mais aussi l’occasion du premier bain russe pour nous. Pour ceux qui étaient venus a Moscou avec nous, cette fois-ci on n’a pas oublié la bière …

 

 

Ensuite, notre cap reprend l’est, ou un trekking nous attend dans l’Oural, chaîne de petites montagnes qui forme la frontière entre l’Europe et l’Asie. Bref, nous voilà en Sibérie.

 

Tu crois qu’il nous a vu?

 

  

Apres le trek, nous passons une soirée mouvementée avec le staff du parc. D’abord à deux, puis à quatre et finalement à quinze, entassés dans une cahute de gardien. Mentionnons “l’homme aux deux nombrils” (150 kg de muscles tatoués, jusqu’il y a peu au service de l’armée russe). Nous finissons par nous éclipser en douce et allons nous décrasser a Troitsk, ville frontière avec le Kazakhstan.

Point de vue Lada Niva, toujours pas de soucis majeurs, malgré les 8000 km déjà parcourus. Juste des problèmes de moteur stressants en pleine ville (mauvaise essence en principe) et une petite fuite de liquide de refroidissement.

Si vous allez un jour en Russie, ne faites pas le plein chez ce gars la !

  

En largeur, c’est tout juste… ca va tenir tu crois ?? Oui hein !

,

 

 

Kazakhstan

 

Après notre décrassage à Troitsk, nous nous sommes dirigés sans tarder vers la frontière kazakhe. Déballages et remballages multiples de la voiture, et bienvenue au Kazakhstan. 5 km plus loin, première rencontre avec la police kazakhe. Bilan : phares non allumés, ça nous fait 40000 Tenge d’amende (200 EUR). Heureusement, le flic, après avoir évacué la plèbe de son bureau, nous fait signe de glisser un petit « souvenir » dans un bouquin entrouvert, et un billet de 2000 suffit. Enfin ici, c’est ‘cor cool de se faire arrêter par la police ; regardez leurs Nivas :

Ca c’est de la Lada!!

 

Après une nuit dans un champ, nous traversons le Nord Ouest du pays : immenses champs de blé parsemés de vieux kolkhozes (fermes collectives de l’époque soviétique) et zones un peu désertiques.

Jonas fait ses emplettes …

Rien à dire, on est les Rois du camping 😉

 

 

L’Ouest du Kazakhstan n’est pas très sauvage (enfin, quoique …), et nous sommes contents d’arriver à Astana, flamboyante capitale du pays, surnommée le « Dubaï des Steppes ».

Grandiose:

 

Le Dubaï des Steppes

 

 

Nous faisons là la rencontre de Nurik, policier kazakh, qui demande de vérifier nos « Dokumenti ». Voyant que nous n’avons pas l’air très méchants il nous promène à travers le centre. En chemin, il rackette un groupe de jeunes qui buvaient des bières dans la rue (interdit !!!) et les laisse finalement partir contre un paquet de cigarettes (Nurik est sympa, il nous en propose une ensuite d’un air généreux).

Nous nous donnons rendez-vous pour le lendemain, qui est justement son jour de congé. Cela tombe bien, nous cherchons un garage pour l’entretien des 10000 km de la Lada. Après avoir perdu une journée à ses côtés dans la banlieue à la recherche du garage le plus crasseux de la ville (seuls, ça aurait sans doute été plus vite), il nous emmène chez lui : un kot (eh oui) dans un bon vieux HLM soviétique, qu’il partage avec deux collègues de 25 – 30 ans (dont un avec une dentition en or : un peu comme « Requin » dans James Bond). On passe la soirée à écluser des Chimay amenées de Belgique et à essayer leurs uniformes. Admirez l’air martial de Jonas :

Schtraf, zloï inostraniets …

 

Nous quittons Astana en direction du Sud et visitons un gulag sur la route (l’« Alzhir », réservé aux épouses des « traîtres de la patrie »). Impressionnant. L’après-midi, nous arrivons dans une région de lacs au milieu de la steppe : le parc national de Korgalzhyn. On peut y voir des grues, flamands roses, moult cygnes, pélicans etc. L’entrée dans le parc est un peu folklorique, personne n’a l’air de comprendre pourquoi nous ne nous contentons pas de visiter la petite exposition à l’entrée. Une visite chez le directeur arrange tout ça et après 80 km de pistes à fond la caisse derrière un Kazakh, nous nous retrouvons au bord d’un lac paradisiaque. On recommande l’endroit.

 

L’envol de l’aigle 😉

 

Le lendemain (7 août), nous nous dirigeons (toujours à fond la caisse) vers l’Est, sur des pistes qui ne sont pas meilleures que la veille. Dans un passage particulièrement délicat, un léger « clong » se fait entendre et la vitesse saute. Merde, la deuxième ne tient plus. Merci les vibrations et les « petites maladies » des ladas.

 

Nous passons par un autre parc national, crevons un pneu, et suivent deux jours de pistes défoncées dans des steppes perdues. Magnifique !

 

 

 

 

Après cela nous arrivons à Semey le 11 août (ville mieux connue sous le nom de Semipalatinsk). A proximité de l’endroit se trouvait le principal site de test nucléaire d’URSS : 456 explosions nucléaires (2500 fois Hiroshima) entre 1949 et 1989. Bref, mieux vaut ne pas forcer sur l’eau du robinet ;-).

“Mesdames et Messieurs, votre train est attendu avec 15 minutes de retard”

 

Un peu inquiets pour la mécanique, nous offrons un petit lifting à la lada pour ses 11 000 km.

 

Bilan des pièces changées:

 

  • Révision de la boîte de vitesses (pour celles qui ne voient pas, c’est un peu comme une montre en beaucoup plus gros ;-))
  • Amortisseur arrière gauche
  • Rotule de direction avant droite
  • Silent blocks de la boîte de transfert (pour celles qui ne voient pas, dites-vous qu’on aurait pu se retrouver avec la moitié de la Lada par terre sur la route).
  • Disque d’embrayage
  • Bougies
  • Filtre à air
  • Plaquettes de freins
  • Soufflet de cardan
  • Détecteur de marche arrière (à notre avis, ça c’est plutôt le garagiste qui l’a démoli)
  • Faudrait sans doute ralentir un rien sur les pistes 😉

 

Vrroooaaaaammmmmm

 

Bref, elle est comme neuve. Sauf que 100 km plus loin on a croisé un gros camion sur une piste, qui a envoyé un caillou dans le pare-brise ; l’éclat a déjà grandi de 3 cm. Youpie.

Nous sommes pour le moment à Oskemen, et essayons de planifier un tour à cheval dans l’Altaï, après quoi nous retournerons en Russie. Merci pour vos commentaires et en particulier à Tonio pour la carte ; à tout bientôt !

By the way, on n’a pas vu un seul incendie en Russie (faut pas trop croire la télé ;-)). Niveau température, tout ça se refroidit déjà un peu et on nous prédit du – 20 pour le mois d’octobre. Pour ceux que ça intéresse, René n’a pas encore été chez le coiffeur.

 

 

We no speak Americano

Planifier un tour à cheval à Oskemen, Kazakhstan n’est pas évident si l’on suit les conseils du Lonely Planet. La seule agence renseignée, planquée au 4ième étage d’un HLM soviétique n’a pas l’air trop préparée à notre arrivée. Le bonhomme a déjà l’air fatigué avant de commencer et nous signifie d’un air mou qu’il « doit téléphoner pour voir », que c’est tout un bazar, et qu’il nous rappelle le lendemain « afterrrr lunchhh ».

Nous quittons l’endroit un peu sceptiques et commençons à errer dans la ville à la recherche d’internet. Sur ces entrefaites, nous sommes surpris par un « Hi guys, how’s goin’ ?». Tiens, un Amerloque ! Eh non, il s’agit de Viktor, le seul kazakh russophone parlant anglais avec l’accent de l’Oklahoma. Jonas est admiratif. Il nous organise une petite soirée avec des copain(e)s et nous renseigne une autre agence, tout près de la ville.

 

René en profite pour traverser un passage pour piétons au rouge et se fait remarquer par une voiture de flics. Bardaf : 3 jours à l’ombre ou 14 000 Tenge (75 EUR) d’amende. Le choix est vite fait et le portefeuille de René s’amincit fortement. Vive la police kazakhe.

 

Nous arrivons à l’endroit renseigné par notre ami Viktor et tout s’arrange : c’est parti pour trois jours de cheval dans l’Altaï, en compagnie de Qouad, notre guide (20 ans, c’est la première fois qu’il fait le circuit que nous allons faire – pas de problème « le chef l’a fait il y a 7 ans » et c’était génial). Contrairement à notre expérience mongole, le niveau du groupe (nous 2) était plus que suffisant et personne n’a dû être tenu en longe ;-).

Robin “Good” – en Russe, les H des mots anglais se prononcent “G”, un peu comme dans “Gamburger” et “Ginternet” (ah non pas celui-ci justement).

Bref, nous passons trois jours assez intenses à traverser des rivières, des bois épais « où il y avait un sentier avant » et à galoper à travers les champs de tournesol.

“Buila doroga 7 letov” – C’est qui qui voulait du off-road?

“I’m a poor lonesome cow-boy, far away from home and only eating canned meat …”

 

On recommande l’adresse. Il faut juste savoir que le propriétaire des chevaux est aussi propriétaire de l’usine de « canned meat » (viande en conserve) du coin… Mis à part du « Koumiss » offert en chemin et des framboises attrapées depuis le cheval, il faut donc s’habituer à ouvrir des petites boites à « whiskas » matin, midi et soir, pendant 3 jours. Mais finalement on aime bien, surtout la petite gelée qui stagne au dessus. Qouad a aussi apporté de la Vodka… Premier shot le matin à 9h00, pour bien se mettre en route !

Qouad

Genghis Khan dans sa jeunesse

Après tout ça, nous filons vers la frontière russe, que nous passons après une journée de files diverses, et une mini collision avec un Kamaz russe (wouaw le super camion). On ne vous dira pas qui a oublié le frein à main.

 

Welcome back to Russia. On se sent presque à la maison.

Cantine héritée de l’ère soviétique – au menu: bortsch

Dans le moindre village, on trouve un monument aux morts 41 – 45. Remarquez la flèche vers Berlin.

 

Deux jours après (20 août), nous nous arrêtons pour pieuter près d’une petite rivière. Le matin venu, nous sommes réveillés par de sonores « Kamarad, Kamarad » mal chuchotés à côté de l’auvent. Chance, le club de 4*4 de Byisk (petite ville de Sibérie) s’est installé à 50 m de nous un peu plus tard dans la nuit. Ayant vu la fière allure du Niva, Dmitryi nous propose de les rejoindre pour leur sortie du week-end. Au programme, visite de chutes d’eau assez impressionnantes et (pour y accéder) petit parcours off road un rien technique. C’est évidemment avec plaisir qu’on accepte de les accompagner :

Le Niva en action

 

Nous racontons que nous avons aussi une UAZ 452 en Belgique; Dmitryi écrase une larme émue (“UAZ tojé vi Belgie !!!!”) et avale une gorgée de bière avant de se remettre en route. Conscients des km encore à parcourir jusque Vladivostok et malgré l’insistance de Dmitryi (« Biez problem dlia Niva »), nous préférons ne pas franchir les derniers passages un peu trop boueux et pierreux. Pas trop grave pour la suite, Dmitryi nous propose alors de s’accrocher à son UAZ 469:

“Accrochez vous bien, voilà des gants”

Les derniers km vers les cascades se font à pied, et c’est l’occasion de constater que l’équipement de randonnée hi-tech, c’est pour les occidentaux frileux. Les tenues varient du bikini (+ bottes un peu serrantes et bandana – « la Catcheuse ») au complet militaire bariolé avec poignard de combat et fausses cordes d’escalade du Brico.

 

Nous faisons nos adieux à nos nouveaux amis et filons vers la Chuisky Trakt, la route qui mène en Mongolie. Une petite inspection du Niva révèle malheureusement des déchirures importantes dans le bas de caisse: un des bras de suspension est en train de passer au travers du plancher. Merci aux pistes kazakhes et à notre conduite rapide des débuts.

… Oups ..

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Une visite au garage, et le problème est (semble ;-)) réglé. Une tôle de machine à laver rouillée rapidement soudée et c’est reparti.

Cette pièce (enfin, surtout la vieille tôle resoudée maintenant) maintient le pont arrière en place …

 

Ceci dit, nous ne sommes pas les seuls à avoir quelques problèmes. Au garage, nous rencontrons un bande de Danois un peu suants et stressés : le moteur de leur Skoda est tombé sur la route (eh oui, ça peut arriver) et nous avons la grande chance de pouvoir jouer les interprètes avec le garagiste. Pas de bol pour eux, pas de réparation possible, si ce n’est 300 km en arrière, et leur avion décolle d’Ulan-Bataar, Mongolie (1200 km de pistes atroces plus loin) dans 5 jours.

 

Ces petits détails réglés, nous allons faire un petit tour de deux jours en voiture dans l’Altaï. Alternance de paysages désertiques, montagneux, rivières impressionnantes, etc.

En route vers l’Altaï

A la recherche d’un spot de camping – “C’est promis, on sera très prudents”

Nous sommes maintenant à Byisk et partons aujourd’hui (25 août) vers Abakan à travers les montagnes (pourvu que les soudures tiennent ;-)).

 

Pour le reste, le team se porte super bien! 

Sibérie

 

Enfourchant notre Niva nous sommes partis le 28 août pour Abakan, capitale de la Khakassie. Nous avions le choix entre la route « normale » qui passe par Novossibirsk plus au nord (1500 km) et le raccourci (400 km, dont une bonne partie à travers la forêt sibérienne). Vu la bonne forme de la Niva, le raccourci nous semblait s’imposer, moyennant l’achat d’un treuil et de provisions d’essence.

Un premier essai de traversée nous mène rapidement devant un gué, qui après nos divers repérages en sandales s’avère assez profond.

Le premier gué

 

Prudence quand même, les premiers avis recueillis auprès des habitants sont un peu sceptiques (« Vous êtes complètement  « maladoï », y a pas de route par là »). Nous finissons par interroger un certain Piotr Gueorgevitch Barkov qui nous est renseigné par les habitants comme « celui qui a déjà été jouer par là » en camion Ural. Son petit sourire nous fait dire qu’il trouve l’idée plutôt cool, mais il nous prévient que ce sera « Camièl Trophy », « Adrièlanin », « Extrièm », et qu’il nous faut au moins 150 l de réserve d’essence pour la traversée, et un bon treuil.

Nous, on n’a que 100 l de réserve, et ce premier gué dépasse les recommandations de Lada ; puis notre treuil n’est pas si bon … Avec l’aide de Piotr nous trouvons un itinéraire alternatif un peu plus au nord ; un bon deal : c’est parti pour 100 km d’aventure à travers la taïga. Le Niva se tire parfaitement d’affaire. Malgré quelques passages délicats et les dizaines de traversée de gué, le treuil reste sagement rangé dans le coffre. L’itinéraire traverse des vieux villages abandonnés, à proximité d’une mine d’or. Pendant 2 jours, on n’aura pas vu grand monde… on rejoint finalement la route qui mène à Abakan …

Un gué plus raisonnable sur la piste… l’occasion d’une photo en uniforme de la flotte russe.

 

Along the river

 

Nous ne nous attardons pas à Abakan, et filons vers les monts Ergaki un peu plus au sud, où nous attend un trekking de trois jours. En fait de trek, il s’agit surtout de bonne grimpette (avec les pieds et les mains) à travers des paysages grandioses et des champs de myrtilles intacts. Bilan : les russes n’ont rien à envier à personne au niveau « outdoor ». Par contre de nouveau, quand nous débarquons comme deux innocents à l’endroit censé être le point d’accueil, personne ne comprend très bien ce qu’on est venu faire … heureusement que les cartes et réserves de bouffe ont été prévus depuis Abakan.

Un peu classique me direz-vous, mais toujours agréable.

Ca se passe de commentaire

Merde le réchaud est cassé…

“J’ai glissé, chef !”

Camp N°2

 

Le trek fini, nous nous attardons un peu sur un parking pour regonfler les pneus du Niva et vérifier deux ou trois bricoles (le pont arrière fuite un peu). Bien mal nous en prend, nous rencontrons là Anton, Anton (n° 2), Pietro et Youri, qui, ravis de la rencontre, nous invitent à aller à la « chasse-pêche-camping » avec eux. Ils ont un Niva et une Lada Samara ; difficile donc de résister, nous voilà partis. La pêche s’avère finalement être surtout de la pêche à la vodka et au gras de porc brulé sur le feu. Anton n°2 réussit d’ailleurs à démolir deux cannes à pêche en 1 minute 30 (dont la nôtre). Mais bon, quand on les a vu acheter 6 poissons séchés le long de la route, on s’est bien dit qu’ils ne comptaient pas sortir grand-chose de l’eau. Petite déception sur ce dernier point, mais c’était quand même une bonne après midi et soirée. Une chose est sûre, ils n’aiment pas les Américains, ainsi que les Moscovites. Et aussi, ils sont fiers de montrer que leur Lada Samara traverse bien les gués aussi …

Allez, une petite photo sur la Samara.

 

Le lendemain, nous prenons congé de nos nouveaux amis et partons pour Irkutsk, à 1500 km. Après avoir remonté vers le nord à travers la forêt et la pluie, nous aboutissons sur l’axe Moscou – Vladivostok, à hauteur de Krasnoyarsk. Cette route est sillonnée par des camions martyrs qui rebondissent dans les nids de poule (certaines portions ne sont pas asphaltées). Et pas de chance, c’est sur ce tronçon  pluvieux que le remonte-vitre du Niva cède : plus moyen de fermer la fenêtre ; pas grave, Irkutsk n’est qu’à 1200 km … on tiendra bien !

Allez, un petit effort les FreightLiner’s.

 

Les nuages peinent à se dissiper mais l’ambiance des paysages est magnifique. L’automne sibérien a débuté et les bouleaux se parent de jaune.

Ca donne froid dans le dos !

 

Un soir, repus de shashliks (= brochettes de mouton grasses et luisantes, à manger avec des oignons crus et une sauce piquante), nous nous engageons sur un chemin de traverse, à la recherche d’un endroit de camping. Bien mal nous en prend, l’endroit est creusé d’ornières profondes, le Niva glisse dans la boue et se retrouve pendu (en gros, les roues ne touchent presque plus le sol).

 

On ne vous dira pas lequel des deux était au volant, et lequel se débattait avec un os de mouton récupéré de la brochette. Mais bon, on s’en fout finalement ; c’est un peu la merde, et au pire on appelle un de nos camions préférés. Après une tentative de dégagement sous une pluie fine et persistante, nous plantons la tente juste à côté du lieu de désastre ; il pleut et il fait noir, ca ira mieux demain ! Le matin venu, notre bolide finit pas se tirer d’affaire, moyennant deux heures de treuillage intensif. « Finalement, c’était encore une toute bonne matinée… » Et pas si impulsif l’achat ce treuil !! By the way, merci Bat pour ton câble de remorquage.

“T’en fais pas ma chérie, on va te sortir de là !”

 

Après ces mésaventures, nous arrivons à Irkutsk. Un passage au garage (réparation de la fenêtre) nous permet d’admirer un nouvel ustensile de la panoplie du mécanicien russe : le chalumeau. Bilan de l’opération : le remonte-vitre est réparé, mais l’intérieur de la porte est carbonisé.

 

Irkutsk, ville située sur le parcours du transsibérien, grouille d’autres touristes. Une première depuis L’viv, dans l’ouest de l’Ukraine. Même les noms de rue sont indiqués en anglais. Nous profitons de l’occasion pour investir une auberge de jeunesse surpeuplée et sommes brutalement confronté à l’  « homo transsiberianis » (i.e. le touriste qui voyage en transsibérien – Irkutsk est apparemment l’arrêt le plus populaire).  Quand même agréable de se retrouver un soir parmi les occidentaux, sans parler des petits  plaisirs matériels (wifi …)

Quitte à nous retrouver dans une ville touristique, nous décidons de laisser un peu de repos au Niva et profitons du bus affrété par l’auberge pour aller sur l’île d’Olkhon au milieu du lac Baikal. Là, nous louons des vélos et sillonnons l’île et ses paysages magnifiques pendant deux jours.

En route vers le Baikal !

UAZ-Land… “J’ai la même à la maison”

L’air fier du cycliste.

Être fermier ici, pourquoi pas finalement ?

 

Après le vélo, retour à Irkustsk en bus. A Irkutsk, nous rachetons une tente, vu que les piquets de la tente de René sont tombés sur la route pendant le trajet : c’est décidé, on ne prendra plus de bus du voyage !

Au programme d’aujourd’hui (10 septembre), une visite au garage pour un petit entretien mineur : réviser les freins arrière du Niva et changer la courroie. Ensuite, nous nous dirigerons vers Ulan-Udé, capitale de la république autonome des Buriates, d’où nous partirons vers la rive est du lac Baïkal.

Ah oui, encore une chose : depuis notre départ de Byisk, une petite divergence d’opinion est apparue entre les membres de la dream team. Rien de grave, ne vous en faites pas, elle porte uniquement sur nos compagnons de route. Lequel de ces deux camions est le plus beau ?

Un URAL à coté du Niva… Le camion est gros, ou le Niva est petit ?

L’URAL en action !

Vous habitez chez vos parents ?

 

GAZ 66 – tout en finesse !

 

Une petite enquête parmi la population sibérienne a montré que chacun des champions avait ses partisans. Bref, on vous laisse choisir le vainqueur, en remplissant notre nouveau sondage. Le perdant paye la tournée ;-).

 

 

Байкал

Avant tout, pour ce qui est du sondage sur les camions, il est maintenant fini. Merci à tous les votants ! L’URAL l’emporte de quelques voix et Jonas est donc tout content !! Mais bon, c’est serré quand même, se rassure René (« tsss, y en a qui n’ont rien compris ») …

Pour les amateurs de musique locale, on suggère aujourd’hui Виктор Цой (Victor Tsoï), qui est apparemment le chanteur-phare de la fin de l’époque soviétique, encore largement écouté aujourd’hui.

 

A la sortie de la ville d’Irkutsk, nous procédons au désormais traditionnel passage au garage. Rien de grave : réparer le frein a main qui va plus trop, et retendre la courroie qui fait du bruit. Et cette fois, c’est encore l’occasion de découvrir un nouveau concept : la boîte de nuit – garage – resto – car-wash. Avant de mettre la voiture sur le pont, passage obligé au car-wash (on avait presque oublié que la bagnole était verte), pendant que le commercial un peu trop propre nous  invite à aller prendre une petite bière dans la boîte de nuit. On le suit donc sur le tapis rouge ; la, on reçoit plein de petits cadeaux à l’effigie de ce super endroit. « C’est sûr, ils ont tout misé sur le marketing ici ! ».

L’hiver approche à grands pas…

 

Le Niva soigné, nous filons vers la rive Est du lac Baïkal, pour aller visiter la vallée de Barguzin, décrite par les guides comme « very remote and magnificient ». « Remote », c’est sûr que ça l’est : 300 km de détour sur de la tôle ondulée et deux bacs plus tard (il n’y a pas de ponts sur les pistes pour traverser les toutes grosses rivières) nous découvrons l’endroit : une immense steppe marécageuse de 200 km sur 30, bordée de montagnes (normalement enneigées, mais là on n’a pas eu tellement de bol).

Une vendeuse d’Omul, le long du lac Baïkal

Le bac qui permet de traverser la rivière “Selenga”

“Fort près des yeux le bonnet là” – c’est la mode par ici !

L’automne s’installe – l’occasion d’une nouvelle photo d’UAZ !

 

Les routes n’ont plus l’air tellement entretenues et deux ou trois ponts se sont cassé la g … dans la rivière. Ca nous a valu d’ailleurs pas mal de modifications d’itinéraire, et surtout une grande question : est-ce que l’auteur de notre guide, daté de 2010, a vraiment mis les pieds ici…  Enfin bon, quand même très joli, mais pas mal d’heures de détour.  Et pas mal de chouettes rencontres avec les Evenks (= les premiers habitants de la région, genre indiens d’Amérique) et les Bouriates… On ramène d’ailleurs 2 ou 3 cadeaux, et une chose est sûre, les Bouriates nous ont à la bonne !

Jusqu’à quand va-t-il tenir celui-ci ?

“buyil most zdies” – “il y avait un pont ici” !

 

Une petite famille bouriate

Momument aux morts 41-45, ou mat totem indien ?

 

Les lieux sont aussi connus pour leurs sources chaudes. Nous nous arrêtons un soir dans une « baza otdikha » (= centre de vacances typiquement russe) à côté de l’une d’entre elles et testons les lieux. L’endroit grouille de vieux curistes, venus soigner l’une ou l’autre maladie bizarre dans les sources. Avec cette image en tête, pas évident donc de s’y tremper, sans compter l’obscurité totale des lieux et les planches un peu pourries qui servent de bassin …

Un des quelques villages de la vallée.

On a retrouvé le bus d'”Into the Wild”. C’était en fait pas en Alaska…

La vallée de Barguzin et ses marais

“Boah, tu sais moi…”

Assez soviétique tout ça…

Une dernière nuit dans la vallée…

 

Après trois jours dans cette vallée, nous partons vers le sud pour Ulan-Udé. On ne compte plus les « Ulitsa Lenina » (Rue Lénine) et les statues de Lénine observées pendant ce voyage, mais c’est bien ici, à Ulan-Ude, que se trouve le plus impressionnant : la plus grande tête de Lénine au monde … Grandiose, mais René trouve qu’il louche.

42 tonnes pour 7,5 mètres de haut !

Le marché central d’Ulan-Ude : fruits, viande, poissons, etc.

 

Ulan-Udé est aussi le « Hub » de la companie « Buriat Avialine », la seule compagnie qui dessert le nord du Lac. Nous offrons donc des vacances au Niva et prenons l’avion pour Severobaikalsk, ville située tout au nord du lac Baïkal. Le but est d’aller faire un trekking sur la rive nord-est du lac Baïkal, réputée particulièrement sauvage.

Après un vol de deux heures dans un magnifique « Antonov 24 » à hélice (plus soviétique que ça tu meurs), nous arrivons à Severobaïkalsk. Le vol se fait a basse altitude au dessus de la taïga, du lac et des montagne : ca nous permet de vraiment mesurer la grandeur de l’endroit ! Hélas, on est rapidement mis en garde “Pas de photos !”

Pour les intéressés, ce ne sont pas des camions spéciaux qui tirent les avions ici, comme a Zaventem, mais bien des … des… URAL évidemment ! (Jonas dit à René « c’est toujours pas un GAZ 66 qui ferait l’affaire hein ! »)

A Severobaïkalsk aussi, on a fait dans le soviétique : la ville a été fondée en 1974 pour construire une ligne de chemin de fer et n’a pas vraiment changé depuis lors. Il n’y a donc ici QUE des rues composées de HLM en béton. Et étant dans une zone d’activité sismique, c’est pas du « bête » béton, mais bien du renforcé !

Un petit aperçu de la ville…

En tout cas, il ne faut pas y habiter si on a peur en avion : pour y arriver, c’est 20 heures de voiture sur piste ou trois jours de train minimum.

 

Tout s’arrange comme nous le voulons et nous programmons un trekking d’une semaine le long du lac, qui s’annonce magnifique. C’est quand nous allons acheter les billets d’avion pour le retour à Ulan-Udé que les choses se gâtent : l’employée (un rien cruche il est vrai) met une heure chrono à imprimer les billets et nous finissons par ne plus savoir si nous avons déjà payé ou pas. Elle non plus manifestement, et elle finit par se vexer et parle d’appeler la « militsia ». Finalement, nous comptons nos sous, réalisons que nous n’avons sans doute pas été indument soulagés de nos richesses et quittons les lieux, salués par un retentissant « Pieshkom na Ulan-Udé » (= « et Ulan-Udé, vous pouvez y aller à pied »). Oups.

 

Le lendemain, nous embarquons dans le « Khakussy » pour traverser le lac et aboutissons sur la rive est après 3 heures de chouettes vues, mais aussi de remous intenses. Ouf, personne n’est vraiment malade… La rive est du lac n’est en fait pas habitée, mais du fait de la présence de sources chaudes, une petite « clinique » y a été créée. Re-passage donc dans des sources chaudes (ça devient une habitude) ; Mais cette fois-ci, c’est en plein air et assez clean. L’endroit est assez désertique : nous croisons juste 2-3 familles qui viennent s’y tremper 20 minutes chrono pour ensuite se retaper les 3 heures de bateau en sens inverse : l’activité du weekend quoi …

“On est sur le Khakussy, on est sur le Khakussy, on plonge et on est parti, avec le Kha-ku-ssy” !

Depuis le bateau…

 

Le CHHHIEN – petit fripou va !

 

D’autres Russes passent quelques jours là pour pêcher et nous invitent à déjeuner. Assez plantureux : grosses soupes aux champignons des bois, oignons et poissons crus – très impressionnant de voir les babushkas prendre une gorgée de soupe, puis d’arracher violemment la tête d’un poisson cru et mordre un bon coup dans la chair (on croirait voir Golum). On leur explique notre trek, et ils nous donnent alors plein de poissons (des « omuls », René en mangerait des kilos), des patates et un alcool tout à fait ignoble : « avec ça, un petit coup de froid sera vite passé », ils nous assurent. Il faut dire qu’on a aperçu un piment rouge sur la bouteille avant qu’il en verse dans une bouteille en plastique : ca s’annonce sérieux !

 

Après ces préliminaires, nous voilà partis à pied le long du lac. Le lac et des montagnes enneigées à gauche et la forêt jaune à droite, c’est vraiment super beau et sauvage. Tellement sauvage que la deuxième nuit, un loup qui passait par là nous pique les poissons, que nous avions planqués un peu plus loin (« Faudrait quand même pas qu’un ours débarque dans la tente – on va aller cacher ces histoires sous le tas de bois »).

Depuis le premier camping sur la plage – un rien venteux …

Un visiteur nocturne…

Oops, j’ai perdu un ponpon du bonnet.

 

Le trekking comprend quelques traversées de rivières. Les premières se passent sans encombre, mais la rivière Frolikha se révèle un peu coriace : au moins trois mètres de profondeur, 30 mètres de large et vraiment caillant.  Impossible donc à traverser à pieds… Nager avec des sacs, c’est pas évident non plus, et pas tellement agréable quand il fait 3 degrés, et quand il s’agit d’eau de montagne… Bref, c’est l’occasion pour Jonas de réaliser un de ses vieux rêves: construire un radeau « pas juste pour s’amuser ;-)» avec les moyens de l’endroit et traverser une rivière dessus.  On se met donc a rassembler les matériaux qui ont dérivé sur le bord : vieux « driftwoods » (gros troncs tout secs portés par l’eau), quelques ficelles et bouteilles pour assurer la flottaison.  René est quant à lui un peu sceptique : il avouera tout d’abord avoir pensé « allez, on va laisser Jonas jouer 2 heures avec ses vieux bois, et puis on verra ce qu’on fait ». Mais il se joint au projet et après quelques heures de construction, le radeau flotte et nous traversons avec armes et bagages sans tomber dans l’eau !!

“Tcheu, ça flotte fieu !”

L’autre côté du lac

Le soir tombe

 

Le trekking longe principalement la côte du lac, avec quelques détours dans la taïga : ça nous permet entre autres d’aller voir le « Lac Frolika », à 7 km du Baïkal, entouré de montagnes enneigées couronnées de brouillard.

Une petite portion du lac Frolika… On reviendra avec un Dingy, c’est sûr !

 

Sur les plages du Baïkal, on peut voir quelques traces d’ours, d’élan, et de loup. Mais on ne voit par contre pas grand-chose comme animaux… Apparemment, le printemps est bien mieux pour ça… Mais pas de regret, on voit pas mal d’oiseaux, et surtout des phoques d’eau douce que l’on ne trouve qu’au lac Baïkal. L’eau du lac étant potable, on ne doit pas transporter de grosses quantités d’eau, et les sacs sont assez légers, ce qui est vraiment confortable, surtout pour marcher sur des plages de sable ou de galets ! 

Une fine couche de neige

“Ohnk, Ohnk,…”

Le long de la rivière Frolika – Poseur va !

 

Sans avoir vu âme qui vive pendant six jours, nous terminons le trekking avec des vues de plus en plus magnifiques et rentrons à Severobaïkalsk dans le canot à moteur du ranger du parc national, assez content d’arrondir ses fins de mois (c’est toujours pas au Canada que ce serait possible). A cette occasion, on lui fait goûter l’alcool bizarre reçu quelques jours auparavant… Il regarde la bouteille en plastique un peu bizarrement, et on lui dit « fait gaffe, c’est quand même hard ».  Il lève un peu les épaules, d’un air « Tssss, pauvre inostraniets (= étranger), c’est qui le Russe ici ?», et avale 3 bonnes gorgées (Au moins 10 fois plus que ce qu’on a bu en 1 semaine). Pendant les 5 minutes suivantes, il tirait une triste mine, et on ne l’a plus trop entendu. « Encore un amateur de GAZ 66 évidemment ».

Le lac, à son extrémité nord, se termine par le delta de l’Angara

 

Les marais du delta – Otchien krassivoï zdies.

Le bateau du Ranger

 

En ce qui nous concerne, nous nous apprêtons à filer vers Chita, Khabarovsk et enfin Vladivostok. Renseignements pris auprès de la douane (encore un bon épisode à travers la ville …), vendre la voiture en Russie est plus cher que de la ramener en Belgique ; nous avons donc décidé de faire réparer le châssis plus sérieusement et passons donc un jour de plus à Ulan-Udé, ce qui nous permettra de faire quelques achats et d’arranger le retour du Niva en Belgique.

 

Russian Far-East

 

Traîner trois jours à Ulan-Ude est l’occasion de s’offrir une séance de cinéma ; pour tout dire, on n’a pas tout compris  au film, mais l’intrigue reste assez simple.  Une bonne histoire de course de locomotives à vapeur pendant la guerre, en Sibérie : qui est le meilleur machiniste ? Край (Kraï, le torse-nu héros de la guerre aux gros bras), ou le méchant corrompu en uniforme, envoyé de Moscou ? Pour ceux que ça intéresse, le film s’appelle tout simplement « Край », et fait un tabac en Russie.

L’affiche du film – difficile de résister…

 

Le châssis ressoudé, nous quittons Ulan-Udé pour Chita, en compagnie de An et Jo, deux belges rencontrés là, et qui font le tour du monde dans un Nissan Patrol (www.anenjo.be).

Belgische kamp

 

“Ik ben “ionas”, mijn Nederlands is niet zo goed.”

Le mois d’octobre a débuté, et l’hiver sibérien commence à pointer son nez… On frôle le -10 pendant la nuit. Après une petite visite de Chita, nous entamons l’avant-dernière grande étape du voyage, la route Chita – Khabarovsk. Etonnement, ce n’est que récemment qu’une route a été construite entre ces deux villes. Avant 2004, il fallait soit prendre le train, soit être prêt à 1500 km d’aventure à travers la taïga. La route est toute neuve (pas un nid de poule) et file sur des centaines de kilomètres à travers la forêt roussie par l’automne finissant. Tellement nouvelle la route, qu’on ne voit pas un bled ni une pompe à essence sur 500 km. Avec l’autonomie de 400 km du Niva, cela aurait pu être un peu stressant, mais heureusement, un de nos bidons était encore plein … Bref, the « ultimate road trip » ; vous nous croyez si vous voulez, mais la Route 66 c’est dépassé.

“Clear the throat, grab the balls and remind yourself you’re a man”

Prochaine grosse ville : 2050 km !

La fin de l’automne en Sibérie

 

Sneg idiot – littéralement : “la neige marche”

Pas encore tout à fait finie la route, d’ailleurs …

Along the road …

Nous quittons la Sibérie, pour faire notre entrée dans l’Extrême-orient russe, le « Far East ». Après trois jours dans l’immensité, nous faisons un petit détour pour passer par  Blagoveshchensk : la ville est construite le long du fleuve Amour (eh eh, ça c’est de la destination de voyage de noce non ?), et fait face à la Chine de l’autre côté de l’eau. Rassurez-vous, la marine russe veille au milieu du fleuve. L’atmosphère autrefois un peu tendue avec les Chinois est encore visible : les bons vieux HLM soviétiques des années 60 font face à la Chine, avec des gros marteaux et faucilles peints sur leur façades… Les Chinois répondent avec des grosses écritures chinoises sur leurs gratte-ciels flambants neufs, ou bien même, de manière un peu narquoise, avec des écritures en russe !

Face à la Chine…

“It’s quite beyond my powers to describe the beauties of the banks of the Amur”

 

Cette petite ville est assez jolie et sympa, et le DJ du restaurant chinois (enfin, a part les baguettes, c’est bien russe quand même) où nous allons ne peut s’empêcher de nous dédier sa référence de la chanson française : « Suuuuuuper soirée ce soir avec nos amis belges … en leur honneur, Lolita de Alizée » (traduction de l’auteur) ! Folie sur la piste de danse …

Le Niva aussi a son petit succès !

 

Au plus on progresse vers l’Est, au plus les Ladas se font rares (visiblement, les voitures d’occasion shippées du Japon ont la cote). On a aussi l’impression de retourner d’hiver en été : les arbres récupèrent leurs feuilles et nous on ressort nos sandales et tee-shirts.

 

Continuant notre route, nous passons par Birobidzhan, capitale de la « République autonome des Juifs » (ah bon) et Khabarovsk. Ville assez agréable !

Khabarovsk – La descente vers le fleuve Amour.

À Khabarovsk toujours …

 

Nous faisons ensuite notre entrée dans le Primorskii Krai, région coincée entre la mer et la Chine, et dont la capitale est Vladivostok. L’endroit est montagneux et sauvage ; les derniers tigres de Sibérie y ont d’ailleurs élu domicile. Un peu lassés des quelques jours le long de l’axe principal, , nous décidons de le quitter pour les derniers 500 kms et de nous offrir un petit détour à travers les montagnes en direction de la côte de l’Océan Pacifique.

Le coucher de soleil à l’Ouest, et les nuages du Pacifique à l’Est créent un chouette effet de lumière

Quant à lui, le Niva se verrait sans doute bien filer directement vers Vladivostok. Peut-être craint-il que nous ne choisissions de le précipiter dans l’Océan du haut d’une falaise, « pulp fiction style » ? C’est en effet le moment que choisit la boîte de vitesse pour commencer à émettre des couinements de mauvais aloi. Mais le bruit n’est pas constant, et c’est compliqué de trouver un garage par ici… Les garages qui acceptent les voitures russes se font rares et/ou pas très doués (le Niva a failli finir au fond d’une fosse à huile) : on prend donc le risque de continuer comme çà …

King of the road

 

Arrivés le long de l’océan et de ses nombreuses criques, nous passons près de l’embouchure d’une rivière à saumons. Assez étonnant de les voir sauter hors de l’eau. Toute la région est d’ailleurs occupée à pêcher le saumon dans les environs … Cherchant un endroit de camping par un petit chemin, on tombe sur une espèce de camp de pêcheurs. Inutile de dire qu’on se fait rapidement accoster : voyant débarquer deux « inostraniets » (= étrangers), le groupe de rudes gaillards rencontrés là nous offre d’abord quelques shots de Cognac maison accompagnés de zakuskis, ainsi qu’un magnifique saumon d’au moins 70 cm de long et 10 kg (« eeeuuuhh, là on risque d’avoir un peu trop non ? »). L’hospitalité russe est (mal)heureusement contrariée par l’arrivée inopinée de la Militsia en UAZ 452 (apparemment il faut des permis pour traîner par là, et on nous conseille de partir). Nous filons alors avec notre proie et allons la dévorer plus loin.

Observez l’envol du saumon ! (non non, c’est pas une crotte de mouche, ni rajouté sur Photoshop, hein Greg Marl’s ?)

Avant …

… après

 

Ayant envie d’un peu bouger, on s’arrête dans un petit village pour se planifier un petit trek : l’idée est d’aller passer une nuit dans une crique moins accessible … On va faire nos petites provisions dans le magasin d’Olga, qui nous propose de garer le Niva chez elle, à 500 m de la. Super, on y va et on tombe sur son mari, Sacha, et un copain a lui, occupés à charger une vieille toyota d’un truc manifestement un peu trop lourd…  Ils sont bien sympas, on discute un peu, on prend le café, un peu gras de porc et repartons avec 500 g de caviar « maison ». L’apéro de ce soir va être un peu écœurant ;-).

Ce petit trek est assez court, mais c’est super de se retrouver de nouveau dans le « wild », avec les grosses vagues de l’océan comme seul bruit.

 

 

 

On retourne le lendemain récupérer la voiture chez Sacha, qui a préchauffé le bania (= bain russe) au fond du jardin… Olga a préparé un super bon bortsch avec de la viande de renne. Vraiment sympas Sacha et Olga… ils ont plus ou moins notre âge et le contact passe bien !

 

On continue à descendre le long de la côte de la mer du Japon, et c’est ce 11 octobre que notre vaillante Lada fait finalement une entrée triomphale  dans les embouteillages de Vladivostok, plus de 22 700 km ( !) après avoir quitté la Belgique. La victoire est totale. Le dream team va immédiatement fêter ça dans un restaurant à sushi (le Japon n’est finalement pas très loin …).

Voulant récompenser le Niva pour son exploit (vraiment un « Geroï Sovietkovo Soyouza » – = « héros de l’Union soviétique », comme on en a vu pas mal par ici), nous lui offrons une cure de jouvence chez le concessionnaire Lada local, afin qu’elle soit comme neuve en Belgique. La Lada embarque vendredi prochain (15 octobre) dans un container pour la Belgique.

Ca fera très bien Avenue Louise … Pour ceux qui n’ont pas encore compris, le “Н” se dit “n”, le “И” se dit “i” et le “В” se dit “v” – facile non ?

 

Quant à nous, nous restons quelques jours encore à Vladivostok… Cette ville, coincée entre les collines boisées et les nombreuses criques du pacifique, est surnommée le « San Francisco russe ». Concernant notre retour, René optera pour un retour rapide en avion (CBFA oblige) tandis que Jonas s’offrira la variante Nord du Transsibérien (le BAM).

 

More news and conclusion to come very soon !

Vladivostok – Владивосток 

Les premiers jours passés à Vladivostok se passent en démarches et coups de fil divers: le document d’importation temporaire de la voiture n’est valable que jusqu’au 17 octobre. Elle doit donc avoir passé la douane avant cette date, sinon le ciel (ou plutôt l’administration russe) risque de nous tomber sur la tête. Moyennant quelques bons épisodes, tout finit par s’arranger, et le Niva embarque dans son container. Le passage au garage a été bénéfique, et elle paraît comme neuve … Rendez-vous dans six semaines à Anvers!

En voilà une qui s’apprête à prendre des vacances bien méritées …

“Le Niva est sans doute déjà là”

 

Une voiture, ça a un coffre que l’on peut remplir. Inutile de dire que nous n’avons donc pas résisté longtemps à la tentation d’aller dévaliser un magasin de pièces de rechange UAZ. Ont donc pris place dans le Niva, des phares de rechange, un embrayage, un alternateur etc. On verra bien en temps utile si toutes ces richesses vont sur notre UAZ ;-).

Remplissage du coffre avant l’embarquement

 

Mentionnons encore le buffet du déjeuner de l’hôtel renversé avec fracas par Jonas, un peu trop pressé d’engloutir ces bonnes vieilles saucisses soviétiques (genre swan, mais avec une peau bien épaisse – “C’est là que sont toutes les vitamines”). “Gloups, j’ai pas fait exprès mademoiselle” marmonne-t-il un peu stressé dans un mélange de Russe, de Français et d’Anglais. Ce traître de René avait pourtant bien remarqué que le truc était mal fixé : “Quoi, t’avais pas vu Jonas ?”

 

Ces préliminaires achevés, nous nous mettons en devoir de visiter la ville … Le site sur lequel est construit Vladivostok est spectaculaire: une presque-île montagneuse plantée dans une immense baie. Vladivostok est aussi la base de la flotte russe du Pacifique: pas mal de militaires dans les rues donc. Autre nouveauté, la ville est envahie de touristes chinois un rien bruyants et envahissants; les raclements de gorge se succèdent et se ressemblent. Après quelques mois dans la taïga, le contraste est un peu rude …

Le centre-ville; la mer est partout!

Plutôt seyant l’uniforme non?

Vladivostok est en plein chantier, on voit des grues partout!

Le port de Vladivostok

Allez, dans un an avec ce nouveau pont, ce sera comme à San Francisco (en mieux évidemment)

“Y sont quand même assez romantiques par ici non?”

Shapes & shadows un dimanche après-midi sur la digue …

 

Rêve d’enfance …

Jonas s’est embarqué dans son train hier (17 octobre) et reviendra comme prévu vers Moscou par le BAM et puis le Transsibérien avant d’atterrir en Belgique le 29. Pour René par contre, l’aventure se termine (snif); il reprend son avion le 19 pour Bruxelles.

Quel beau bateau 😉

 

“La dernière cène” – le Niva nous manque déjà, pour nous consoler on a acheté des miniatures …

 

“Bon app’ Jonas !”

Embarquement du Jonas dans le train pour Khabarovsk

 

Conclusion: c’était génial, et la Russie on recommande chaudement aux amateurs de voyages en dehors des sentiers battus. En tout cas, même si tout n’est pas rose (la Russie est le seul pays du monde où la population est en diminution constante depuis presque vingt ans), c’est loin d’être la catastrophe que l’on pourrait imaginer … Et malgré le fait que la majorité des endroits que nous avons traversés faisaient partie du même pays il y a moins de 20 ans, c’est incroyable la diversité que l’on y retrouve, aussi bien au niveau des paysages que de la culture (chrétiens orthodoxes, musulmans, juifs, bouddhistes et encore d’autres partagent ce meme pays). Le tout avec une seule et meme langue commune : bien pratique pour nous !

 

Bref, Uazimut pense très sérieusement à reprendre la route de l’ex-Union soviétique dans un avenir plus ou moins lointain, par exemple pour une aventure en canoë ou en vélo en Sibérie, un voyage au Tadjikistan ou encore un autre trekking dans le “wild” autour du lac Baïkal …

 

Merci d’avoir suivi notre blog et de l’avoir fait vivre avec tous vos commentaires, ça fait toujours plaisir !!!

Allez, une petite dernière pour la route … (oui, je sais, ça n’a rien à voir, mais c’est quand même bien joué non?)

Transsib’

Bon, je ne comptais à la base pas faire d’article, mais finalement, ce retour en train, c’est une activité en soi aussi, donc voilà … Et si plus personne ne lit ce blog vu que c’est normalement fini, et bien ca me servira de souvenir !

Le retour en Transsibérien peut se faire d’une seule traite, mais rester 150h de suite dans un train peut se révéler pénible. De mon côté, j’ai donc choisi de faire quelques pauses d’un jour et/ou nuit, en fonction des trains. Je prends le BAM en m’arrêtant à Khabarovsk, Tynda, Krasnoyarsk, Yekaterinburg et enfin Moscou. Le train s’arrête aussi environ une heure toutes les 6-7 heures, ce qui permet d’aller faire 2-3 courses.

Premier arrêt – accueilli par Lénine himself !

 

Le BAM est une autre liaison Ouest – Est en Sibérie, 500 km au Nord du Transsibérien. Elle a été construite comme sécurité car la ligne principale du Transsibérien ne passe par endroits qu’à quelques kilomètres de la frontière chinoise. Un peu exposé donc en cas de guerre avec les Chinois … Le BAM a été finalisé en 1990 (juste à temps pour l’effondrement de l’URSS) et traverse 4000 kms de montagnes et forêts initialement complètement inhabitées. Il y a maintenant juste quelques villes qui ont été créées pour le chemin de fer.

 

Etant un peu un novice du train russe (eh oui, ça change de la Niva), je passe les 2 premiers trajets (Vladivostok – Khabarovsk et Khabarovsk – Tynda) dans la classe “cabine”, sur les conseils d’allemands rencontrés il y a quelques semaines.

 

On est a 4 dans les compartiments. Le job d’un des gars est de souder des pipelines au milieu de nulle part; là il rentre chez lui, a 4000 kms de là. Un autre va se faire opérer : 1200 kms. A part ça, il ne se passe pas grand chose dans ce train : des trains de nuit, on dort quoi ! La petite pause dans le wagon restaurant est cependant assez cool : petite solyanka (soupe) et bière, juste ébloui par le soleil qui se reflète sur les grands marais enneigés : niveau lumière, ça fait penser à un resto d’altitude !

 

Arrivée a Tynda : oops, seulement un train tous les deux jours et plus que deux places en classe “dortoir” dans celui de demain. Allez davaï: niveau timing, j’ai pas trop le choix, donc c’est parti pour 60 heures en dortoir !

 

Arrivée matinale a Tynda… brrr, -20… L’hiver a commencé !

Tynda – Le chauffage centralisé est en marche aussi.

 

60 heures, ça peut paraître long, mais en plus d’être accroché à la fenêtre pour les paysages, il se passe toujours des trucs dans ces dortoirs. De la simple discussion aux shots de vodka un peu forcés.

Les rivières

Aaah, les paysages commencent…

… et il fait tout doucement beau !

 

Chacun a sa petite activité, indépendamment des autres, et vraiment dans un grand calme et respect: une petite famille s’installe complètement, une bouriate tricote, deux autres sortent un poulet rôti de je ne sais où, d’autres encore arrachent paisiblement la peau de leurs poissons séchés … Le reste dort tout simplement, les pieds des uns contre la tête des autres. Tout ça baigne dans la musique du train. Et une poignée de vieux saouls attaque la vodka et le calamar séché.

Un wagon “dortoir”

On peut traverser les voies ici… et si il y a un wagon a l’arrêt dans le chemin, on se met à quatre pattes et on passe en dessous… apparemment moins pénible que de prendre la passerelle à 15 m.

 

Les gens sont en général vraiment sympas et le va et vient aux gares permet de parler à plein de monde : l’un travaille dans une mine d’or, l’autre fait des routes à Yakutsk, là où il n’y en a pas encore; un troisième perce des tunnels a la dynamite… Toutes ces explications agrémentées de photos et vidéos, où ils posent fièrement devant les Ural et les gros bull (pas vu de Gas 66 René, déso). En fait bien souvent ils habitent à l’autre bout de la Russie et rentrent tous les deux mois chez eux. Ils font la navette, indifférents aux paysages de fous qu’on traverse. Mon voisin du dessous est assez clean et sort son portable et sa clef 3g à l’approche des petites villes : il est trader et surveille les taux et passe des ordres.

 

Serguei (le perceur de tunnels) commence a s’emmerder…

… malgré les paysages.

On approche du Baïkal.

 

Certains sont un peu plus turbulents et la gardienne du wagon a pas mal de boulot pour les contrôler. Ils boivent en général toute la nuit, vont s’affaler et baver sur une couche (pas toujours la leur) vers 6h du matin, au moment où le reste du wagon se réveille. Ils se lèvent à leur tour vers 11h en titubant pour attaquer le premier shot; quand ils traversent les wagons, ils avancent d’un pas lent en cognant tout ce qu’il y a moyen.

 

A un moment donné, on voit rentrer dans le wagon un gars toussant comme un orignal et ayant manifestement très mal aux yeux, il gémit qu’il cherche de l’eau. Deux types se sont manifestement battus dans le passage étroit entre deux wagons. L’un pisse le sang de la lèvre, l’autre du menton, et le troisième a sorti une bonbonne de gaz lacrymogène pour calmer tout ça. Bref ils sont aveugles et toussent tous. Il faut pas longtemps pour que tout le wagon soit contaminé : tout le monde se met à tousser. Pas grave, les passagers mettent calmement un chiffon sur le nez et se lèvent sans dire un mot pour se diriger vers l’autre côté du wagon, le temps que ça se dissipe. Le cas n’a pas l’air si exceptionnel ;-). Seule la gardienne du wagon s’énerve, soigne plus ou moins les deux blessés et leur donne ensuite un seau pour qu’ils nettoient le sang et la bave sur la porte et le sol ! Quand la gardienne lève le ton, on n’entend plus un bruit dans le wagon pendant les 5 minutes suivantes; juste la musique et le bruit de ses bottes et de son pas pressé ! Respect ! A l’arrêt d’après, la militsia débarque et règle tout ça : merde, on me dit de vite ranger ma bière, c’est interdit normalement (bien qu’on en vendent dans le train).

Lors d’un arrêt un peu plus long. Il n’a a pas de quai dans les petites gares … pénible pour les babushkas !

A chaque arrêt, des vendeurs se pressent aux portes

 

Le lendemain, les lèvres gonflées, les types se remettent à boire … L’un des deux passe dans le couloir et on entend un gros “buuuuurp”: eh oui, il a vomi en marchant, et ne s’est pas arrêté. Heureusement, je suis en haut, mais le drap du gars en dessous de moi (le trader) en a ramassé un peu. Calmement, sans s’énerver, le trader se redresse, lève le drap à son nez et sent un petit coup : ok ça a l’air d’être principalement de l’eau. Sans râler, il se recouche.

Sans doute un des premiers pêcheurs sur glace du nord-baïkal cette année. Il est confiant en tout cas.

 

Il y a aussi toutes sortes de vendeurs qui passent dans les wagons : poissons séchés et caviar mais aussi bières, pizzas, pirochkis (= petits pains fourrés super bons), livres, icônes avec effet 3d, gants, chaussettes, chapkas, portefeuilles, imitations chinoises d’iphone …

Un mini-marché s’improvise dans les arrêts un peu plus gros.

 

Sneg idiot

Presque chaque gare a une loco à vapeur exposée

 

Vraiment impressionant en tout cas le rail russe: le trajet en train peut durer près d’une semaine, en traversant des zones où il fait – 20 C° avec plein de neige, mais du départ à l’arrivée, pas une minute de retard, à aucun de la cinquantaine d’arrêts … Et on entend pas parler de grèves non plus !

Le parc de la ville Krasnoyarsk…

 

Les étapes finales sont un peu plus monotones, mais plus courtes aussi, donc ça va… On traverse principalement des steppes parsemées de forêts de bouleaux et des domaines de grands kolkhozes. L’arrêt à Ekaterinburg (plus que 30 heures avant Moscou, mais aussi la frontière de l’Europe) est fêtée par un bon banya !

Les paysages du plateau de la Sibérie occidentale

Apparemment ça ne va pas si bien quand il neige.

Ekaterinburg

Ca aurait pu être pris à Namur, m’enfin bon… les Russes mangent beaucoup de petites graines (pignons de pins, etc) dans les parcs et partagent avec les pigeons.

Ekaterinburg

 

Et pour terminer, 2 petites photos qu’on a oubliées de mettre depuis longtemps :

Un petit effort, et ca donne tout de suite mieux !

Un avant goût de ce qu’on pourrait faire au retour de la petite en Belgique …