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brieuc de Ter a adressé une note à l'Expé Cap Sylarna il y a 6 ans et 1 mois
Passeport Expé 2018
Trekking dans le Sylarna
Du 3 au 15 aout
Introduction :
J’ai repris cette année les rennes de l’organisation de Passeport Expé. Avec
Brieuc, ancien cokotteur, on rassemble finalement une team de 8 jeunes pour
cette édition 2018. La moitié a déjà participé à quelques raids Passeport, pour
les autres c’est une découverte. Une activité « escape room » en novembre et
un petit week-end dans les Fagnes fin mai suffisent à créer les premiers liens
entre tous.
Mis à part les avions et trains, l’organisation d’un raid est simple lorsque la
destination est décidée. Faire la liste de courses, emprunter du matériel à
Capexpé1
et imprimer les cartes de l’itinéraire. Idéalement, comme nous
passerons 3 jours à Stockholm en fin de voyage, il faut y prévoir les activités.
Mais concrètement c’est sur place en fonction de l’énergie du groupe et de la
météo que l’on décide.
3 aout : on décolle
Je ne vais pas détailler le trajet vers l’aéroport ou l’heure de l’avion, tout le
monde s’en fout ! Disons simplement qu’on arrive à Stockholm vers 18h. Cela
nous laisse le temps de prendre de l’essence2
pour les réchauds à une pompe à
essence et de visiter à pied le centre-ville. On cherche un resto pas trop cher, la
majorité proposant des plats à 25€. On trouve une carte proposant des plats à
12€, génial pensons-nous. Mais l’astuce c’est qu’il faut 3 plats pour être
rassasié, ce sont des tapas ! On se contente donc d’un plat-entrée (une saucisse
par exemple) avant de filer manger un kebab. Par contre on profite bien de
l’eau fraiche servie à volonté.
Le Sylarna est un parc national bien plus au nord que Stockholm. Pas aussi haut
que le Sarek (qui était une idée pour notre trek mais c’est avéré plus cher, avec1
Cela demande d’aller au barbecue de temps en temps !!
2
3 bouteilles de 1litre sont largement suffisantes pour 10 jours.
plus de moustiques et pas spécialement plus beau selon Dominique Snyers
notre conseiller de Capexpé). Bref il faut 8h de train3
, que nous prenons de
nuit, pour rejoindre le village d’Enafors. Certains dorment paisiblement sur les
sièges ou par terre pendant que d’autres galèrent un peu.
4 aout : premiers pas et déjà le dépaysement
On arrive à 9h et avant de se lancer dans l’aventure, il nous faut trouver un
petit déjeuner. Sans magasin, on se tourne vers un bed and breakfast avec
buffet à volonté pour 9€. C’est le rêve, on ingurgite un maximum : omelette,
fruits, crêpes, céréales, jus, café,…
Le chemin part quasiment du village, à travers la forêt d’abord. Après 1h de
marche, on entame l’ascension d’une montagne, environ 500m de dénivelé.
Pique-nique avec vue splendide et on voit nos premiers rennes4
. On trouve cela
incroyable mais on va bientôt se rendre compte qu’ils sont partout et en
Le soleil se couche vers 21h30 mais il fait clair tard et jamais vraiment noir de
toute la nuit. On va cependant se coucher tôt pour récupérer les heures de
sommeil perdues dans le train.
5 aout : à l’arrache sous la pluie
On se lève tard et le temps de plier le camp il est 11h. On traverse notre
première rivière en enlevant nos chaussures car le niveau de l’eau ne permet
pas de passer de pierres en pierres. Enfin c’est l’option sécurité. Pierre préfère
jouer Jésus en mode rapide, tandis que Louis teste l’étanchéité de ses bottines.
La Suède a vécu une sécheresse extraordinaire mais depuis une dizaine de jours
il a bien plu apparemment. On mange au bord d’un petit lac après quelques
kilomètres seulement, Thomas ayant de plus en plus faim…
Dans les marécages, malgré les planches de bois bien installées, on ne fait que
du 3 km/h. Les sacs pèsent un peu moins de 20kg. Un gros avantage de la
région est l’eau potable disponible partout. On subira l’une ou l’autre petite
diarrhée mais on n’utilise jamais de micro-pure ou de filtre.
La pluie ne tarde pas à tomber, la plus longue et intense du séjour. J’attends
Pierre qui ajuste son raincover de sac mais sinon on ne s’arrête plus. Un bon
8km sans pause. A 16h on arrive à une cabane au moment d’une accalmie. On
passera l’après-midi là, à accueillir à tour de rôle des marcheurs en route vers
le grand refuge 2km plus loin. Cette partie du parc accueille le plus de visiteurs
car on est à qq kms du Sylarna, le sommet abritant un glacier.
Sieste, jeu de carte et préparation de la bouffe tôt. On se serre à 7 pour dormir
à l’intérieur5
, avec les jambes sous les banquettes pour les moins chanceux.
Enfin on est heureux d’être au sec. On s’habitue même à l’odeur des
chaussettes qui pendent au plafond.
6 aout : entre Hot et 3-6waw
On décide d’aller jusqu’au grand refuge pour tenter le petit déjeuner de luxe.
On arrive juste trop tard pour le buffet et on envisage d’acheter juste des
baguettes et quelques autres trucs. Le gérant nous dit finalement qu’on peut se
servir dans ce qu’il reste et nous fait un super prix, le top !! On se régale.5
3 courageux montent la tente dehors
On n’est pas pressé de repartir vu la météo (brouillard et pluie) et l’aller-retour
de César pour récupérer ses gants à la cabane nous donne encore 45min de
glande supplémentaire. Un raincover acheté 25€ (très modeste, ne faisons pas
les difficiles…) fera un heureux, Brieuc. Finalement on repart, on a 20km à
marcher tout de même et il est midi.
Pour contrer la monotonie de la marche, on se lance des challenges au moyen
du jeu « hot ». Pierre doit déposer un caillou à chaque signe rouge du chemin,
Louis doit traverser une rivière sans prendre le pont, et je dois pour ma part
faire de temps en temps des PVD (Pause View Description) pour décrire le
paysage. L’autre jeu est nommé le 3-6 Waw. Le 3-6 wawer, meneur, lorsqu’il
crie « 3-6 waw » oblige tout le monde à faire un tour sur lui-même en
observant les environs. Ensuite le meilleur joueur est nommé nouveau 3-6
wawer. Bien sûr l’astuce est de trouver un moment rigolo pour enclencher : en
passage de rivière, en équilibre sur des planches, ou simplement quand l’un fait
pipi.
A la pause midi, on avale nos Parovittas dans une cabane sous les yeux envieux
d’un chien. Nos yeux envient le bon repas du couple en face de nous, l’herbe
est parfois vraiment plus verte ailleurs…
La mésaventure du jour est pour Pierre-Alban qui se retrouve pendu à un cable
du pont parce qu’ils l’ont trop secoué et il a été éjecté… On le secoure en
rigolant. Je courre essayer de récupérer son chapeau qui descend le courant. Il
se bloque sur une pierre et c’est finalement P-A qui ira le chercher pied nus. On
voit un renne à 10 mètres comme récompense.
On boucle nos derniers kilomètres vers 19h, certains ont un peu du mal.
Harold, qui vide entièrement un rouleau de PQ en une diarrhée en fait partie.
Ou Thomas qui pense et rêve nourriture en écoutant son ventre, son cerveau,
voir les deux. On installe nos tentes à une centaine de mètre d’un grand refuge
gardé. Je veux déjà grimper vers le sommet à 1800m qui nous regarde de haut6
.
Mais les autres me dissuadent, on le fera demain matin. A la place, je monte
une centaine de mètres vers l’autre petit sommet en face. J’y observe le
magnifique coucher de soleil sur les environs. Les couleurs ne sont pas si6
On se situe vers 1000m d’altitude
intenses, mais on voit loin et les reflets sur les rivières, lacs et collines qui
parsèment le paysage.
4 de nos zoulous réussissent un sauna-jacking au refuge avant d’aller se
coucher.
7 aout : un sommet et une belle journée
Lever 7h pour les 5 motivés qui décident de monter au sommet à 1800m. On
ne le sait pas mais un chemin invisible sur la carte monte jusqu’en haut, et on
n’est pas les seuls à y aller7
. D’abord suivre la rivière, ensuite grimper entre les
pierres puis sur des grosses pierres jusqu’à une arrête avant de faire la dernière
portion presque sans chemin. La vue est plus époustouflante à chaque pas, le
ciel totalement dégagé. C’est à quelques centaines de mètres du sommet que
les nuages montant de la vallée nous recouvrent… On reste 10 minutes en haut
avant d’avoir enfin une ouverture sur la Norvège à notre gauche. Le glacier en
contrebas restera invisible jusqu’au début de notre redescente. Thomas a
vaincu la difficulté (avec l’aide de mon bâton et de nos encouragements), lui
qui n’a jamais fait d’ascension de ce genre, bravo.
On est à 11h aux tentes pour déjeuner avec les autres. Puis on entame une
nouvelle belle journée de marche d’une vingtaine de kilomètres. Le temps est
au beau fixe, comme le moral. On apprécie le silence qui nous entoure. Une
traversée de rivière à gué (Laszlo tombe dedans bravo !), une baignade pour
certains dans un lac, tout est réuni pour profiter en rigolant. Les tendons et les
genoux douloureux de 2-3 jeunes, en plus des cloches, sont le seul bémol.
Heureusement Pierre a de la crème magique dans son sac aux 1001 trésors.
Pour l’anecdote, Laszlo, renommé « le Père », devient responsable de la
bénédiction des repas.
On s’arrête pour une fois au milieu de nulle part, sans cabane en vue mais nous
n’en avons pas besoin. La vie est belle en pleine nature.
8 aout : revoilà la pluie… et un refuge
Le porridge chaque matin est agrémenté de raisins secs, de sucre et même de
cacao, un délice. Rien de spécial ce matin, la marche devient une habitude et7
On s’imaginait la veille un azimut en pleine grimpe, à chercher le meilleur passage dans des champs de pierre.
nos sacs s’allègent petit à petit. On fait un petit azimut au milieu des mousses
et mini-buissons pour gagner 500m. On traverse à gué et Brieuc place une
planche pour aider les suivants. Notamment un couple avec un chien, Meggy,
qu’on encourage c’est sympa. P-L perd un Hot et doit suivre pendant 1km les
poteaux qui indiquent le chemin de ski de randonnée pour l’hiver. Notre
itinéraire longe parfois ces tracés8
.
Après avoir croisé un nouveau refuge, on mange sur une petite île fort
sympathique. Il nous reste encore 12km sur les 24 du jour. Comme il
commence à pleuvoir, on ne voit pas l’intérêt de s’arrêter et on marche les
11km, 3h, sans pause9
! A noter un passage de rivière sur un tronc donc il reste
des branches, original. Je dirai tout de même ce soir qu’il faut au moins
s’attendre pour éviter que les derniers se perdent, et surtout en cas d’accident.
Le refuge de ce soir tombe à point nommé car il y a du vent et un peu de pluie.
Mais le système est spécial : il faut être membre des refuges de Suède, ce qui
coute 30€ par personne, et en plus payer 10€ pour un accès à la cuisinière et
aux tables intérieures… En plus on a appris que l’utilisation du réchaud était
interdite à cause de la sécheresse du sol en profondeur. On négocie et on
discute mais le gardien semble intraitable. Finalement on fait un arrangement
pour ne payer que pour 2 personnes. Ils accepteront finalement qu’on occupe
tous l’intérieur… on s’en sort donc pour 80€. Une bonne soupe au chaud, cela
fait plaisir. En plus de notre riz-oignons sauce poivre, on cuisine quelques
champignons cueillis par Laszlo dont on nous a assuré la comestibilité. Et
lorsque nos voisins nous donnent le reste de leur casserole de pates fourrées,
on est aux anges !
Nos tentes sont entourées de myrtilles qu’on dévore en position couchée
comme les romains. Lazlo, qui n’avait plus mangé autant depuis longtemps,
décide de rentre un peu à la nature (petit vomi d’indigestion probablement).
9 aout : Encore une montagne
Le matin est tranquille, mis à part pour Pierre qui doit faire 1h de marche pour
récupérer son chapeau oublié au refuge. On en profite pour jouer Loup-8
C’est souvent un bon indice pour connaitre notre position sur la carte
9 Meilleur souvenir du raid de Louis : un arc en ciel au-dessus d’un lac dans une trouée de la forêt.
Garou10. Le terrain marécageux a laissé place depuis hier après-midi à de la
forêt. C’est plus sec mais la vue est moins dégagée. Lors de la pause chocolat
(1ère tablette de la semaine, on bénit l’inventeur de cette chose), on s’assied
proche d’un nid de guêpes et on décampe juste à temps.
On mange à Valadalen, station de ski avec son grand parking et son magasin
(on en profite pour acheter 2-3 paquets de chips et biscuits). L’ingrédient
spécial du jour est le miel. Je le racle et lèche jusqu’à la dernière larme, il parait
que je suis le chef « zéro perte »
11
. Ensuite on monte vers le sommet à 1200m.
C’est tout de même 600m de dénivelé en quelques kilomètres. Le spectacle est
extra avec des mini lacs d’altitude et la vue sur les environs. On fait notamment
3 minutes de silence pour écouter… le silence.
Avec Brieuc, on se baigne dans un mini lac vraiment froid. Mais au moins on
sent un peu moins la pellicule de crasse sur le corps. Une cabane est encore
une fois utilisée par ceux qui ont la flemme de monter leur tente, et qui veulent
dormir au chaud.
10 aout : Azimut toute !
On a discuté longuement hier pour analyser le meilleur itinéraire et on a conclu
qu’après 3km sur un chemin, on tenterait un azimut de 15km à vol d’oiseau. Le
but est d’atteindre le grand lac que l’on pourra ensuite longer demain et
retrouver la civilisation. C’est la partie du parc national la moins fréquentée et
aucun chemin n’existe vers la ville où on veut aller. Ca va être « facile », dixit
Brieuc.
On voyait le lac hier soir, mais ce matin c’est brouillard total, on ne voit pas à
50m ! On sort la boussole et on continue… P-A et Laszlo se retrouvent tout à
coup dans la boue jusqu’aux cuisses, un marécage soudain les a embourbé. On
doit descendre la montagne, alors quand la direction indique une montée on se
pose des questions. On triche un peu en utilisant les GSM et l’application
MapsMe12. Sur la carte, la descente est très raide et il faut choisir le bon
endroit. Longer la rivière n’est pas idéal car il s’agit de gros rochers. Finalement
Brieuc zig zag entre les arbres et nous amène à bon port. On longe la rivière10 Le concept du short vert est sympa : il doit toujours voter pour la première accusation du tour.
11 Aussi appelé par Brieuc « Juloflamix », mais c’est une longue histoire.
12 Il suffit de télécharger la carte que l’on veut à l’avance et avec la localisation du Gsm on sait où on est.
(dont on hésite d’ailleurs sur le sens du courant) pour trouver un passage pour
traverser.
Après le pique-nique et la traversée à gué, on continue plein Ouest, en
essayant de profiter du moindre sentier d’animaux. Entre marécages et forêts,
on marche à du 2km/h et on a l’impression de ne pas beaucoup avancer sur la
carte… On persévère à coups de pauses snacks. Le soleil livre un combat
acharné contre la pluie, le gagnant varie au fil de la journée. Le guide qui tient
la boussole varie aussi. On se sépare une fois, deux groupes pensant chacun
choisir le meilleur chemin : contourner par la rivière une colline ou escalader
tout droit.
Les heures passent avec les traversées de rivières, tantôt sur des pierres, tantôt
sur un tronc tombé en travers. Je finis par glisser d’une pierre et ma bottine
complète est sous l’eau. Je décide d’abandonner l’espoir pour ma seconde et
marche complètement dans l’eau pour traverser. 30 secondes plus tard, on doit
retraverser et même suivre la direction de la rivière. Sur une lumineuse
impulsion, je choisis alors de me balader dans l’eau, foutu pour foutu… les
autres m’imitent les uns après les autres. C’est en effet bien plus facile que de
jouer l’équilibriste sur les pierres presque immergées. Brieuc tiendra longtemps
au sec avant d’abandonner. Pendant ce temps, on entonne des chants de joie
pour bien montrer que les conditions difficiles n’ont pas vaincu notre moral et
qu’on atteindra ce foutu lac !!
Enfin, après un énième marécage et 100m de foret, on débarque sur la plage
de sable baignée de soleil. Grand moment. On s’embrasse et se congratule, on
l’a fait !! Il est 19h, on a marché 9h et fait environ 1h de pause.
Baignade dans l’eau relativement chaude (18° ?) avant de monter les tentes et
préparer le diner. Une bourrasque inattendue emporte une tente et brise un
arceau13. Pour la nuit, on complète les sardines avec des bois et même un mur
de sable pour certains.
La pluie se mêle au vent cette nuit, pas facile. On échange quelque temps de
place avec Brieuc face au vent mais mon matelas troué est trop inconfortable
pour lui. Il passera la fin de la nuit avec le pied sur un arceau pour le soutenir…13 Obvious fact du jour : les sardines ne tiennent pas bien dans le sable…
avec le bruit des vagues qui s’écrasent sur la plage (hé oui, un grand lac peut
former des vagues) le bruit est infernal. Mais la fatigue (en tout cas la mienne)
bat n’importe quel bruit et je dors plutôt bien.
11 aout : les derniers kilomètres à pied
On longe la plage ce matin pendant 3km avant de retrouver un large chemin
qui va nous mener tout droit à Handol. On y prend dans un café un soda et un
dessert en échange d’une place au chaud pour manger le pique-nique. Les gens
sont charmants en Suède. La route plus large permet d’être à plusieurs de front
ce qui amène à de chouette discussions et jeux. PA espère depuis hier qu’on
puisse construire un radeau, il rêve de ramer plutôt que marcher…
On croise un renne dans un jardin au bord de la route mais il est tellement
statique et majestueux (bois énormes !) qu’on croit d’abord à un faux. Alors
lorsqu’il se met à bouger on est surpris…
Il reste ensuite 8km le long d’une grand route jusqu’à Enafors qu’on atteint
vers 16h. Les jambes ont l’habitude maintenant mais les tendons et genoux de
certains continuent de souffrir. On termine donc ici le 160ème km14
. On se pose
dans la gare qui est bien assez grande pour nous héberger cette nuit. Quand les
2 autres touristes prennent le dernier train on est seuls pour profiter d’un jeu
de carte et de la table de ping-pong.
12 aout : balade en bateau et retour à Stockholm
Le buffet à volonté du premier jour est très, trop tentant, on y retourne. On en
profite pour louer les 2 canoës et la barque qu’il a et passer 3h sur la rivière.
Très sympa pour faire travailler les bras et reposer les jambes. Ensuite on passe
l’après-midi dans la gare à faire la sieste et jouer.
Notre train nous emmène vers Arë à 19h. On fait des courses là et on profite
d’une promo : buffet pates et salades en tout genre à 8€ le kg. On mange 800g
chacun, ça bourre bien. Pierre, Laszlo et Louis font du voyeurisme par les
fenêtres en face de la gare, nous ne dévoilerons pas ce qu’ils ont vu mais leur
tête était magique.14 environ, difficile à dire précisément.
Le train de nuit est le même qu’à l’aller, mais il est plus rempli. Difficile de
trouver une double place pour s’allonger ni une place par terre sans gêner.
13 aout : Free walking tour
On se pose ce matin dans un parc de Stockholm pour faire la sieste. Pas de bon
plan pour laisser nos gros sacs, on utilise les casiers de la gare en les
remplissant au maximum15. Le temps de voir le townhall et de pique-niquer
devant et il est l’heure de la visite de la ville. Les free walking tour sont un
concept génial : il ne faut ni s’inscrire ni payer un prix fixe, un pourboire de qq
euros suffit. Des bons jeunes guides dynamiques et intéressants racontent un
peu d’histoire, des anecdotes et des fun facts sur la ville pendant 2h. Nous
laissons un paquet de Parovittas au pied d’une statue qui est sensée porter
chance.
Une petite glace fait beaucoup de bien car il fait 20°. La bière dans un bar nous
est refusée, il faut que tout le monde ait 18 ans, même si les mineurs ne
prennent pas de bière. Intransigeants mais intelligents ces suédois pour limiter
l’alcool. On en achète un pack dans un supermarché puis on récupère nos
bagages aux casiers.
Après quelques minutes de discussion sur le type de ticket (finalement 24h) et
la destination (Hasselby Strand) on prend le métro jusqu’au terminus (35min).
On a vu sur la carte qu’il y avait pas mal de parcs, on va tenter de dénicher un
bon endroit pour poser nos tentes. 10 minutes de marche suffisent pour
trouver l’endroit parfait. C’est un grand parc au bord de la rivière où des
touristes voulant échapper aux prix de Stockholm viennent passer leurs nuits
voir toutes leurs vacances. Les grands buildings HLM du quartier ne sont pas
fort attirants et on renonce à essayer de demander l’hospitalité chez des gens.
Passes de frisbee, dégustation de chips et bières et coucher de soleil sur la
large rivière (presque un lac), très sympa. On assiste à une scène où des jeunes
retirent un paquet de sous des lattes d’un banc, quelque chose nous dit que ce
n’est pas très légal… On cuisine sur notre réchaud, pas de policiers en vue…15 9€ la journée, on essaye d’en prendre le moins possible…
14 aout : le palais royal et un bon resto
Lever 9h, pour une seconde journée de visite. Le palais royal est composé de 4
musées que l’on fait : une galerie de statues antiques acquises par un roi
suédois, un historique du palais avec objets retrouvés et maquettes, les joyaux
de la couronne et surtout les appartements royaux actuels et toutes les salles
richement décorées. C’est un peu long pour certains mais assez beau.
Après le pique-nique (on achète chaque fois des baguettes et de quoi les
tartiner), on bouge vers Sodermalm où se trouvent une vue sur Stockholm et
surtout les bons plans restos et cafés. On prend un bon chocolat chaud
agrémenté de desserts pour certains. C’est l’occasion d’une explication
complète sur le fonctionnement de Passeport et le recrutement des
animateurs. Fidèles à notre crédo « zéro reste », on finit les salades de la table
voisine lorsqu’on voit qu’ils s’en vont.
Le chutney est un resto qui propose des plats à 11€ avec un petit buffet pains
et crudités compris ainsi que des eaux aromatisées (concombre, citron, etc). On
trouve une table pour 10 et on profite de ce super bon plan.
A 20h30, on bouge vers le festival culturel de la ville, avec pour thème le
Canada, qui commence ce soir. On assiste à un numéro de cirque aussi
impressionnant que rigolo. Puis un Show sur la rivière nous fascine : danseuses,
boule enflammée suspendue, etc.
La fin de soirée est pluvieuse et on retourne à notre endroit de camping d’hier
en métro. On ne tarde pas à dormir, la journée fut longue.
15 aout : vélo ou visite
Pour ce dernier jour, le choix est laissé entre du vélo ou un dernier tour de la
ville. Avec Pierre-Loïc et Laszlo, on fait 30km en 4h de location en passant par
l’île de Djugarden et Lidingo. Les pistes cyclables sont impeccables et bien
renseignées. Un kebab nous remplit bien le midi. Les autres vont assister à la
relève de la garde qu’on n’a pas bien vue hier et à d’autres petits spectacles du
festival. On se rejoint pour 16h30 et on observe en rigolant16 un show d’acteurs16 Avec une pointe d’incompréhension et de condescendance
déguisés en chèvres, bouc et loup. Il y a même la traite par un fermier qui sort
du déguisement du vrai lait…
C’est assez pour nous, on rejoint l’aéroport en métro puis bus, où nous attend
une dernière mésaventure. On a oublié de vider 2 fonds de gourdes d’essences
et par réflexe, je demande à l’hôtesse du hall d’entrée où on pourrait les vider…
elle nous demande de sortir toutes les bouteilles et s’en va demander à
Brussels Airlines si c’est autorisé. Bien sûr non, pas moyen de discuter, on perd
nos 4 gourdes :’(.
Les parents arrivent pour nous prendre à 22h30 et chacun peut rentrer profiter
d’une bonne douche, d’un 5ème repas ou juste de son lit, dans l’ordre qu’il veut
en fonction de ce qui a le plus manqué pendant 12 jours.
Conclusion :
Le parc du Sylarna est un bijou caché de Suède. Connu des suédois mais pas
fort des trekkeurs européens, il abrite une incroyable diversité de paysages et
de chemins. Tantôt des montagnes dépassant de 800m la vallée, tantôt des lacs
sans la moindre ride, ou encore des forêts peu altérées par l’homme.
On traverse facilement les marécages sur des planches de bois mais cela
n’empêche pas l’impression de wilderness lorsqu’il faut traverser une rivière
pieds nu. Sans être dénaturé par le tourisme, des refuges et cabanes offrent un
peu de confort aux corps parfois trempés. Les moustiques sont peu présents, à
l’inverse des rennes qu’on se plait à observer à toute heure du jour.
Un endroit que je recommande à tous, que ce soit pour 3-4 jours où plus d’une
semaine de marche. Plusieurs points d’entrée sont d’ailleurs possibles.
Concernant le groupe, j’ai vraiment apprécié leur motivation et leur prise
d’initiative. J’aurai pu ne jamais regarder la carte en 8 jours, j’ai eu toute
confiance en Pierre-Alban. J’ai essayé17 de les laisser choisir le menu de chaque
repas, les pauses snacks, et la manière de répartir le repas du soir
équitablement, rien à redire. J’ai donc pu profiter à fond de l’environnement,
sans avoir aucun souci pour lequel me tracasser. J’ai initié un moyen simple
pour décider en groupe et avoir l’approbation d’une majorité : lorsqu’une17 Dans le sens qu’il est difficile pour moi de ne pas intervenir, c’est un peu mon caractère. Je leur ai d’ailleurs
dit que mon opinion n’était chaque fois qu’un avis et qu’elle ne valait pas plus que la leur (sauf cas spécifique).
décision devait être prise, après discussion, on levait ou baissait notre main
pour adhérer à l’une ou l’autre proposition. C’est rapide et on peut voir
directement ce que la majorité préfère. A n’utiliser que pour des décisions
bénignes évidemment, pour le reste il faut une solution qui convient à tous.
Certains jeunes réalisaient ce genre de trekking pour la 1ère fois et je veux
spécialement les féliciter, ils ont été largement à la hauteur du challenge.
Commentaires de Jeunes :
C’est en finissant mon dernier raid en tant que (semi) animé que je me suis rendu compte de
tous les bienfaits de Passeport et des expériences que cela m’a apporté. Des souvenirs, des
potes, des moments émouvants, des accomplissements, mais aussi des bads, des journées
de marches interminables, des gens qui ne sont pas du même style, des moments plus
difficiles,… mais sans jamais aucun regret ! J’ai des souvenirs, lors d’autres raids de ma vie
Passeport, de moments où je voulais en finir avec cette journée, mais une fois terminé, on
en rigole, on l’a fait ! Pour avoir un bon raid il faut aussi des moments de bads sinon, on
l’oublie trop vite! Ce dernier raid, expé, a été un incroyable mélange de moments difficiles (
cette journée mémorable d’azimut d’au moins 80 km dans les rivières et marécages … ) mais
aussi et heureusement des moments drôles, des trips permanents, et un groupe avec qui on
peut prendre plaisir à faire un raid pendant 15 jours. C’est pendant ce raid que je me suis
aussi rendu compte d’une chose que m’a appris toutes ces années Passeport. J’ai appris à
me forcer à faire des choses qui me tentent absolument pas mais qui sont, en les faisant,
unique et inoubliable. En effet, on m’a réveillé à 7h du matin pour gravir un sommet. Je
gravit ce sommet sans aucune volonté, sans aucun plaisir jusqu’à ce que je me réveille un
peu. Après 5 minutes de montée, je ne regrettais déjà plus mon choix! Ce sommet est un
grand souvenir que je garderais de ce raid. Je remercie évidemment tout le groupe, dont
Julien et Brieuc, Dom, et Passeport pour nous avoir permis de faire ce raid et d’en revenir
comblé d’expériences!
Louis Mouriau