Trois semaines d’alpinisme dans le Valais Suisse

Récit d’Armand

Au réveil dimanche matin à Bruxelles après deux courtes heures de sommeil suivant dix jours de délibérations festives clôturées par un mariage la veille, je me rends à Ottignies avec le train de 6h50 où je rejoins Fabrice, Maxime et Quentin, et d’où nous partons en voiture pour Villaz, dans le Val d’Hérens suisse. Nous ferons le trajet en deux étapes, avec une après-midi de grimpe au programme à la Roche du Cerf, sous le Ballon d’Alsace dans les Vosges. De tout le trajet, je ne quitte mon état de profond sommeil que pour cinq minutes, le temps d’un plein au Luxembourg, avant d’y resombrer jusqu’à l’étape du jour, où nous arrivons dans l’après-midi. Il fait grand soleil. On se fait quelques voies, suivies d’un peu de bloc un peu plus haut, puis nous cuisinons et passons la nuit à la belle dans une cavité rocheuse idéale pour un bivouac de ce type.

Lundi, on reprend la route jusqu’en Suisse en suivant l’itinéraire classique par Pontarlier pour éviter les autoroutes françaises. On arrive vers 16h au chalet à Villaz (1700m), et on se pose. On tente un peu de bloc juste à côté pendant un petit quart d’heure, avant de s’occuper du dîner. Jean-Luc, le père de Fabrice, ainsi que Clément et Flora arriveront tard ce soir-là.

05 au 08/07/2011 : Trek du Mont Berlon

Nous partons ce mardi 5 juin à 5 (Fabrice, Maxime, Quentin, Clément et moi-même) pour un trek de quatre jours en autonomie complète qui nous mènera d’Arolla jusqu’au Valpelline italien en passant par le fin fond du Val de Bagnes et par le col de la Crète Sèche. Cependant, nous ne nous pressons pas vraiment, et ce n’est qu’à midi que nous serons prêts à partir. On part donc d’Arolla situé à 2000m sous un grand soleil en direction de la cabane des Vignettes. On pique-nique juste avant de chausser nos crampons et de s’encorder pour le glacier de Pièce, qui sera ensuite suivi du glacier d’Otemma. Notre objectif premier est d’aller bivouaquer sur un grand névé tout plat au pied du Petit Mont Collon, mais la fatigue et l’heure tardive nous poussent à dresser le camp un peu plus bas, sur le glacier d’Otemma vers 19h. Nous sommes à 3000m. La plaine glacière est impressionnante en raison de sa gigantesque superficie, mais est une véritable soupe en cette fin d’après-midi à cause de la chaleur, et j’ai les pieds trempés. Depuis le bivouac, on aperçoit la cabane de Bertol, l’Aiguille de la Tsa et la Dent Blanche. Pendant que Fabrice, Clément et moi montons les deux tentes, Maxime et Quentin vont chercher de l’eau un peu plus loin. Fabrice nous fait ensuite découvrir sa fameuse recette qu’il a prévu pour tous les soirs : couscous Minute-Soup. Après ces folies gastronomiques, nous rejoignons nos couchettes. La nuit, il fera relativement froid dans la tente, mais c’est probablement plus l’altitude qui nous fera passer une nuit détestable.

Mercredi 6, on se réveille à 5h. Après des tartines au chocolat comme petit-déj, on lève le camp et nous partons finalement vers 7h. Il fait grand beau temps. Comme on n’est pas arrivé aussi loin qu’on le souhaitait la veille, on se lance dans l’ascension du Pigne d’Arolla à la place du Petit Mont Collon. Mal acclimatés, la montée nous parait parfaitement épuisante. Nous n’aurons pas à franchir le moindre passage rocheux pour cette course uniquement composée de glace et de neige, et nous atteignons le sommet un peu avant 10h30. On est à 3796m, et on a droit à un panorama à 360°. Mais l’eau commence à manquer sérieusement. Nous retournons donc sur nos pas en redescendant vers le Glacier d’Otemma. On s’arrête au bord de ce dernier pour pique-niquer. Au menu : pain avec du fromage et du pâté « Parfait ». Nous repassons devant notre endroit de bivouac, et continuons à descendre le glacier jusqu’au bout, pendant plus de cinq kilomètres. Il nous semble interminable. L’après-midi, le ciel se couvre. Il nous faut maintenant descendre le cours d’eau jusqu’à ce qu’on arrive en amont du Val de Bagne, qui n’est autre que la vallée de Verbier. Il est 16h quand nous y arrivons, et il nous reste encore un bon bout de chemin avant de boucler l’étape prévue, dont la montée vers le col de la Crète Sèche. Cependant, comme l’endroit est paradisiaque et se prête au bivouac, on décide de s’arrêter au bord d’un petit lac, juste en face du Grand Combin. On n’est plus qu’à 2400m, et on ne risque pas d’avoir froid cette nuit. On a le temps de bien profiter de la soirée. Clément et moi allons nager pendant que d’autres jouent aux cartes. En plus du plat de couscous Minute-Soup quotidien, on s’accorde ce soir une salade de thon-mayonnaise. On a droit à quelques petites averses pendant la soirée, souvent accompagnées d’un petit rayon de soleil réconfortant. Épuisés, on ira dormir assez tôt.

Jeudi 7 juillet, on s’autorise une grasse matinée : lever à 7h. On a une longue journée. Partis un peu avant 9h, nous devons maintenant monter au col de la Crète Sèche à 2888m, sous un ciel couvert. Pas de glacier pour ce col-ci, mais un dernier assaut bien raide avec câbles en acier pour s’aider. On passe donc en Italie dans le Valpelline, où nous quittons le sentier jusqu’alors parfaitement balisé pour rejoindre le col du Mont Berlon à travers la caillasse. Depuis le col, on est juste à côté de l’arête qui monte directement au sommet du Mont Berlon (3132m), mais ce n’est pas assez difficile pour Fabrice qui désire en escalader la face Est avec Maxime, cotée AD avec des passages de 4. Pour en rejoindre le pied, il faut redescendre de plusieurs centaines de mètres de l’autre côté du col, dans une longue descente de gros cailloux très raide et vraiment casse-gueule. On y aperçoit de nombreux bouquetins. Après un rapide pique-nique, Fab et Max sont partis alors que les premiers nuages de brume montent depuis la vallée. Brouillard, pluie et quelques coups de tonnerre les pousseront à faire immédiatement demi-tour. Après réflexion, nous abandonnerons le projet d’ascension du Mont Berlon pour cette année, car on n’a pas le temps d’attendre si on veut être rentré au chalet dans les temps. Et dire qu’on a porté tout un attirail de dégaines, coinceurs et cordes supplémentaires pour rien ! La descente dans le Valpelline se fera en azimut jusque quasiment tout en bas car on n’est pas retombé sur un sentier convainquant. Le brouillard nous surprend à plusieurs reprises, mais ne durera jamais bien longtemps. Nous rejoignons la route à hauteur du village Le Moulin, que nous remontons jusque Bionaz (1600m) où on espérait trouver un bar, sans succès. Bien qu’il soit déjà 19h, nous reprenons courageusement la route car on doit prendre de l’avance sur la journée de demain si on veut être rentré au chalet à temps pour la fondue ! Après Bionaz, on remonte un Valpelline quasiment inhabité. La route est en asphalte jusqu’au lac de Place Moulin, mais les bus ne la desservent plus au-delà de Bionaz. Et pour le stop, c’est également raté car vu l’heure, aucune voiture ne nous a dépassé. À l’inverse, on en a croisé une dizaine qui redescendait. On a droit à pas mal de pluie, et après environ sept kilomètres, on arrive au barrage de Place-Moulin (1968m). On continue pendant encore un kilomètre ou l’autre une centaine de mètres à flanc au-dessus du lac, mais il est tard, on est à bout. Vers 21h, on trouve un carré d’herbe parfait pour les deux tentes, juste au-dessus du lac. Pour 12h de marche, on a parcouru 19,5 km avec 1000m de dénivelé positif et 1500m de dénivelé négatif. Les pieds souffrent. À notre grand bonheur, les portions de couscous Minute-Soup seront doublées ce soir, avec des morceaux de saucisses Zwan. Nous mangeons alors que l’obscurité tombe rapidement, avant de nous retirer dans nos appartements pour quelques heures de sommeil.

Nous avions mis nos réveils à 4h du matin afin de pouvoir redescendre en Suisse sur le Haut Glacier d’Arolla avant que la neige n’ait trop fondu. Précaution inutile, car l’orage s’en chargera admirablement bien. À 4h donc, il drache, et les coups de tonnerre sont juste au-dessus de la tente : un orage qui nous avions en fait eu le temps d’entendre arriver depuis longtemps. Heureusement, un quart d’heure plus tard, il fait parfaitement calme et il ne pleut plus. Après un rapide petit-déj, on est parti, vers 5h15. On longe encore le lac pendant quelques kilomètres, avant de rejoindre la vallée qui nous mènera finalement au col Collon (3074m) après une ascension interminable. Après le refuge, on monte dans les cailloux, avec quelques petits névés à traverser. On arrive enfin au col vers 9h45, d’où nous ne perdons pas de temps et nous enchaînons directement avec la descente du Haut Glacier d’Arolla dont la première partie, la plus raide, est déjà une véritable soupe. Le temps est heureusement plus que correct, nuageux avec quelques éclaircies mais plus vraiment de menace d’orage. On termine la descente de la partie relativement plate du glacier entre les Dents des Bouquetins et le Mont Collon avant de pique-niquer, puis de continuer la longue descente du torrent jusqu’au parking à Arolla. Sur la dernière longueur, quelques kilomètres de plat, je n’avance plus : mes pieds souffrent le martyr. Mais une fois arrivé à la voiture, on va directement se prendre une bière spéciale au bar belge de La Gouille, avant d’aller faire les courses pour la fondue à Évolène et aux Haudères. Au chalet, après avoir tout fait sécher, on se mange une délicieuse fondue avec Flora, Jean-Luc ne rentrant que tard ce soir. Et pour terminer la soirée, nous jouons à chapi-chapeau.

09/07/2011 : Escalade à Arolla

Comme journée de repos, on a décidé d’aller grimper. Il y a quelques rochers équipés un peu en aval d’Arolla. Pour cette journée de « grimpe-transat », Fab, Max, Quentin, Jean-Luc et moi-même sont de la partie. Quelques bières viennent compléter l’idylle, et pour couronner le tout : le temps est globalement ensoleillé.

10/07/2011 : Escalade à Ferpècle

Fabrice connaît également quelques bons rochers équipés à Ferpècle, où nous allons grimper aujourd’hui avec cette fois Clément et Flora en plus. Il fait fort nuageux et des averses orageuses nous pousseront à rentrer après quelques voies à peine. On a également droit au terrifiant spectacle de chutes de séracs sur les glaciers d’en face, accompagnées à quelques secondes d’intervalle d’un grondement sourd qu’on aura parfois du mal à discerner des coups de tonnerre.

11/07/2011 : Pointe de Vouasson et Aiguilles Rouges d’Arolla

Ce mardi 11 juillet tombe enfin le créneau météo qu’attendait Fabrice pour aller tenter la traversée des Aiguilles Rouges d’Arolla avec Maxime, pendant que Flora, Quentin et moi-même iraient faire la Pointe de Vouasson juste à côté. Réveil à 3h du matin au chalet pour tout le monde à l’exception de Jean-Luc et Clément qui rentrent déjà aujourd’hui en Belgique. Vers 4h30, nous partons à cinq de La Gouille (1850m). Après vingt minutes de montée à la lampe frontale, on arrive au Lac Bleu qui à cette heure-ci ne porte pas vraiment bien son nom. Il commence déjà à faire clair. Après trois heures de marche d’approche commune jusqu’au glacier des Aiguilles Rouges, nous nous séparons. Fabrice et Maxime vont se faire une journée de pure escalade de voies rocheuse sur les Aiguilles Rouges, alors que Flora, Quentin et moi nous dirigeons vers la Pointe de Vouasson (3490m), moins technique, qui se grimpe sur un glacier en pente douce jusqu’à son sommet, que nous atteignons vers 9h20. Avec pas le moindre nuage à l’horizon, celui-ci nous offre un magnifique panorama à 360° et un dégagement sur les premiers sommets des Aiguilles Rouges à un gros kilomètre de là à vol d’oiseau. On n’arrive cependant pas à y distinguer nos deux grimpeurs. Comme il y a de l’espace, on pique-nique au sommet côte à côte avec un groupe de français retraités, et on y restera au final plus d’une heure car il fait vraiment divin. Quand viendra finalement le temps de la descente, on prendra tout notre temps. Un peu avant 13h, nous sommes de retour au Lac Bleu (2090m), qui est cette fois-ci effectivement d’un bleu resplendissant. Cet endroit paradisiaque a beau être convoité par les touristes, je suis visiblement le seul à trouver qu’une petite baignade dans l’eau glacée puisse s’imposer, après quoi le soleil aura vite fait de me sécher. Nous redescendons ensuite jusqu’à la voiture, et nous reprenons immédiatement la route vers le chalet où nous attendons des nouvelles de Fab et Max. Ceux-ci étant finalement de retour au chalet passé 21h, ils nous expliqueront leur journée avec enthousiasme : depuis le glacier, ils ont gravi la face du deuxième sommet avant de se rendre compte que cette ascension aussi incroyable fut-elle leur avait pris un temps fou et qu’ils n’auraient pas le temps de continuer la traversée en montant vers le sommet principal (3646m). Ils ont dès lors décidé de redescendre, avec pour enjeu nettement moins réjouissant cette fois une très longue désescalade jusqu’au glacier.

12/07/2011 : Bloc à Arolla

C’est la dernière journée de Quentin et Maxime qui rentre déjà demain en Belgique. La matinée est ensoleillée, alors on s’accorde une petite séance bronzette et escalade de bloc. Le pré juste en face des rochers équipés d’Arolla offre de bonnes possibilités de bloc. Tout le monde y trouve son compte. L’après-midi, le ciel finit par se couvrir. En rentrant au chalet, la mère de Fab est arrivée. Elle vient passer dix jours.

13/07/2011 : Tentative de Sasseneire

Quentin et Max partis, il ne reste plus que Flora, Fabrice, leur maman et moi-même. La météo est loin d’être idéale, mais nous décidons de tenter une petite promenade depuis un mayen situé un peu plus haut que Villaz : les Lachiores (2000m). Objectif : le sommet du Sasseneire (3254m). À hauteur du col de Torrent (2917m) cependant, la grêle et un orage menaçant nous forcent à faire demi-tour. Après une descente dans la pluie, nous arrivons totalement trempés à la voiture. Un bon feu au chalet nous permet de nous réchauffer et de sécher nos affaires.

14/07/2011 : Escalade à Évolène

La météo à peine meilleure qu’hier, ce n’est pas encore aujourd’hui que nous partirons pour une grande expédition. Flora, Fabrice et moi-même allons donc un peu grimper sur les rochers situés au bord de la route en aval d’Évolène.

15 et 16/07/2011 : Aiguille de la Tsa

C’est sous un grand soleil que nous partons à quatre ce vendredi 15 juillet pour une course de deux jours avec nuit à la cabane de Bertol. Nous partons d’Arolla en reprenant le chemin qui nous avait paru si long en redescendant du col Collon une semaine plus tôt. Mais cette fois-ci, au lieu de continuer vers le Haut Glacier d’Arolla et la cabane des Bouquetins, nous nous dirigeons vers la cabane de Bertol (3311m). À l’image de tous les autres glaciers, celui de Bertol que nous devons traverser pour arriver au refuge semble avoir nettement rétréci par rapport aux années précédentes comme le fait remarquer Fabrice. Le refuge est perché sur un rocher, et son accès est facilité par des échelles depuis le glacier. À la place, Fabrice me propose de monter en escaladant la dalle équipée juste à côté. On boucle la première longueur tant bien que mal, mais le pire reste à venir : un surplomb qui m’inquiète. Avec mes chaussures de marche et mon gros sac, je ne suis pas à l’aise. Pour couronner le tout, la housse de l’appareil photo de Fabrice se détache de son sac et fait une chute de 40m, avec l’appareil dedans bien entendu. On décide donc de redescendre en rappel. Une fois en bas, et par un incroyable coup de bol, je retrouve l’appareil photo en un temps record, juste en dessous d’un minuscule névé au bord d’une vaste étendue de gros cailloux. Il est un peu cabossé et a eu le temps de prendre l’eau le temps qu’on descende le chercher. Résultat : il ne démarre plus. Cette fois-ci, on monte au refuge par les échelles. Il est 19h, la vue est absolument incroyable avec d’un côté un panorama sur le Petit Mont Collon, le glacier d’Otemma, le Pigne d’Arolla, le Mont Blanc de Cheilon, etc ; et de l’autre, un panorama sur la Dent Blanche, le Cervin, la Tête Blanche, la Dent d’Hérens, etc. Au menu du soir : couscous Minute-Soup, une grande première pour Flora et sa maman. Après avoir longuement profité d’un incroyable coucher de soleil sur les montagnes avoisinantes, nous irons rejoindre nos couchettes pour notre seule nuit en refuge de tout le séjour. À part Flora, on a tous très mal dormi.

Samedi, on se réveille à 4h et on se mange quelques tartines au choco en guise de petit-déj. Par miracle, l’appareil photo de Fabrice refonctionne. Il est passé 5h quand on se met en route. On rate le lever de soleil vu notre situation mais les couleurs n’en sont pas moins belles, et le ciel est de nouveau parfaitement dégagé. On traverse un premier glacier avant de devoir remonter de quelques dizaines de mètres dans la caillasse et d’entamer le traversée du second glacier, celui qui nous mènera au pied de l’Aiguille de la Tsa. À ce stade, il ne nous reste plus que 80m à escalader jusqu’au sommet, s’élevant à 3668m. Fabrice nous assure. L’escalade est chouette, sans être trop difficile : c’est grosso modo du 3 avec un petit passage de 4 si mes souvenirs sont bons. Le sommet, qu’on atteint vers 10h, nous offre un panorama à 360° sur tout un tas montagnes connues. Il ne fait pas spécialement chaud et le vent souffle un peu. Fabrice nous redescend un par un, avant de redescendre lui-même en rappel. Il faut se dépêcher car le glacier est crevassé et la neige fond vite. Flora s’enfonce d’ailleurs une jambe dans une crevasse mais parvient à se tirer de ce mauvais pas. Au col de la Tsa, pour gagner du temps, on coupe directement vers le glacier de Bertol, ce qui nous évite un long détour par le refuge. La première pente du glacier est très raide sur quelques dizaines de mètres. Et là, c’est la chute : je glisse et entraîne Flora dans ma dégringolade sur plusieurs mètres avant qu’on ne soit arrêtés par Fabrice et sa maman. La suite du glacier ne présente aucune difficulté, et on aura vite fait de rejoindre le sentier que nous avions monté la veille et qui nous descendra jusqu’Arolla. Quand on arrive en bas, le ciel se couvre furieusement, c’est la fin des bonnes conditions pour un petit temps : on annonce de la neige à partir de 2500m. Un nouveau succès donc pour cette course qui tombait à pic.

17/07/2011 : Zone au chalet

Comme il fait infect, on décide de passer la journée au chalet. Fabrice installe sa slackline pour nous faire quelques démonstrations. Flora et moi tentons à notre tour d’acquérir quelques bases d’équilibrisme. Avec succès ?

18/07/2011 : Via Ferrata d’Évolène

Lundi 18 juillet, il pleut déjà moins. On profite du temps libre de l’après-midi pour aller louer des longes aux Haudères et faire la Via Ferrata d’Évolène avec Fabrice et Flora pendant que leur mère va se promener du côté du Pic d’Artsignol. Départ à 1400m. C’est ma première Via Ferrata, elle est cotée Difficile avec un passage Très Difficile. Cela n’a rien à voir avec les difficultés équivalentes en escalade, mais c’est plutôt marrant. Les falaises remontées sont tout de même assez raides. L’arrivée est en fait juste en dessous de Villaz : une manière plutôt stimulante de rejoindre le chalet.

19/07/2011 : Promenade vers le lac du Tsaté

Il fait toujours très moche, mais le temps nous semble tout de même propice à une petite promenade depuis le chalet vers le lac du Tzaté (2687m), surnommé Lac aux Têtards. La montée se passe sans problème. Le lac étant presque vide, je me rends vite compte que nager dedans n’est pas forcément l’idée du siècle. On se refroidit vite et les nuages montent, nous entamons donc rapidement la descente. Il commence à pleuvoir plus sérieusement, et à l’image de notre descente du Sasseneire six jours plus tôt, nous arrivons trempés en bas.

20 et 21/07/2011 : Nadelhorn

Comme les prévisions météo annonçaient du meilleur temps pour les deux jours à venir, à savoir soleil accompagné d’averses, Fabrice et moi avons décidé de conclure le séjour par un petit 4000m. Pas question de tenter la Dent Blanche comme on avait d’abord imaginé, vu la quantité de neige qui a dû tomber, alors on se rabat vers une montagne à cotation Peu Difficile : le Nadelhorn, dans le massif des Mischabels qui sépare la vallée de Zermatt de celle de Saas. On se réveille à 5h20, et nous prenons la route vers Saas-Fee (1800m) immédiatement après le petit-déjeuner. Après avoir garé la voiture dans le parking à l’entrée de la ville, on se met en route sur le sentier menant à la Mischabelhütte vers 8h du matin. Pendant la montée, on a droit à un peu de soleil et à quelques flocons de neige. Les sommets sont dans les nuages. Vu les conditions des derniers jours, tout est plâtré de neige à partir de 2500m, le sentier en est donc bordé d’une fine couche, c’est magnifique. Bien que raide, le sentier ne présente aucune difficulté jusqu’à ce qu’on rejoigne une arête rocheuse aux allures de Via Ferrata vers 2850m. On arrive à la Mischabelhütte (3329m) aux alentours de midi. Le vent souffle à plein poumons. Pendant qu’on pique-nique à l’abri du vent derrière le refuge, on craint un peu que la tente ne résiste pas à de telles rafales, bien qu’elle soit sensée être solide. En quittant le refuge, on tombe sur la jeune tenancière qui nous demande où on va. On lui dit qu’on va bivouaquer un peu plus haut sur le glacier Hohbalmgletscher. Un peu étonnée tout de même, elle nous explique que personne n’est monté au Nadelhorn ni hier ni aujourd’hui à cause des conditions météo, mais que le vent devrait se calmer dans l’après-midi et qu’ils annoncent un temps correct pour demain. On continue donc notre chemin sur l’arrête pour encore quelques centaines de mètre. On s’encorde ensuite pour le glacier où le vent continue à souffler comme pas possible. On est maintenant sur une plaine glacière à 3600m, et on décide de planter la tente vers 13h45. Ce n’est pas une mince affaire… Comme le vent ne se calme pas, on doit prendre tout un tas de précautions. Avant de mettre le moindre arceau, on bourre nos deux sacs remplis à l’intérieur, on plante un piolet dans l’attache d’une extrémité face au vent pour la retenir au sol, et Fabrice tient la tente pendant que je commence à la monter. Une fois qu’elle a pris forme, il faut maintenant attacher la bâche, puis planter les piolets, les bâtons de marche et les quelques sardines à des endroits stratégiques. On en a eu en tout pour 45 minutes à la monter. Nous sommes enfin à l’abri vers 15h, et la tente a l’air de résister aux rafales, on s’y sent en sécurité. De plus, grâce au soleil, il fait divinement bon à l’intérieur. Le vent continue à souffler de toutes ses forces pendant une heure avant de se calmer. Si on avait su on aurait attendu… ou pas. C’était au contraire plutôt marrant. On y passe tout l’aprem en jetant régulièrement des coups d’œil à l’extérieur pour voir si les sommets voisins se dégagent. On finit même par avoir un aperçu du sommet du Nadelhorn. Au menu de ce soir : couscous Minute-Soup cuisiné dans l’auvent. Comme d’habitude à cette altitude, on a beaucoup de mal à s’endormir, d’autant plus que les rafales de vent reprennent de plus belle vers minuit, et ce jusque 2h du matin. Ouf, on va tout de même pouvoir partir.

Premier réveil à 3h, on se rendort, et on finit par se lever à 3h30. En sortant de la tente après le petit-déjeuner, on aperçoit dans le noir une cordée de lampes frontales qui nous devance dans la montée vers le col de Windjoch. On part un peu avant 5h15, suivis de près par quelques autres cordées. Il fait assez vite clair et les luminosités du lever de soleil sont incroyables. On passe sur quelques plaques à vent. La montée vers le col de Windjoch (3850m) est relativement raide, et nous arrivons à ce dernier un peu avant 6h. On distingue la plaine italienne dont les lumières s’éteignent progressivement. On entame ensuite la montée de l’arête neigeuse absolument époustouflante en direction du sommet, avec un superbe lever de soleil derrière nous. Il y a encore un tout petit peu de vent mais c’est incomparable avec ce qu’on a eu hier. Les deux versants sont raides, mieux vaut ne pas tomber. On attaque le dernier raidillon vers le sommet, sur lequel nous arrivons à 7h40. Nous sommes maintenant à 4327m ! C’est l’heure de pointe, et le croisement entre les cordées est difficile. D’autant plus que le sommet est étroit et qu’il n’offre pas de place pour plus de 2-3 personnes à la fois. On n’y reste donc pas plus de quelques minutes. De toute façon on est dans le brouillard, même si on voit bien la face nord du Dom enneigée, ainsi que le pied du Cervin au loin, dans la vallée de Zermatt. À la descente, on a vite fait de sortir du brouillard, et le soleil tape. On doit suivre exactement le même itinéraire qu’à l’aller jusque Saas-Fee. De retour à la Mischabelhütte, le temps change radicalement. Le créneau météo idéal qui nous a bénis pendant tout juste la durée de la course laisse maintenant place au brouillard et à des chutes de neige de plus en plus dense. On pique-nique contre le refuge avant d’entamer une descente casse-gueule sur les échelons et cordes en acier de cette crête trempée qui nous semble cette fois ci interminable. Nous ne serons pas fâchés de rejoindre un chemin plus confortable en quittant la crête. Tout en bas, la neige laisse place à la pluie. On a mis trois heures pour la descente entre le refuge et Saas-Fee, où on arrive vers 14h, raisonnablement trempés. On paye le parking, on se change vite fait et on reprend immédiatement la route, sans prendre le temps de marcher un peu ou de s’étirer. Erreur fatale : nos genoux vont nous faire un mal de chien toute la soirée. Mais nous serons bien contents d’arriver au chalet après cette course démente.

22/07/2011 : Zone au chalet

On a droit à un peu de soleil le matin mais ça ne va pas durer. On passe notre dernière journée au chalet à lire et à se reposer, car la météo n’est franchement pas bonne.

Conclusion

Samedi 23 juillet, une fois le chalet en ordre, nous reprenons la route à quatre pour un retour en une seule étape cette fois. On se mange un bon steak dans un café sur la route, à Lure. La dernière partie du trajet fut tout ce qu’il y a de plus mouvementé avec un pneu crevé sur la voie rapide entre Épinal et Nancy, qu’on a heureusement pu remplacer nous-même, et le suivant qui a menacé de crever tout le trajet mais qui a finalement tenu bon jusque Liège.

Ces trois semaines furent donc parfaitement réussies, avec un actif de quatre sommets en ce qui me concerne : Pigne d’Arolla (3796m), Pointe de Vouasson (3490m), Aiguille de la Tsa (3668m) et Nadelhorn (4327m). Rappelons également un bon trek de quatre jours en autonomie, et au total deux bonnes nuit sous tente sur glacier, avec maintenant la certitude que ma North Face VE25 résiste à des grosses rafales de vent comme on en peut en rencontrer à ces hauteurs.