Lorsque la nuit s’infiltre dans les fissures de l’aventure
Une soirée … NON, une nuit aux aiguilles de Chaleux
– Récit d’Edward –
Il est 18h et je sais que dans 1h, je vais partir grimper avec Jérôme. Ça fait un petit temps que nous cherchons une date pour grimper ensemble mais presqu’à chaque fois nous avons dû annuler à cause de la météo ou de notre planning.
19h. Jérôme arrive à la maison et nous partons. Il me décrit un peu notre programme : « Nous allons aller grimper à un des plus beaux sites de grimpe de Belgique ! Les aiguilles de Chaleux. » Pendant le trajet, il me montre une photo du site avec les différentes voies possible – dont celle que nous allons emprunter- et me dit « regarde bien car après on range la photo. »
À peine arrivé sur place, nous nous équipons et partons vers les aiguilles. En chemin, il me montre le point de vue. J’admire ce beau paysage !
Au pied de la voie, il me dit qu’il veut faire la première longueur. Pour moi, pas de souci. J’ai déjà grimpé en longue voie mais en tant que second, je ne suis donc pas à l’aise avec mon relais. Jérôme démarre. Après quelques mètres, il pose un coinceur car nous grimpons sur de vieux pitons. Il grimpe et très vite je ne le vois plus. Une ou deux minutes après, il me dit d’être vigilant car il arrive au mouvement difficile de la voie. Il essaye une fois, deux fois et, voyant qu’il ne passe pas, il décide d’installer un relais et de me faire passer en premier.
Je le rejoins, prends quelques dégaines et je suis parti ! Le fameux passage difficile est une fissure. Je n’ai jamais grimpé en fissure. Dans ma tête, je me dis « allez courage mon gars tu sais comment on fait ! » Je passe cette fissure et continue. Très vite, Jérôme me dit de poser un relais. Je cherche de bons points mais je ne trouve pas. Quand je trouve enfin, je pose le relais et assure Jérôme.
Il démarre et a du mal. Je l’assure sec et il passe. Il me dit ensuite que la dernière fois qu’il a grimpé ici, il a aussi eu du mal à passer cette fissure.
Quand il me rejoint enfin, nous constatons que la nuit tombe doucement mais vite quand même. Il repart en tête et avance vite. Quand il arrive à la cheminée, qui est aussi la dernière longueur, il fait NOIR ! Il crie « Edward monte et arrête-toi à la plateforme qui est avant la cheminée». Je m’arrête à la plateforme et Jérôme me dit « je vais désescalader, tu es prêt à m’assurer ?! euh oui … laisse moi juste le temps de mettre mon réverso et tu peux y aller. »
Il désescalade lentement mais sûrement car nous sommes dans le noir total. Il me rejoint. Je suis soulagé car je n’étais pas à mon aise en le voyant désescalader dans le noir.
À l’aide d’un gsm et du flash de son appareil photo, nous installons le rappel. Je pars premier et descends sans problème, jusqu’au moment où je me rends compte que la corde est coincée dans un arbre. Avec ma main gauche, je ‘’bloque’’ mon réverso et avec l’autre, je décoince la corde. Je continue ma descente et quand je pose le pied par terre, je suis bien content. Je libère la corde. C’est au tour de Jérôme. Il descend et, comme moi, se prend l’arbre.
Il est au sol, je suis au sol, tout va bien. Mais en remettant mes chaussures, je me dis qu’on a un problème. On ne voit rien donc on ne sait pas où est le chemin. On marche, on s’accroche aux racines, aux arbres. Enfin un sentier ! Nous le suivons et arrivons à la voiture.
Dans la voiture, nous discutons et il me fait écouter de la musique que je ne connais pas. Elle est vraiment bien d’ailleurs.
Il doit être dans les environs de minuit et Jérôme me dépose chez moi. Sur le coup, je lui dis merci, que c’était super mais, que la prochaine fois je prendrai une lampe de poche. Le lendemain, en y repensant, je me suis dit que j’avais vécu une expérience extraordinaire que peu de grimpeurs ont eu la chance de vivre.
Encore merci à toi Jérôme pour ce beau moment que nous avons vécu ensemble !
Edward M.