Chamonix-Zermatt, Mai 2011

Mai 2011 : La Haute Route Chamonix-Zermatt fête ses 100 ans, Béné y fête ses 30 bougies

Relier Chamonix à Zermatt en ski de rando et avec ceux qui nous sont chers : un grand rêve en passe d’être réalisé avec une cordée internationale composée de Pierre, Arnaud et Béné – les petits belges – et Andreas de Munich.


Jour 1 : Pierre et moi laissons notre bout d’homme (Olivier) à ses grand-parents chéris et entamons un départ nocturne de Bruxelles, cap sur Chamonix Mont-Blanc pour rejoindre Arnaud et Andreas au Refuge d’Argentière. Destination atteinte après 6h30 de conduite et une grosse sieste dans la voiture. Le soleil levant sur le Mont Blanc et un petit déjeuner français à l’arrivée nous font vite oublier cette courte nuit. Préparation des sacs, répartition des vivres. L’ambiance est à son comble puisque Pierre vient de dénicher sa première paire de ski de rando perso en fin de saison.

Montée par le télé-cabine des Grand-Montets sous le soleil, grand moment que ce « clic » pour fixer ses skis aux pieds. Neige de feu, le rêve se poursuit. Mais malheureusement trop beau pour être vrai : en déchaussant ses skis pour mettre son baudrier et s’encorder au pied du glacier, Pierre constate avec stupéfaction que l’un de ses skis file tout droit devant lui dans une BELLE crevasse. Et oui, pas de freins sur ces belles fixations Dynafit.

On n’a pas l’air malin avec un ski au milieu des crevasses. No comment.

Nous retournons « bredouille » à la case départ avec un nouveau défi : trouver un autre ski orphelin pour un budget économique dans un magasin (Les Praz, pour la pub !!). Après un bon shopping montagnard et grâce à une générosité commerciale mémorable, nous parvenons à recomposer la paire de skis pour 50 euros ! Miracle. Comme quoi, il ne faut jamais baisser les bras. Suivre son élan jusqu’au bout à la lumière de Capexpe. Soulagés, nous terminons notre soirée dans un petit gîte ambiance baba cool à Argentière.

Jour 2 : Après déjà tant d’émotions, nous rejoignons ENFIN Arnaud et Andreas à Bourg-St-Pierre par un petit détour éclair à l’Hospice du Saint-Bernard. Bonne petite soirée à la Maison Saint-Pierre avec l’équipe au complet.

Jour 3 : 8h et départ matinal pour le Refuge de Valsorey, sacs et bottines sur le dos, et gazon sous les pieds, heureux comme tout sous un beau soleil. Bonne petite mise en jambes et entraînement aux conversions. Vue spectaculaire sur le Vélan et le Grand Combin et arrivée au refuge vers 14h après un bon pic-nic. Après-midi peinard dans ce site fabuleux et souper sur réchaud dehors en raison d’un accueil des « hors sacs » bien décevant : mais le festin de lentilles grillées aux oignons et carottes et la vue imprenable nous font bien vite oublier l’ambiance « commerciale ».

Jour 4 : Réveil matinal à 4h. Montée au soleil levant vers le Plateau. Les petits belges ont vite fait de faire les traces pour la ribambelle de cordées suivant avec des guides. La frime, d’être les premiers à faire les traces sur la partie du parcours réputée délicate. Arrivée au col au petit matin avec une super vue sur un bivouac au pied du Grand Combin. Descente en godilles par le glacier Durant. A nouveau expulsés par le refuge Chanrion à cause de nos vivres, nous choisissons l’option « Bivouac et Hôtel sous les étoiles au CAS ». Direction Bivouac des Aiguilles Dorées : le gardien nous dit une heure mais c’est après 3h de progression dans un brouillard menaçant que nous atteignons le refuge vers 17h, exténués il faut le dire (journée de 12h en ski !). Pas un chat dans cette cabane et super confort. Les litres de thé nous font vite oublier le froid et la fatigue de la journée. Accès à la cabane plus que périlleuse avec sacs et skis sur le dos et montée sur auto-bloquant.

Jour 5 : Réveil matinal à 5h pour rejoindre le bivouac des Bouquetins par plusieurs cols. Grand bleu au lever, le temps commence à se gâter fin de matinée dans la montée. Midi, gros brouillard. On finit par être complètement désorientés sur le passage du glacier. Après multe hésitations, on descend corde tendue dans un couloir de neige enchaînant les demi-tours dans ce désert blanc.

Après une descente merveilleuse dans une poudreuse de feu, et soulagés, on atteint le bivouac vers 18h. Trop cool de retrouver cet endroit que Dom m’a fait découvrir 8 ans auparavant. Grand moment, rien n’a changé. Le poêle, les couvertures, l’armoire à épices, les toilettes dehors et la même neige ! Bonne soirée à la lumière des bougies, à la bonne franquette, serrés comme des sardines à la chaleur du poêle, entourés de vieux montagnards endurcis qui ont tapé la carte et la croute toute la journée.

Jour 6 : La météo continue de se gâter, il a neigé au moins 15 cm la nuit. Pierre et Andreas décident de redescendre sur Arolla pendant que Arnaud et moi, parions sur une nuit supplémentaire au bivouac pour tenter notre dernier créneau le lendemain matin. Jour « Off » niveau ski mais parfait pour la révision du mouflage et recherche ARVA. Belle rencontre avec le couple de gardiens du refuge venu passer le WE dans les hauteurs.

Jour 7 : La neige tombe toujours à 5h du matin mais on tente quand même le coup pour la dernière étape vers Zermatt qui nous pend au nez. Super tempo jusqu’au col malgré les 20 cm d’accumulation. Pas un chat. Arrivés au col à 7h, nous réalisons qu’on s’est planté de col !! Heureusement qu’on avait les jambes !-). On redescend pour remonter très vite au bon col, plus raide, crampons aux pieds et skis sur le dos. La météo est toujours aussi pourrie ; dans ce désert blanc, nous décidons de manière concertée de redescendre sur Arolla, se gardant cette dernière étape pour un beau soleil. Mais dilemme colossal dès la descente : alors qu’on vient de prendre notre décision de redescendre prudemment, on devine soudainement dans le brouillard, un groupe de skieurs emmenés par des guides qui progressent dans nos traces fraîches. Deux possibilités : on suit les guides dans le coton jusqu’à Zermatt pour boucler la Haute Route ou retour sur Arolla en autonomie ? La décision ne s’est pas faite attendre : fidèles à notre philosophie, nous redescendons, on remettra ça. Après une descente toujours aussi pleine de poudreuse, petit bonheur, on retrouve Pierre à Arolla qui nous attend avec la voiture qu’il avait été chercher le jour précédent. Retour triomphant au plat pays, autour d’un bon petit souper chez les parents avec des étoiles plein la tête. Merci à vous 3 pour ces moments humains forts et si précieux avec un Merci tout particulier pour mon Pierrot qui continue de me donner les ailes pour réaliser mes rêves les plus fous en couple. Et surtout un MERCI tout particulier aux grands-parents chéris d’Olivier sans qui nous n’aurions pu nous offrir cette belle aventure.