Santiago de compostella

screenshot_3617A quoi bon ? A quoi bon rêver si ce rêve est inaccessible, trop ambitieux ?

Je me suis posé cette question il y a deux ans. A ce moment, on peut oublier le projet ou alors, relever le défi. Ma solution était de me lancer ! C’est une fois décidé à partir que l’on rentre dans l’avant-Expe. On se renseigne, on se documente, on calcule les itinéraires… Malheureusement j’essuie un faux départ il y a un an. Je n’étais pas prêt et surtout j’étais seul. C’est alors que je tente de convaincre mon grand ami Max. Mince ! Il n’est pas motivé à me suivre dans ce projet fou ! Après un temps de négociation, il finit par me dire « je suis avec toi ». Chouette, nous voilà lancés! Le but de cette expé était de prouver qu’à 18 ans, il y en a qui ont une immense hargne ! Le but était aussi de vivre quelque chose de fort et surtout de le partager ! C’est pourquoi nous avons décidé de médiatiser notre voyage. Deux articles dans la presse nous procurent une certaine fierté. Aussi, nous organisons un « cheese and wine » pour récolter quelques fonds et partager d’avantage ! Je pense qu’après ce buffet les personnes étaient bluffées !

Les préparatifs commencent ! La date du 18 juin approche à grand pas. Cette date est celle de notre départ. Je suis impatient de partir mais je me dis que je n’ai plus le choix, je dois y arriver ! Avec toute cette « pub » je décevrais beaucoup trop de monde et surtout ma maman qui m’a énormément portée dans ce projet. J’aimerai tant pouvoir rendre toutes ces personnes fières et admirables vis-à-vis de cette expérience. Mais j’ai surtout l’envie de me prouver que j’en suis capable. J’ai envie de réfléchir pendant un mois, j’ai envie de pouvoir crier, d’extérioriser ce qui est emprisoner en moi, et cela, dès que j’en ai l’envie.

Le jour du départ je suis heureux de voir mes parents, inquiets certes, mais content de voir que leurs « petit-gamin » grandit ! Un homme qui a vu notre article dans « Vers l’avenir » est présent, il roule quelques km avec nous. Il nous lance aussi notre premier « buen camino ». Un sourire se dessinera sur mes lèvres dès que j’entendrai ces mots durant le voyage.

Durant l’aventure, nous avons rencontrés un tas de gens. Tous adorables (sauf quelque uns plutôt bizarres, …) et plein d’énergie quand on leur comptait nos parcours. Ils nous offraient par rapport a ce qu’ils possédaient mais leurs yeux brillaient toujours, ils nous donnaient et cela venait du fond du cœur ! Le chemin apporte une richesse humaine qui n’est pas négligeable. Enormément de liens ce sont créés avec des Français, des Espagnols, des Coréens,… ces liens étaient plus qu’éphémères mais extraordinairement forts. Ces rencontres sont capables de retourner un Homme. Je me souviendrai toujours de Matthias, un  Espagnol qui ne parlait aucune langue à part l’Espagnol qu’on ne maîtrisait pas… Il arrive un matin près de notre bivouac et on discute avec des gestes, on ne se comprend pas tant que ça mais il y a réellement quelque chose d’inexplicable qui se produit ! Après dix minutes nous devions lui dire au revoir (et probablement à dieu) car la route nous attendait. Je n’ai jamais autant souffert en saluant quelqu’un, il pleurait, moi aussi. D’autres rencontres extrêmement fortes décorent ce profond chemin. A partir d’un certain moment, plus rien n’a d’importance, on est plongé dans notre bulle. Une monotonie s’est installée, le réflexe quand on se lève est de monter sur son vélo…

IMG_2271   Après 2310 km sur une bicyclette, un mois jour après jour car nous                        étions  le 28 juillet, on est arrivé à « Baamonde ». Notre objectif du     lendemain se situe à 120 km… Santiago. J’ai du mal à y croire ! On se réveille de bonheur et on a tellement de puissance dans les jambes. A midi, le compteur indique 60 km. On est hystérique, les voitures claxonnent et les gens nous regardent inquiets, je pense qu’on a l’air fou… On s’approche de plus en plus de notre but ultime… il nous reste 20 km, puis 10 km  puis on aperçoit le panneau « Santiago de Compostellae » ensuite… cette somptueuse cathédrale qui s’offre à nous. En arrivant, je tombe, je m’écroule par terre et crie sur cette place peuplée comme à la foire du midi ! Je pleure, je suis si heureux, tellement fier d’être où je suis. Deux dames prennent des photos de moi et viennent me féliciter. A ce moment précis, j’ai un déclic : ce qu’on vient d’accomplir était réellement ambitieux ! Ce n’est pas de la petite bière. A ce moment je comprends aussi que pour arriver à ce genre de voyage, il faut être deux, pouvoir compter l’un sur l’autre. Mais il faut aussi oser, oser se lancer ! C’est donc après ce mois de vélo, que j’ai vécu l’émotion la plus forte que je n’ai jamais ressentie dans ma vie. Je m’empresse d’appeler les personnes qui me sont chères pour leurs annoncer la nouvelle, tous n’y croyaient pas.

A quoi bon ? A quoi bon avoir des rêves si ce n’est pour les vivres ? Après un tel voyage, je peux affirmer qu’un rêve se doit d’être vécu car il nous fait grandir, il nous conscientise et surtout il nous fait réfléchir. J’ai la profonde conviction qu’une expédition de cette envergure modifiera ma façon de penser et d’agir tout au long de ma vie…

Pour terminer, j’aimerai remercier toutes ses personnes qui, de près ou de loin, m’ont donné la force de me mettre en route. Mais j’aimerais surtout remercier Max, le remercier de son sang froid car je suis sure que me supporter n’était pas chose aisée tous les jours. J’ai du faire preuve de sang froid également mais cella fait tout naturellement partie du voyage.

L’expédition « two dreams one trip » restera toujours gravée en moi !

Greg