Hors de sa zone de confort.

Ce serait l’état dans lequel  était Papa, lorsqu’il est rentré dans ma voiture ce matin-là. Pourtant les conditions étaient parfaites pour l’activité: le soleil dissipait déjà la brume qui annonçait une journée radieuse et toute la famille avait aidé à prévoir chaque détail de la journée.

Non, ce qui le perturbait quelque peu, c’était qu’il n’avait aucun contrôle de la situation, je crois. Mon frère et moi avions préparé la journée en n’en communiquant que des bribes à Papa. Il est certain que d’habitude, c’est lui l’organisateur et là, il devait faire preuve de lacher-prise. Car en plus de cela, il devait probablement s’attendre à tout: notre faculté à trouver des idées farfelues et nos récits d’aventures souvent ponctuées d’imprévus et de situations douteuses devaient tourner en boucle dans sa tête!

Pourtant, rien de plus simple que ce que nous avions prévu, pour une fois! Notre idée était de l’emmener près de Bouillon afin de faire une boucle combinant randonnée et packraft sur la Semois. Juste une petite bulle d’oxygène dans nos agendas chargés pour nos esprits marqués par les confinements successifs, ainsi qu’une petite remise à flot d’un Papa qui n’a probablement plus navigué depuis notre jeune âge.

Arrivé à Bouillon et sur les précieux conseils de Dom, la journée commence par une randonnée d’environ 8km entre Bouillon et Dohan. Je conseille le GR qui passe dans la région, quitte à faire quelques km de plus, car les sentiers non balisés qu’on a pu suivre n’étaient pas du tout entretenus, nous on valu quelques tiques et nous ont pris pas mal de temps. Par contre, si le sentier avait certes disparu sous nos pieds, on en retient une superbe entrée en matière pour cette journée “nature”. En remontant de Bouillon, au beau milieu des feuillus et prairies en cette belle matinée de juin, les insectes bourdonnaient de toute part et la rosée rafraichissaient nos foulées. Bon, ok, il est vrai qu’en plus mon frère et moi n’avons pas boudé notre plaisir à devoir sauter au-dessus de quelques barrières et traverser des sapinières touffues pour retrouver des sentiers praticables. Mais je ne pense pas me tromper en disant que cet enthousiasme était communicatif!

Arrivés à Dohan, nous nous sommes posés en-dessous du pont afin de passer aux choses sérieuses au doux son des clapotis de la Semois. Pas de gros débit ici, mais suffisamment que pour ne pas toucher le fond, normalement! La découverte de l’équipement émoustille les esprits, les packrafts sont arnachés et nous voilà déjà sur les flots. La suite de l’histoire relève de l’habituel émerveillement lors de douces descentes en packraft. Une légèreté, une impression d’être hors du temps, un contact incroyable avec la nature, à portée de nos mains, un pique-nique à l’ombre d’un arbre, bercé par la rivière et des conversations qui s’effacent dans le silence des bois et prairies. Papa en profitera même pour faire un analyse méticuleuse de la faune et flore des berges!

Le retour à la réalité se fait doucement à l’approche des grands axes routiers et des zones de baignade de Bouillon, marquée par le va-et-viens des véhicules des loueurs de kayak, pourtant peu nombreux sur la rivière. La journée se finira en beauté par un souper sur la terrasse de la maison familiale, avec le reste de la famille, afin de conter et partager ce moment suspendu à nos proches. Une belle expérience, à réitérer, mais surtout à faire passer au niveau supérieur: tu ne t’en sortiras pas si facilement, Papa. On a été gentil cette fois-ci, mais on a plein d’idées sauvages pour toi!