Randonnée express au Grand St Bernard sur un w-e de 3 jours
Jeudi soir: la route vers la Suisse
Jeudi soir, les bruxellois se sont retrouvés chez Manu pour tout rassembler dans la voiture d’olivier.
Ensuite, direction LLN, avec un crochet par Limal pour récupérer le 5ème larron: Francis.
A LLN, dans l’antre de Dom, on retrouve tout le matos laissé par les précédents. On vérifie bien que toutes les peaux correspondantes sont là, on teste les chaussures, on vérifie qu’il y a bien des arvas pour tout le monde… zut, il en manque un. on regarde dans le garage, rien non plus. Bon, y en a que 4. On en louera un à Martigny avant de monter.
A 22h15, la voiture chargée, la maison de Dom fermée, nous prenons la route, direction le sud.
Nous sommes 5 à conduire, donc, pas trop de soucis pour se passer le volant pendant que les autres sommeillent à l’arrière. La route est bien dégagée, pas trop de circulation, nuit très froide mais route sèche. Le pied pour passer une bonne nuit dans l’espace. Vers 4h00 du matin, les choses se corsent à hauteur de la Bresse, la neige commence à tomber. D’abord un peu, et puis, de plus en plus, surtout en passant la chaine du Jura. Finalement, on arrive à Genève.
Ensuite, on file le long du Léman, vers Martigny.
Arrivé à Destination à 6h45 du mat’, on pieute encore jusque 8h00, dans la promiscuité de la voiture, et le froid qui commence à envahir la voiture.
Vendredi: destination le col du Grand Saint Bernard
Finalement, vers 8h00, on y tient plus, on se dirige vers le centre-ville pour le petit déj dont tout le monde rêve: une nuit dans l’espace, cela creuse!!!
Un salon de thé/pâtisserie nous accueille idéalement pour nous réchauffer. Pas à dire, la pâtisserie suisse, c’est pas mal du tout…
On se trouve du pain pour le w-e, et puis un passage obligé par la distillerie Morand: haut lieu des bonnes petites choses valaisanes. Faut dire que tout le quartier embaume d’un fin parfum de poire. Cela donne envie…
Dernière petite chose, avant de monter en altitude: un dernier arva à trouver pour compléter le matos. Ce sera vite chose faite.
Ensuite, c’est la montée vers Bourg St Bernard, à l’entrée du tunnel, le parking d’où part le chemin de l’hospice.
Là c’est le grand déballage: faut s’équiper, préparer son sac, répartir la nourriture entre nous, et surtout préparer les skis, les mettre à dimension des chaussures, et là pas de bol, c’est à croire que les précédents ont fait tout le contraire de nous: des petites chaussures sur des grands skis, et des grandes chaussures sur les petits skis: résultat, on tourne, on tourne la molette à en avoir mal aux poignets. Où est la visseuse électrique?
Finalement, vers midi, on est enfin prêts à partir, chargés comme des mulets.
L’avantage de la montée à l’hospice, c’est que c’est une bonne mise en jambe pour la suite. Le début monte doucement, et ce n’est que la fin qui se raidit, dans la bien nommée “combe de la mort”. Vu notre état de fatigue (une nuit dans l’espace, c’est moins reposant que celle passée sous la couette), cela tombe bien. Nous ne sommes pas pressés, le temps passe du soleil à la brume, et retour au soleil. Nous avons donc bien le temps de profiter de l’instant présent.
Après deux heures de rando, nous entamons la montée finale vers le col. Cela devient plus raide, les langues se pendent un peu plus. On sent qu’on a plus 20 ans…ni même 30… ni même 40 pour la plupart d’entre nous. On puise dans nos réserves. Et au bout du compte, l’hospice est en vue, au détour d’une conversion. Toujours aussi magique que dans mon souvenir.
On y est! Le vent souffle ici assez bien, et cela frigorifie tout le monde qui aurait l’idée de s’arrêter au milieu du chemin.
A l’entrée, nous sommes accueillis par un des chanoines qui nous montre le local à ski. “Heureux ceux qui ont persévéré” nous dit le fronton! C’est de l’humour valaisan?
Puis direction “le poëlle” (historiquement, la seule pièce chauffée) où nous sommes accueillis par des grands bols de thé bien chaud. On se réchauffe, on se repose. On en profite pour casser la croûte (on a un déjeuner de retard). Revigorés, nous allons à notre dortoir: une chambre à 4 lits superposés. Sobre, tout en bois, un peu spartiate, un petit radiateur pour couper le froid de la fenêtre, mais tout à fait suffisante pour nous. Et puis, vient le moment le plus extra de cet hospice: la possibilité de prendre une bonne douche bien chaude!!! Incroyable, à 2500 m d’altitude, alors que souffle le vent à -15°C dehors, et que nous sommes fourbus par le trajet depuis Bruxelles, et la montée à ski. Il ne manquerait plus que le sauna pour que ce soit parfait….
certains font une petite sieste, d’autres vont aux Vêpres. On se retrouve au “salon” pour lire quelques BD: je peux vous dire que “La Recherche de Peter Pan” de Cosey a encore plus de saveurs à cet endroit que chez soi, dans la morne plaine. Je vous invite à essayer.
19h15, repas dans la pièce commune. On partage notre table avec d’autres randonneurs. Nous sommes une vingtaine dans la pièce. Bonne ambiance, bien sympa, on vide les plats…
21h00, on s’endort comme des marmottes pour un repos bien mérité.
Samedi: incursion en Italie
Samedi matin: 7h00, 2 courageux descendent à la crypte pour assister aux Matines.
Petit déj pour tout le monde, et on parle déjà de ce qui nous attend ce jour-là: le temps n’est pas trop mauvais: un peu de nuage, mais pas mal de soleil malgré tout. Et puis surtout, du vent, pas mal de vent… et la température: le thermomètre de météosuisse, installé sur l’hospice, indique -24°C, et on prévoit un maximum à -20°C…. brrrrr, je reprendrais bien un peu de thé bien chaud, moi!
Nous nous équipons pour sortir.
Direction l’Italie. D’abord une descente vers le lac, et la frontière, puis, nous suivons la route enneigée. On emprunte le pare-avalanche (sorte de tunnel) sur 500 m. il est obstrué de neige à toutes ses ouvertures, la route est presque couverte partout, sauf un tronçon un peu traitre au milieu où seule une bande fine est enneigée. Nicolas qui arrivait à fond de train a fait une jolie glissade à la limite de l’asphalte, des étincelles ont jaillis de ses skis: ouf plus de peur que de mal.
A la sortie du tunnel, nous voyons ce qui nous attend. une montée à droite vers la Fenêtre d’En Haut. Parlant de fenêtre, quelqu’un a dû la laisser ouverte, car cela pèle ce matin…
On met les peaux sur les skis, et on débute la montée.
Francis fait la trace au début pour récupérer une trace existante, toute fraiche, qui semble monter au même endroit que nous. La neige est assez cartonnée et l’effort est pénible. Une fois sur la trace des autres, c’est plus simple. On suit ce qu’ils ont fait et on avance relativement bien.
La trace aborde une dorsale, cela devient plus technique: les conversions sont tout de suite moins facile, et nous devons nous y reprendre à plusieurs fois pour passer certains virages. La vue est magnifique. Le silence est total. l’air est d’une pureté incroyable. C’est le pied complet.
Nous poursuivons notre route, suivant la plupart du temps la trace laissée par les autres, en traçant une nouvelle quand on veut éviter un passage un peu trop délicat à notre goût.
Vers midi trente, nous arrivons enfin à un col. On est un peu sceptique sur notre position exacte. On se rend compte que nous ne sommes pas à la bonne fenêtre: nous sommes à la Fenêtre de Ferret, et pas à celle d’En Haut. Nous nous sommes laissés bercer par les traces laissées par les autres, certains qu’ils allaient au même point que nous, et nous n’avons pas vérifié correctement. Soit.
Il est temps de descendre dans le grand champ de neige qui est juste devant nous. On cherche un endroit un peu moins venté pour enlever les peaux. Et puis, c’est parti!!!
La neige est assez disparate, alternant les zones biens poudreuses, les zones meringuées, et le carton. Pas facile de s’y retrouver dans ces conditions: les chutes sont nombreuses et assez épiques: retrouver ses skis, se remettre droit prend du temps. Et toujours ce vent qui décorne les boeufs, et qui transit les randonneurs.
Vers 14h00, on trouve abri derrière une maison. Pas trop de vent, du soleil, même s’il fait toujours froid. On sort le pique-nique de nos sacs. On tente de dégeler les gourdes. Tout va bien. On ne va pas rester trop longtemps car il fait tout de même assez froid.
Nous sommes rejoints par les skieurs dont on suivait la trace. Ils ont continué au delà de la fenêtre, vers le sommet un peu plus loin. Ils sont équipés comme s’ils sortaient du magasin… hyper légers. On apprend que le gars est Grenoblois, et guide de Hte Montage. Ben tiens! On comprend un peu mieux qu’ils aient fait une trace assez technique.
On leur laisse la place, et nous repartons vers l’hospice. De là, ce n’est que montée.
On repasse sous le pare-avalanche, et nous remontons vers le col. Le vent est de plus en plus fort. On sent que le passage du goulot sous le lac va être particulièrement pénible. On ferme tous les trous, on couvre bien les extrémités et le visage, et on y va. Pas question de s’arrêter pour des motifs futiles: s’agit d’avancer.
Le vent est effectivement bien présent, et bien cinglant. Mon nez qui est la seule partie de peau qui sort encore me rappelle qu’il fait très froid dehors, et qu’il s’agit de ne pas s’arrêter. Tout le monde avance. Ouf, le point critique est passé. reste à longer le lac situé en contrebas de l’hospice pour le rejoindre finalement. On ressemble à des ours polaires, avec nos visages touts blancs.
Vite à l’intérieur pour se réchauffer!
Une bonne douche bien chaude pour se remettre de nos émotions. Ensuite, on a tout le temps de flâner dans l’hospice. Une partie de carte endiablée nous occupe quelques temps.
Repas, et dodo ensuite.
Dimanche: retour au bercail
Ce matin, y a pas eu de courageux pour aller aux Matines. La nuit a été moins bonne que la première. On a plus ressenti les effets de l’altitude.
Olivier, Francis et Bertrand veulent aller piquer une pointe jusqu’à la statue de St Bernard, située à la frontière Italienne. Nicolas et moi faisons nos sacs à notre aise, et flânons dans l’hospice à capturer quelques moments magiques de ce lieu.
A 10h30, nous nous retrouvons tous les 5 pour la descente vers Bourg St Bernard.
Ce que nous avons mis 2h30 à monter, là en 20-30 minutes, c’est effacé…
On retrouve la voiture, on remet nos chaussures froides… on range le matos dans la voiture, et nous voilà prêts à redescendre vers la vallée.
Direction la Belgique. Dehors il fait toujours aussi froid. on voudrait bien s’arrêter en route pour pique-niquer, mais il fait décidément invivable. Pourtant un petit arrêt en bordure du Lac Léman, avec le reflet du soleil dans le lac, c’est de toute beauté, mais décidément trop froid: on improvisera un pique-nique dans la voiture.
Vers 21h00, nous étions à LLN, pour ramener le matos de capexpé.
et à 22h00, tout le monde avait récupéré sa maison, ou sa voiture pour rentrer chez lui.
Reste à faire un peu de rangement, et à se souvenir de ces trois jours fous qui nous ont fait le plus grand bien. En rentrant, tout le monde avait envie de repartir…