Avec ma copine Val on part dans le Parc National du Grand Paradis le 23 juin, pour y faire quelques jours de trek et finir par l’ascension du fameux Grand Paradis!
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À peine les examens finis et le mémoire défendu, ma copine Val et moi filions vers les Alpes ! Destination le Val d’Aoste, une découverte pour nous deux. L’idée du Val d’Aoste est née – on ne va pas se mentir – de mon envie de faire un premier 4000 en Europe. Il fallait que ce 4000 soit réputé facile, puisque Val n’a jamais fait d’alpi et que moi je n’ai pas une longue expérience. Il Gran Paradiso était donc le plan idéal.
Nous avons décidé de démarrer par un trek itinérant dans le parc national, d’une part pour nous acclimater, mais surtout parce qu’on aime beaucoup le trekking tous les 2. Pour nos 5 jours de trek, une météo infecte était annoncée. Qu’à cela ne tienne, on n’allait pas se dégonfler alors qu’on s’excitait pour ce trip depuis le 1er jour de la session (même avant en fait) !
On démarre de la plus mauvaise des manières : le 1er soir on s’aperçoit que notre bombonne de gaz ne matche pas avec mon tout nouveau réchaud… Coup dur ! Heureusement on n’a marché que 2 heures étant donné qu’on a quitté LLN le matin-même. On redescend donc dans la vallée illico, en espérant trouver une solution pour le réchaud à Pont – village de départ – sans quoi on devra retourner jusque dans la ville d’Aosta… Sur le chemin de retour bien cafard, la providence nous touche ; on se retrouve au milieu d’un troupeau d’une trentaine de bouquetins. Ce au coucher de soleil et avec le glacier du Grand Paradis en toile de fond. Moment magique, qu’importe le problème de réchaud.
Le lendemain, le problème de réchaud résolu, on repart sur nos traces de la veille pour véritablement commencer cette boucle de 5 jours dans le parc. Il fait beau, contrairement aux prévisions annoncées, et ce sera le cas pour toute la semaine. Comme quoi, en montagne …!
L’itinéraire nous fait passer à travers des paysages splendides. À part à proximité des refuges où quelques vacanciers vagabondent à la journée, on ne voit PERSONNE. On a vraiment ces alpages, ces montagnes et ces pics enneigés pour nous seuls. Enfin presque…
Après une 1ère journée intense où nous passons un 1er col de + de 3000 enneigé, nous bivouaquons dans une vallée.
Alors que je touille dans les pâtes en dégustant ma soupe, à côté de la tente, face à Val, elle me dit “Antoine, il y a 2 loups, il y a 2 loups ! Qu’est-ce qu’on fait ?”. Je lâche un léger “Whaaaat” au ralenti en tournant la tête, pour me retrouver moi aussi nez-à-nez avec les 2 loups, bien réels, qui nous regardent. Ils sont debout, à une trentaine de mètres de nous. J’ai beau savoir que les loups n’attaquent pas l’homme, et en ont même très peur, c’est bien la frousse le 1er sentiment qui me gagne. Je dis à Val de monter sur le rocher à côté de la tente. Pourquoi ? Aucune idée ; les loups grimperaient en un saut sur ce rocher, mais au moins on s’y sent moins vulnérable. Les loups n’ont pas bronché malgré nos mouvements. L’adrénaline retombe après quelques secondes et laisse place à la stupéfaction, l’admiration, et le sentiment de chance infinie. Je sais bien que ce genre de moments n’arrive pas 2 fois dans une vie, si tant est qu’il se produise déjà 1 fois. Je me souviens qu’un guide de haute-montagne me disait il y a peu “Les loups sont impossibles à voir, ils se maintiennent à des km de tout bruit humain. En 35 ans de carrière, je n’en ai jamais vu. Je les ai seulement entendus une fois”. On reste donc planté sur notre rocher à les admirer, quand même pas très à l’aise. Quand je veux immortaliser ce moment, malheur, je réalise qu’on a laissé les téléphones et appareil photo en bas du rocher. Après 5 minutes, quand les 2 loups s’éloignent un peu, je descends vite, récupère mon tel, et remonte sur le caillou. Trop tard pour bien photographier nos 2 collocs, c’est dommage !
Mais l’important n’était clairement pas là. Les loups continuent à s’éloigner, lentement, puis jouent sur la colline d’en face. Ça ne plait pas beaucoup à Val qui n’attend qu’une chose : les voir basculer dans l’autre vallée. Les loups finissent par être hors de vue et on va se coucher, sûrs d’être en sécurité, mais paradoxalement stressés. Pendant toute la nuit j’ai l’impression d’entendre des reniflements de loup au bord de la tente haha…
Le lendemain matin, on se réveille bien sûr en un morceau, contents d’avoir contrôlé notre stress et d’être restés à notre spot. C’est donc reparti, pour encore 4 jours! Ces 4 jours, malgré la météo clémente, s’avèreront être bien plus durs que prévu. Il y a encore beaucoup de neige au-dessus de 2500m, et notre progression est régulièrement freinée par des longues langues de neige à traverser. Sans les guêtres et les crampons, mais également sans marches taillées dans la neige/glace, ce n’est pas évident ! Je n’étais jamais allé en montagne au mois de juin, et je sais maintenant qu’il peut encore y avoir beaucoup de neige, et bien bas. Au moins il n’y a personne, et on profite de ces superbes montagnes et de ses animaux pour nous seuls. Et au final c’est sans doute grâce à notre timing bien avancé dans la saison qu’on a pu voir ces loups !
Rentrés à Pont après ces 5 jours, il nous reste le fameux Grand Paradis. On décide de le grimper par le refuge Vittorio Emanuele ll plutôt que par le refuge Chabod, ce dernier itinéraire étant crevassé et moins emprunté. Il fait superbe, et peu de temps après le départ à 5h, le ciel vire au rose.
La montée est agréable et régulière. Après un bref passage dans un vent très fort et glacial avant le sommet, nous l’atteignons, avec sa belle statue de la vierge, blanche : la Madona (enfin à 3 mètres près, le trafic et la technicité des derniers rocheux nous refroidissant. 4061 ou 4058m, de toute façon!).
On redescend donc heureux et toujours stupéfaits devant ces Alpes magnifiques. Maintenant, court repos, avant de repartir pour de nouvelles aventures, en mer pour Val, et en montagne pour moi, avec le Mt Rose !