Un mois pour les plus sauvages randonnées d’Islande

De retour depuis début août, nous trouvons enfin une minute pour écrire le récit de nos crapahutages en terre islandaise… Comme prévu, notre parcours n’a pas été exactement celui que nous avions prévu. Les conditions climatiques, les maux de jambes et de portefeuille ont quelque peu redessiner la carte de notre périple.

Le premier objectif est à peu près atteint. Traversée du Landmanalaugar non pas jusque Skogar mais jusque Porsmork. Nous nous sommes faufilés sous la tempête qui grondait derrière nous pour s’abattre sur les hordes de malheureux randonneurs. Le premier morceau du parcours consiste à monter entre les coulées de laves pétrifiées et les fumerolles jusqu’au col qui permet de pénétrer le plateau enneigé. Beaucoup d’autres randonneurs, gardiens de refuge pas très agréables ; nous sommes un peu déçu de l’aspect industriel de ce chemin très prisé. Par contre, la réputation est à la hauteur du régal des yeux : les paysages sont non seulement incongrus mais aussi tout simplement splendides. Nous descendons ensuite du plateau le deuxième jour. La tempête s’écrase littéralement sur les hauteurs juste après notre passage. Une nuit agitée dans une grange pour reprendre notre traversée le lendemain. Troisième jour sous la drache. Non pas verticale mais horizontale. Marche forcée, vent et pluie dans la tronche sur 30km pour rejoindre directement la vallée de Porsmork. Les quelques rivières à traverser ne nous mouillent pas plus que ce que nous avons ramassé d’en haut. Un jour de pause pour contempler la beauté des paysages de glace et de rocs qui s’offrent à nous. Un petit volcan du coin fera un promontoire idéal pour admirer l’Eyjafjöll qui s’est rendormi sous la glace. Le lendemain, nuit noire malgré le soleil de minuit : impossible de passer. Le bus tout terrain sera notre porte de sortie vers la suite.

Après avoir fuit le trop plein touristique du Landmannalaugar, nous nous sommes retrouvés seuls au monde, au cœur d’un massif appelé le Lonsoerafi pour notre second objectif. L’idée première était de traverser du volcan Snaefell jusqu’à la mer. Un genoux un peu trop mit sous pression nous suggère de ne pas nous engager sur un long parcours sans retour possible en arrière. Situé au sud-est du Vatnajökkul, les montagnes du Lonsoerafi sont très peu fréquentées, sauf par quelques moutons redevenus presque sauvages. Nous avons marché 5 jours sous un ciel enfin clément, seuls dans un décor sauvage et grandiose, traversant des vallées immenses, surplombant des canyons et foulant encore parfois la neige aux cols. Les sentiers trop peu nombreux et les cartes trop imprécises n’ont pourtant pas toujours rendus la route évidente. Sans oublier les rivières glaciaires infranchissables par moment qui nous ont fait faire de beaux détours. De grosses journées de marche donc, un chemin à tracer à travers tout et des montagnes fantastiques dont nous avons su profiter pleinement.

La troisième halte nous emmène dans les fjords du Nord-Ouest. Arrivée en stop à Isafjordur. Ce moyen de déplacement est d’ailleurs celui que nous avons adopté pour rejoindre les différents sites de rando qui nous ont amené à faire le tour de l’île. Les transports sont hors de prix et les islandais ou les touristes qui nous emmènent sont sympas : le calcul est vite fait dans nos têtes. De Isafjordur, nous embarquons à bord d’une vedette (elle aussi hors de prix) qui nous débarque dans le Hornstrandir. Elle viendra nous chercher dans six jours de l’autre côté de la péninsule. Le Hornstrandir est un de ces endroits trop éloignés du reste de la civilisation pour que la peine d’y arracher la survie de l’âme aux éléments soit supportable. Les gens qui, chaussés de savates en peaux de poisson, y poursuivaient encore le hareng au milieu du siècle passé, ont jeté l’éponge pour rejoindre les lumières de la capitale. La quiétude qui en résulte est une promesse tenue à nos esprits trop pressés par les bourdonnements de la ville. Six jours donc pour longer le littoral sous un soleil clément. Les caps et les baies que forment la succession de fjords sont plus magiques les uns que les autres. Certains sentiers existent mais de nombreux autres itinéraires sont possibles vu que les obstacles sont peu nombreux. A condition de savoir lire une carte, on se retrouve tantôt haut perchés les pieds dans la neige, tantôt à flanc de montagne pour suivre les côtes sauvages que l’océan a dessiné. Les phoques, curieux, nous accompagnent parfois le long de la berge. Les renards polaires quand à eux n’hésitent pas à se montrer. Nous logeons où bon nous semble, le plus loin possible des groupes partis pour une aventure bien organisée. Le périple s’achève le long des falaises du Hornbjarg, site de nidification favori des guillemots et goélands en tous genres. Une ambiance sauvage de bout du monde domine la cacophonie générale orchestrée par nos amis les emplumés. Le bateau nous attend, il est temps de descendre des falaises pour glisser jusqu’à Isafjordur puis à nouveau sur Reikjavik pour boucler la boucle. Nous sommes passés par quelques menus bains chauds naturels en bord de mer et par l’île de Flatey sur le chemin du retour.