Nous retournons à Chamonix cette fois en hiver. Le but est de faire l’un ou l’autre petit sommet en ski de randonnée , de faire la cascade de glace et si cela se met niveau conditions de la goulotte . Nous pensons partir une grosse semaine, le mode logement n’est pas encore décidé ( tente ca risque de cailler ? )
Nous avons tout le matériel excepté le matériel de ski de rando.
Jean et moi avons déjà réalisé plusieurs expés autant en rando qu’en alpinisme à 2 mais jamais d’alpinisme hivernal.
Cet hiver est mon dernier avec des disponibilités et on décide d’en profiter !
Toute personne voulant se joindre à nous pour une sortie ou l’autre ne doit pas hésiter à nous contacter.
L’arête des cosmiques, ça se fait en 3 heures en été, c’est coté AD … ça peut pas être bien difficile.
Alors c’est parti, on se décide: ça sera notre première vrai course d’alpinisme hivernal. Et tant qu’à payer la télécabine on va essayer de combiner avec la goulotte chéré, même si il parait qu’elle n’est pas en condition.
Levé 6h 40 dans notre squat improvisé. Vite, on se dépêche de quitter les lieux avant l’arrivée des ouvriers à 7 h. On plie bagage en express et on rejoint la voiture.
On se gare à l’extérieur de chamonix pour ne pas payer de parking et on remplit à la va vite les sacs:
De quoi tenir 2 jours en bouffe, les sac de couchage et quelques habits de rechanges.
On se dit qu’on devrait s’en sortir avec des sacs pas trop lourds, mais quand on commence à charger le matos on déchante vite. Résultats 20 kilo le sac, aie.
Vers 8h on démarre bottines de ski aux pieds, la marche de 3 kilomètres vers la télécabine, petit échauffement.
On fait la file et on débarque en haut vers 9h30.
Pas de temps à perdre, on descend sans crampons avec nos sac et ski à la main, l’arête de l’aiguille du midi. Avec le monde qui passe la glace vive est partout, on se fait de premières émotions et on s’agrippe comme on peut à la corde.
On chausse en bas du premier mur et on se dirige vers l’abri Simond. C’est le départ de la voie et l’emplacement où nous comptons passer la nuit.
On démarre un shuss à fond de cale pour essayer de passer le plat du col du midi. Avec notre niveau de ski médiocre et le poids des sacs le contrôle n’est pas au rendez-vous. Je fais un bon planté du casque et perds tout mon élan. On est bon pour finir le plat à la force des jambes.
11h on a enfin déposé nos sacs à l’abri et on démarre la course .
On pensait partir pour environ 6h (on avait compté doubler le timing vu la neige dans la voie).
On n’emporte RIEN , Jean oublie même sa frontale…
Le début de la voie est merveilleux! On avance relativement bien, l’itinéraire est facile à trouver et à protéger, le niveau vraiment pas dur. On a même un grand soleil en prime, on transpire bien.
Au quart ça se complique, on a les premières traversées de pentes en neige. On avance plus du tout, ça brasse sans fond, on s’épuise sans avancer d’un mètre.
Tout d’un coup, il est 16 h et on se rend compte qu’on est à peine à la moitié.
On sent tout doucement que ça va se compliquer.
On arrive à la partie qui s’est effondré cet été. Peu de gens ont réalisés la course depuis, il n’est pas claire où se situe le nouvel itinéraire. On nous a renseigné sur un rappel rééquipé vaille que vaille avec une corde autour d’un gros bloc pas très stable. On cherche pendant prés de 1h sans résultat.
Paul à la recherche du relais pour le rappel.
Finalement en s’écartant un peu plus, on trouve enfuit sous 1 bon mètre de neige, la corde en question. On va enfin pouvoir avancer!
Y-a du gaz au relais !
Le rappel, très diagonal est peu commode mais magnifique.
Les pentes en neige s’enchainent, on perd tellement de temps qu’on fini par les éviter en grimpant hors voies dans du niveau vachement plus dur. On sait pas si c’est rentable niveau timing, mais c’est moins déprimant.
Aux environs de 18 h, on a droit à un magnifique coucher de soleil. C’est beau, mais on est pas très à l’aise. Je sors ma frontale de ma poche et jean se rend compte qu’il n’a pas pris la sienne. Vu que Jean grimpe en tête, je lui laisse ma frontale.
On a pas fait 2 longueurs que la frontale tombe plate. Jackpot…
En grimpeur prévoyant, j’ai des piles de rechange mais dans mon sac, au bivouac…
On grimpe alors à la lumière de la lune. Et on en chie.
On teste quasi systématiquement 3 itinéraire à chaque longueurs avant de trouver par où ça passe. Les manips dans le noir nous stressent un peu, on se dit qu’on commence vraiment à avoir les ingrédients de la catastrophe.
Il fait aux environs de -20. Ma transpiration gèle et le vent me transperce. Je caille tellement que j’en ai du mal à assurer.
Jean passe en mode machine, il grimpe à toute vitesse partout et quasi sans repos. Il laisse de plus en plus de distances entres les protections pour gagner du temps. Au moins il n’a pas froid.
On regarde une énième fois le topo et on fini par trouver la voie, c’est vraiment de la belle grimpe et pas dur pour un sous par rapport aux itinéraires qu’on avait testés.
22H on sort enfin de la voie. On jubile, on s’est fait une belle frayeur quand même, mais quelle expérience, l’ambiance, seul dans la voie et en plein nuit, était extraordinaire.
Il ne nous reste plus qu’à rejoindre le bivouac à pied par le col du midi, on est exténués.
Arrivé, on fond au plus vite de l’eau, on est mort de soif, ça fait 11h qu’on a rien bu.
On se laisse ensuite bien vite envahir par le sommeil au chaud dans nos sacs de couchage.
Cette course, normalement un jeu d’enfant en bonnes conditions, aura finalement été un bon gros combat pour nous 2 et une expérience extraordinaire.