On est deux bons copains ayant déjà pas mal voyagé ensemble. Cette fois-ci on veut s’attaquer au mont Aiguille (le blocus c’est nul). Nous voilà donc en ce moment en route pour le Vercors paré de notre matos d’escalade et de notre bonne humeur. Voici le récit de notre expé!

Tout commença lors d’un blocus de noël. Ce genre de blocus où il fait noir tôt, les étudiants restent cloitrés chez eux et les profs refournissent leur stock de bic rouges. C’est aussi le moment où on passe des heures sur son ordinateur à regarder les flying frenchies, rancho webshop, 50° North ou encore la page Cap Expé. Tout ça évidemment ça met l’eau à la bouche. Il était donc temps de contacter mon pote Alex afin de s’organiser un petit trip. On se met très vite d’accord sur le Mont Aiguille. On avait tous deux le rêve de bivouaquer au sommet de cette tour géante atteignant les 2000 m d’altitudes. C’est décidé ; ce sera le Mont Aiguille fin avril/début mai. Partir tout juste hors saison de grande affluence nous permettait d’éviter d’être avec d’autres cordées sur la montagne. Le premier danger étant les chutes de pierres causées par les autres grimpeurs.

Dimanche 29 avril 8 heures du mat, Alex m’attend devant chez moi. Je finis de rassembler le matos préparé de longue date, dernier check bouffe. Parfait, le Maredsous, le saucisson et les biscottes sont là, on peut y aller ! C’est parti pour 8 heures de route afin d’arriver dans le Vercors. Enfin, 4 heures après avoir mangé un sandwich au plastique scandaleusement cher dans une pompe d’essence, on y est. (Dédicace à Martin j’oublierai plus jamais ma boite à tartine). Là c’est le bonheur ; le Vercors c’est le paradis. Que demander de plus que des sommets enneigés, une nature préservée, des parois abruptes et des gens sympas ?
Dimanche soir petite nuit sous tente face à notre objectif dans la prairie de « la ferme du pas de l’aiguille ». Malgré la pluie et le vent quoi de plus magique qu’une nuit dans un pré rempli de Marguerites face à cette tour paraissant imprenable.

une nuit 5 étoiles!

Pour couronner le tout un arc-en-ciel lunaire est apparu devant le Mont Aiguille. Je n’ai jamais autant regretté de ne pas avoir pris mon reflex.

Lundi 30 avril, petite grâce mat’ ; réveil 9h. Ah les bonnes grâce mat’ en tente, englouti dans son gros sac de couchage alors qu’on commence à ressentir un peu de chaleur arriver, ça c’est bon. On s’est vite rendu compte que vu le vent et les températures nocturnes mieux valait ne pas bivouaquer au sommet du mont. On fait nos sacs et on en profite pour faire un dernier check matos.

Dernier check matos

Départ, les topos lus sur internet parlent d’une heure et demie de marche d’approche. Casser le chrono ? Défi accepté. Finalement on s’en sort en à peu près 1 heure.

marche d’approche

On dépasse ce qui semble être un jeune couple, ils nous disent qu’ils vont tenter la voie normale. On arrive au pied du mastodonte. Après un petit temps de recherche, on finit par trouver le départ de la voie normale (très discret). Il est temps d’enfiler le baudar, de s’encorder et de grimper. Comme je l’avais lu, les premières longueurs sont très faciles (3a-3b) mais se font en free solo pour le grimpeur de tête.

C’est parti!

Il n’y a pas de quoi mettre des dégaines. Autant dire que je rentrais dans les cheminées à y rester coincé, je me suis donc transformer en un coinceur humain. Le sac et les doigts gelés ne facilitent vraiment pas le choses. On arrive ensuite sur une petite terrasse, là nous nous trompons de chemin sur trois mètres, on s’en rend vite compte (on aperçoit le fameux câble fixe plus bas). Je redescends, quel soulagement de se vacher au câble.

AAAh ouf un câble fixe

A ce moment-là on entend une personne hurler, on aperçoit le jeune couple redescendre en rappel. On en déduit que le garçon n’aura pas réussi à faire découvrir sa passion à sa copine… Après avoir avancé quelques dizaines de mettre vaché au câble on traverse un dernier passage délicat et nous voilà à la salle à manger. Cela doit faire maintenant près de 2h qu’on grimpe. On aperçoit le sommet qui semble à portée de main. On décide de casser la croute tranquille sur ce belvédère avant d’y croiser un homme seul.

Copains à “la salle à manger”

L’homme est un habitué du Mont Aiguille, il ne sait plus compter le nombre de fois qu’il a gravi cette merveille. Il nous dit qu’il fait demi-tour, les couloirs sont trop enneigés, c’est trop dangereux et il nous conseille de rebrousser chemin.

Saloperie de couloirs enneigés. Ca on avait pas prévu 🙁

 

Coup dur, on ne peut pas remettre en doute les paroles d’un local connaissant aussi bien la montagne. Il est vrai que depuis le matin il n’y a que des averses : pluie, soleil, grêle, neige. Alex et moi nous nous mettons d’accord, on mange notre saucisson fromage et on redescend (c’est à ce moment-là qu’on s’est appelé Mart).

A la salle à manger on esquive les chutes de pierres

Lorsqu’on mange, le brouillard se lève et la neige s’intensifie. On décide de dégarpir au plus vite. Quelle tristesse de ne pas pouvoir profiter du saucisson fromage…

C’est le moment de rappeler vite fait à Alex les techniques de descente en rappel.

“Alex regarde comment on fait un noeud Français au lieu de faire des selfies!”

On a donc fait plein de petits rappels pour redescendre les parties câblées plus délicates ainsi que les parties non câblées.

Il se débrouille bien le copain

On se trompe de chemin pour les 2 dernières longueurs de rappel. Heureusement une de ces voies possède un vieil anneau d’assurage et l’autre possède un spit. Pour ne pas user la corde en faisant deux rappels sur ce spit je décide d’y abandonner une dégaine (je n’avais pas de maillon rapide). Je ne sais toujours pas si c’était le bon choix, mais l’on m’a toujours dit que c’était un très mauvais plan de mettre une corde directement dans un spit. Bref j’espère faire un heureux ou alors la retrouver à ma prochaine tentative.
Au finale Alex et moi étions super heureux de notre journée, on essaye de ne pas avoir de regrets et on pense avoir fait le bon choix.

C’est parti pour une marche d’approche inversée.

Il est temps de boucler la boucle, on n’a pas su en découdre avec le mont Aiguille néanmoins il est temps de rentrer de nuit pour se remettre à travailler en prévision du blocus. On reviendra lorsque la météo sera plus clémente. Ce n’est pas un adieu Mont Aiguille !

Merci à Nico pour le prêt d’un baudrier.
Et surtout merci nature d’être là, super sympa.

FIN