Expérience avec Lead the Climb, association qui a pour objet de promouvoir le leadership féminin en montagne

J’ai déménagé à Chamonix il y a quelques mois, réalisant un rêve de me rapprocher un peu de la montagne. J’avais déjà entendu parler d’associations comme Girls to the top, ou Lead the Climb, qui sont des associations qui organisent des stages pour en montagne entre femmes. Je lorgnais sur ces stages depuis un moment, mais ils étaient souvent de courte durée (un week-end ou une journée) et il fallait être affiliée au CAF, ce qui m’avait jusqu’à présent découragée d’y participer. En arrivant à Chamonix, je me suis directement dit qu’il fallait se lancer. Je choisis de participer avec Lead the Climb, qui a pour objectif de proposer des formations au leadership et à l’autonomie en montagne aux femmes. Lead the Climb est un club affilié à la FFCAM, et propose une multitude de stages autant l’été que l’hiver. On retrouve des stages alpinisme, escalade, ski de rando, ski de couloir, grande voie, alpinisme hivernal, terrain d’aventure,… et pour tous les niveaux (même si beaucoup de stages s’adressent déjà à des personnes ayant une certaine expérience, et ont pour objectif d’aider les stagiaires à « aller plus loin). Ces stages se déroulent souvent sur un weekend, et il y a de plus en plus de stages proposés (et de demandes!) partout dans les Alpes.

Une semaine après être arrivée, je m’inscris directement à un stage « cycle escalade », qui propose 8 séances avec un groupes de 8 femmes, encadrées par une monitrice. L’objectif est de progresser ensemble en escalade sportive, de se motiver, de se mettre des objectifs. Chaque séance est l’occasion d’aborder différents thèmes pour nous permettre de progresser (le rythme, la respiration, le placement des pieds,…). C’est aussi l’occasion de découvrir différents spots autour de Chamonix (le Fayet, Vallorcine, Servoz, les Contamines, Coupeau, MicroClimat,…). Les séances passent, et c’est magique de voir que chacune progresse de plus en plus, va dans des voies qu’elle n’aurait pas fait la fois d’avant, chute au dessus des dégaines,… le tout sans pour autant se mettre la pression : si on ne le sent pas, on y va pas, on se laisse le temps de s’écouter, mais on s’encourage toujours. On s’encourage à fond, et on passe de super moments. La combinaison de nos points forts nous permet Je termine le cycle en ayant rencontré des nouvelles copines de grimpe, qui font des choses super inspirantes, et j’ai moi même dépassé de nombreuses barrières que je m’imposait à moi-même dans ma tête. Je me sens plus confiante, plus capable de me débrouiller, d’aller essayer des voies dans mon niveau max, de tomber, de réessayer. On a clôturé le cycle en grimpant une grande voie ensemble, le Magicien d’Oz, à Barberine. On se retrouve encore régulièrement avec certaines pour aller grimper ensemble 🙂

J’ai aussi eu l’occasion de participer, avec un groupe différent, à deux jours de formation à l’alpinisme glace/neige, avec une guide de haute-montagne, Elsie Trichot. Cela a été l’occasion de revoir toutes les bases de sécurité sur glacier, de cramponnage, d’encordement, d’arrêt au piolet, et de faire un vrai exercice de mouflage en crevasse et de remontée sur corde. Cela a aussi été l’occasion d’échanger avec Elsie sur sa pratique de femme guide, sur les difficultés qu’elle a rencontré dans ce milieu encore extrêmement masculin, sur les expés qu’elle a réalisées, sur sa pratique en tant que maman, etc. C’était super enrichissant.

Pourquoi c’était important pour moi d’aller en montagne entre femmes ?

Aller en montagne entre femmes me permet de dépasser certaines barrières mentales, dont on aimerait qu’elles tombent toutes seules, sans devoir y prêter attention. Il y a encore des conceptions profondément ancrées dans la société, et malheureusement en moi, qui font que dans un groupe mixte, j’aurai tendance à laisser les mecs aller en tête, poser les dégaines, leader la cordée. Sans doute parce qu’inconsciemment, j’ai sans doute l’impression qu’ils sont plus forts, plus expérimentés, plus aptes à engager. Entre femmes, cette question ne se pose plus ; on passe devant à tour de rôle, et quel que soit le niveau ou l’expérience, on se dépasse. Cette émulation féminine me permet de sentir que moi aussi je suis capable de prendre les devants, de mener, de leader un groupe. Ces femmes avec qui j’ai partagé ces moments me montrent l’exemple dont j’ai besoin, et je peux ensuite moi-même servir d’exemple pour elles, et pour d’autres. Un cercle vertueux !  En retournant grimper dans des groupes mixtes (ce qui est toujours aussi chouette), mon attitude est différente, et je me sens plus confiante pour prendre les devants.

Cette expérience a été pour moi un cycle très vertueux. Les associations dont j’avais entendu parler (https://girlstothetop.com/ et https://leadtheclimb.ffcam.fr/) ne sont malheureusement pas toujours super adaptées lorsque l’on vient de Belgique. A quand la création d’une section féminine au CAB par exemple? 🙂

Crédit des photos du weekend alpi: Elsie Trichot, guide de haute-montagne, https://www.revesalpins.com/moi-me.html