Expédition entre femmes dans les alpes pour découvrir l’alpinisme! Pic d’Arsine, Roche Faurio, Arrête du Goléon, Meije Orientale et Ailefroide Orientale pour nos premières vacances.

Ça faisait un petit temps qu’on avait l’alpinisme en tête avec Agnès. Ça avait l’air d’être une sacrée expérience, mais dans laquelle on ne peut pas se lancer les yeux fermés. Adeptes d’escalade, de ski de randonnée et amoureuses des montagnes, l’alpinisme nous semblait être comme dans la suite « logique » de nos périples. C’est en lisant l’Ardenne et Alpes qu’on découvre une cordée féminine qui recommande chaudement Mathilde, guide de haute montagne, que nous décidons de mettre notre projet sur pied. La première étape était de nous trouver une seconde cordée. On connaissait déjà Margaux, adepte, elle aussi, des sports outdoor. On décide donc de lancer un appel sur la communauté Cap expé pour trouver notre dernier membre. Rapidement, plusieurs femmes répondent à l’appel, Gaëlle complétera notre deuxième cordée.

Dimanche 4 juillet nous nous retrouvons toutes les quatre à Ailefroide, prêtes pour la grande aventure. Lundi, on rencontre Mathilde pour monter au refuge du glacier blanc et se former aux premières manipulations sur glacier. L’excitation monte, on a hâte d’être le lendemain et de réaliser notre première course ! La fatigue ne se fait pas sentir, Agnès et moi continuons à répéter inlassablement les manips du lendemain pour être efficaces.

Mardi, le réveil le pique. On a toutes fait une nuit blanche, mais la motivation est là. Nous partons à 4h pour le pic d’Arsine. Dans l’excitation du départ,  j’emporte le casque d’un autre alpiniste chevronné, je me retrouve donc avec deux casques sur le glacier… Ni une ni deux, Mathilde galope jusqu’au refuge pour retrouver le propriétaire. Traversée du glacier, pentes raides et une belle arrête finale nous attendent. On apprend à gérer notre timing, les ravitos, l’hydratation, les différentes couches de vêtements et à faire pipi avec un baudrier (les filles, si vous ne connaissez pas le tip, c’est révolutionnaire). On largue les autres cordées masculines derrière et on rejoint rapidement le sommet.

Nous arrivons le soir au refuge des écrins, épuisées, mais heureuses de la journée ! Nous passons encore 2 heures à monopoliser une grande partie du refuge pour apprendre le mouflage jusqu’à ce que notre guide nous réclame une pause pour aller boire un verre de vin avec ses amis guides. Tout en mangeant, on élabore des stratégies : comment pourra-t-on gagner plus de temps, gagner en efficacité dans nos manip’ ? On élabore un vrai plan de bataille. Une espèce d’euphorie de fatigue nous attrape, on est impatientes de monter à la roche Faurio le lendemain.

Mercredi, le gardien nous réveille à 3h pensant que les cordées pourront prendre le départ. Malheureusement, le temps se gâte et il ne nous est pas possible de monter. On retourne dormir pour repartir quelques heures plus tard vers le pré de Madame Carle.

Le but de ces trois jours était que Mathilde nous rende le plus autonomes possible. Il était donc important qu’on reparte rapidement sur d’autres courses pour consolider nos acquis. Deux jours plus tard, on décide de partir pour le col de la Temple, course assez accessible. On commence par une traversée de moraine étroite dans le noir, pour ensuite arriver sur glacier dans l’obscurité.

On est seules, le cirque est grandiose et le soleil se lève. On marche quelques heures sur la glace avant d’attaquer un couloir escarpé où on plante avec force nos piolets et crampons dans la neige.

Quand on arrive enfin à la partie rocheuse, le sommet nous semble très proche. Il commence à être tard et les pierres n’arrêtent pas de chuter autour de nous, le terrain est très glissant. Même si la décision n’est pas facile, on préfère faire demi-tour.

Notre dernière course ensemble sera l’arrête du Goélon.

Pour être plus légères, Agnès et moi avons décidé de dormir à la belle étoile. La météo semblait idéale.

On a vite tendance à oublier que le temps peut vite changer en montagnes ! Une pluie intense s’est rapidement abattue sur nous.  Le refuge nous a prêté une tente d’une personne. J’ai dormi avec la bouche d’Agnès à 2 cm de mon nez, du plaisir. Départ à 4h du matin, tout roule, le ciel est dégagé et le temps est au beau fixe.

 

Le glacier est assez bouché.

Il y a un peu plus de monde, on est la deuxième cordée à arriver à l’arrête. Vers 9h du matin, on arrive au sommet, qui se trouve presque à 4000m. On a l’impression d’être seules au monde, la tête dans les nuages.

On descend au refuge, on débrief comme après chaque expédition et on porte un toast à cette semaine inoubliable.

Agnès et moi sommes sans hésitation devenues accros. On a réalisé encore une semaine fin juillet et une semaine en août. Accro à cet effort intense, à ces sommets inaccessibles que nous gravissons au seul prix de notre technique et de notre effort physique . On aime cette variété de terrains qui nous permet de mettre en jeu tout un tas de compétences différentes. L’alpinisme c’est surtout un fameux bazar qu’il faut démystifier. Les manips de base sont faciles à acquérir, on peut rapidement devenir autonomes sur des courses simples. C’est un milieu qui est très masculin. Malheureusement les femmes n’y ont pas encore tout à fait leur place. On aimerait pouvoir faire des courses sans susciter une admiration éternelle, sans avoir des réflexions déplacées ou encore sans provoquer un étonnement général lorsque nous arrivons à un refuge.

 

Elise, Agnès, Gaëlle et Margaux