Deep water solo
Et bien c’était super.
Mallorca n’est vraiment pas cette cité balnéaire quand on la regarde avec les yeux d’un grimpeur, c’est un immense caillou sortant de la méditerranée avec des sites de grimpe partout !
Rien que sur la côte Est, il y a 8 sites de psicobloc et encore plus de site de couenne. Le tout sur une rocher magnifique avec des concrétions partout et des trous tellement ergonomiques qu’on n’arrête pas de féliciter les sculpteurs et les ouvreurs.
On a débarqué à Palma à 22h30 à quatre. Première épreuve, rejoindre Manacor en Stop par équipe de deux. Jibe et moi on a mis 4 heures pour faire les 50km de nuit tellement le stop est difficile en pleine nuit. Les deux autres nous on mit trois heures dans la vue puisqu’ils sont arrivé à 23h00 sur place (des touristes allemands, trop facile).
Course, stop pour Porto Cristo et découverte de « la cova d’el diablo » 22m au sommet avec un chemin de désescalade en 5 qui fait déjà peur. On trouve un chouette bivouac dans une ruine juste à côté et on s’apprête à couler des heures heureuse entre le soleil la mer et la falaise. Résultat 7b+ et 7c (crux à 7m) pour Jibe et Gaëtan, 5c et 6a pour moi, je me chatouille un peu trop comme ils disent…(j’ai les boules quoi, je me chie dessus…).
On décide de lever le camp pour Cala Barques un peu plus au sud. On n’avait peu de renseignements mais on s’est laissé dire que c’était plus facile et moins haut ! Et bien c’est vrai ! On est arrivé après une belle marche d’approche dans un petit sentier sur une plage de rêve sans une seule maison sans aucune infrastructure touristique. Juste deux slack lines la mer, le sable et les rochers. On est resté là 5 jours, à grimper, slacker et faire du bodysurf,… le pieds ! Les voies commençaient dans le 6b – 6c avec pas mal de beau 7a pour aller jusqu’au 8a mais d’autres sites juste à côté vont dans le 8a+ 8b pour ceux qui veulent.
Quand le houle est trop forte et que les vagues mouillent toutes les prises en explosant au pieds des voies, personne de grimpe, on joue dans les vagues et on va faire de la couenne à Cala Magraner à une heure et demi de marche. C’est une grande barre rocheuse de 12m de haut équipé de voies en dalle et vertical de 5c à 6c. Beaucoup de potentiel pour les moins expérimentés ! On a commencé l’échauffement sans topo avec une des voies les plus difficile du secteur, 6c+, à vue pour tout le monde (les cotations sont vraiment légères). Bref, on a bougé vers le secteur grotte avec au programme, gros dévers, colos et concrétions (7a-8a). Chacun choisi ça voie et c’est parti! Je fus le seul à enchaîner la mienne au 2ème essais (7b quand même !). On retiendra mon cri de détresse lors de mon vol au premier essais, les plaquettes étaient rouillées à faire peur. Objectivement, il n’y avait pas vraiment de danger mais la peur, c’est difficile à contrôler…
Après tout cet entraînement on se devait de retourner à Porto Cristo pour s’essayer à nos objectifs en grande face. Jibe voulait essayer Lock, Stock and two smoking barrels (la voie la plus connue de Mallorca, ouverte par Klem Loskot) un énorme jeté à 12m de haut en 8a+. J’ai pris de superbes images mais pour être honnête toutes les tentatives sont tombées à l’eau (jibe and two smocking barrels in the water… héhé). Moi, je voulais juste faire une combinée de white nose (5c) super woman (7a+) un enchaînement latéral en dessous de 10m de haut qui doit faire 150m et swing both ways (6c) pour sortir au sommet, ce qui fait un total de presque 180m que j’ai enchaîné en presque deux heures avec Jibe. Une ballade magnifique ! J’ai quand même essayé de travailler un 7c pas trop haut mais je n’ai jamais réussi à faire le crux (l’essentiel c’est de participer). J’en retire quand même le fait que je sois arrivé à chaque fois un peu plus en forme dans le mouvement final, c’est encourageant!
Et voilà, on est de retour, la tête pleine de super images, pleine de sensations forte, pleine de ce sentiment de pureté et de liberté lié à cette escalade sans contraintes matérielles, juste son corps, la mer et le rocher. Comme dirait Klem: “the rock is there, the water is there, the air is there and you are there”, Chris Sharma quant à lui disait que le deep water solo était la forme la plus pure de l’escalade sportive. Moi je dirai que, contrairement à ce qu’on pourrait penser le DWS n’a vraiment rien à envier à tout autre type d’escalade sportive. Ce n’est absolument pas du bloc, c’est bien différent de la grimpouille qu’on a tous fait au dessus de l’eau lors d’une descente en canoë, c’est une gestion mentale et physique avec un engagement proportionnel à la hauteur, aux conditions de la mer et à la présence de rocher sur la trajectoire de la chute. L’engagement fait souvent l’objet d’une cotation spéciale, S0, S1, S2, S3 dans les topos, ça permet de savoir çà l’avance dans quoi on s’engage. En résumé: c’est vraiment très « psico » comme disent les espagnols. A refaire et à conseiller.
Personnellement, j’avais acheté le mini guide RockFax en pdf. si qqn le veut, y’a qu’à demander. Mais d’après ce qu’on a vu, Desnivel a édité un topo du psicobloc à Mallorca(en Espagnol). Il est bien fait et je le conseille pour ceux qui veulent se rendre sur place.
http://www.libreriadesnivel.com/fichalibro.php?id=12743
Il existe aussi un autre topo qui remprend toutes l’escalade sur l’île mais je ne sais pas ce qu’il vaut:
http://www.libreriadesnivel.com/fichalibro.php?id=12245
Les photos:
http://picasaweb.google.be/jpvanoud/MallorcaDWS
Bonne grimpe à tous