Ascension du Mont Blanc par les Grands Mulets et descente par sa Face Nord avec mon frangin Jeannot, mon vrai “booster d’alpinisme”.

On a beau planifier à l’avance les plus belles expés de notre vie… si la météo n’y est pas, cela peut vite virer au drame… 

On a beau rêver les plus belles expés de notre vie…. si on ne se libère pas quand le soleil est là, on peut rester longtemps

 

On a beau être heureuse en Belgique… si le soleil est là-bas, la montagne ne nous attend pas.  

C’est à nous de la saisir …  

Plus je progresse en « âge » et en expérience, plus je suis convaincue que c’est le soleil – et pas notre agenda fixé trois mois à l’avance – qui doit guider nos expés …  

Ce type de départ « dernière minute » quand le soleil brille ne va évidemment pas sans “effort” : une première période de « stress » (positif) s’impose toujours à moi car je sais que j’ai très peu de temps pour annuler mes rdvs professionnels, nos soupers, déléguer la gestion des enfants, … Voire même annoncer à mon fils chéri qu’on ne va pas pouvoir fêter ses 13 bougies ce vendredi car on annonce grand soleil à Chamonix…  

Mère indigne, direz-vous … et si je lui expliquais que j’allais fêter mes 13 ans de parentalité au sommet du Mont-Blanc ce 2 juin 2023 pour son annif justement ?   

Tout commence par un sms anodin (au premier abord) reçu de mon cher frangin Jeannot entre deux patients à l’hôpital : “Mont Blanc ski de rando demain soir ? ».   

Tel un Véritable Appel de la montagne. La réponse fut simple : “OUI, on essayera au moins de s’en approcher…”. Et il ne restait déjà plus qu’à prendre les « moyens » pour organiser cela…  

Résultat :  

Le lendemain (01/06/23) : Décollage à 18h de BXL, direction Chamonix, nuit à Dijon à 1h du matin.  

frustré…  

02/06/23 : Réveil bien matinal pour une arrivée à 8h à Chamonix. RDV Parking Cerro à Chamonix car on s’interdit la benne de l’Aiguille du Midi : on vise la voie à l’ancienne, peu importe qu’on y arrive ou pas… l’intérêt, c’est le chemin …  

Le glacier des Bossons nous donne tout de suite le ton.  “La montagne, c’est notre équilibre”. Skis sur le dos jusqu’à l’ancienne gare ; dédale de crevasses pour la traversée des Bossons et arrivée au Refuge  des Grands Mullets à 16h. Majestueux.    

03/06/23 : 2h du matin, départ pour l’ascension du Mont Blanc par sa Face Nord en méga condition (du jamais vu depuis 10 ans selon le gardien super sympa).  

Les lampes dansent, les pas se succèdent, se ralentissent, se posent dans un décor MAJESTUEUX d’arêtes, de crevasses, de séracs. Les émotions débordent, la cordée s’apaise, se tait, contemple…  

Tout roule jusqu’à l’abri Vallot (4300m), GRAND BLEU. Le sommet se rapproche, le mental est bon mais les nuages (annoncés dans l’après-midi) se bousculent déjà…  

La dernière cordée rebrousse chemin et on se retrouve seuls sur l’arrête des Bosses qui me paraît soudainement si longue.  L’ambiance change si vite : jour blanc au sommet et seuls au monde.  

Jean vise le sommet, moi je commence à m’en inquiéter de ces nuages qui cavalent si proches du sommet … 

J’ai soif, je demande une pause, mais le ton change : « on boira au sommet, pas ici, on vient de s’arrêter ».  

J’ai si soif soudainement.  

Arrivée à 12h seuls sur le toit d’Europe par jour blanc, la tension monte soudainement dans la cordée mais intérieurement surtout.  

Que vaut mieux-t-il faire ?  

Descendre comme prévu par la face Nord en ski dont nous avons bien analysé l’itinéraire en montée malgré que les séracs soient devenus « invisibles » ?  

Rebrousser chemin sur l’arête puis rejoindre le refuge du Goûter (voie normale été que l’on connait déjà)? 

Se poser sous le sommet et attendre que les nuages passent ?    

Jeannot me laisse choisir ; je crois en l’éclaircie et on garde l’option initiale de la Face Nord en skis qui nous fera perdre de l’altitude et donc gagner des éclaircies.  On descend lentement pour toujours se garder en vue malgré les nuages.  

Par miracle, les éclaircies sont revenues en plus basse altitude. On crie notre joie dans ce paradis blanc qui aurait pu virer au calvaire blanc…  

Après une dernière descente dans ce dédale blanc, on arrive au refuge des Grands Mulets à 15h, heureux que notre étoile soit restée avec nous mais avec un sentiment amer d’avoir poussé le bouchon un peu trop loin. On dormira bien.  

04/06/23 : descente jusqu’à Chamonix avec deux cordées Franco-italiennes super sympas. Petit arrêt chez Cécile et Pierre-Yves qui nous accueillent si gentiment puis retour en Belgique (regonflés à bloc), accueillis avec un bon steak frites pour fêter l’annif de mon cher fils Olivier !-).      

Mère indigne peut-être, mais mère heureuse et libérée assurément !-) 

Ne désacralisons pas le Mont Blanc, il reste MAJESTUEUX par le Face Nord avec ses 3800m de poudreuse…Détrompez-vous, ce n’est pas toujours une autoroute…   

Ce qui est maintenant une évidence :  

  • Méfie-toi de l’euphorie du Sommet …  
  • Méfie-toi de la météo instable… le paradis peut vite virer au calvaire…  
  • Arrête-toi A TEMPS ; écoute ta fatigue ou de celle de ta cordée 
  • N’envisage pas de dormir dans la neige 
  • Crie plus FORT que tu veux t’arrêter … 
  • Ose partager sur Capexpe tes « conneries » pour que cela serve au moins à d’autres !-). 
  • On n’a jamais fini de mieux se connaître…     

Quand repart-on ? Le soleil nous le dira …  !-). 

Béné