Récit d’une expédition au Pakistan cet été 2009 par Jib, Ben, Mat et Bas
Cet été, Basile, Mathieu, benoit et moi (Jibe) sommes partis en expédition dans le Karakoram au Pakistan. Sanctuaires des plus hauts massifs du monde, le Karakoram regroupe pas moins de 5 sommets de 8000m, 150 sommets de plus de 7000m et des milliers de 6000m. beaucoup de ces sommets sont d’ailleurs encore vierges…
De la pure folie!!!
Vue panoramique: 3 8000 et le Gasherbrum IV (7925m)… grandiose
Pour nous, pas de folie des grandeurs, notre objectif était l’Uli Biaho… un petit 6108m! Petit mais costaud car sa face est monstrueusement haute et raide. 2100m de granit et de glace. Très impressionnant. Notre idée de départ était de tenter d’ouvrir l’intégrale du pilier N-E. Sur place, il nous apparaît rapidement, que le haut de ce pilier est extrêmement exposé aux chutes de séracs et de corniches. Nous décidons de tenter la partie basse de ce pilier puis de prendre pied sur la glacier suspendu et remonter le couloir qui borde la face Est. ce couloir débouche sur la partie haute de la face Sud haute de 500m et dépourvue de risques objectifs. Reste plus qu’à y aller!!!
Après une journée de préparation dans les 200 premiers mètres de la voie. Nous comprenons que ce ne sera pas du tout cuit : déjà 6b+/A3 et aucune longueur ne se donne facilement. Beaucoup de fissures bouchées et c’est très raide. Nous fixons et retournons au camp de base. Nous sommes prêt pour un assaut.
Après 4 jours de mauvais temps, nous partons lourdement chargés. Nous remontons les stats et ouvrons 4 nouvelles longueurs. Bien moins que prévu ! Encore du A3, ce qui nous vaut de dormir plein gaz sur une vire presque inexistante. Nous n’avons déjà presque plus d’eau et les 600mètres au dessus de nous sont complètement sec. Un petit miracle serait déjà la bienvenue. Le lendemain, nous avançons toujours lentement, encore une longueur d’A3, et nous arrivons en fin de journée une longueur plus haut que là où nous devions arriver mais le 1er jour !!!
Ce n’est pas encore gagné. Nous sommes complètement déshydratés. Mais le miracle attendu a lieu et la vire qui nous accueille pour la nuit est pourvue d’un fin filet d’eau qui remplit nos réservoirs. Nous l’appelons « miracoulous Ledge ». Le lendemain, nous réalisons une belle journée et parvenons au sommet du pilier. Déjà 1000m de granit de rêve.
Nous partons dans la nuit pour remonter le couloir de 600m qui borde la face Est de l’Uli Biaho. Il est très raide : 55° soutenu avec de nombreux passages à 60° en glace. L’altitude, la lourdeur des sacs de hissage et la fatigue des jours précédents nous donnent des allures d’escargots.
Nous arrivons à 5600m au col qui sépare la face Est de la face Sud. Nous installons un bivouac confortable sur une vire dominant le col. Il se met à neigeoter. Le lendemain, il fait franchement mauvais, il neige toute la journée. Pendant une brève accalmie, nous sortons repérer la face Sud. Le rocher est superbe mais réserve encore quelques difficultés : les 250 premiers mètres seront encore bien soutenus. Nous rentrons à la tente espérant qu’un créneau se profile rapidement.
En effet, il ne nous reste que deux jours de vivres. Après avoir appelé notre routeur météo, c’est la déprime, il annonce trois à quatre jours de mauvais temps. Après de vives discussions, nous décidons de descendre. Le reste de la voie ne permet pas de grimper sous le mauvais temps.Pour emprunter la le chemin de descente (différents de celui de montée), nous gravissons un petit sommet de consolation à 5700 que nous avons appelé l’Uli Biahette.
De retour au camp de base, toute la fatigue accumulée s’abat sur nous. La montagne est plâtrée et ne permettra pas de nouvelle tentative avant longtemps. Notre permis finissant le 08, nous n’aurons plus le temps de retenter une autre ascension. Nous décidons donc de rentrer à la civilisation.
Au final, un goût amer reste inévitablement en bouche. Pour tous les quatre, c’est la première fois que nous prenons un but en expé. Il n’empêche que c’est le jeu ! Cela dit, nous sommes quand même content car notre tentative est belle : 1600mètres (sur les 2100m) avec des difficultés soutenues dans un style alpin irréprochable.
Notons quand même la présence des frères Huber au camp de base. Nous avons fait quelques séances de bloc complètement mythiques avec eux. Des gens vraiment extras!!!
Est-il utile de préciser que pendant un mois, on s’est marré comme des boeufs? une entente parfaite qui va bien au delà d’une simple association de malfaiteurs. On dit souvent que c’est ça l’essentiel…
Vivement la prochaine aventure…