Plan ski de rando avec Matth et Adri, organisé à l’arrache entre covid et météo crapuleuse.

Rassemblés autour d’un bon verre de vin chaud (ou plutôt une dizaine), les trois protagonistes de cette histoire, Adrien, Matthieu et Lenny, se rendent compte que les étoiles, ainsi que leurs congés, s’aligneront lors de la première semaine de janvier 2022.

L’inévitable plan “ski de rando à l’arrache” semble se profiler à l’horizon.

Entre mise en quarantaine obligatoire et météo exécrable, l’organisation est kafkaïenne.

La veille de leur départ, et contre toutes attentes, le trio de compères se retrouvent pourtant avec le matos nécessaire et un plan qui tient plus ou moins la route.

La première escale de cette grande aventure est fixée : Direction l’Ibis Budget de Bourg-en-Bresse !

04/01, le départ

Le talent naturel de Matthieu pour emboîter des volumes permet à l’équipe de tutoyer la capacité maximale du coffre de leur voiture.

C’est donc chargés comme des mules, et sous la drache nationale, qu’ils commencent à avaler les kilomètres direction le sud. Rien ne semble pouvoir les arrêter ! En tout cas, le troupeau de branches sauvages près d’Arlon et la pénurie de liquide Ad Blue ne semble pas les ralentir.

Contrairement au ciel de belgique, le moral est au beau fixe ! Et c’est vers 22h qu’ils arrivent à destination, bien content de pouvoir passer une nuit moyennement reposante dans les lits moyennement confortables de l’Ibis budget.

05/01, première rando “Le reculet”

Malgré la testostérone liquide dégagée par ces trois beaux mâles qui se condense sur la vitre de la chambre, la nuit se passe plutôt bien.

L’heure et demi de route qui sépare Bourg-en-Bresse du début de la rando permet à nos aventuriers de se ravitailler en produits du terroir et de peaufiner leurs compétences en blind test.

Bonne nouvelle, la neige est présente ! Mauvaise nouvelle, la neige est aussi présente sur la route pour accéder au début de l’itinéraire. Les pneus “neige” et la propulsion de la BMW bleu électrique d’Adri livrent un beau combat. Et c’est à un centaine de mètres du parking que les trois amis se garent pour commencer l’ascension du “Reculet”, sommet du Haut Jura culminant à 1718 m.

Après s’être rafraîchit la mémoire sur l’utilisation des Arva, l’équipe est (enfin) partie.

Suffisante pour arrêter leur bolide, la neige ne permet pourtant pas de chausser les skis directement.  C’est donc à pied qu’ils empruntent la piste à travers la forêt.

Le soleil brille et la couche de poudre blanche sur les arbres leur rappelle une Laponie où ils ne sont jamais allés.

Après une bonne demi-heure de marche, la neige est suffisante pour grimper à ski.

Les lacets s’enchaînent vite et la pause pique-nique au soleil permet de faire le plein de saucisson et de vitamine D !

Une fois sortis de la forêt, la grosse bosse du Reculet offre une route plus directe pour avancer plus librement vers le sommet.

Pourtant au ¾ de la montée, Adri abdique !  L’histoire retiendra un problème de peaux, mais ses camarades suspectent également qu’il préfère profiter statiquement du soleil en cette belle journée d’hiver.

Matthieu et Lenny continuent donc sans lui. Au sommet, le vent glacé transforme ce paradis blanc en veritable congélateur. Pas même le temps de poser pour un selfie, il faut enlever les peaux rapidement pour ne pas finir comme un surgelé Picard.

L’heure est maintenant à la descente. La neige est nickel et le ski est facile mais certains semblent avoir oublié leur fondamentaux …

Ils retrouvent vite les lacets de la forêt. La fin de la descente sur la piste se fait en mode Candide Thovex – Quattro et ferait grincer des dents leur loueur de skis s’il voyait ça.

La nuit commence à tomber. C’est devant un magnifique coucher du soleil que les soiffards de la bande profitent d’une bière locale bien méritée après cette première journée bien remplie. Jus de pomme pour Matthieu qui a promis à sa dulcinée de respecter le Dry January.

Maintenant, direction Albertville pour la suite du programme !

Arrivée à Beberville vers 20h, la compagnie rempile pour une seconde nuit d’Ibis budget. Pas de chance cette fois, il n’y a que l’option lit double + lit superposé. La nuit s’annonce donc encore plus torride que la veille.

Inspirés par le nom de la pizzeria locale “l’Anecdote” où ils passent la soirée, les trois amis se remémorent leur vieilles histoires de guindaille estudiantines autour d’un genepi.

06/01 La pointe du Dzonfié

Le réveil sonne un peu avant 9h. Objectif : Aller au Décathlon pour acheter des piles et tenter quelque chose pour améliorer l’adhérence des peaux synthétiques d’Adri pour qu’elles décrochent moins.

“Bien les laver avec du savon pour enlever toutes les impuretés et les sécher avant la pose sur ski”. Bon, un rapide retour à l’hôtel s’impose donc pour déguster une tartine choco-beurre pendant qu’Adri prend un bain avec ses peaux.

10h, elles sont sèches, les trois complices peuvent enfin partir pour Charvaz et la pointe du Dzonfié ! Sur les derniers lacets pour accéder au village, rebelote, la voiture semble ne plus pouvoir continuer à cause de la neige. Cependant, cette fois-ci, le parking est encore à plusieurs kilomètres. Heureusement, les triceps surdimensionnés de Matthieu et Lenny ainsi que des grands coups d’accélérateur permettent de débloquer la situation.

Les skis et les boots sur le dos, le départ se fait en bottines de rando (Apparemment, les cloches de la veille ont servi de leçons). Arrivés à Plan Villard ils peuvent enfin chausser !

Un bel effort sous une tempête de ciel bleu et les voilà au beau hameau de la Combe.

Durant le pique-nique, le maquereau sauce escabèche fait l’unanimité et l’équipe repart bien revigorée mais un peu frigorifiée (il fait quand même -5° ! ).

L’ascension se fait maintenant droit dans la combe, en suivant les traces du couple de retraités devant eux.

Arrivé au Boulissoir (petit chalet esseulé à 2100m), Adri décide de faire une pause à durée indéterminée pour conserver son énergie pour la descente. Matthieu et Lenny continuent donc sans lui pour la fin de la montée.

Le sommet est splendide avec une belle vue XXL sur la Vanoise et le Beaufortain.

Vers 16h, le groupe est réuni et entame la descente. Il est temps car les ombres commencent à bien s’allonger. Heureusement, la poudreuse est au rendez-vous !

De retour à Plan Villard, les belles couleurs du coucher de soleil illuminent toute la vallée. Il est grand temps d’enlever les outils de torture que sont les chaussures de ski.

La journée se finit sur un goût de frangipane lorsque les rois sont tirés et l’amaretto est entamé sur le parking.

La météo annonce des catastrophes pour le lendemain, il est temps pour nos aventuriers de filer vers le sud !

07/01 : Route vers le sud et rando dans les Ecrins

Réveil bien tôt pour pouvoir faire la route et quand même profiter d’une belle journée de ski. Ce qui est sûr c’est que tout le monde à mal dormi et a des cernes jusque par terre, génial !

Objectif du jour : la Tête des Raisins dans la vallée de Freissinière !

Cette fois-ci la route est dégagée jusqu’au départ officiel de la rando. Toute la vallée est ultra sèche, plutôt surprenant pour début Janvier : aucune trace de neige même à 1500m d’altitude.

Adri accuse le coup de sa courte nuit, et décide de ne pas prendre ses skis.
Les autres prennent le matos sur leur dos et sont parti !

Ca grimpe bien (et longtemps !) mais toujours pas de couche de neige consistante, au plus grand bonheur d’Adri, le randonneur du jour. Vers 1850m d’altitude, ils arrivent devant une cabane en piteu état où ils peuvent enfin chausser !

Tant qu’il le peut, Adri décide de continuer à pied. Le moment fatidique arrive un peu plus tard et c’est là que nos trois amis décident alors de casser la croûte. Adri redescend sur les fesses les parties enneigées tandis que Matthieu et Lenny continuent de manière plus conventionnelle en direction du sommet.

La neige est vraiment mauvaise et les faux-sommets s’enchaînent sans fin sur la crête sommitale. Lassés, ils décident de faire demi-tour vers 2400 sans goûter aux fruits de la tête des Raisins.

Ils retrouvent Adri emmitouflé dans son duvet, en train de siester au soleil à côté de la voiture. Direction maintenant les Eygliers, pas loin de Risoul, pour enfin profiter d’une nuitée de luxe dans un airbnb ! En descendant, arrêt obligatoire devant le coucher de soleil, qui est toujours aussi grandiose.

08/01 : La der des ders ; rando au bord du Queyras

Ca change un homme de dormir dans un lit confortable ! Quoique, ça dépend lequel : Matthieu se réveille avec un torticolis titanesque, il est à 2 doigts de rester à l’appart. Un gramme d’Ibuprofène plus tard, la team au complet se dirige droit vers le refuge Napoléon de Vars avec pour but, la tête du Paneyron.

Sur place, un vent glacial refroidit légèrement les esprits… En plus, les conditions de neige n’ont pas l’air incroyables. En cherchant à s’abriter, ils tombent sur un gars du coin qu’il leur conseille de descendre un peu jusqu’au col de Vars et de monter la tête du crachet : une belle face Nord enneigée et protégée du vent de surcroît.

Changement de plan donc, mais le prophète local n’a pas menti, la terre promise est excellente. Une première dans cette aventure : les skis peuvent être chaussés directement de la voiture. Quel bonheur !

Le début de la rando est assez simple. Les traces sont nombreuses et le froid se fait moins ressentir une fois en mouvement.

Le kilomètres défilent tout seuls, et la vue sur le Queyras d’un sommet intermédiaire y est déjà splendide.

Malheureusement, le gros défaut des faces Nord, c’est qu’il y a de l’ombre. Et à l’ombre il fait froid, très froid ! Les pâtes prévues pour midi sont complètement congelées, les goulots des gourdes sont bouchés par la glace et il ne faut pas s’arrêter de bouger si on veut garder un peu de sang dans les doigts. La pause de midi est donc expédiée rapidement; et les compères se remettent en route.

Le sommet n’est plus loin. Quelques conversions dans une poudreuse un peu croûteuse devraient suffire pour enfin retrouver le soleil.

Mais c’était sans compter sur le karma d’Adri ! A 50m du sommet, ses peaux décident de ne plus être copains-copines avec ses skis. Moins pratique pour avancer… Après plusieurs tentatives de recollage de peaux, rien n’y fait.  Adri n’est vraiment plus très loin du sommet mais l’impatience, le froid et la fatigue commencent à taper sur ses nerfs. Ses deux compagnons qui l’observaient depuis le sommet décident alors de lui prêter main forte. Lenny enlève ses skis et descend les apporter à Adri pour qu’il puisse avancer jusqu’au sommet. C’est donc à pied que Lenny arrive une seconde fois au sommet, mais cette fois l’équipe est au complet !

Première photo finish à 3 !

 

Matt et Lenny partent explorer la crête sommitale de la tête du Crachet, à pied.

Adri les regarde en contrebas, alors que les nuages commencent à pointer le bout de leur nez pour la première fois de la semaine.

Quelques minutes plus tard, les 3 sont prêts à redescendre.
La poudreuse est divine. Les jambes sont fatiguées mais le plaisir prend vite le dessus en descendant l’un après l’autre les couloirs de neige.
La fin de la descente est assez verglacée mais se descend sans souci.

Tout le monde arrive à la voiture, ski au pieds, heureux et fiers comme des paons !

Dernier jour oblige, photo de fin avec le coucher de soleil bien sûr !

 

Le groupe célèbre bien sur cette magnifique dernière journée par une bonne dose de fromage fondue et une séance de stretching mythique pleine de fous-rires à l’airbnb !

 

09/01 : Retour vers Bruxelles

La déneigeuse qui passe à 7h30 dans la rue leur sert de réveil. Quelle surprise de découvrir qu’il a neigé une vingtaine de centimètres pendant la nuit !

L’itinéraire pour rentrer passe par Briançon et la vallée de Serre-Chevalier. C’est plus rapide mais le groupe croise les doigts pour ne pas devoir mettre des chaines pour passer le col.

Les routes sont peu ou pas déneigées mais la montée jusqu’au col du Lautaret se fait assez facilement.  La descente par contre, c’est une autre paire de manches ! Entre les stressés qui roulent à 10 km/h et les excités en SUV qui dépassent en plein tournant, les émotions sont fortes !

Quelques heures plus tard, le trio dit enfin au revoir aux Alpes et retrouve la pluie nordique habituelle. Heureusement, les restes de raclette-patates, réchauffés dans le micro-onde d’une pompe à essence, sont là pour réchauffer les cœurs.

 

Bruxelles 2022,

Matt, Adri et Lenny