Depuis la Fleur de Lotus, je n’avais plus vraiment escaladé en “Trad”. Difficile donc de refuser l’invitation de Simon, ça fait tellement de temps que je veux grimper à Ettringen en Allemagne.
Dès les premières fissures les réflexes et les habitudes reviennent. C’est fou comme j’aime grimper en « Terrain d’aventures ». Avec la gestuelle c’est plein de souvenirs qui reviennent aussi peuplée de visages amicaux. La confiance se réinstalle et ça fonctionne vraiment avec Simon qui m’impressionne.
Et puis après trois jours, arrive la chute. Tout bascule dans une traversée, mais on l’échappe belle, seulement un tibia cassé. Mais tout est remis en question chez moi, d’autres souvenirs dramatiques remontent en moi.

Depuis la Fleur de Lotus, je n’avais plus vraiment escaladé en « Trad ». Difficile donc de refuser l’invitation de Simon, ça fait tellement de temps que je veux grimper à Ettringen en Allemagne.
C’est pour moi, la première étape d’un programme sérieux d’escalade pour cet été. Après deux années de confinement, de vrais envies de contacts avec le rocher remontent en moi.

Dès les premières fissures, les réflexes et les habitudes reviennent. C’est fou comme j’aime grimper en « Terrain d’aventures ». Avec la gestuelle, c’est aussi plein de souvenirs et de visages amicaux qui remontent : le Yosemite, Pen Hir, le pays de Galle, la Fleur de Lotus et la Nahanni. La confiance se réinstalle. Ça fonctionne tellement bien avec Simon.

Les jours passent et nous explorons les magnifiques secteurs de basalte des Swharzen Säulen : Ettringer Lay, Kottenheimer Winfeld, … Nous sommes en semaine, seuls à grimper ici, c’est juste immense.
Le niveau monte et je me retiens d’essayer de suivre Simon qui enchaîne les prouesses.  Je ressens toutefois beaucoup de joie à ce jeu et cette gestuelle qui revient.
la fatigue monte et à la fin du troisième jour, je me contente d’assurer Simon qui veut encore se tester un peu dans du plus dur.

Ni lui, ni moi n’y étions préparés, la chute dans une traversée est aussi brutale que soudaine, tout bascule. Pas besoin de raconter les détails de ce qui s’est passé, en quelques secondes de multiples souvenirs dramatiques s’emparent de mon corps et de mon esprit. Ces douleurs enfouies sont insupportables, mais au moins Simon s’en tire bien. Il ne peut poser le pied par terre mais garde de sourire. Il ne veut pas croire à la fracture mais sans le dire, il réalise comme moi ce à quoi nous venons d’échapper. Nous ne sommes pas passés  loin du drame, le sol était si proche. Une anticipation et un réflexe nous ont sauvé du pire.

Simon parvient à revenir à la voiture avec l’aide d’un bâton, il ne veut toujours pas croire à une fracture. La route est longue, nous parlons à peine, mais tellement de choses passent pourtant.
Je le dépose aux urgences à Ottignes, il est toujours dans l’action. Le diagnostic est sans appel : fracture du tibia et 6 mois de congés forcés pour notre pompier.

Sur la route de retour, seul au volant, je bascule de l’action à la réflexion. L’horreur à laquelle nous venons d’échapper ne me quitte plus et  me terrifie. Je voulais faire de cette expé allemande avec Simon mon grand retour à l’escalade, c’est le contraire que me crie mon ventre. Je me sens si mal, il y a des signes qu’ils ne faut pas essayer de fuir.

J’appelle Victor, mon copain guide et ça me fait du bien de pouvoir en parler avec lui. Nous échangeons nos expériences et histoires. Une fois encore c’est une vraie tendresse vitale qui passe. C’est tellement précieux l’amitié, surtout avec quelqu’un qui peut comprendre ce que je suis en train de vivre. Ils ne sont pas si nombreux.

Je grimperai encore quelques semaines après  avec Damien dans les Ecrins mais oui, je renoncerai face à un objectif que “je ne sentais pas”. Nous n’avons pas encore réussi à en parler.

Je ne crois pas que je pourrai jamais me remettre de cette chute qui aurait pu être dramatique. Le bruit de cette corde que je laisse filer entre mes doigts pour ralentir Simon, ne me rappelle que trop ce son terrible de la chute fatale d’Augustin B. à quelques pas de moi, celle d’Antoine O. qui peuple encore les rêves de son compagnon de cordée et d’autres encore si vivaces…

Ce jeu en vaut-il encore la chandelle ? Pour la première fois de ma vie, je n’en suis plus vraiment sûr.

Dom