Fin juin 2020, ça déconfine ! Besoin criant de grands espaces, d’aller toucher les dernières neiges en ski de rando avant l’été mais surtout besoin de se retrouver, mon frangin Jeannot et moi, car il nous manque quelqu’un dans la fratrie (Charly décédé il y a quelques mois d’une crise cardiaque…quelle tragédie).
Un WE s’annonce parfait côté météo. Tout lâcher pour partir : c’est l’Appel de la Montagne. Ca fait toujours un bien fou, c’est encore plus une évidence aujourd’hui…

Fin juin 2020, ça déconfine ! Besoin criant de grands espaces, d’aller toucher les dernières neiges en ski de rando avant l’été mais surtout besoin de se retrouver, mon frangin Jeannot et moi, car il nous manque quelqu’un dans la fratrie (Charly décédé il y a quelques mois d’une crise cardiaque…quelle tragédie).

Un WE s’annonce parfait côté météo. Tout lâcher pour partir : c’est l’Appel de la Montagne. Ca fait toujours un bien fou, c’est encore plus une évidence aujourd’hui…

J0 : Vendredi soir : branle-bas-de combat à la maison pour boucler le boulot, prévenir la famille dernière minute (car je préfère ne prévenir que quand c’est SUR qu’on part…pour limiter les fausses alertes inutiles !-)) et place au « coup de boost » et aux aller-retours multiples dans les escaliers pour préparer les sacs, retrouver les skis, les peaux, le réchaud, les crampons, avec cette adrénaline et cette boule au ventre qui vous rappele de ne rien oublier car ça peut coûter « cher » là-haut…

J1 : Départ samedi première heure heureux comme au premier jour. Juste cette joie d’être dans une voiture à deux, mon frère Jeannot et moi, sur la route d’un rêve montagnard (un de plus…). Cette joie d’arrêter le temps, de se donner du temps d’être ensemble, juste à deux après cette course incessante de la vie, de se retrouver comme à la bonne vieille époque, où tout est compris d’avance car on se connait par cœur … humour et taquineries assurément, partages complices mais aussi intime conviction que ce départ nous permettra d’oublier – pour un instant au moins – que notre cher frangin Charly est parti et nous laisse si seuls, si fragiles, si désemparés devant notre propre impuissance mais aussi devant la souffrance d’une mère qui perd son fils qu’elle a tant chéri jusqu’au bout malgré la distance, d’un père si positif de nature qui perd soudainement la boussole de son fils, d’un frère qui a perdu son si cher frère compagnon de planche (et d’une vie)…Ma souffrance de voir que la vie doit continuer à la maison, pour mes 3 trésors portés vers la Vie et pour mon Pierrot qui a ses soucis professionnels à ce moment-là…

Arrivée à Chamonix (Cham’ pour les intimes !) fin d’après-midi sous un doux soleil. Bivouac sous tente dans un beau jardin d’un chalet dont les volets sont fermés. C’est tellement bon de se rappeler l’audace de notre jeunesse et la joie de goûter à cette belle pelouse chamoniarde. Pique-nique et petit exercice mouflage sur le parking pour nous mettre dans l’ambiance… Juste parfait ! Et on n’a pas changé (ou presque ?).

J2 : Réveil à 5h30, on replie la tente, et départ pour le plan de l’Aiguille, depuis le parking du Grépon, sacs à dos chargés comme des mulles (ou comme des mulets ?) juste heureux de ce moment : it’s time to GO ! Peu de paroles finalement, juste les sourires et cette joie intense de se retrouver à deux dans cette belle Nature, un peu comme dans un Rêve…

Super marche d’approche par les grands bois, sous ce soleil de plomb. Le trajet en voiture est déjà assurément oublié. Tellement bon d’être ensemble animés par la même passion, de partager cette odeur, ces couleurs, ce chemin où le temps s’arrête…un pas à la fois…

Petit café au refuge Grépon, qui vaut de l’or car petits, nous n’avions jamais droit à une boisson ou un chocolat ave  nos parents (mes enfants non plus..haha…ils comprendront un jour !). Les temps ont changé et on savoure !-).

Passage par la moraine, seuls au monde, par une corde fixe plutôt aérienne… puis ces rencontres improbables, propres à toute aventure improvisée et hors des sentiers battus : ce vieux guide rencontré avec son petit-fils en rando, qui revit lui-même avec nous toutes ses expés en nous voyant encore si « jeunes et passionnés » ou encore ces deux trailers qui nous font part de leur découverte d’un cadavre de femme au bord du Besson. Charly revient si vite au galop et pourtant on est si heureux d’être là …de partager avec ces deux inconnus déjà si liés…

Traversée fabuleuse, euphorique même, seuls au monde à nous deux, sur ce glacier majestueux mais si hostile aussi et vue imprénable sur le Mont Blanc. Comme si on s’était donné RDV avec cette Dame Nature qui nous soigne de tous nos maux, qui nous fait tout oublier, pour mieux se retrouver et mieux repartir. Nous rappeler ce qu’on aime tant !

Sortie du Glacier à 17h, toujours apaisés d’avoir trouvé le « bon » chemin dans ce champs de crevasses qui fait toujours bien flipper quand même aussi…

Arrivée à 20h au refuge des Grands Mulets. On est « morts » et on découvre que le refuge d’été est ouvert…On en espérait pas tant ! Quel palace, quelle euphorie avec cerise sur le gâteau : c’est Arnaud Petit qui m’accueille en arrivant (poster !!), magnifique clin d’œil – SIGNE ou RDV ? – au livre « à la verticale de soi » que je viens de terminer et qui m’a tant marquée, portée même. Merci Stéphanie (Bodet) !  Joie profonde.

La moins bonne nouvelle c’est que notre réchaud ne fonctionne pas !-). Pas de râlerie, on perdrait de l’énergie… on prend sur nous, on n’aura pas nos pâtes au pesto ce soir … mais on a encore du pain – fromage qui feront l’affaire ! Dans la joie et la bonne humeur car on a eu une super journée et on est déjà au chaud !

Nouvel espoir, allumer le poêle ? Mais il pleut dehors… les rares bois sont trempés et beaucoup de neige pour le reste. On n’a surtout plus d’eau, comment dégeler cette neige ?!! MIRACLE : Jeannot ouvre une porte improbable, et on se retrouve sur une cuve remplie d’eau !! Youhouuuuuuu ! Nuit heureuse.

J3 : lever matinal sous un bon crachin de printemps… il ne neige déjà plus à 3000…Le Mont Blanc nous fait ses yeux doux, on décide d’entamer l’ascension et de faire le point plus haut car cela se couvre. On progresse 1h environ et puis on se rend à l’évidence, trop « craignos », on s’enfonce dans la neige. Pas prudent. On décide de rebrousser chemin, on a déjà tant profité. Charly nous a aidé dans notre décision. C’est ça la sagesse ! On retraverse le glacier, qui nous éblouit à nouveau car le ciel se dégage. Seuls au monde à nouveau. Joie ! A la sortie du glacier, le brouillard se relève au point qu’on perd de vue la gare de téléphérique qui nous paraissait si énorme la veille … Nouvelle leçon d’humilité car on perd l’itinéraire pendant une quinzaine de minutes…complètement désorienté mais aussi doux rappel qu’on a pris la bonne décision (de rebrousser chemin) plus haut.

Deuxième miracle : alors qu’on cherche cette « foutue » gare, une éclaircie rejaillit et nous la retrouvons (plus bas…). OUF, on est sauvé ! Joie intense.  On rejoins cette gare désaffectée comme des bouquetins et on y pique-nique ! Sieste et bonheur de l’accomplissement, ça se redégage !

Finalement, on se lance sur la dernière descente vers Cham avec nos skis sur le dos et en baskets… cette descente nous paraîtra interminable, on est si heureux de revenir à Cham’… cloches partout sur les pieds.

 

On finit cette belle aventure autour d’un délicieux ham-burger végé conseillé par des locaux au « cool cats ». Je vous conseille !

MERCI Jeannot, mon si fidèle compagnon de cordée ! En attendant les aventures suivantes..

Béné