Henri et moi sommes partis du 16 au 23 mars à Zinal, dans les alpes suisses. l’idée de base était de parcourir l’arrête des Blancs de Moming comme objectif de fin de semaine mais comme souvent en haute montagne, rien de se passe jamais comme prévu.
Henri et moi sommes partis du 16 au 23 mars à Zinal, dans les alpes suisses. l’idée de base était de parcourir l’arrête des Blancs de Moming comme objectif de fin de semaine mais comme souvent en haute montagne, rien de se passe jamais comme prévu. Après deux sortie de chauffe dans la plaine du Toûno et le long des pistes de ski de la station de ski alpin de Saint-Luc, nous entamons notre première sortie dans la nature sauvage et immaculée en partant à l’assaut de l’épaule du Bec d’Orzival, situé à droite en contrehaut de la station de Grimmentz.
Après quelques conversions dans la forêt et un bref bout de piste bleue, nous lançons l’assaut final par la crête de l’épaule du Bec d’Orzival qui devrait nous permettre, selon ce que nous avons pu repérer sur les cartes, de franchir les 300 dernier mètre de dénivelé qui nous séparent du sommet. A l’approche de la crête, je ne suis pas serein. La crête semble beaucoup plus effilée que ce que nous avions repérer au jumelles depuis la terrasse du chalet. Quelques congères impressionnantes, maintenant visible depuis le surplomb ou je me trouve font disparaitre l’entrain avec lequel je m’étais embarqué dans cette aventure. J’hésite. Dans une dizaine de mètre je serais sur la première pente qui attaque la crête et une fois celle-ci passée nous aurons franchi le point de non-retour. Je me retourne vers Henri qui peine quelques mètres en contrebas. Je décide de ne pas m’arrêter, je continue d’avancer sachant qu’une discussion risquerait de nous faire réfléchir à l’option du demi-tour. No way. Je suis venu pour me faire les dents en ski de rando, c’est ici que ça commence! Je sais qu’Henri pense la même chose. Nous nous dépassons, tous les deux, dans un silence complice, la pente raide qui marque le début de la crête. Le pourcentage de pente augmente, les peaux sont de moins en moins efficaces. Henri propose de déchausser les skis mais je refuse, je trouve l’endroit trop délicat. Je continue de faire la trace en essayant de trouver les pourcentages les moins élevés en m’aidant de mes bâtons pour diminuer la pression sur les peaux qui glisse de plus en plus. A l’aplomb de d’une bosse d’une dizaine de mètre surmonté d’une congère légèrement déversante, je me résous à faire halte pour que nous puissions poser nos ski sur le sac à dos. A pied cette fois, je creuse des marches dans cette pente à plus de 45° et me fraie un passage en cassant la congère avec mes ski à la mains. Bien que nous n’avançons pas vite, je m’essouffle à faire la trace dans la neige fraiche. Henri me suit dans son style de hypster avec ces lunettes solaires old school et son bandana Harley Davidson retenant ses cheveux longs. Ce mec est vraiment un playboy. Quand je me retourne, il ne peut s’empêcher de sourire comme un adolescent qui sourit à son pote quand il fait une connerie, je le connais maintenant depuis un bout de temps, c’est l’effet que lui fait le cocktail d’adrénaline et d’endorphine que nous sommes entrains d’ingurgiter depuis maintenant une bonne demi-heure.
J’ai a peine le temps de profiter de cette crête splendide tellement elle est vertigineuse que ce dresse devant moi un second mur avant le sommet. Cette fois il faut traverser sur un bon mètre avant de monter dans la pente avec plus de 300 mètres de gaz dans notre dos. L’idée que le passage après le faux sommet puisse être infranchissable fait naitre sur ma langue le goût de la peur. Je maudit mon tempérament d’aventurier qui ne m’a pas fais prendre la peine de d’analyser sur les carte le relief qui se trouvait derrière cette pente qui aveugle notre progression. Je prends deux bonne inspirations et commence à creuser des marches en soufflant comme un buffle dans ce dernier mur de neige (je l’espère) . Quel soulagement en arrivant au faux sommet quand je constate que notre tracé redescend en pente douce derrière l’obstacle avant de remonter gentiment vers notre objectif! Je saute de joie, tout content d’en être arrivé là, et tends vigoureusement la main à Henri qui en termine avec l’escalier que je venais de creuser. Nous avons réussi! Dans 5 minutes nous atteindrons le sommet. Soulagés, nous plaisantons en voyant deux randonneurs en contrebas observant notre trace sur la ligne de crête avec stupéfaction. Après leur avoir avoir adresser des grands signe en rigolant, nous descendons la pente douce avant de rechausser nos skis pour les quelques mètres qui nous reste. Une dizaine de conversion et un pas d’escalade plus tard, j’atteins enfin le sommet après trois longue heures d’effort. Je fais signe à Henri, toujours dans la pente, accompagné d’un bon cris de Tarzan comme on les aimes en brandissant mes skis biens hauts. Il me rejoint après 5 minutes en célébrant cette victoire en rigolant avec un check des deux mains, content d’avoir persévérer, d’avoir douter, d’avoir continuer, ensemble, vers le sommet.
Pas le temps de niaiser (synonyme de “trainer”), des nuages menaçant approchent. Nous rangeons les peaux, vérifions nos Arva, avant de nous lancer tour à tour sur la face nord de l’épaule qui descend de manière régulière jusqu’à la lisère de la forêt, 1000 mètre en contrebas. J’effectue les plus beaux virages carte postales de ma jeune existence en faisant voler autour de moi la poudre fraichement tombée pendant la nuit. Le relief est facile, j’en profite pour faire une belle godille symétrique, si bien que m’on esprit s’évade quelques seconde devant la beauté du paysage, mes skis rebondissant sur une poudreuse légère comme les plumes d’un ange, le soleil faisant refléter mon ombre sur la neige et le froid fouettant mon visages. Ces instants indescriptible sont hors du temps, ils méritent beaucoup de sacrifices et restent pour l’éternité dans l’imaginaire du rêveur qui les a vécu.
C’est à mis parcours que le malheur se produit. Je me retourne pour regarder où reste Henri et le vois couché dans une cratère de poudreuse quelques centaines de mètre plus haut. Je ne m’inquiète pas, je me demande comment il a réussi à chuter dans une pente aussi régulière et à première vue sans obstacle. Un bête coup de malchance. Vous voyez, un de ces cailloux, invisibles, qui ont l’habitude de dormir sous une fine couverture blanche et vous font regretter des les avoir réveiller lorsque, sans prévenir, dans un bruit à 70Ch la réparation, vous déchirez votre semelle sur ce rocher de malheur avec en prime, une chute digne des bronzés font du ski. Un mini bonhomme de neige plus tard, il s’arrête à mes côté et me raconte sa chute. Au départ, je ne prends pas sa douleur à la cuisse au sérieux, il semble avoir un coup de jambon, simple comme on les fabrique. Le fait est que la seule solution qui s’offre à nous à présent est la descente. Je l’encourage donc par que quelques paroles provocatrices du genre “la douleur est une information”. Je pense qu’il m’aurait bien mis une bonne tourniole si il n’était pas à 2800m au dessus du niveau de la mer avec une jambe en compote et des skis aux pieds (Toutes mes excuses Riton). Nous prenons donc la décision de descendre, slalomant entre les sapins enneigés dans une poudreuse toujours aussi agréable et immaculée. Quelques minutes plus tard, après avoir franchi tout schuss le chemin de liaison qui nous ramenais à la voiture, un peu avant Henri, je m’arrête en dérapage sur le parking enneigé et déchausse énergiquement mes skis, fière et heureux que nous soyons sortis de ce crash-test sans commettre d’erreur – à nous l’arrête du Moming (lol).
EPILOGUE
En rentrant au chalet, Henri boitait, en sortant de sa douche, il s’appuyait sur une canne de fortune, en allant au centre hospitalier du village, j’ai du le porter. Ce qui paraissait être un gros coup de jambon était en fait une déchirure musculaire avec hémorragie interne. Finit les folie en altitude, fini nos rêves d’arrêtes, faire choup choup (Bruit d’un skieur qui fais des virages dans la poudreuse) sur les pentes enneigées, ce sera pour l’an prochain. Comme je vous le disait, souvent en haute montagne, jamais rien ne se passe comme prévu. C’est d’ailleurs pour ça qu’on y retourne.