Une semaine d’itinérance à ski de rando et ski-kite sur le plateau du Hardangervidda en Norvège
Une équipe de 7 personnes : 3 expérimentés et 4 novices, en bivouac et cabane.

 Samedi 7 mars – De Olso aux hauteur de Geilo

Après notre arrivée en avion à Oslo et une courte nuit en Auberge de Jeunesse, nous prenons le train pour Geilo (prononcer “Yeilou”), point de départ de l’aventure, à 4h d’Oslo.

Geilo est une petite station de ski située à mi-chemin entre Oslo et Bergen, à 800 mètres d’altitude. La gare est étonnement située en plein cœur de la station.

Nous passons 2h à compléter et organiser notre matériel chez Sport 1 : location de skis et chaussures, achat de 2 autres pulkas, renforcement du stock de chaussettes et autres sous-vêtements oubliés à la maison…

Vers 17h45, après avoir préparé les pulkas, pris des forces avec un burger et fait quelques courses, nous nous mettons enfin en route, sous la neige, pour monter au-dessus de Geilo.

Le chemin sort du village puis monte doucement entre les derniers sapins. Après avoir croisé des mamies norvégiennes bien en forme sur leurs skis nordiques avec leur pulka, nous croisons 2 petites biches : place à la nature, ou presque ! Au bout de 2h30, à la nuit bien tombée, nous installons le 1er bivouac dans le vent et la neige, et préparons rapidement un plat de pâtes…. pas très loin de l’arrivée du télésiège ! Dépaysement progressif….

Dimanche 8 Mars – De Geilo à Ustaoset

Réveil à 7h, avec cette impression d’avoir dormi droit comme un crayon de couleur dans sa boîte : à 4 dans la tente, pas de positions fantaisistes possibles !

Après un thé goût sauce tomate, on décolle à 10h en ski de rando. Il fait beau, le vent est absent, on traverse encore quelques sapins et des hameaux. On croise de nombreux norvégiens à skis, souvent avec leurs enfants : c’est bien dimanche !

Le vent se lève vers 13h ; on s’arrête sur un lac pour notre première initiation ski-kite, et tester les ailes que nous n’avons pas pu essayer avant le départ. Rémy et Mikael sortent une aile de traction 3m, Astrid et moi sortons la Peak 4m. Après quelques bords, le vent monte encore, la visibilité se dégrade, ça caille et on fait des nœuds ! On plie donc bagage pour reprendre la route et retrouver l’équipe belge à Ustaoset : il nous reste 9 km, il est 16h. A 17h il nous reste 8,5 km !

Après plus de 3h de marche le long d’une ligne haute tension (très graphique dans le brouillard blanc), nous abordons une jolie descente de 5km dans la nuit, qui nous conduit vers le lac d’Ustaoset. Toutes les techniques sont bonnes pour dompter la pulka en descente (dans les jambes comme un enfant, sur le côté comme un toutou, ou en mode bobsleigh tout schuss).

A 21h, nous arrivons enfin et retrouvons l’équipe belge dans la jolie petite gare d’Ustaoset. L’accueil est chaleureux, le plat de pâtes a des allures de gourmet. On ne résiste pas à l’envie de dormir ici, profiter de la chaleur, de l’espace et de l’eau courante. L’équipe belge qui elle, vient de boucler un long trajet en voiture depuis Bruxelles, part dormir au grand air sur le lac.

 

Lundi 9 Mars – De Ustaoset rive droite, à Ustaoset rive gauche

La première journée à 7 est une nouvelle journée de (re) mise en route.

Dans la gare d’Ustaoset, après une longue et chaude nuit rythmée par les messages d’annonce de train, nous prenons le temps de nous préparer. On range les pulkas pour les alléger, en suivant (presque) sagement les instructions de Greg qui nous explique comme faire tenir ses habits de la semaine dans un sac ziploc : “vous avez rien pris en double ?”. On soigne les premières ampoules, et on démêle les lignes de la Peak….dont la quantité de bridages et l’injonction à ne jamais déconnecter me laissent sceptique….

Pendant ce temps, la team belge est sur le lac, profitant du moindre souffle d’air pour faire voler les ailes et initier Chuck au ski-kite.

Vers midi, nous sortons à notre tour sur le lac en ski-kite. Les conditions sont bien plus favorables que la veille : il fait beau, relativement chaud (pas loin de 0°), le vent est très léger (8-10 nœuds) et avec les 12, 9 et 6, ça fonctionne bien. Après un déjeuner éclair pain-brunust- caviar, on est prêts à lâcher le doux port d’attache de Ustaoset pour partir à l’aventure dans les grands espaces !

On relance les kite pour une remontée au vent vers l’autre rive du lac, où on plantera le camp. La session sur le lac est magique : la neige est tendre, le plan d’eau plat et désert, le soleil couchant, le vent régulier, et Raphael a eu la bonté de nous délester de nos pulkas ! On retrouve le même plaisir que lors des sessions de kite au soleil couchant en méditerranée.

Plaisir qui se termine avec une dévente qui nous oblige à rentrer à pieds vers le camp déjà monté !

Première soirée à 7, qui ne manque pas d’ambiance : Greg sort sa hache pour aller chercher de l’eau au lac, Chuck fait la liaison inter-tentes et s’assure que tout le monde a l’eau courante, les chefs préparent une purée aux petits légumes, Raph et Rémy nous expliquent comment allumer le réchaud à essence sans mettre feu à la tente, et face aux lumières orangées qui illuminent l’horizon, chacun y va de son pronostic, entre les rêveurs (des aurores boréales !) et les briseurs de rêves ou les plus pragmatiques (l’éclairage des pistes de ski)

 

Mardi 10 Mars – Du lac d’Ustaoset à Tuva

Nous décollons vers 10h de notre camp sur le lac, avec un objectif : monter sur le plateau, soit environ 300 m de D+

Le temps est…blanc ! On voit à peine la ligne d’horizon. Nous suivons la piste balisée en ski de randonnée, chacun dans sa bulle et dans sa cagoule. Le vent commence à monter, rendant les pauses glaçantes et rares. On décide de s’orienter vers Tuva, où il y a une cabane gardée, Tuva Turisthytthe. Nous y arrivons vers 14h, et cédons à la tentation d’un déjeuner revigorant : soupe de meatballs et gaufres !

L’équipe est divisée sur la suite de la journée : pendant que la moitié de l’équipe souhaiterait continuer à progresser malgré les conditions désagréables, d’autres préfèrent rester à proximité de ce refuge et soigner les pieds abimés.

Nous décidons de refaire du ski-kite pour évaluer notre capacité à avancer ensemble dans le brouillard, le long de la piste. Après un démarrage prometteur (et le traditionnel démêlage) le vent tombe et la visibilité avec, nous incitant à rester à proximité du refuge pour la nuit, tout en sachant que la progression risque d’être difficile le lendemain, car une tempête s’annonce.

Nous prenons donc racine dans ce chaleureux refuge, et plantons les tentes à proximité. Le couple de gérants (depuis 3 générations) est très accueillant, la bière nous réchauffe et Rémy, Raph et Greg préparent le repas dans la tente que nous mangerons au chaud. Pendant que nous avons transformé le salon en buanderie pour sécher nos affaires, la neige tombe lourdement dehors. Mikael et Astrid dormiront au chaud.

Mercredi 11 Mars – De Tuva…à Tuva

Réveillés par la tempête ! La nuit a été agitée par le claquement du vent sur la tente, et la tempête continue au matin. On plie rapidement et prudemment les tentes afin que rien ne s’envole.

Toute l’équipe se retrouve au chaud dans la cabane, pour discuter du programme de la journée : d’un côté l’ambition de partir en ski de randonnée dans la tempête pour avancer 10 km jusqu’à la prochaine cabane, et de l’autre des blessures qui promettent quelques souffrances. Nous décidons de faire de cette journée une occasion pour chacun de faire les choses à son rythme autour du refuge pour mieux repartir le lendemain, quand les conditions seront meilleures.

Rémy propose un exercice d’orientation : rendez-vous à la cabane représentée par un petit carré noir au bord du lac sur la carte. On part à 4 dans le vent, armés de nos skis, boussole, carte, cagoules (on dirait les Daltons), dans le grand désert blanc, pas tout à fait d’accord sur le cap à suivre ! Au bout de 2 km, le ciel se dégage et on aperçoit la cabane, heureusement car on s’était trompés de 60° ! A nos côtés, Raph et Greg s’amusent en ski-kite avec leurs petites ailes, vont et viennent dans cette immense terrain de jeu. Ils nous ramènent en ski-kite, tractés façon téléski.

Vers 16h, le vent ayant baissé autour de 15 noeuds, nous sortons tous en ski-kite autour du refuge. Le ciel est dégagé, et on aperçoit enfin les reliefs et l’immensité de ce grand désert blanc, qui semble infini, seulement ponctué de dunes.

Rémy et Raphael aident les novices que nous sommes à se mettre en route avant de s’y mettre également, puis pendant 2 bonnes heures, c’est le festival de kite sur la plaine.

Pour terminer cette journée “off”, on s’offre une petite soirée au chaud au refuge : apéro, jeu, dîner à table (élan aux airelles) pendant lequel Raph nous fait un cours sur les allures.

 

 

 

Jeudi 12 Mars

La nuit a été glaciale ! Les températures ont largement baissé, probablement autour de -15°, mais le soleil est là, dévoilant à nouveau la beauté de ce grand désert. Après l’entrainement de kite de la veille, on est déterminés à partir tôt et à avancer.

On finira par partir glorieusement vers midi, tous les 7 : c’est le premier décollage tous ensemble en kite avec les pulkas ! Une satisfaction assez brève car le vent a forcit et nous pousse à nous arrêter pour un changement d’aile, suivi de quelques dysfonctionnements, qui montrent qu’on est pas tout à fait mûrs pour partir dans ces conditions. Après une brève pause déjeuner, on remonte au vent en ski de rando ou en ski-kite selon les envies et les conditions de chacun. Astrid, Chuck et moi décidons de remonter à skis. On décide de poser le camp sur un lac un peu plus haut, qui est à la fois un beau terrain de ski-kite et un point pratique pour les 2 équipes qui se séparent le lendemain.

Le vent glacial ne nous lâche pas. Après avoir installé les tentes, nous décidons de nous réchauffer en construisant un igloo. Suite à des débats sur la bonne façon de construire un igloo, ça deviendra une battle d’igloo ! Quelques heures plus tard, nous avons un condominium sur le lac : 2 tentes, 1 petit igloo fermé, et un grand igloo à ciel ouvert, et des sanitaires igloo. Et aussi très très froid. La nuit est à nouveau glaciale (-16°).

 

 

Vendredi 13 Mars – Retour vers Tuva et Ustaoset

Une belle journée pour le ski-kite : le vent est régulier, et le soleil rend la visibilité parfaite.

Raphaël part faire du ski-kite de bon matin, pendant que nous prenons notre temps pour nous réchauffer, nous préparer, et organiser les convois, puisque nous nous séparons avec l’équipe belge, qui passe un jour de plus sur le plateau.

Après la désormais traditionnelle session de démêlage des lignes, nous repartons donc à 4 vers Tuva Turishytthe puis Ustoaset avec Rémy, Mike et Astrid. Nous remontons ensuite au vent, ce qui s’avère difficile car le vent faiblit. En ajustant la trajectoire, nous nous retrouvons à descendre en pente douce vers la vallée et Ustoaset. Cette descente est magique ! Quel bonheur de monter, descendre et slalomer dans les pentes, à la force du vent….on retrouve des sensations de kite-surf sur les vagues. Il fait extrêmement froid, mais la lumière de fin de journée éclaire un camaïeu de blancs. On termine la descente à ski en tentant de maitriser cette pulka indisciplinée, et on termine en traversant le lac sous un ciel rose et bleu pour rejoindre la gare d’Ustaoset. Rémy rencontre un tchèque en ski-kite, qui lui rentre d’une balade de 150 km dans la journée !

Pour fêter notre arrivée, nous allons au supermarché nous ravitailler pour préparer un bel apéro de clôture. Le gérant cherche à nous affoler en nous parlant du coronavirus, de la fermeture des frontières imminente….Nous n’y accordons pas une folle importance tout de suite, heureux de retrouver la chaleur de la gare d’Ustaoset où nous passerons à nouveau la nuit.

 

Samedi 14 Mars – De Ustaoset à Geilo et Oslo

Pour la team France, c’est la journée du retour.

Installés dans la gare d’Ustoaset, nous réorganisons nos affaires, rangeons les ailes, en confions une partie dans la voiture belge… Le temps passe vite, et les perspectives de faire du ski-kite ou une rando dans la matinée s’effacent rapidement. Après un aller-retour en voiture avec les affaires, nous nous rendons à Geilo en stop. Nous retrouvons une ville pour l’essentiel fermée en raison des mesures prises avec le coronavirus. Nous devons aller à la station-service pour trouver quelque chose à manger, et en l’occurrence le traditionnel hot-dog qui nous avait échappé jusqu’à maintenant.

Nous prenons ensuite le train pour Oslo, et nous mesurons combien l’ambiance a changé : messages d’alerte, gel hydroalcoolique partout, passagers masqués, consignes fermées à Oslo, trains annulés, touristes rentrant chez eux, restaurants fermés… Nous finissons quand même par trouver un restaurant pour passer une dernière soirée agréable à Oslo. Et le lendemain, nous rentrons en avion juste avant que la Norvège ne ferme ses frontières…On a eu de la chance de partir juste avant le confinement !