Un jeune belge à la découverte de l’immensité du Canada et de l’Alaska sans un sou en poche

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Le 7 mai 2008

A vous, mes amis, ma famille,

Je pars.
Je pars sans assurance de retour. J’ai pris le billet en destination de mon avenir au creux de ma main.
En lecture de cette lettre je serais, pour certains, déjà dans l’avion, pour d’autre sur le bord d’une route canadienne le pouce levé vers une destination encore inconnue.

Je quitte le conformisme de la vie, la course aux plaisirs égoïstes et individualistes. Envie de saisir une forme de vie différente, celle de l’entraide, de l’espérance, du défi.

Ce qui manque chez les jeunes c’est l’ambition, oser se casser la gueule et recommencer.
Mon ambition, je la prends et je l’assume :
Prouver au monde que suivre, tel un troupeau de brebis, le chemin que nous impose le GPS sociétaire n’est pas la seule manière de « réussir » dans la vie.
Mais qu’est-ce réussir ? Réussir des études qui nous exaspèrent ?
Gagner beaucoup d’argent ? Vivre égoïstement au détriment des autres ?
Faire plaisir à papa et maman ?
Je dis non !

Comme cité au début de la dernière page, « L’important dans la vie n’est pas nécessairement d’être fort … mais de se sentir fort » ou encore « si nous acceptons/ admettons que la vie humaine peut-être gouvernée par la raison, alors toute possibilité de la vie est détruite ».
Je désire saisir mon avenir autrement, faire ce que j’aime et pas ce que les autres aimeraient que je fasse.
J’ai encore toute une vie pour me ‘’ ranger ‘’.

Une utopie ? Peut-être, mais je l’accepte et s’il le faut je l’assumerais.
Dans la vie il n’y a q’un chemin celui que nous guide nos sens.

Je pars, seul et sans avoir prévenu personne, à quelques exceptions près.
Faire la ‘’publicité’’ de mon projet aurait eu un impact négatif sur mon départ. Les refus, les questions, les adieux, je n’en voulais pas.

Ce choix de vie est à mûrir seul en tête à tête avec ses idéaux, ses envies d’avenir, ses rêves, ses réalités.
Certes, je ne vous oublie pas, vous mes amis, mes parents, mes frères et sœurs. Vous comptez toujours autant pour moi.
Mais c’est peut-être pour mieux vous retrouvez, vous appréciez que je prend cette distance.
Vous serez tous là, quoi qu’il advienne de moi, dans mes plus beaux souvenirs, au fond de mon cœur.
Je ne renie pas le passé, j’en garde de merveilleux souvenir, j’en prend acte. Mais dans la vie il faut prendre des décisions.

Ne m’en veuillez pas, attendez moi.

Gaëtan

 

PS : À tous ceux pour qui mon départ est synonyme d’absence pour une activité prévue en votre compagnie, je teins à vous témoigner mes plus profonds regrets.
Je pense particulièrement à toi Maïté qui souhaitait remplacer ton city-trip de tes 18ans par des dernières vacances en famille.
Les partager avec toi aurait été un réel plaisir.

A vous staff et scouts, ce devrait être mon dernier camp, c’est donc avec un gros pincement au cœur que je vous souhaite un excellent camp.
A vous l’équipe TDM, j’aurais adoré terminer la grande aventure à vos cotés.
A toi aussi Damien que j’aurais aimé accueillir à ton retour d’Erasmus comme un mai d’enfance que je regrette…
A tous, je vous ai caché mon départ, ce n’est pas un manque de confiance…

“I read somewhere…how important it is in life not necessarily to be strong…but to feel strong”
“Rather than love, than money, than faith, than fame, than fairness…gives me truth.”
“If we admit that human life can be ruled by reason, then all possibility of life is destroyed.”

Ces trois citations tirées du film “Into the wild” ont libéré de mon cœur une vérité trop longtemps cachée.