Lancement d’un premier grand projet d’autonomie de 5 jours pour Dorsan.
Une Expé pleine de sang frais, et de nouvelles rencontres, basée sur les échanges de connaissances.

Préambule

En août 2019, Louis et Dorsan avaient réalisé (une partie de) la traversée des Vosges en emportant tente et nourriture avec eux. L’idée était d’être autonome, et de se plonger totalement dans un nouvel environnement. Cette expérience leur ayant laissé un magnifique souvenir, ils décidèrent de remettre le couvert pour une nouvelle édition de découverte en autonomie d’une région de France. Nouvel objectif en ligne de mire : le plateau du Vercors, et en mode hivernal cette fois-ci.

Pour grossir les rangs de leur jovial binôme, Dorsan proposa à deux de ses amis de prendre part à l’aventure. Le quatuor était donc formé de 3 personnes qui ne se connaissaient pas (Louis, Seb et Alexis), réunies par un Dorsan curieux de mettre en pratique (et à l’épreuve !) la fameuse « théorie du sang frais » formulée par un grand homme (#DomSny).

Le plan est de traverser le plateau du Vercors du sud vers le nord, en ralliant Corrençon-en-Vercors depuis le Col de Menée. Nous emportons notre matériel de bivouac et notre nourriture pour 6 jours ; avec tout notre équipement hivernal, cela nous amène à porter 18-20kg sur nos épaules, sans compter les skis à nos pieds. Bref, nous pouvons nous attendre à une aventure placée sous le signe de l’effort et de la rigueur de l’hiver !

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Janvier 2020

Samedi 25 : nuitée au gite de Néron

https://gitedetapefontainegrenoble.com/

Superbe gîte aux allures de refuge de montagne, situé pas trop loin du centre de Grenoble (12min à pied). Accueil par un propriétaire on ne peut plus aimable et bienveillant : il est 22h et nous arrivons sans avoir annoncé notre arrivée. Nous sommes très bien reçus, et passons une nuit douillette au possible.

Dimanche 26 : préparation des sacs et du matos, lancement de l’expé

Après nous avoir longuement conseillé et aidé dans nos préparatifs, notre hôte a carrément l’amabilité de nous prêter son propre thermarest, Seb ayant réussi le tour de force d’oublier le sien. Nous prenons la voiture et acheminons tout notre matos au col de Menée (une bonne heure de route), où Alexis et Louis resteront pour installer le camp. L’endroit est humide et glacial, et Seb et Dorsan sont contents de redescendre vers la vallée et rester encore au chaud un petit temps. La voiture repart donc vide vers Grenoble, et sera parquée dans la périphérie de Grenoble (Seyssins). Pour le retour vers le col de Menée, Le stop fonctionne très bien, et en moins de deux heures, le quatuor est à nouveau réuni. Alexis et Louis avaient bien eu le temps de monter un super chouette camp (environ 100m plus haut que le col), dans une neige de 40cm d’épaisseur environ.

Première expérience de bivouac sur neige

Vue depuis le campement du premier jour

ventilation des sacs de couchage

 

Lundi 27 : vallon de Combeau, midi à l’abri de l’Essaure, nuitée à la cabane des Chaumailloux

Première journée difficile car le terrain est très technique : beaucoup de relief et de la rocaille qui dépasse souvent de la fine couche de neige. Par ailleurs, les températures sont très douces, ce qui rend la neige trempée, et nous mouille facilement à la moindre chute. Et Dieu fut témoin que ce jour-là, les chutes furent nombreuses ! Toutefois, la bonne humeur règne et nous sommes heureux comme tout de parcourir ces immenses espaces vierges de toute civilisation… et pratiquement vierge de toute présence humaine, le Vercors en hiver, c’est plutôt désert !

47eme chute sur 134 pour nos sportifs

Refuge de Chamailloux

Face au plateau

Mardi 28 : midi à la bergerie de Peyre Rouge, nuitée à la cabane de Pré Peyret

Deuxième journée plus ‘roulante’, nous progressons bien malgré un énorme vent de face. La pause midi à l’abri nous fait un bien fou ; et nous dégustons nos parovita au saumon fumé avec religiosité. Nous sommes de plus en plus à l’aise avec nos skis nordiques, et les montées deviennent faciles. Les descentes en revanche, continuent à nous donner du fil à retordre, et nous réservent bien des moments de frustration lorsque nous chutons, et sommes littéralement cloués au sol par nos sacs de 18-20kg ! Lorsque nous arrivons à la cabane de Pré Peyret, Seb et Louis ont eu leur quota d’effort et d’aventure pour la journée, mais Alexis et Dorsan ont encore des ressources… et une très grande envie d’aller profiter de la pratique du ski nordique sans aucun poids sur le dos. Ils déposent donc leur sac, et s’en vont légers et guillerets à la conquête des petites collines environnantes. Tout se passe à merveille, les conditions sont extra, la neige est onctueuse à souhait, le soleil pointe même le bout de son nez. Bref, tout est idyllique Nos deux aventuriers prennent la confiance, et s’attaquent à des pentes de plus en plus prononcées. Et c’est là que le drame, inattendu, survient : Alexis chute et s’entaille profondément le menton. La blessure est vilaine, et des points de suture seront nécessaires. Entretemps, trois demoiselles (belges, également de cap expé !) sont arrivées à la cabane et nous sont d’une précieuse aide dans la prise en charge de la situation. Après avoir fait le point avec les secours (communication extrêmement difficile; il faut aller chercher un semblant de réseau sur les collines avoisinantes), la décision est prise de descendre le lendemain pour soigner la plaie. En effet, la nuit est tombée et les conditions météos se dégradent fortement.

Saumon fumé, saucisson de qualité, abris pour ovidés, l’équipe est au top!

 NB: pour les photos sanglantes, merci de contacter l’équipe directement. 

Mercredi 29 : aller-retour vers le col de Rousset, nuitée à la cabane de Pré Peyret

Nous prenons la route à quatre, sans les sacs (laissés à la cabane) afin d’être légers et rapides. Nous atteignons le col de Rousset en moins de deux heures. C’est là que se trouve la route en macadam la plus proche de Pré Peyret. Nous rencontrons la tenante de la buvette, qui se montre d’une bonté exceptionnelle : elle prend Alexis dans sa voiture et l’emmène dans la vallée. Pendant qu’Alexis se fait recoudre le menton, Seb, Louis et Dorsan s’improvisent tenants de l’aubette durant quelques heures. Alexis nous revient avec un magnifique pansement, et avec l’autorisation du médecin de poursuivre l’aventure (en faisant très très attention à ne pas chuter évidemment). Alors que l’enthousiasme est à nouveau au beau fixe, le karma s’acharne sur Alexis, alors que son ski ski droit décide de l’abandonner (fixation définitivement cassée) et de signer la fin de sa carrière. Le retour vers la cabane n’est pas évidemment, et nous échangeons nos skis de temps en temps pour partager le rôle du marcheur-monoskieur.

plateau du Vercors

Refuge de Pré Peyret

Jeudi 30 : nuitée au refuge de la Jasse du Play

Nous avons désormais à notre disposition 3 paires de skis, pour 4 aventuriers. C’est le début d’un ski-ski-ski-run, particulièrement éprouvant en raison de la couche de neige bien épaisse sur le plateau. Nous redoublons d’effort, et Alexis se montre particulièrement robuste et coriace face à la neige (dans laquelle on s’enfonce bien au delà du genou sans ski). Nous arrivons en début d’après-midi à la Jasse du Play, et profitons de plusieurs heures de repos bien mérité avant la tombée de la nuit. Malheureusement, cette dernière ne sera pas de tout repos, fortement perturbée par les ronflements à 126dB d’un randonneur également présent dans la cabane, qu’on aurait pu confondre avec un Boeing 747 à pleine puissance.

Charge flotte

Les 3 skieurs tassant la piste pour le coureur

Vendredi 31 : midi à la cabane de Carette, nuitée au gite de Néron

Dernier segment de cette traversée du Vercors : nous prenons un départ matinal et rallions la cabane de Carette vers midi pour y engloutir nos dernières provisions. Nous arrivons en milieu d’après-midi à Corrençon-en-Vercors, d’où nous prenons quelques voitures en stop pour retrouver la nôtre, qui nous attend à Seyssins. Nous retournons à Grenoble, pour une dernière nuitée (à nouveau bien douillette !) dans le superbe gîte de Néron. L’expé se clôture autour d’une bonne table dans un sympathique restaurant des alentours ; nous sommes bien fatigués et nos corps ont été rudement sollicités, mais nous sommes tant heureux et comblés de cette semaine mémorable passée dans les terres reculées et froides, mais splendides et inégalables du Vercors !

La fine équipe