Roadtrip en vélo de 2 nuits ( chez l’habitant ou dans des campings on verra) et 3 jours le long de la Mer du Nord pour découvrir cette magnifique portion de l’Eurovélo, départ de Oostende vers les Pays Bas, la destination finale doit encore être définie mais j’irai a minima jusque Amsterdam. L’objectif est de faire entre 150-200 km par jour à voir donc jusque ou cela me mènera…
Samedi 3 mai, 5h30 : Le vélo est prêt, les billets de train pour Amsterdam sont réservés. Tout est en place. Il ne reste plus qu’à vivre cette aventure que je prépare depuis plusieurs mois. Je dis au revoir à mon père et m’engage sur le quai.

5h40 : Train annulé… Les joies des transports en commun en Belgique. Retour à la voiture : mon père décide alors de me déposer à Bruxelles pour que je puisse prendre ma correspondance.
6h40 : L’aventure peut enfin commencer. Mon train arrive dans 20 minutes, j’en profite pour engloutir un sandwich.
6h50 : Train annulé, encore une fois.
Finalement, je prends un train pour Rotterdam. J’en profite pendant les deux à trois heures de trajet pour repenser l’itinéraire que j’avais minutieusement établi ces derniers mois.
10h : Me voilà arrivé. Je débarque du train, casque sur la tête, claquettes aux pieds, bien décidé à enfin enfourcher mon vélo. Je m’équipe et me lance dans cette journée qui sera, je l’ignore encore, particulièrement longue.
Je débute mon périple dans les magnifiques rues de Rotterdam avant de m’enfoncer dans la campagne, longeant des canaux et traversant des champs à perte de vue. Les kilomètres défilent, le temps aussi. J’ai décidé de faire une pause toutes les heures pour manger un peu et détendre les jambes quelques minutes.
Vers 14h, j’ai parcouru la moitié du parcours. Je passe par Haarlem, sommet de la boucle du jour, avant d’entamer la plus belle partie du trajet : entre digues, dunes et parcs naturels. J’entre dans l’un des plus beaux parcs que j’aie vus de ma vie. Les vaches se promènent librement parmi les promeneurs, les chevaux galopent le long des pistes cyclables. J’avance émerveillé dans ce décor, m’arrête pour prendre une photo… et là, je constate que mon pneu avant est à plat.
C’est le début de 2h30 de galère. Je m’arrête dans une dune, répare le pneu, remonte le matériel et repars.
5 km plus loin : pneu à plat à nouveau. On recommence. Je repars, motivé par l’envie de découvrir Zandvoort et son célèbre circuit en bord de mer.
Malheureusement, mon pneu a d’autres projets : crevaison à nouveau, 10 km plus loin. Je tente une dernière réparation, mais voyant l’heure tourner et les kilomètres restants, je décide de changer la chambre à air pour la seule de secours que j’ai. Conscient qu’en cas de nouvelle crevaison, je me retrouverai bloqué en pleine nature.
17h30 : Il me reste 55 km. Les nerfs sont à vif, le ciel se couvre, et je n’ai toujours pas trouvé d’endroit où dormir. Je poursuis ma route, porté par la motivation d’en finir avec cette journée. Finalement, j’atteins ma destination : Hoek van Holland. J’y loue un emplacement pour planter ma tente.
Il fait froid, la tente est minuscule, mon corps est endolori, mais la satisfaction d’être arrivé au bout de cette étape efface tout le reste.
Dimanche 4 mai : Nuit difficile. Au réveil, il pleut et il fait froid. Je sors de la tente, fais quelques mètres… mon genou droit est gonflé et douloureux. Je retourne m’allonger et attends.
1h… 2h… La pluie cesse. Il est temps de repartir.
Je range mes affaires, grignote quelques noix et quitte mon logement d’une nuit pour retrouver les magnifiques pistes cyclables néerlandaises.
Une fois sur le vélo, la douleur s’estompe, le soleil refait son apparition, et avec lui, la motivation revient. Je longe des canaux superbes où d’énormes ferries et bateaux voguent lentement. Ils ne le savent pas, mais nous faisons une course : eux contre moi. La motivation se trouve là où on peut. :
Je traverse des bras de mer en ferry ou sur de très longs ponts, battus par un vent qui les rend interminables.
Vers 13h, je fais une pause dans une sorte de golf naturel, où des centaines de personnes s’adonnent au kitesurf. J’en profite pour goûter à la spécialité locale : une fricadelle, accompagnée d’un Coca. Il faut bien garder la ligne…

Je poursuis ma route à travers des paysages somptueux avant de prendre un ferry de 30 minutes pour rejoindre la Belgique et clore ce périple.
À la sortie, de puissantes rafales m’accueillent. J’entre dans le magnifique Royaume de Belgique par le Zwin, une superbe réserve naturelle côtière. Les kilomètres s’enchaînent lentement, le vent me donne l’impression de faire du surplace. Je décide de quitter la digue pour emprunter une route parallèle, plus abritée.
Il me reste 35 km. Je dois encore traverser Knokke, poursuivre sur la digue jusqu’à Oostende. Il est 17h15.
Mais à l’entrée de Knokke, je tombe sur une rue en travaux, recouverte de graviers sur près de 2 km. Obligé de descendre du vélo et de marcher.
Je marche pendant 40 minutes. Il est maintenant 18h, il me reste 30 km et encore 3h30 de train pour rentrer.
Je prends une décision difficile mais raisonnable : j’écourte mon périple après 130 km parcourus et monte dans un train à Knokke pour rentrer chez moi.
Cette expédition m’a permis de me retrouver seul face à moi-même, d’affronter la difficulté et de savourer ces instants de calme où l’esprit s’évade dans la contemplation. En deux jours, j’ai traversé d’innombrables villages, villes et hameaux aux noms imprononçables.
Par moments, je me suis demandé ce que je faisais là, seul, « loin » de chez moi, à me compliquer la vie pour « rien ». Et pourtant…
J’en ressors avec des souvenirs plein la tête avec l’envie de repartir, découvrir de nouveaux horizons, et le sentiment d’un objectif accompli.
