Pâques 2019: Un père et un fils ont le projet de traverser les Calanques, par le GR qui suit le sentier côtier, sur 2 jours, en autonomie complète.
Départ des Goudes, arrivée à Cassis.
Bivouac à Morgiou
Jour 1:
Départ matinal de l’Estaque où nous logeons chez un cousin. Train de banlieue, Métro marseillais, stop au Vieux Campeur pour compléter le matos, un bus vers La Madrague, un mini-bus jusqu’aux Goudes. Enfin, nous y sommes ! Les choses sérieuses peuvent commencer.
Avant de partir, il s’agit de faire le plein d’eau. En effet, point de ravitaillement entre Les Goudes et Cassis (30 km plus loin). Il faudra être autonomes… et économes. Heureusement, c’est Pâques, pas encore de trop fortes chaleurs à craindre. Malgré tout, la question de l’eau n’est pas anodine.
Le déjeuner englouti, et les gourdes remplies à ras-bord, nous nous mettons en route tous les deux. La lumière est magnifique et le paysage mi-marin, mi-alpin est sublime. Tout est encore vert; c’est le printemps.
Le chemin qui suit sagement la mer prend de l’altitude pour éviter les falaises, les premières montées nous ramènent à la dure réalité de ce chemin: montées et descentes dans la caillasse; quand il n’y en a plus, il y en a encore.
On termine cette première journée dans la Calanque de Morgiou, alors que le soleil se couche, et que nous sommes fourbus. Aurélien en a vraiment plein des chaussures. La fatigue se fait sentir. L’humeur s’en ressent malgré tout. Finalement, on y est !
On avise un coin tranquille sur la rive gauche, passés les dernières maisons, pour bivouaquer tranquillement, en bord de mer. L’endroit est magnifique. Vue imprenable, bruit des vagues dans les oreilles. Que demander de plus?
Rapidement après le repas, nous nous endormons comme des marmottes. Demain est un autre jour.
Jour 2:
Lever matinal : j’ai toujours la crainte qu’un gardien du Parc National nous chope et nous colle une amende pour bivouac interdit. Heureusement, on ne verra personne
On repart. c’est plus dur que la veille. Pourtant les sacs sont plus légers…. mais les organismes commencent à être fatigués.
La balade commence par une solide montée pour nous extraire de la Calanque de Morgiou et passer à la suivante. Ensuite, on enchaine les vallées, les unes après les autres. Dans la caillasse.
Aurélien se plaint de ses pieds… un début d’ongle incarné. La pharmacie ne contient pas de ciseaux… on va essayer avec un Opinel de couper les ongles douloureux. je vois à son regard qu’il n’en mène pas large quand la lame s’approche de son gros orteil. J’ai peur de le blesser inutilement. Finalement, on y est arrivé. On peut repartir ! Ouf !
Après le déjeuner, je sens qu’Aurélien n’en peut plus. Il me demande sans arrêt où cela s’arrête, quand on va arriver. J’essaie de distinguer la vallée de Cassis, derrière les différentes valons qui sont devant nous. Mais impossible à dire combien de montées on va encore devoir faire avant d’arriver à destination. Cela devient compliqué de garder la motivation. L’énervement n’est pas loin.
Après une ascension particulièrement raide, au milieu d’un nombre grandissant de touristes “tong-frigo box” (signe imperceptible qu’on se rapproche de la “civilisation-voiture-parking”), on arrive sur une plage. Malgré que nous ne sommes que début avril et qu’un petit vent frais nous le rappelle bien, nous faisons ni une ni deux, nous enfilons nos maillots de bain, et nous piquons une tête dans l’eau !
Quel bonheur ! Quelle libération ! Nous sommes presque euphoriques. Ce bain revigorant nous donne l’énergie dont nous avions besoin pour terminer le trek.
Il nous reste encore 2 ou 3 km jusqu’au port de Cassis. Peu importe. nous nous sentons tous légers d’avoir fini notre balade tous les deux. Le verre partagé sur le port avait un gout de victoire. Yes !
Quelques transports en commun plus tard, nous retrouvons Marseille et puis L’Estaque où nous nous écroulons de fatigue.
Le lendemain sera une journée molle de repos et de vadrouille tranquille dans la vieille ville de Marseille.
Il parait que certains font le trajet Goudes-Cassis en un jour. en mode léger, type course. Nous avons pris 2 jours, en portant tout sur notre dos.
Plusieurs personnes rencontrées nous ont demandé si nous avions tout fait tous les deux? Lorsque nous leur répondions par l’affirmative, leurs regards incrédules ont fait réaliser à Aurélien que ce n’était pas une “balade de santé”. Je revenais d’une semaine de ski de randonnée nordique en Laponie…. je lui ai confirmé que physiquement, le GR des Calanques a été plus costaud. Je ne sais pas si c’est l’effort physique dû à la dénivelé, ou si c’est de marcher dans la caillasse à longueur de kilomètres, ou de découvrir à chaque fois une nouvelle ascension alors qu’on espérait secrètement que la précédente était la dernière, nondidju ! Mais c’est du costaud.
Je suis très fier d’Aurélien qui est arrivé au bout de la balade. Chapeau bas, mon grand !