En soif de grands espace et de (re)découverte de la laponie, nous nous lancons dans une première expé de randonnée nordique dans le bien connu Kungsleden, en Suède.

Auteur du texte: Gaspard. J’ai fait un PolarStep pour les amis. En voici les textes.

14 Mars 2024: Le frisson du voyage commence !
Entre l’excitation du départ et le regret de laisser Fanny, enceinte de 6mois+ à la maison.
La décision de partir a été prise alors que la réalité était tout autre. Pas de remise en doute du voyage, il est temps d’y aller. j’ai le sentiment d’être a l’aube d’une grande aventure, sans savoir a quoi je m’attaque^^

J’ai probablement oublié des choses a la maison. Fanny m’a rappelé le matin même qu’il me fallait prendre un savon. Pas bête… Car oui, je me suis focus sur le matériel technique, j’en oublie la base. 30kg de matos et nourriture, ça rigole pas ! Le voyage commence dès le moment où je passe la porte de la maison. Plus de retour possible. Le porte mine oublié dans ma poche de pantalon fera dès lors partie de l’aventure. Zut, ça fait du poids en plus.
Première étape, Mes gentils voisins m’invitent a manger a la maison avant de me conduire a la gare. Merci a eux 😉

 

 

15 Mars 2024: On reprend les bonnes habitudes de voyage, on lâche prises sur les rebondissements, tant que l’on arrive a bon port !

Les trains allemand ne sont pas aussi strict que l’image que l’on se fait de sa population. Ainsi, notre pote Deutsche Bahn arrive avec 2h de retard, on rate le train qui fait la jonction pour Stockholm, la jonction étant fermé pour travaux tout le weekend.
On fait alors appel a notre ami Flixbus, le roi des bons plans, mais bien moins reposants. J’ai l’impression de revivre une soirée, fatigué, affalé dans le canapé, les yeux fermés et a moitié endormi, avec mon pote flixbus qui me secoue toutes les 10min pour me dire de ne pas m’endormir.

Le passage a la douane nous rappel a quel point, en tant que Blanc, bien portant et équipé de matériel onéreux, on est au delà de tous soupçons. Au contraire de nos autres comparses du bus qui se font fouiller les bagages.
Petite visite de Stockholm pour se dégourdir les jambes, retard de train, tout ça tout ça. On a droppé nos sacs dans un hostel à coté de la gare de Stockholm. Bon plan pour éviter la consigne de la gare qui est à prix d’or, sans garantie que notre pulka y rentrera. Nous passons la nuit dans le train a couchettes en route pour Abisko. Une joyeuse ambiance dans un train bondé de montagnards qui cèdent a l’appel de la montagne. Nous sommes moins d’être les seuls équipés de Pulka, on aura de la compagnie sur les chemins.

16 Mars 2024: L’aventure commence

On se fait dropper sur le quai de la gare. Il fait -16°C, on respire l’air frais à plein poumon: L’aventure commence! On charge la pulka, je prépare la corde pour serrer le tout. Cela fait 10 minutes que je suis dans ce milieu hostile et je comment déjà ma première erreur survient: je met un mousqueton en bouche. Il gèle immédiatement sur ma lèvre, je tire dessus pour l’en décoller. Tout va bien, j’ai été réactif. Ce n’est que ma première erreur sur une longue série durant tout le voyage. Les erreurs sont la base de l’apprentissage.

On prend la route, on espère arriver ce soir au premier refuge à l’extrémité du park national d’abisko. C’est alos qu’un ski me lache: la fixation est désolidarisée du ski. En effet, les visses étaient totalement rouillées. Plas le choix, on fait demi tour pour chercher de l’aide. Le ski tient avec un colson pour faire le chemin retour mais j’ai pas confiance pour trainer cela encore 11 jours. On finira par dormir a côté de Abisko tourist station le temps de le faire réparer. On plante la tente pour goûter a la rudesse des températures mais on profite de l’auberge pour cuisiner 😁

17 Mars: Le vrai départ
Le réparateur de ski est trop polis quand il vient nous annoncer qu’il ne pourra pas réparer mon ski avant 48h. Il me loue des skis mais inciste pour me faire une réduction. Si cela peut lui faire plaisir, j’accepte la réduction avec joie. Tant que je suis sur des skis et que l’on peut prendre le départ, c’est tout ce qui compte. Il nous faudra parcontre retourner les ski à Abisko. On avisera un nouvel itinéraire au fur et à mesure.

On entame la route sur le même itinéraire que le jour d’avant, passe le point où j’ai cassé mon ski, le dépasse, jusqu’à nous rendre compte qu’on est pas sur le bon itinéraire. On rejoint le Kungsleden par un hors piste qui nous fera suer quelques gouttes. On est devancé d’un groupe de touristes qui s’est également perdu. Nous rejoignons la piste via une traversée de rivière a glace bien fine. Le premier groupe est passé donc ça devrait le faire pour nous. Je passe en premier après avoir rallongé la corde de la pulka. Je tire la pulka et celle ci s’enfonce, le cul a traversé la glace. Je tire un coup pour la sortir de là et Henri passera a côté. Tout va bien, on est de retour sur la piste ! Une pause au chaud pour se remette de nos émotions, avec un bon repas.
Henri tire bravement la Pulka une bonne partie de la matinée, jusqu’au point de raz le bol. Derrière, j’ai l’impression d’être un touriste avec son Sherpa. Je prends la Pulka a ma charge pour les 6 derniers km. On fini par la traversée d’un lac pour 4km, bien venteux. Mes doigts gèlent mais pas le choix, il y a du vent et s’arrêter c’est laisser tout le corps se refroidir.
On arrive finalement au refuge. Difficile de ne pas céder aux sirènes de la salle commune et du chaud.
On craque, on plante la tente a côté du refuge et paie l’accès aux installations. Mais c’est clair entre nous: demain, c’est bivouac!
La salle commune est envahie d’un grand groupe. Ils suivent notre itinéraire et, selon le briefing du guide, la journée de demain s’annonce compliquée, météo venteuse et froide. Pour eux, le demi-tour est une option…
Pas de pression pour nous, on avancera comme on peut, on plantera la tente si besoin…

18 mars:
Ayant finalement quitté l’itinéraire de la Kungsleden, il y a bien moins de monde pour faire des traces. La journée annoncée comme difficile par la météo et le dénivelé n’est finalement pas. Avec du recul, 400m de d+ pour 21km au sol, ce n’est pas grand chose. En ski, on choisi toujours la pente la moins rapide.
La météo est une alternance d’éclaircies et de passages venteux neigeux, mais avec beaucoup moins de vent qu’annoncé. Aussi, les températures sont clémentes.
On pic-nic à midi derrière un gros cailloux, juste au moment de l’accalmie. Zut, c’est mal calculé. On arrive au refuge et plante la tente a 50m de celui-ci, pour dire que. Mais donc ce soir, c’est l’aventure telle qu’on voulait la goûter: nuit sous tente sans espace bien au chaud pour se sécher. A deux dans une tente deux places, large comme deux paires d’épaules, pas simple la promiscuité. Impossible de mettre nos sacs dans les auvents, on ne peut sortir les sacs de couchage que quand la cuisine est finie. . Cuisiner devient vite toute une affaire quand tu ne peux (veux) pas mettre le nez dehors pour la moindre requête. Le froid complique chaque détail du bivouac !
On l’a voulu, nous voilà servi…

19 Mars:

Aujourd’hui c’est journée bonheur, le grand bleu, il fait chaud, limite trop chaud !!
Il n’y a maintenant plus de balisage donc la navigation se fait à la carte. Carte qui sont faites pour l’été, avec un relief qui n’est pas vraiment le même en hiver. La moitié des points de repères sont manquants. Ça me fait penser a la course d’orientation, avec une difficulté x50 pour choisir l’itinéraire optimum. Pas trop raide pour savoir monter avec la pulka, sans qu’elle ne bascule, …
On fini a côté d’un refuge grand luxe mais on choisit de creuser un beau tas de neige qui nous fera un magnifique abri pour le vent.
Le ciel est magnifiquement dégagé, la nuit parfaite pour voir des aurores boréales ?

Henri nous fait un repas épicé à l’Indienne, impossible de le terminer. Ça fait un trou dans notre quota de calories pour la journée 😉

20 Mars Une journée qui commence dans le grand beau et qui finit dans la purée de pois, a naviguer a la boussole et aux traces laissées par les précédents.
On arrive très tôt au refuge. Nous somme en Norvège, on décide de se payer le luxe de loger à l’intérieur. On en profite pour se laver ❤️ , faire notre lessive et autres. Le refuge est TROP luxueux pour ce sont nous avons besoin mais on en jouis pleinement 😁 croisons les doigts pour une bonne météo demain.

21 Mars

Ce 21 Mars, la journée s’est finie par une tempête de neige. Je n’ai pas pris le temps d’écrire sur le moment même. Le flap flap de la tente dans le vent m’exaspère de trop que pour pouvoir écrire dans mon carnet. Ce qui est sûr, c’est qu’une série de mauvaise décisions, prises pour ce qui nous semblait être de bonnes raisons, nous en amène ici, au coeur du cyclone. Nous ne dormirons quasi pas de la nuit. La tente tient le coup, c’est le principal.

22 Mras
Ce matin, c’est tempête. Oui mais voilà, on a eu la bonne idée de planter la tente au sommet du col, dans une vallée pile orientée Sud-Est, soit exactement le sens annoncé par la météo. Le vent s’est levé le soir même, secouant la tente telle une machine a laver. On a pas fermé l’œil de la nuit. On fait le topo et décide finalement de tenter une sortie dans la tempête pour rejoindre le refuge que l’on avait croisé le jour d’avant, 5km plus bas dans la vallée.
Après avoir replié la tente et chaussé nos skis dans la tempête, on se rends bien compte que ce n’est pas raisonnable ni sécuritaire de faire cela. Nous aurions mieux fait de rester dans la tente. Celle ci est tellement petite que cela ne nous semblait pas une option. Cela aurait pourtant été la plus sage décisions. Faire machine arrière n’est plus possible, il nous faut bouger. On rejoint tant bien que mal le refuge. Nous avons une visibilité à 10m. Avec 20m entre chaque croix de balisage, cela signifie qu’il nous faut avancer et prier à chaque fois pour trouver la balise suivante. Le tout, sans se perdre l’un l’autre. Nous finirons finalement au refuge pour sécher nos affaires et passer la nuit.
On apprend de nos bêtises. Cela m’a un peu refroidit. Heureusement, la météo s’annonce meilleure les jours a venir. Meilleure = froide mais avec de la visibilité et moins de vent.

23 Mars

Journée au calme, ciel dégagé, très venteux au matin, limite trop chaud l’après midi!
Je fini ma journée en hypoglycémie, très mauvaise chose mais heureusement, le Twix prévu pour le train aller me sauve la mise.
On pose le bivouac, il n’y a pas de vent qui souffle. Cela semble presque trop simple. Mais les températures vont diminuer dans les prochains jours.
On va voir ce que la nuit nous réserve, les charmants chiens de traîneau hurlent a la mort. Est ce que ça dort ces bêtes là ?

24 Mars

Aujourd’hui c’est grand soleil, bien froid mais pas un pet de vent. Il a bien neigé cette nuit, la neige est fraîche. On trace notre propre route dans une gigantesque vallée blanche avec pas un chat. Je me sens tel Tintin au Tibet.
Un hélicoptère qui drop des skieurs fait notre animation durant la montée du col. On fini dans une minuscule hutte, avec juste deux lits et de la chaleur humaine pour se réchauffer 😁
Ça fait notre soirée, la sensation d’être seul au monde dans l’immensité des montagnes.
Vu qu’on est pas sous tente, on croise les doigts pour voir des aurores boréales 😉

26 Mars

On se réveille ce matin, du givre sur toutes nos affaires. On a pas la température mais c’est certain, il a fait bien froid. On profite de la cuisine du refuge pour bien se réchauffer avant de prendre la route.
Une belle journée bien froide mais dont le soleil nous fait gagner +10°C. On transpire et se ballade presque en t-shirt par ?-12°C?
Après la montée du col, c’est tout l’opposé: on enfile toutes nos couches et fonce sur le refuge pour y trouver un peu…
D’avoine.
Les peaux des skis ne collent plus suffisamment, la dernière paire valide est réservée pour le Sherpa de la pulka. Notre matériel fatigue 😉
Ce soit on installe la tente. Une seule hâte c’est de se mette dans notre sac de couchage . Mais d’abord, il faut cuisiner. On mange des portions énormes. Il faut bien que l’on consomme ce que l’on tracte vaillamment depuis des jours.
Au moment de se coucher, il fait vraiment froid. On se demande ce qui nous pousse à nous mette dans un inconfort pareil. Même si dans le fond, on aime ça!

27 Mars

On se réveille très froidement sous notre tente. On prends rapidement le départ mais le vent et la neige de mauvaise qualité mais a mal le moral des troupes. A pas un seul moment je peux dire “j’ai chaud”. De plus, j’ai chopé une maladie type grippe ou autre qui me met dans le mal. Ce soir c’est sur, on veut une vrai source de chaleur. Au final, après la descente dans la vallée de Abisko, les températures se font plus clémentes. On trouve un abri pour tente déjà creusé, aux dimensions de notre tente. Est ce un signe ?
On monte le camp pour s’offrir une dernière nuit de bivouac et finir sur une meilleure note que la précédente.

28 Mars

On déguste notre dernière journée qui nous mène jusqu’à Abisko.

On campe une dernière fois à Abisko Touristation. Lors de ce dernier bivouac, cela nous saute aux yeux: nous sommes fatigués, plus envie de nous battre pour garder nos affaires au sec. Après 11 jours à batailler avec le froid et l’humidité pour “survivre”, nous sommes bien content de ne plus avoir à le faire.