Organisé par le CAB et Cap Expe, ce stage se déroulera dans les Ecrins et sera encadré par Greg et Jonathan dans le cadre de leur stage pratique de moniteur adeps niveau 1 d’alpinisme et sous la supervision de Dom, moniteur adeps niveau II

Quelques bons souvenirs:
3 jours d’affilé passé en altitude. Et 3 jours bien chargés avec une école de neige, une école de glace et, pour finir en beauté, l’ascension de la Roche Faurio (3730m)
Un pur bonheur, des bons souvenirs et une découverte de la montagne pour certains.

août 18th, 2004 by admin

noj

Récit de notre expédition dans les Ecrins : 14 personnes à l’assaut de sommets d’aventures humaines riches en découvertes.
La montagne est souvent comprise comme un monde de mecs, …, de frères. Cette expé nous a prouvé une fois de plus qu’il n’en est rien. Merci pour cette pêche bien féminine.

Jonathan et moi nous sommes arrivés deux jours à l’avance et nous nous sommes d’emblée lancés dans une superbe escalade typique de Ailefroide : Orage d’étoiles, 8 longueurs en V+ dalle. Il y a trois ans, nous nous étions levés tôt, laissant le reste du groupe endormi après notre première sortie au Dôme. Ce fut notre première escalade ensemble et en même temps la première « grande » voie de Noj. Je crois que cette voie l’avait impressionné et notre cordée m’avait moi aussi marqué, peut-être le meilleur moment pour moi de ce premier stage il y a trois ans, avec évidemment le décollage de Ned avec « Isabelle aux Bancs ».

Ce matin-là, à peine levés, Noj et moi nous n’avons pas hésité une seconde et nous sommes retournés vers cette dalle. Sans nous en rendre compte et dès les premiers gestes le courant passait. Nous avons carrément courru dans cette voie en dépassant des cordées lentes avec beaucoup de courtoisie et en sautant au moins deux relais en corde tendue. Les rappels furent parfaits, tout comme la poignée de main en bas.
Nous avions juste envie de rire : magique !

Le soir même nous sommes montés au refuge des Bans, direction « Sous le soleil de Satan », une superbe voie 6a-6b en douze longeurs. Cela faisait la troisième fois que je remontais au pied de la voie sans jamais atteindre le sommet, mais chaque fois quelque chose de fort s’était passé à cet endroit.
Cette fois-ci nous irons au sommet en réversible à une vitesse éclair sous la menace de l’orage annoncé par la radio hurlante la veille au refuge. Pas besoin de vous faire de dessin, l’entente de cette cordée fut parfaite, un de mes plus grands moments de montagne de ces dernières années. Merci Noj. Oui vous aurez droit à une vidéo.

Nous avions donc la pêche pour accueillir le reste du groupe. Il nous attendait d’ailleurs au camping le ventre creux…
Désolé les gars, mais nos yeux grand ouverts auraient du vous donner des indices.

5 août : distribution du matos

Il pleut ce matin et l’ambiance est tendue, car le matos et la nourriture sont entassés dans toutes les voitures.
Nous trouvons heureusement un local pour organiser tout cela : distribuer le matos et organiser la nourriture par jour …..

Après ce dur exercice, Greg et Noj ont expliqué comment monter dans un arbre sur une corde avec des prussiks. Nous avons ainsi fait l’admiration de tout le camping.

6 août : départ vers le refuge du glacier blanc

C’est dur de décider un groupe de 14 personnes à partir. C’est lent, cela grince … Enfin finalement nous décolons chargés comme des mulets. Il y a un monde fou et le soleil tape. Nous sommes des martiens en train de monter un chemin inca. Cela pue l’ambre solaire ce truc …

Les estomacs se creusent déjà … les sacs se vident …

Nous plantons les tentes en dessous du refuge et nous devons monter pour l’école de glace. Le glacier a sûrement perdu 300 m en trois ans. Dingue !

Augustin et Juan ne parviennent pas à mettre leur crampons. Ils rateront le début de l’école. Cela les change …
La glace est dure, l’orage arrive. Il est temps de rentrer dans nos tentes. Où est passé l’orage ?

7 août : école de neige

Oui nous nous sommes levés à 5 h du mat. C’est que le chemin est encore long pour atteindre le pied de la Roche Fauriot où nous plantons les tentes avant de nous lancer dans une superbe école de neige menée de mains de maître par Greg. Qu’est-ce que c’est génial de faire des glissages avec un piolet … d’arrêt !

Nous sommes prêts … mais nous avons soif. Il nous faudra faire fondre tellement de neige que nos réserves de fuel fondront comme neige au soleil. Catherine et Dom iront au refuge prendre un délicieux Orangina et remplir les gourdes. Putain que c’était loin ce refuge … et puis l’odeur dans les tentes en rentrant … heureusement que Denis est là pour nous divertir avec son 100 m à poil (enfin presque) pieds nus sur le glacier, pour une aspirine.

8 août : Roche Fauriot

Nous avions prévu large : une heure et demie pour partir après un réveil à 4 h. Il nous en faudra deux et demie. Non je ne me suis pas énervé … c’est juste que le mauvais temps arrivait, non ??? A coup de porridge et on réveille un mort. Tiens il reste du porridge dans la deuxième casserole …

La montée fut magnifique — je laisse à quelqu’un d’autre le soin de la raconter (suffit de demander un login sur la page Contact) — et le sommet aussi fin qu’une barre de Côte d’Or.

La redescente fut longue. Catherine et Emilie réduiront leur retard à 1h30 sur les avant-derniers … Accueillies par une partie du groupe et une bière (française — ça veut tout dire, mais après une journée pareille, ça vaut tout l’or du monde) à l’arrivée ! Les autres clients auront peut-être été dérangés par l’odeur … 3 jours de marche et enfin les pieds enfin libérés des coques !!

9 août : grimpe à Ailefroide

(Emilie : dites, c’était pas le jour suivant ça ? Je me souviens d’un jour de temps mort moi, réveil tardif, croissants au déjeûner.)

Trois groupes se forment :

  • avec Greg : Mathieu, Sandrine, Emilie, Pierre-Alain, et Isaline pour faire la Via Ferrata d’Argentière-la-Bessée, la plus difficile de la région paraît-il.
    Dans les gorges de la Durance, super comme cadre, beaucoup plus vertical qu’on ne le pense. Ce fut un très bon moment ! A la fois quelque chose de reposant pour reprendre « contact avec la pierre » et quelque chose de sportif pour se mettre en jambes et bras pour la suite. Temps magnifique, repérage de 3 « piscines » en bas (ça peut toujours servir, Emilie jure d’aller y nager la prochaine fois), spectacle de plongeon dans de l’eau-quand-même-un-peu-fraîche par des locaux.
  • avec Noj : Sandrina et Denis
  • avec Dom : Catherine et Véronique dans « Orage d’étoile »
    Une esclade tellement magique que la corde changeait de couleur à chaque relais. Je vous promets une superbe video de ce moment …

Après cela, devant notre manque de fuel et les hamburgers gelés nous n’avions plus qu’à nous offrir un steak à 9€ au resto du coin.
Ambiance !

10 août : Crise et grimpe à Ailefroide

Noj et le duo de choc de nos grimpeuses Catherine et Véronique se sont levées à 5h pour attaquer une superbe voie assez dure (6a). Bravo les gars ! Noj pourquoi t’as crevé ainsi ces deux gentes demoiselles?

Greg, Ned, Emilie, Isaline, Mathieu et Sandrina ont essayé de suivre à 6h pour aller dans « Orage d’étoile », mais le déjeuner non préparé la veille traîne et puis qui veut du café ? Il y a donc pas mal de monde en arrivant au pied de la voie, tellement qu’il faut se rabattre sur la Snoopy ; enfin avant l’orage. On croisera un guide français ultra sympathique, trouvant qu’il y a trop de monde, qu’on est un stage du CAF, que c’est encore pire d’être de Belgique et qui entraînera inconsciemment sa cliente dans une voie qu’elle ne trouvera pas si évidente que ça en fin de compte … Heureusement que nos grimpeurs de tête étaient aux petits soins avec le groupe !

En fin de journée, Denis, Isaline et Sandrina feront tout de même 5 longueurs dans « Orage d’étoiles ». Pas têtu lui …

C’est que demain les choses sérieuses vont recommencer.

Dom va conduire Juan et Augustin au col du Lautaret pour une rando autour des Cerces.

11 août : départ

Trois groupes, trois histoires :

  1. Tour de Cerces : Juan et Augustin marchent comme des dératés et manquent de peu le feu d’artifice au refuge de Drayère. Eh oui les gars, souffler sur le réchaud à essence pour l’éteindre, c’est pas une bonne idée. Surtout si le lendemain le gardien n’est pas de bonne humeur en voyant la flaque d’essence dans son beau refuge …
  2. Contrefort des Bans : Greg et Mathieu font un malheur sur les « Bancs Public » (chantez avec moi … bancs publics …), tandis que Ned et Sandrina jouent du sifflet dans « Isabelle aux Bancs ».
    Ils partent donc pour le refuge des Bans et Ned, Sandrina et Matthieu planteront la tente un peu plus haut tandis que, juste à coté de la tente, sous un gros rocher, Greg se fera une nuit à la belle étoile pour éviter d’être trop serré dans la tente ;-)
  3. Traversée du dôme de Monnetier :
    L’autre groupe plante la tente dans un alpage et une vallée magnifique dont la fraîcheur n’avait d’égale que le goût du Saroma.

12 août : Dôme de Monetier

Le glacier des pierres folles … (appellation contrôlée)
Récit d’une journée inoubliable, par Emilie.
Récit hyper subjectif et unilatéral, ça n’engage que moi et toute ressemblance avec une situation vécue est purement fortuite ;o).

En fait, le plus drôle, c’est après. Parce que sur le moment, c’était quand même nettement moins drôle. Le plan était de camper le plus près de glacier, de monter dessus par le col de droite, se balader tranquillement quelques km et redescendre par le col de gauche. Une sorte de boucle quoi. Le tout en deux jours : un pour arriver le plus loin possible, planter les tentes dans les alpages, un pour faire la course sur la glacier.
Jusque-là, rien d’exceptionnel ni de particulièrement alarmant.

Le premier jour est super, on est 8 : Dom, Noj, Pierre-Alain, Catherine, Isaline, Sandrine, Véro, moi. Deux heures de montée tranquille dans les bois, arrivée dans les alpages (y a des vaches en face et un beau gros torrent assez froid mais parfait pour le spray anti-grizzly), il fait beau, les bêtes touristes sont sur l’autre rive. A l’aise quoi (oui oui, même si j’étais une fois de plus la dernière). Comme nous sommes arrivés tôt, on en profitera pour aller repérer le col d’arrivée (Dom et moi) et le col de départ (Noj, Véro, Catherine). De notre côté, on pouvait déjà dire que la fin de la journée suivante serait agréable : petit sentier zigzagant calmement dans les alpages, parmi les fleurs et les marmottes, un lac un peu plus haut, belle vue sur le col du glacier et sur la vallée. De l’autre côté, 70% de chance qu’on passe et arrive à monter sur le glacier. Bref, on tentera la course !
Petit souper sympa, au soleil, faut juste éviter de s’asseoir sur les pierres de prédilection des fourmis (n’est-ce pas Dom ?) ou sur une bouse de vache en apparence séchée. Au menu, soupe aux légumes en entrée, couscous, oignons, tomages, fromage ensuite, saroma chocolat commencé par Noj et sauvé in extremis par Dom, si je me souviens bien (merci !). Catherine qui fait la difficile (déjà qu’elle n’aime pas le porridge) n’en prendra pas et Véro partira en courant se laver les dents après avoir avalé sa première bouchée :o ). Pourtant, c’est bon ce truc !

Petit matin du second jour, Dom nous réveille délicatement (5 filles oblige ;o). A quelle heure déjà ? 3 ou 4h ? Je ne sais plus. On déjeûne dans le noir (ça j’adore), déjeûner spécial Crunchy pour Catherine, sous la voûte étoilée (dieu que c’est poétique), ciel un peu couvert du côté du glacier, on verra quand même une floppée d’étoiles filantes (3 rien qu’en allant à la toilette !), on remballe les tentes, les sacs. C’est parti !!!! Lampes frontales, à la queuleuleu entre les petits sapins (et chapeau aux premiers qui arrivaient à rester sur le chemin). On monte, bon rythme, grâce à l’obscurité, le glacier nous paraît plus proche, le moral est bon.

Puis, une erreur … on est en train de monter trop à droite dans la vallée.

Dix minutes plus tôt, pour faciliter notre progression, on est monté sur une petite crête et on s’est mis à la suivre. A gauche, côté glacier : des pierres et de la terre, pente hyper raide, ça glisse, ça roule, complètement instable. A droite, côté vallée : cailloux et herbes, plus stable, mais absolument pas dans la bonne direction !
Petite pause avant de continuer, le soleil se lève et ça, c’est magnifique ! Le ciel s’est dégagé, les nuages sont en-dessous de nous et y resteront presque toute la journée (au moins, la météo ne nous lâchera pas en pleine course, comme le glacier), au-dessus, il fait BEAU. Un sommet qui dépasse par-ci par-là, calme plat, les vaches doivent se réveiller. Pause chocolat !
Mais il faut redescendre, et par la gauche, par les cailloux et la terre …
Dom en 2 temps 3 mouvements est dans la pente. Sandrine s’y engage, je la suis. On passera un à un, deux en même temps, c’est trop risqué. Mais elle n’a pas fait deux pas qu’elle est glisse et se met à dévaler la pente avec les cailloux, à une vitesse effrayante. Dom lui crie d’utiliser son piolet, elle essaie mais n’y parvient pas. Pas moyen de s’arrêter, elle continue à descendre, toujours plus vite. On est devenu muet. C’est avec les genoux qu’elle réussit finalement à enrayer sa chute. Assise, choquée, elle ne répond pas à nos appels. Dom crie « On ne bouge plus » et descend la rejoindre. Moi, je m’immobilise dans la pente, sur deux cailloux que j’espérais stables. On attend, les secondes sont vraiment lentes. Sandrine bouge, Dom l’a rejointe, ça a l’air d’aller plus ou moins. Dom nous crie « Demi tour ! » et moi comme une idiote, je me retourne sur mes cailloux (on dirait une confession). J’avais vu que le couloir de pierres tournait et s’éloignait de Sandrine, et vu ma position, un caillou qui tombait aurait dû suivre le « tournant » et passer à côté. En me retournant, mon pied droit a fait tomber d’autres pierres et ces débiles de cailloux sont aller pile sur Sandrine (mille fois pardon !!!!!!!). Deuxième salve, sans doute la plus douloureuse, les cailloux sont plus gros en plus.
Je ne sais plus comment, mais Sandrine parvient finalement à se mettre sur le côté. On la rejoint tous en faisant le grand tour, ça glisse pour nous aussi, chaque pas est risqué (surtout avec un sac sur le dos). Elle est choquée, apparents : une main écorchée et mal au coude. Il vaut mieux qu’elle redescende, Isaline l’accompagnera jusqu’au campement, et nous, nous continuerons vers le glacier, voir si on passe ou pas.

L’heure qui suit se déroule sans problème, on avance, le glacier se rapproche, les pierres sont toujours instables, mais ça va. On n’était pas monté en chantant, mais les dialogues se sont brusquement calmés, je l’apprendrai après : on était à peu près tous moins insouciants qu’avant et on se demandait comment monter sur ce glacier, là devant nous. De l’espèce de chemin sur lequel on progresse, on peut apercevoir Isaline et Sandrine, elles continuent à descendre, elles sont enfin hors de la « zone dangereuse ».

Nous voilà enfin au pied du glacier, en résumé : un gros mur de glace, cailloux, roches, le tout arroser par l’eau de fonte. On doit passer par la droite, à la frontière entre glace et rochers. Ca se complique, les pierres sont toujours aussi instables par endroit et l’eau n’arrange rien. Cet amas de pierres est glissant. Eh là, Véro et Catherine confirmeront, heureusement qu’on n’avait pas les coques aux pieds !!!!!! On ne serait peut-être pas là pour vous raconter ça (je dramatise juste un peu ;o).

L’ascension commence, en haut : le ciel et des pierres, à gauche : le glacier et des pierres, à droite : des roches et des pierres, en bas : des trous entre la roche et le glacier, et des pierres (signe avant-coureur : les pierres sont là, elles nous guettent). Il faut faire gaffe, les pierres se décrochent facilement, elles ne doivent pas tomber sur les suivants. Cette montée est traître, à chaque fois que vous vous dites « ça y est, en v’là une stable », elle s’éclipse traîtreusement sous vos pieds et vous vous raccrochez à un truc auquel vous n’auriez pas fait confiance 1 minute avant.
Enfin, on arrive quand même au-dessus, le soleil est déjà plus haut et le glacier a accéléré sa fonte. On rigole : au loin, des pierres se décrochent, accélèrent et tombent dans le vide !!! C’est génial !!!!!! (On devrait faire des Jeux olympiques pour les pierres, 2 catérogies : la taille, la vitesse.)

Le glacier s’étale devant nous, on fixe les crampons, on s’encorde, une seule cordée de 6 suffira : Noj, Véro, Pierre-Alain, moi, Catherine, Dom. On part à un rythme très agréable de « sénateur » (dixit Dom), ça monte légèrement, beaucoup de crevasses, de plaques de neige, mais on avance bien et on se dirige vers une sorte de col-crête rocheuse devant nous. Là derrière, on accèdera au « plat du glacier » — c’est du moins ce que l’on croyait naïvement — celui sur lequel on doit marcher ces fameux quelques km avant de redescendre dans la vallée, par l’autre col.
Les premiers y arrivent. Silence. Les derniers demandent « alors ????? ». Pas de réponse. On finit par y arriver nous aussi, légèrement perplexes, et là, LA surprise ! A la place du glacier, le vide, la vallée, un trou, bref, une vue magnifique sur la vallée du Glacier blanc de la 1ère course, sur la Barre et de Dôme des Ecrins, sur la Roche Fauriot (c’était vachement haut et pointu ce truc !!! super de la voir de là !!), mais absolument pas de glacier. Où est-on ?? Petite pause dans les cailloux, Dom sort le GPS, Noj la carte, verdict : on est trop à droite. C’est pas grave, on va longer le dessus du glacier, le long de la crête rocheuse et monter plus loin. Mais bon, plus loin, ce sont deux parois de glace qui se dressent, quasi verticales pour la novice que je suis, pas très encourageant. On verra si ça passe … On se met en route, puis, assez discrètement et délicatement (parce que ça ne fait pas de bruit particulièrement effrayant en fait), un ENORME morceau de rocher se décroche de la crête au-dessus de nous ! Un franchement gros, comme un frigo, une table de bureau, un MONSTRE qui se met à dévaler la pente en roulant. Il se dirige par où ? Je vous le donne dans le mille : vers nous ! (Il y a un km de libre devant, un autre derrière, mais faut que celui-là se décroche quand on passe à sa hauteur.) On ne bouge plus, il n’y a pas grand chose d’autre à faire que de se concentrer sur sa trajectoire et d’essayer de l’éviter. Noj revient vers Véro, le bloc passera entre eux deux, à la grande surprise (glacée) de tous ! Immédiatement, Dom annonce « demi tour ». En 2 secondes, notre cordée repart dans l’autre sens, en silence. Les pierres qui tombent, ça devient déjà nettement moins rigolo. Le rythme de marche a accéléré, Dom est en tête.
C’est tout de suite moins drôle, la vue est géniale, il fait beau, le moral est toujours bon, mais même si on a échappé au bloc et à la montée sur paroi glacée, on se dirige à présent vers cette montée instable franchie quelques temps plus tôt. Ca glissait pour monter, qu’est-ce que ça va être pour descendre … ?
On est trop loin les uns des autres pour discuter, chacun réfléchit. Au-dessus de la descente, petite pause chocolat, chokotoffs. Eclat de rires (dû à la tension) quand Dom annonce « on va garder les casques », comment aurait-on pu songer ne fût-ce qu’une seconde à les enlever ? Surtout après la chute de Sandrine et le passage d’un frigo dans la cordée !!
Les instructions tombent : Dom passera en tête, Noj fermera la marche, il faudra se suivre, de très près pour éviter de faire tomber des pierres sur les autres et pour présenter une surface minimale aux pierres qui maintenant se décrochent fréquemment du glacier pour se jeter dans le vide, juste là où nous on peut descendre (le contraire m’eût étonné). Si quelqu’un veut porter un sac pour se protéger (ce n’est pas une blague), c’est maintenant qu’il faut le dire. Personne n’est vraiment à l’aise, mais bon, on n’a pas le choix. On se met en marche, désencordé, décramponné. Véro se met à chanter derrière moi et surprise, je me retourne « Tu trouves ça si facile ??? » « Non, chanter me déstresse ». Là, honnêtement, ça m’a rassurée, parce que le silence durant la cordée pousse à croire qu’on est toujours tout seul à penser ce que l’on pense.
C’est parti, devant, les pauvres petits alpinistes que nous sommes entendent et essayent de suivre Dom « Allez allez, on se dépêche, on avance ! » et derrière, Noj et ses « hop hop hop ». N’empêche, ça marche, puis de toute manière, quand le cri « pierre » retentit et qu’une pierre folle vous passe au-dessus de la tête ou à côté, vous n’avez plus du tout envie de rire et vous allez aussi vite que vous pouvez. Les roches glissent, « Allez allez, on avance ! », les cailloux glissent, « Hop ! Hop ! Hop ! », le glacier fond, les pierres folles sautent, « Allez allez, on ne reste (surtout) pas là ! », les roches glissent toujours, les cailloux fuient sous nos pieds (les lâches), les jambes tremblent, « Hop ! Hop ! Hop ! », puis soudain un « PU-TAIN!!!! » sec et furieux retentit, Véro s’est pris une pierre-folle-surprise dans le mollet et une autre dans la cuisse. Pierre-Alain derrière elle les a à peine vues. Manifestement, ça fait très mal … Le stress, sa jambe est-elle entière ? Parce que c’est le pire endroit pour s’arrêter et/ou porter quelqu’un. Heureusement, elle repart, on continue et ces débiles de pierres font un concours de saut dans le vide. « Pierre !!!!!! » « Attention Dom, Catherine !!!!!! », celle-là, elle est devant, elle était sensée passer à des mètres de nous, mais son dernier petit rebond l’a déviée, sur nous (remarquez, ce n’est même plus une surprise). Ouf, elle passe sans casse. « Hop ! Hop ! Hop ! » on est tiré d’affaires. Pause sur des pierres (encore) à l’abri de ces folles qui continuent à s’éjecter. Chocolat, chokotoffs, Sultana. On prend le temps, faut décompresser, on rigole, le stress. Catherine veut au moins un MacDo comme récompense et il faut qu’on lui fabrique une explication béton pour avoir troué le surpantalon que sa mère lui avait précieusement prêté …
En tout cas, une chose est sûre : félicitations pour le groupe !! Pas de panique, sang froid non-stop, guides impec ! Noj nous dira « Je connais beaucoup de mecs qui n’auraient pas été capables de faire ça ! ». Et ça, ça fait vraiment très plaisir après une descente pareille. Il aurait même dit « girls with balls » … (heu, désolée Pierre-Alain)

La rentrée au campement se fera plus lentement et sans aucun autre incident. Les pierres qui glissent un peu sous nos pieds, on en rit plus qu’autre chose. Faut dire, ce n’est plus rien comparé à cette descente ! Le stress s’évacue, on ne parle plus que des pierres folles, « et moi je pensais … », « oui, et tu as vu … ? », « et le gros bloc !!! ». D’ailleurs, il est fort probable qu’on ait saoulé pendant 2 jours l’autre moitié du groupe avec nos histoires :o ) !
Revenus au campement : chocolat, sieste au soleil, même si le ciel commence à se couvrir. Un vrai foutoir. Tous les sacs ouverts, contenu étalé, des matelas par-ci par-là, nous dessus. Rest time bien mérité ! Les touristes passent et repassent, sur toutes les rives, les vaches paissent, le torrent coule toujours. On est un peu comme dans ces pubs où on voit un truc immobile en-dessous d’un ciel où les nuagent défilent à vitesse accélérée. On ne verra jamais le lac, on ne passera pas par ce beau sentier de retour, mais on est monté sur le glacier, on a marché dessus, la vue était splendide, il y avait du chocolat à volonté, on est allé jusqu’au second col, on a vu le Glacier blanc et on en est revenu entier du Glacier des pierres folles !

Emilie

13 août : fin du stage et prolongation à la Bérarde

Greg, Sandrine, Juan et Augustin nous quittent, les autres foncent vers la Bérarde pour un peu d’escalade, mais surtout une soirée vraiment sympa au resto du coin.
Ecole d’escalade : Denis est vert de jalousie, Véro, Catherine et Emilie ont réussi une voie où il a dû abandonner à mi-chemin …
Nuit à la belle étoile pour Dom, Véro, Noj.
Dom : Non, je ne parlerai pas de la nuit au camping …
Emilie : Si, j’en parlerai :o ) ! Mais brièvement : un groupe de Français, du 38 (Isère), qui à notre grand malheur avait planté leurs tentes à 5 mètres des nôtres. A notre grand malheur, parce qu’ils ont bu toute la soirée et nuit, d’où dialogues idiots toute la nuite, cris, rien à battre et irrespect des « SILENCE IL Y A DES GENS QUI DORMENT » fusant des campeurs aux alentours — dont nous. Bref, des 100 % égoïstes, 100 % je-m’en-fous-des-autres, 100 % irrespectueux et irrespectables, 100 % insupportables, le genre vous arrivez pas à vous endormir tellement ils vous énervent et vous vous levez claqués (ce qui est génial quand il faut conduire une dizaine d’heures le weekend noir du 15 août — vive le café d’ailleurs :o ). Bref, Véro et moi avons décidé de leur laisser un charmant petit message manuscrit (très poli pour Véro, un peu moins pour moi je l’avoue), outre quelques détendeurisations et petits bruits intempestifs par D&E VV (sans aucun remord pour des gens pareils).

14 août : départ

Départ après que Véro et Emilie aient laissé un message doux aux voisins qui nous ont permis de passer cette superbe nuit justement …

Noj et Dom restent plus longtemps . Au départ, on voulait se faire un truc fou, mais en fait nous sommes crevés alors nous rangeons pendant trois heures le matos avant de faire une petite promenade sous le soleil jusqu’à apercevoir le col des Bans et le refuge de la Pilatte. Que de souvenirs dans cette vallée : Pierrot et mes débuts, Dimitri, Manu, Jean-Luc et Pierre, toute la bande de Bossut ensuite … C’est juré Noj, on se le fait ce couloir des Bans en hivernale. Je suis même prêt à t’initier au ski de rando … Il semble qu’il y ait des amateurs, n’est-ce pas Véro?

Mais je jure que c’est la dernière fois que je dors sur une aire d’autoroute. Ce soir-là, à peine installés, un camion frigo s’est garé à côté de nous. Il a laissé son moteur allumé toute la nuit … Je préfère encore l’orage … Tiens celui-là finalement, où est-il passé ?