6 jeunes et moins jeunes les skis au pieds, un cerf volant d’un coté du harnais, une pulka de l’autre. Une semaine en autonomie dans les plaines de Norvège…
Intro
Après plusieurs mois de préparatifs, à collecter du matos, à s’initier au maniement du kite et à rêver sur Youtube de la Norvège et de ses étendues blanches, nous nous sommes élancés à 6 pour une belle expé-rience. Traverser en (quasi) autonomie le parc norvégien de l’hardengervidda, en s’aidant de kite.
On aura sans aucun doute connu tous les ingrédients d’une belle expé : Une dose de galère, de souffrance, de frustration même, mais surtout, une belle immersion dans un environnement naturel aussi somptueux qu’hostile, des sensations de libertés inégalables, et des relations humaines qui se forgent dans l’effort! Pas de doute, on a vécu “un truc”!
Vendredi 31 mars 2017
On aura connu des journées plus efficaces au boulot… Décompte des heures, actualisation de la page web météo, étude de l’itinéraire bagnole qui nous attend… 18h fini par arriver ! Le soleil brille, les moteurs démarrent et les téléphones chauffent pour sonner le départ et rallier nos 6 mousquetaires ! Greg chope Rémy sur Liège pour filer à 80 km/h avec la remorque à travers l’allemagne. Bat passe chercher Seb à son retour du champ, puis Lau à la Maison et enfin Raph au parking du Décath. On the road, on y est !! Les voitures se retrouvent sur une aire d’autoroute allemande pour casser la croûte avant de poursuivre jusqu’au sud de Hambourg et poser les tentes dans la nuit.
Samedi 1er avril 2017
Réveil dans une belle prairie germanique. Premier pliage de notre campement nomade, on se met dans le bain tout doucement. L’arrêt aux abords d’Hambourg n’était pas un hasard, nous entrons au cœur de la ville pour une belle matinée de shopping. Chez Globetrotter Ausrüstung s’il vous plait ! On envisage l’utilité de chaque gadget rando sur les 3 étages du magasin et on repart avec notre 6ème Pulka (Rémy investi), 2 makina (Seb et Lau resp café) et 1 Nalgene (on ne le sait pas encore mais on lui doit nos couscous du séjour, elle nous permettra de faire tremper nos pois chiches dans l’eau bouillante durant la journée. En plus des 17 utilités supplémentaires* assignées à la Nalgene). * question subsidiaire : trouver ces 17 utilités et les envoyer aux auteur de ce blog
Le stop Hambourg n’aura pas été qu’un caprice de 6 consommateurs invétérés de matériel d’expé. Seb et Raph tombent sous le charme du Museum der Arbeit. Pelleteuses, grues, tête de foreuse à tunnels venues de la révolution industrielle sous nos yeux d’enfants:)
Nous quittons l’Allemagne pour traverser le Danemark. Dans la voiture de Bapt, Seb et Raph, la routine du au cruise contrôle s’installe. Nous suivons le GPS qui nous emmène dans le nord du pays prendre le ferry sans se poser de question. Cela nous fait une heure de détour, plus que le temps pour que la voiture remorque nous dépasse. Nous cassons la croûte sur un parking pour oublier… Et on se remet en route pour finalement rejoindre ce fameux double pont de 10km qui nous emmène vers la Suède, puis les portes de la Norvège sont à nous. Laulau, « l’homme brillant », propose d’aller dropper les caisses à Drammen plutôt qu’à la capitale pour éviter de se taper le métro babylonien. La ville n’est cependant pas si petite. On finit par trouver un spot sur les hauteurs pour poser les tentes à la veille du grand commencement.
Dimanche 2 avril 2017
Réveil 6h, pliage et direction la gare de Drammen. On décharge les deux voitures sur la place devant les passants matinaux incrédules. Réglage des skis et transport de tout notre barda jusqu’au quai 3. Greg et Baptiste partent à la recherche d’un parking gratuit et reviennent en stop, pris par un congolais qui n’aime pas le ski.
Tous les 6 assis dans le train en direction de Finse on marque une première victoire. Nous nous engouffrons rapidement dans de très beaux paysages. L’environnement est sauvage et accueillant par rapport à ce que l’on attendait. Forêts, collines et lacs brillent sous un petit soleil. Rémy nous fait ses premières démonstrations de tchach norvégienne : nous échangeons les contacts avec Eiric un amateur de snowkite. On pense déjà à lui envoyer notre blog rempli d’histoires au retour (flekkoy@fys.uio.no).
Et les montagnes finissent par arriver, le paysage et le ciel se couvrent de blanc, le vent se lève !
Arrivé à la gare, rebelote, nous investissons le hall de gare pour préparer nos pulkas. Là où l’on passe, on prend la place ! Rémi en profite pour récupérer les dernières cartes commandées auprès du chef de gare, qui est à la fois postier. Nous ouvrons le « brunoust » (délicieux fromage local « artisanal » qui colle aux dents et à l’estomac) et le caviar (pâte de crevette en tube légèrement salée aux saveurs de bisque subtiles) pour un petit dîner craquottes, en craquant un petit café makineta réchaud.
Le vent est de mise, il est temps d’essayer nos voiles sur le lac. L’excitation est à son apogée pour les débutants. Seb à la découverte sa grande voile (tout premier dépliage) manque de faire perdre à Greg sa patience d’instructeur. Mais il finit par s’envoler sous sa petite voile « fantomasse » avec qui il lie rapidement une relation d’amitié souvent sincère. Nous découvrons rapidement que la progression à 6 n’est pas évidente. Le vent diminue et la petite voile ne suffit déjà plus. Laurent doit se remettre dans le bain. Le harnais de Baptiste lui joue déjà des tours… Nous posons finalement nos voiles et nos tentes à 20h… à 4 km à vol d’oiseau de la gare de Finse. Le rythme de notre progression est donné.. !
Lundi 3 avril 2017
Beau soleil au réveil et petit-déjeuner très inertiel. Nous nous mettons en route vers 11h, peaux aux pieds et pulkas au cul, pas un vent.
Nous progressons le long de la trace suivant les piquets, nous rencontrons de nombreux marcheurs dont 2 Arlonais. Nous ne sommes finalement encore qu’à quelques km de la gare de Finse. Notre vitesse moyenne tourne autour de 3 km heure et on s’offre de nombreuses pauses parsemées de courses de pulkaluges. Bapt a la tech et nous pète ! Sans réelle inquiétude nous tombons sur une zone dégelée au milieu d’un lac. Chic on se remplit nos gourdes gratos avant une belle grimpette de 100 mètre de d+ sous le soleil !
La soirée camping sur un petit lac est agrémentée de 2 trous, un abreuvoir et un bain de pied norvégien !
Greg et Seb dressent la table, taillée en neige, où nous mangeons une purée, oignons lardons et au lit.
Mardi 4 avril 2017
Nous nous réveillons plein d’entrain et pour cause, le vent est au rendez-vous. Malgré notre bonne volonté, entre le pliage de la tente, le rangement des pulkas et le dépliage des voiles, la mise en route prend du temps En plus, manque de chances, une ligne du cerf-volant de Greg a décidé de lâcher. 2,3 noeuds ont permis de faire une réparation de fortune qui, on l’espère tiendra au moins jusqu’à la fin du voyage.
Entre temps, on est victime du changement rapide de la météo. En une heure de temps, la visibilité a considérablement diminué. Malgré notre grosse envie de braver les conditions climatiques, et surtout l’aversion de devoir mettre les peaux et de marcher à nouveau, nous décidons d’être prudents, de ranger les voiles et de continuer à pieds.
Une heure plus tard, la visibilité s’est améliorée tandis que le vent est resté constant. Les conditions sont donc toutes réunies et c’est avec beaucoup de hâte qu’on sort les voiles. Malgré les bonnes conditions et le plaisir qu’on prend à se faire tirer par le vent, la progression n’est pas facile car il y a toujours quelqu’un à attendre. A la fin de la journée, La montre GPS nous indique 9h30 passé sur les ski et 44 km parcourus. Peut mieux faire au niveau de la moyenne…
Mercredi 5 avril 2017
Nous avons subi notre première nuit de tempête et le vent n’a cessé de claquer sur la tente. Le matin, le réveil est difficile et le vent n’a pas faibli. Sortir les voiles n’est donc pas une option pour le moment. Nous choisissons donc de nous offrir le luxe d’une grasse matinée en espérant que le vent se calme.
Après avoir épuisé le plaisir de faire ses besoins dans la tempête et que Raph en ait eu marre de nous faire la lecture, on décide de se mettre en mouvement. Mais d’abord … le café.
Malgré que le temps se soit éclairci, le vent reste trop fort. C’est donc à pieds que nous repartons. La bonne visibilité nous permet d’apprécier cet énorme étendue, mélange de lac et de plateau sous un épais manteau de neige.
Bat semble au bout du rouleau. Malgré du tape et deux paires de chaussettes pour éviter les frictions, il subit une cloche qui ne cesse de grandir depuis la fin du premier jours. Nous décidons nous partager sa pulkas pour le soulager dans la montée.
Dans cette immensité blanche, il est parfois difficile de se repérer. C’est à ce moment que le GPS peut-être d’une grande utilité … à condition que la destination finale soit bien rentrée.
Après un petit détour donc, nous arrivons en vue du chalet où nous avons décidé de passer la nuit. Le chalet, perdu dans l’immensité blanche, nous apparaît comme une oasis promettant chaleur et repas équilibré.
Le confort du chalet permet aussi de faire le point sur l’état de Bat. Sa cloche lui fait souffrir le martyre à chaque pas et ralentit la marche du groupe. La météo pour les jours à suivre promet encore des grosses journées de marche sans possibilités de Kyte si bien que, malgré le soutien et les encouragements du groupe, la suite de l’aventure est pour lui fortement compromise.
Raph et Seb, décidé de vivre l’aventure jusqu’au bout malgré l’appel d’un lit douillet et d’une douche chaude, décident de dormir quand même sous tentes tandis les 4 autres craque pour le confort.
6 avril 2017
Après une bonne nuit pour une partie de l’équipe dans le refuge, le réveil est cosi et au chaud. Nous avons troqué nos VBL contre des chaussettes et nous entamons un petit dej dans la chambre. Nous essayons encore une dernière fois de convaincre Baptiste de continuer l’expé avec nous mais sa décision est ferme.
Raph et Seb qui avaient choisi de dormir en tente ont eu une nuit plus mouvementée avec pas mal de vent et de bruit. Quand nous allons voir ou ils en sont après notre petit dej, ils se réveillent à peine! Il font leur possible pour ranger rapidement la tente et nous rejoingnent dans le refuge pour finir les préparatifs.
La météo annonce des conditions difficiles ce matin mais nous décidons de nous mettre en chemin malgré tout. Gants, masques, vestes, nous voilà prêts pour affronter la tempête, en sortant, il fait beau, il y du vent et nous croisons un grand groupe de marcheurs arrivant déjà à leur destination. L’inertie du groupe est important et le temps que tout le monde se prépare, les conditions ont forci. Nous persistons à tenter de lancer nos petites ailes alors que le vent monter. Puis il commence à pleuvoir! En quelques instants nous sommes trempés! Le vent est si fort que nous devons nous rapprocher pour communiquer en criant. De toute évidence alors que nos doigts s’engourdissent et que nos vestes dégoulinent, il semble évident qu’il vaut mieux rentrer dans le refuge. Le temps de ranger les voiles et les pulkas et nous arrivons ruisselant dans le refuge.
Celui-ci était bondé d’occupants fraichements arrivés. Ceux-ci riaient sous cape d’avoir pu regardé notre essai infructueux. Nous retrouvons baptiste et entamons un picnic dans la salle commune en compagnie du grand groupe de jeune dont la moyenne d’âge semble se trouver en deçà des 16 ans. Les encadrants nous expliquent qu’il s’agit en fait d’un groupe scolaire ayant choisi une option “Outdoor” à l’école. Il étaient en fait en classe pour un voyage de 5 jours de ski! Plus sympathique que nos cours de mathématiques! Pour passer le temps, Rémy et Grégoire se prêtent à l’exercice de carte donné au élèves et sympathisent avec les deux maîtresses d’école.
Lorsque la tempête laisse place au soleil, l’équipe se remet en route. Deuxième adieu à Baptiste et les 5 compagnons s’engagent sur un grand plateau, impressionnant de blanc et éclairé par un grand soleil. Quelques instant plus tard, nous sentons une brise, levons nos voiles et partons sur une des plus belles sessions de kite du séjour. Nous filons portés par le vent avec cette sensation d’être tout petit dans l’immensité de ce plateau. Les collines qui nous servent de repère se découvrent petit à petit par leurs sommet et malgré notre vitesse grisante, elles semblent ne jamais s’approcher.
Ce n’est qu’en fin de journée poussé par un brouillard soudain et accompagné d’une rafale que nous posons nos voiles et sortons les tentes pour s’y réfugier et prendre un repas et un repos bien mérité.
7 avril 2017
Réveil paresseux, le vent se lève tout doucement. Déjà une partie du groupe a levé les voiles et tourne autours des retardataires lorsque tout le monde est prêt, nous progressons doucement mais le vent commence à tomber alors que nous nous trouvons dans une cuvette. Le pauvre Laurent se retrouve à quelque centaines de mètres du groupe à tenter en vain de lever sa voile. Le picnic est sorti et la dur labeur de Laurent a un goût de divertissement rieur pour les autres massés autour d’un bout de fromage et d’un Talkie-walkie pour diffuser quelques conseils et encouragement.
Un fois tout le monde repus, le vent monte, nous diminuons nos voilures et repartons à l’assaut d’une succession de vallons à crêtes rocheuses et fonds recouvert de neige fondante. La progression n’est pas simple. Laurent, moralement attaqué par l’épisode de midi montre des difficultés à garder sa 4m sous contrôle. De son côté, Grégoire prend parti de l’attente pour faire des aller-retours particulièrement rapides dans le vallons et établir le record de vitesse du séjour à 82 km/h!!
En sortant du dernier vallons Raph frise la catastrophe. Après une chute, il largue sa grande 10m2 mais sa barre reste coincée dans sa pulka qui commence à le traîner sur la neige implacablement en direction d’un groupe de rochers. Avec l’adrénaline, il parvient à dégager la barre et stopper son dérapage. Il reprend ensuite ses esprits, conscient d’avoir été en danger. Il se remet en route, en état de choc pour rejoindre le groupe qui se trouvait maintenant loin devant. C’est encore tremblant qu’il rejoint Rémy et Grégoire qui ne s’étaient pas rendu compte de la situation. Plus tard, un débriefing sur la situation mènera à une stratégie pour rester plus groupés pendant la progression afin de pouvoir palier à ce genre de frayeurs.
Ce soir là, nous montons un campement impressionnant, la neige est facile à mettre en oeuvre ce qui nous motive à faire des murs anti-vent et une table pour le repas très réussie! C’est devant un magnifique paysage de montagnes à l’horizon que nous terminons la journée.
8 avril 2017
Le vente se lève en même temps que nous et nous commençons à la voile après avoir englouti le petit déjeuner. Rapidement, le vent forcit et devient trop rafaleux, nous sommes contraints de replier nos ailes et de peauter. Cap au Sud-Ouest, vent en plein pif!
L’après-midi les conditions restent exigentes pour des débutants : remonter le vent, remonter la pente parsemées de multiples obstacles. Les paysages sont splendides, nous progressons lentement. Une fois arrivé sur un lac confortable, Raph se la joue prof particulier pour Seb qui vit une relation compliquée avec sa grande voile. Nous tirons des kilomètres de bord sur ce lac et finissons par monter le camp sur ses abords. Seb nous impressionnera par sa persévérance, en poursuivant l’entraînement jusqu’aux heures tardives et nous rejoignant pour le dessert, une fois la nuit tombée. L’histoire nous apprendra plus tard que son aile souffrait d’un mauvais réglage, qui compliquait son maniement.
9 avril 2017
Pour toutes les raisons évoquées plus tôt, la progression des derniers jours a été lente. Rien de grave, tant qu’on peut profiter des immensités de ce parc qui inonde notre champ de vision. Mais la situation se complique un peu lorsque la date de retour approche. Les alternatives ne sont pas nombreuses. Nul raccourci a espérer. La route est encore loin et le terrain est compliqué. Aujourd’hui, on doit avancer. Réveil à l’aube et rangement de camp efficace, on attaque une longue journée, principalement de marche. Quelques ailes se risquent à sortir le bout de leur nez mais doivent malheureusement rapidement déclarer forfait. L’expérience nous aura appris que quand les conditions sont compliquées, la tortue en peaux de phoques va nettement plus vite que le lièvre qui se pavoise en kite.
Le paysage se fait plus alpin, plus raide, le dénivelé se corse et nos pulkas semblent plus lourdes. La visibilité tombe. Après 30km aussi splendides que fatiguants, nous franchissons un ultime col dans des conditions dantesques pour s’échouer à Mannevatn. On est cuits. Sauf Lau et Seb, frais comme des gardons. On monte le camp solidement, prêts à affronter une nuit de tempête.
8 avril
Le vente se lève en même temps que nous et nous commençons à la voile après avoir englouti le petit déjeuner. Rapidement, le vent forcit et devient trop rafaleux, nous sommes contraints de replier nos ailes et de peauter. Cap au Sud-Ouest, vent en plein pif!
L’après-midi les conditions restent exigentes pour des débutants : remonter le vent, remonter la pente parsemées de multiples obstacles. Les paysages sont splendides, nous progressons lentement. Une fois arrivé sur un lac confortable, Raph se la joue prof particulier pour Seb qui vit une relation compliquée avec sa grande voile. Nous tirons des kilomètres de bord sur ce lac et finissons par monter le camp sur ses abords. Seb nous impressionnera par sa persévérance, en poursuivant l’entraînement jusqu’aux heures tardives et nous rejoignant pour le dessert, une fois la nuit tombée. L’histoire nous apprendra plus tard que son aile souffrait d’un mauvais réglage, qui compliquait son maniement.
9 avril
Pour toutes les raisons évoquées plus tôt, la progression des derniers jours a été lente. Rien de grave, tant qu’on peut profiter des immensités de ce parc qui inonde notre champ de vision. Mais la situation se complique un peu lorsque la date de retour approche. Les alternatives ne sont pas nombreuses. Nul raccourci a espérer. La route est encore loin et le terrain est compliqué. Aujourd’hui, on doit avancer. Réveil à l’aube et rangement de camp efficace, on attaque une longue journée, principalement de marche. Quelques ailes se risquent à sortir le bout de leur nez mais doivent malheureusement rapidement déclarer forfait. L’expérience nous aura appris que quand les conditions sont compliquées, la tortue en peaux de phoques va nettement plus vite que le lièvre qui se pavoise en kite.
Le paysage se fait plus alpin, plus raide, le dénivelé se corse et nos pulkas semblent plus lourdes. La visibilité tombe. Après 30km aussi splendides que fatiguants, nous franchissons un ultime col dans des conditions dantesques pour s’échouer à Mannevatn. On est cuits. Sauf Lau et Seb, frais comme des gardons. On monte le camp solidement, prêts à affronter une nuit de tempête.
10 avril 2017
Au réveil nous avons le sentiment d’avoir dormi dans une machine à laver. Pour les marins d’entre vous, cela ressemble à une nuit en mer par tempête à l’exception du sol de la tente qui reste stable. En sursaut se retrouver à toucher le sol pour vérifier que la tente est toujours ancrée dans la neige, puis se rendormir en espérant ne pas devoir replier la tente par 50 noeuds au réveil! Le vent aura même réussi à briser une sangle de la pulka de Greg, qui heureusement aura été s’échouer au milieu de nos skis qui nous servent de sardines de tente.
Le groupe se réveil donc avec les membres engourdi et la tête pas vraiment reposée. Cependant les sourires sont grands sous nos masques au départ vers notre deuxième cabane où nous déposerons Laurent qui prendra le bus pour Oslo! L’itinéraire de la matinée est assez éreintant puisque la cabane se trouve 300 m plus bas à 10 km de nous. Nous marcherons tout le chemin en suivant le chemin balisé pour être certain d’arriver à temps pour le bus. En route, 2 moniteurs de skikite nous dépassent qui ont également fait la traversée du Massif en seulement 2 jours (ce fait 7 de moins que nous:). Nous nous réconfortons en nous disant qu’ils connaissent le massif où ils ont grandi. Encore qlq km de descente raide baladé par la pulka comme un chien puissant peut promener son maître.
Une fois Laurent sur la route d’Oslo dans la voiture de la monitrice de skikite, la chaleur de la cabane nous engourdit, le design norvégien nous éblouit, la vue sur le lac de Haukeli et les montagnes environnantes nous promettent une nuit bien réparatrice dans des couvertures norvégienne.
11 avril 2017
Il aura suffit d’une nuit au chaud bercer par un ballet de ronflements, d’un souper à l’auberge et d’une douche de 120 secondes pour soigner le genoux de Rémy, sécher les pieds de Raph et rebooster à bloc Greg et seb. Une fois la météo prise à la réception de la cabane, nous étalons les cartes et repérons Hovden, une station de ski alpin culminant à 1240 mètres. Le vend d’Ouest devrait nous permettre de couvrir les 50 km qui nous séparent d’Hovden en 4 jours.
La première journée à 4 est magnifique, nous partons sous le soleil en direction du sud en laissant derrière nous les prémices de civilisation fraîchement retrouvés: route, chaleur, wifi, etc. Programme de la journée, remonter sur le plateau à 350 mètres au-dessus de nos tête. Le chemin ne permettant pas de faire du kite, chacun de nous entre doucement dans la transe qui mène tout homme durant un effort physique intense de plusieurs heures. Finalement le dernier col en vue, un peu d’air nous parvient dans le dos, un regards entre raph et greg et leurs pulka s’envolent jusqu’au point le plus haut de la journée. Rémy et Seb derrière “tirent sur leurs avants” sans succès tout en se faisant dépasser par un groupe d’étudiantes norvégienne. Une fois tout le monde en haut, les voiles sont rangées, les ski sont dépeautés, pour descendre sur un lac y monter le campement non loin d’une cascade d’eau vive. Scène magnifique. La nuit s’annonce calme, raph et seb s’émerveillent de la verticalité de la trajectoire des flocons qui commencent à tomber.
12 avril 2017
La soirée était neigeuse et sans vent, laissant présager une nuit très calme, mais que neni, elle fut fort venteuse avec 30 cm de poudreuse au matin et les pulkas ensevelies sous la neige. Par chance le soleil est au rendez-vous le matin et le vent n’est pas tombé, la journée s’annonce fantastique! Après un retour à la cascade pour se recharger en eau, une petit déjeuner où nous finissons les pois cassés nous nous mettons en route vers le Holmavatnet. Une fois sur le lac nous sortons les voiles. Nous kittons enfin à 4 plus de 10 minutes d’affilée sans interruption! Nous descendons tranquillement en vent arrière environ 6 km de lac, en profitant même pour tirer quelques bords. Vers la fin du lac, une ligne électrique sous laquelle nous devons passer nous oblige à replier les voiles. Nous en profitons donc pour faire un petit pique-nique pendant lequel les 6 norvégiennes de Raph de la veille (celles à qui il avait fait le coup de la moufle) passent devant nous et en profitent pour socialiser. Selfies, photos, échange de chocolat (Côte d’Or double praliné contre Freia kvikklunsj). Nous passons un petit col et nous faisons une nouvelle session de kite dans un vallon très bien exposé. Grégoire en profite même pour régler la voile de Sébastien pour qu’il profite un peu mieux des deux derniers jours! Raph, avec son âme de moniteur de base nautique nous organise une petite régate avec des pulkas en guise de bouées. Il essaye d’expliquer à Rémy les règles de priorité du babord amure qui écoute poliment sans rien retenir mais qui comprend qu’en fait pour gagner il faut faire des coups de putes à ses camarades, mais pas n’importe lesquels… A l’origine la voiles est tout de même un sport de gentlemen, même si maintenant il est pratiqué par des jeunes bronzés et torses-nus qui ne pensent qu’à draguer les mamans qui amènent leurs enfant en stage ADEPS sur le lac de Genval. Nous reprenons la progression en direction de la hutte de Sloaros, dans un vent faiblissant. Nous retrouvons les 6 norvégienne et décidons de passer la soirée et la nuit sur place. Rémy, Sébastien et Grégoire s’offrent le luxe de la troisième douche du séjour dans la rivière! C’est très vivifiant et génère des velléités de propreté au sein d’un autre groupe de norvégiens. La soirée dans la cabane est très sympathique. Nous socialisons avec les différents groupes présents sur place. Grégoire se trouve même un mentor qui a traversé le Hardangervidda en un jour (115 km en ski nordique!). Nous finissons la soirée en jouant à Chapi-Chapeau. Elles ont 22 ans, sont membres de la même chorale, se soucient du sort d’une de leur copine qui va se marier cet été! Raphaël et Sébastien déconnent sur qui a le plus de sex-appeal auprès des jeunettes. L’un pensant que les veines hypertrophiées de ses avant bras sont un atout irrésistible faisant tomber les jeunes infirmières, l’autre se reposant sur ses lauriers de moniteur de base nautique du lac de Genval. Il a juste oublié que là ça fait une semaine qu’il ne s’est pas lavé et qu’il ne peut pas aller sauver les petites norvégiennes avec son bateau moteur… Même en rêve!
Petite nuit à 4 dans la tente par – 11 degrés!
13 avril 2017
Petit déjeuner s’étirant jusqu’à 11h dans la cabane où nous séchons toutes nos affaires, dont les chaussures de Greg qui était tombé dans un trou d’eau la veille. Une fois le ménage fait dans la cabane nous partons. Petite brise qui nous permet de monter les voiles après le passage de d’un petit col à 500 m de la cabane. Le vent est léger mais permet de kiter avec les grandes voiles. Nous tirons des bords sur un petit lac. Rémy remonte au vent le Langvatn sur 2 km puis nous remontons un canyon en vent arrière progressant tous les quatre à la même vitesse. Grande satisfaction pour tous !
Descente du col sans les voiles et rencontre d’un jeune couple avec leur deux bébés dans des pulkas. C’est quand même une autre culture que chez nous… On verrait mal des jeunes parents partir avec deux enfants de 2-3 ans pour une rando de 15 km dans la neige avec nuit en refuge… Nouvelle session de kite pour Grégoire, Rémy et Sébastien. Pente assez douce en vent arrière, ce qui est assez technique car on est préoccupé par la trajectoire, mais surtout par maintenir la voile en l’air! Nous arrivons ensuite sur un col, que nous remontons partiellement en kitant, mais en déviant du passage au relief le plus doux… Nous nous retrouvons dans une pente assez raide, écartelé entre une pulka se retournant et une voile tirant de plus en plus fort! Petit largage et repliage des voiles dans le vent. Nous essayons descendre de l’autre côté du versant mais nous sommes obligés de rebrousser chemin pour cause de falaise. Au final Raphaël qui n’avait pas mis les voiles nous a attendu une bonne demi-heure de l’autre côté du versant! Nous terminons la journée par une belle descente de 400 mètres sur Hovden, station de ski où tout Kristiansand se retrouve pour Pâques. Nous tombons sur deux connaissances, une des filles de la veille qui était allée se baigner dans la rivière après nous, et le copain de Grégoire qui a traversé Hardangervidda en un jour. L’ambiance change, notre copine de la veille est maquillée, déjà légèrement alcoolisée et en ambiance “après-ski”. Nous portons les pulkas pour traverser les nombreuses routes afin de rejoindre le “centre”… Tentative de se poser dans un bar mais l’ambiance télé diffusant Manchester United – Anderlecht ne nous enchante pas!. On se rabat sur un petit chocolat chaud dans un restaurant puis camping sur le terrain de foot.
14 avril 2017
Petit déjeuner sur notre terrain de foot, où un vieux qui nous a vu de sa fenêtre vient nous apporter le café et des bières. Il avait aussi fait la traversée Haukeliseter – Hovden avec sa petite fille de 8 ans… Nous prenons le bus jusqu’à Haukeli avec un chauffeur un peu stressée car nous n’avons pas réservé en ligne pour les pulkas. Dans le bus pour Oslo il y a suffisamment de place, et nous pouvons embarquer dans 5 pulkas sans problèmes avec un supplément d’environ 20 € par pulka. La route est très belle, la neige s’estompe très vite et laisse la place à des grands lacs et fjords fantastiques. nous arrivons à Drammen à 17h30. Grégoire prendre le bus pour aller chercher sa voiture, nous chargeons tout sur le parking et sommes partis pour 26 heures de trajet jusqu’à Bruxelles. Nous faisons une étape camping au Danemark, entre un tractopelle et un container, à l’entrée d’une carrière.
Nous décidons de passer par la Hollande, car avec une remorque la vitesse est limitée à 80 km heure en Allemagne. Une fois Hollande, un motard nous fait signe de ralentir alors que nous roulons à 130. nous regardons sur internet et nous apercevons qu’en Hollande aussi, la vitesse est limitée pour les véhicules avec une remorque à 90 k/h.. Belle frustration qui rajoute encore 2h au trajet. Nous arrivons finalement vers 22h à Bruxelles.