Découverte du Big Wall dans le Yosémite
Si on devait désigner une mecque de l’escalade, ce serait sans nul doute le parc national du Yosémite. Ce parc national, situé en Californie est le plus visité des USA accueillant près de 4 millions de visiteurs par an.
Je fais partie des gens qui croient que la vie nous conduit parfois vers notre destin. En ce qui nous concerne, la vie et plus particulièrement nos parcours professionnels respectifs nous ont emmenés vers la Californie à quelques heures de voiture de ce lieu culte de l’escalade… En bons grimpeurs passionnés que nous sommes, nous connaissons le Yosémite de réputation, de photos, de films, nous avons été attiré par ce lieu mythique en espérant pouvoir un jour y mettre les pieds tout en se disant que c’est probablement trop loin, trop dur voire même trop dangereux pour nous. Et pourtant, petit à petit le rêve s’est rapproché… un déménagement vers la côte Ouest des USA pour commencer, quelques mails échangés entre nous évoquant des possibilités de grimpe pas loin ensuite. Puis un beau jour le nom est laché: le Yosémite, faudrait qu’on y aille! Personnellement, le nom m’attirait autant qu’il me faisait peur. Ce nom évoquant pour moi les immenses Big Wall gravis dans des temps records ou enchainés les uns à la suite des autres par une poignée de “grands” noms de la grimpe moderne. Ces images me laissant l’impression que le Yosémite est réservé à une élite tout à fait hors norme prenant des risques démesurés.
Une fois le nom lâché, je savais que je n’y couperais plus… il fallait que j’y grimpe… peu importe quoi, il fallait que je passe par ce lieu mythique, ne fut-ce que pour pouvoir l’admirer de par mes propres yeux. A partir de ce moment-là, la machine était lancée… de plus en plus régulièrement, je me suis surpris à trainer sur des sites de topo on-line, à lire des récits de gens ayant été dans le Yosémite. Premier soulagement: il y a de tout dans le Yosémite, du facile comme du dur… du court comme du long! Pour tous les gouts! Il était donc tout à fait envisageable d’y passer un WE ou l’autre à y grimper tranquillement. Cela aurait pu s’arrêter là… mais je l’ai su directement, cela ne me suffirait pas! Maintenant que mes recherches étaient lancées, maintenant que je me sentais si proche de ce lieu mythique, je sentais monter en moi l’envie de Big Wall… de ces voies tellement longues qu’il est nécessaire de dormir à même la paroi pour pouvoir les gravir.
J’ai eu la chance d’avoir un partenaire qui a répondu à ma motivation, y ajoutant la sienne. Les mails ont commencé à s’échanger, les noms de voies potentielles ont commencé à sortir… ce serait bien si on faisait ceci ou cela. Notre rêve commençait à prendre forme. Puis un beau WE, nous nous y sommes retrouvés. Certes que pour 2 jours avec pour seul but de faire une ou 2 voies assez faciles. Il faut dire que le style de grimpe du Yosémite est très typique: de la fissure! Cette fissure dans laquelle il faut tenter de coincer une main, quelques doigts, un coude, un pied, une jambe… cette fissure qui fait parfois tellement mal! Ce type de grimpe que nous pauvres grimpeurs de face n’avons absolument pas l’habitude de dompter! L’humilité est donc de mise dans pareilles circonstances… le nombre de grimpeurs “forts” qui se sont pris des claques en arrivant dans la vallée nous démontrant si besoin en est la difficulté d’attaquer ce style de grimpe. Nous n’avons pas dérogé à la règle en étant tétanisé dans des voies largement sous nos niveaux européens respectifs, le placement des coinceurs posant parfois encore quelques soucis, le mental ne suivant pas toujours… Mais au final, le WE fut une réussite! Le parc offre tout d’abord des paysages tout à fait splendides, somptueux, majestueux, qui ne peuvent laisser personne indifférent! Les falaises sont immenses, grandioses, irrésistibles! Les deux symboles de la vallée (El Capitan et le Half Dome) se dressant majestueusement avec un air de défi!
Ce WE n’a fait qu’attiser notre attrait pour les grandes faces… maintenant que nous les avions vues, il ne nous semblait plus possible de ne pas y revenir pour s’y frotter! Mais avant cela il a fallu se renseigner, lire, fouiner… comment fait-on pour attaquer un big wall ? comment fait-on pour grimper en artif ? comment fait-on pour hauler son sac ? Quelle quantité de matériel avons-nous besoin ? Autant de questions qui ont occupé nos soirées (voire quelques unes de nos journées de boulot). Puis les objectifs se sont précisés… deux “petits” big walls ont été sélectionnés dans la panoplie de voies possibles: la face sud du Washington Column et la face Ouest du Leaning Tower. Deux petits big wall, de 11 longueurs chacun, d’un niveau en libre et en artif raisonnable. Des grands classiques de la vallée! Puis il a fallu booker une semaine de vacances… et puis ce fut le jour J! Un beau vendredi soir, nous nous sommes donnés rendez-vous dans la vallée, le coffre rempli de matériel et de nourriture et nos têtes remplies de désirs de big wall!