Expé Aconcagua Chili-Argentine (Janvier 2003)
Jour 1-2-3 : 27 – 29 décembre 2002
Après les 18 heures de vol (nous avons pris 3 avions différents ) dont une bonne partie de nuit, Stéphane, Marie, Catherine et Miguel se retrouvent à Santiago du Chili. L’avion de la Lufthansa faisant escale à Frankfort, Hugues et Yolaine nous ont finalement rejoint juste à temps pour l’embarquement de la correspondance pour Mendoza (Argentine). Nous voici finalement à Mendoza dans le plus luxueux hôtel de la ville que Stéphane nous a merveilleusement négocié dans un forfait pour l’ascension avec l’agence ” Aconcagua express ” Quel bonheur de faire quelques brasses au soleil pour dérouiller les membres trop engourdis après plus d’une vingtaine d’heures de vol. Nous allons dîner en ville et en profitons pour nous imprégner du rythme de la vie sud-Américaine dans un restaurant. Au menus, tapas et méga entrecôte argentine, bien sûr ! C’est tout ce qu’il nous faut reprendre des forces et surtout varier des ” plats – dînettes ” de l’avion. Généreuse nuit, oh quel bonheur dans un vrai lit ! Nous prenons le petit déjeuner-buffet à l’hôtel puis allons acheter les permis d’ascension de l’autre coté de la ville. Un dernier ravitaillement de produits ” frais ” et nous embarquons vers midi dans la fourgonnette en direction de Penitente, petit village sur la route qui relie Mendoza à Santiago. Nous faisons aussi le plein de carburant pour les réchauds à essence. Pas de night shop là-haut… Nous sommes agréablement reçus à l’hôtel Ayelen puis faisons une ballade en reconnaissance des lieux. Le copieux repas à l’hôtel nous est servi, entouré d’autres montagnards dont certains de retour, la mine burinée par le soleil et le vent. Nous trions ensuite notre matériel pour confier une partie aux mules qui monteront le lendemain matin, une seconde que nous emporterons sur le dos jusqu’au deuxième camp de base et une troisième que nous retrouverons au retour.
Jour 4 : 30 décembre 2002 – Montée à Confluencia CAMP I
Au petit matin, petit déjeuner copieux avec omelette, lard grillé et fromage puis nous déposons les bagages pour les mules et le petit bus nous emmène à l’entrée du parc national. Munis de nos permis, nous recevons un sac poubelle qu’il nous faudra rendre, rempli de nos déchet, sous peine de se voir taxé de d’une amende de 100 dollars ! Nous partons donc de l’entrée du parc vers 2700 mètres par un agréable et large sentier qui nous mène droit vers le sommet des Andes : l’Aconcagua. Nous découvrons rapidement l’imposant massif culminant à près de 7000 mètres d’altitude. Pourtant partis à plus de 2700 mètres… Les premières heures de marche nous fixeront rapidement sur les proportions démesurées de ces vallées gigantesques entourées de massifs de plus de 6000 mètres et qu’il nous faudra plus de 2 jours pour traverser. C’est à peu près six heures de marche soutenue qui nous mènera finalement au premier camp de base nommé Confluencia car il se trouve au confluent de deux vallée. Encaissé et bordé du torrent provenant de la fonte du glacier Horcones supérieur, il est déjà à 3300 mètres et l’effet de l’altitude commence d’opérer son travail d’épuisement. Il nous faut combattre la dés-hydratation en buvant beaucoup d’eau. Le soleil est presque vertical à cette latitude et brûle la peau autant qu’il chauffe. Le vent, augmentant encore le travail du soleil nous contraint à boire jusqu’à 5 litres d’eau par jour. Nous profitons d’un petit torrent pour nous approvisionner en eau (potable ? Merci micropur ) et des toilettes sont réparties dans le camp, nous donnant un ” minimum ” de confort. Le vent lève de temps en temps des nuages de poussière et joue avec les tentes. La vie ici est douce encore, l’été, et l’herbe quoique devenue très rare pousse en touffes éparses. Quelques oiseaux au ventre jaune se régalent de nos miettes. Nous installons le réchaud à essence et entamons le repas fait de potage et de plats préparés en sachets à cuire dans l’eau bouillante. Le soleil et déjà couché lorsque nous gagnons nos tentes et les duvets bien trop chauds… Pour cette altitude.
Jour 5: 31 décembre 2002 – Acclimatation : FACE SUD
Nous consacrons cette journée à l’acclimatation, c’est à dire que nous faisons une montée en altitude puis nous redescendons au premier camp de base pour passer la nuit. Nous partons donc dans la vallée du Horcones inférieur qui mène au pied de la face sud de l’Aconcagua. Chacun à son rythme, peu près 4 heures coupée par une pause pique-nique nous seront nécessaires pour gravir ces quelques 700 mètres de dénivelé et 3 heures pour les redescendre, soit une bonne journée de marche ! Au bout de cette longue montée le long de la rive gauche du gigantesque glacier nous atteignons le pied de la face sud. Nous sommes quasi à 4000 mètre d’altitude, le souffle se fait court et la marche lente et éprouvante. Devant nous, plus de 3000 mètres de paroi verticale et imposante. Tout est énorme, disproportionné et semble inaccessible Nous retournons ensuite à Confluencia pour y fêter le réveillon. Comme le lendemain sera une grosse journée, nous décidons de passer à la nouvelle année à l’heure belge c’est à dire 4 heures plus tôt. Apparemment les autres expéditions ont décidé la même chose puisque toutes les heures, c’est une autre tente qui fait sauter le champagne et le feu d’artifice. C’est qu’il n’a pas de problèmes pour mousser à cette altitude ! Nous trinquons avec les Français de la tente voisine et dégustons avec beaucoup de joie les zakouski minutieusement emportés et préparés à cette occasion. Notre nuit sous les étoiles sera courte car quelques Argentins qui sont montés à Confluencia pour y passer le réveillon on bien décidé de fête le passage en musique et en chansons. Tout s’est heureusement finalement calmé à une heure très raisonnable !
Jour 6 : 1 Janvier 2003 Montée à Plaza de Mulas : CAMP II
Aujourd’hui, fini de rire ! La journée comptera environ 11 heures de marches et nous devons atteindre, sans escales possible car il n’y a pas de points de ravitaillement d’eau, le deuxième camp de base nommé Plaza de Mulas à 4400 mètres ! Yolaine, prend de l’avance tandis que nous remballons tout le matériel dans les sacs. Bien chargés, nous Ptorrent sur un pont métallique et une première montée raide mais assez courte jusqu’à 3800 mètres environ, nous atteignons un immense plateau au fond de la vallée qui s’ouvre devant nous. Les sacs nous pèsent déjà et le souffle, court, s’approfondit encore à cause du vent continu qui nous empêche d’avancer à notre propre rythme. Une dizaine de kilomètres à marcher courbé contre le vent et les épaules écrasées par l’énorme sac à dos. Le soleil, toujours généreux entame bien nos réserves de crème protectrice et s’ajoute encore à l’aridité des lieux. L’environnement devient petit à petit uniquement minéral. Ici, même s’il pleut encore l’altitude ne permet déjà plus le développement de la flore. Notre montée continue lentement et traverse plusieurs fois le torrent glacé nous obligeant à des manœuvres délicates, pieds nus sur les cailloux. C’est à la fin de ce plateau que nous faisons une grosse pause derrière une mégalithe pour nous abriter du vent infatigable. Prise de repos et de forces pour attaquer, depuis les 4000 mètres où nous venons d’arriver, la dernière montée pour le camp de base Plaza de Mulas. Le sentier se dessine sinueux devant nous et le plateau du camp de base se laisse deviner sur le dessus de la colline. Quelques centaines de mètres de dénivelé nous séparent encore du but mais passée notre limite d’acclimatation de la veille, c’est en de nombreuses heures de montée éprouvante qu’il faudra compter pour y arriver. Nous avons beau respirer, respirer encore, l’air ne semble pas vouloir remplir nos poumons et le cœur ne cesse de battre dans notre cage thoracique bien trop étroite. Les pas se raccourcissent obligeant de temps en temps à la halte pour reprendre un peu de souffle. 7 heures nous auront étés nécessaires pour parcourir ces 15 kms et 1100 mètres de dénivelé. Catherine et Miguel en premier montent déjà la tente puis Marie et Stéphane et seulement, 4 heures plus tard, Yolaine et Hugues qui ont bien failli devoir bivouaquer en route. Yolaine supporte mal l’accumulation de l’effort et du manque d’oxygène et ce sont les médecins très dévoués du camp de base qui se succèdent pour examiner les symptômes. Le taux de saturation de son sang est un peu trop bas et les vomissements font penser à un début d’œdème. Le check est minutieusement et régulièrement fait par notre équipe médicale des ” Guardaparque “. Cela semble aller et nous passons tous au test de rythme cardiaque et de saturation. Très variable de l’un à l’autre nous sommes tous en dessous de 80% et le cœur bat rapidement même au repos et le mal de tête est plus ou moins présent chez tout le monde. Nous avons bien mérité un potage et un repas ” Royco ” et heureusement, l’eau est ici puisée directement de la fonte des névés, pas besoin de faire fondre la glace ! Puis une bonne nuit confortable grâce au reste du matériel emporté 3 jours plus tôt par les mules. La température est, ici, nettement plus basse et ne dépasse plus les 20°C au soleil et à l’abri du vent. Dès que le soleil passe derrière les crêtes c’est le royaume de la nuit qui reprend ses droits. Les étoiles dilatées par l’altitude de plus de 4400 mètres, vibrent dans un ciel d’encre qui absorbe toute l’énergie solaire accumulée la journée. Comme nous sommes dans l’hémisphère sud, nous découvrons la constellation de la Croix du Sud et la grande Ourse à l’envers ! Ce sont les vestes polaires, pantalons chauds et bonnets que nous devons enfiler ne fût-ce que pour un petit détour de quelques minutes aux toilettes tant le froid est vif.
Jour 7 : 2 Janvier 2003 – Acclimatation
Après une très courte nuit dû aux mal de tête, pauses pipis répétées, sommeil léger du au manque d’oxygène,… Bref aux doux symptômes de l’altitude, et la grasse matinée nous consacrons cette journée à l’acclimatation. En fait il s’agit de ne rien faire ou le moins possible pour laisser le temps au corps de reprendre un peu de répit et un maximum de forces. Le petit déjeuner au ” Crunchy ” habituel est suivi d’une promenade relax jusqu’au refuge situé à l’opposé de la vallée. C’est ainsi que nous découvrons les fameux Penitentes faisant parfois plus de 2 mètres de hauteur. Ils seraient formés par la fonte des névés sous un rayonnement solaire important avec une température ambiante suffisamment basse pour qu’ils ne fondent que par le rayonnement. Nous les traverserons plusieurs fois pour aller nous reposer au calme dans le refuge. Cartes postales, téléphone par satellite ruineux mais génial pour rassurer les parents et amis. Toute l’après-midi sera consacrée à la sieste, la prise d’un copieux bol de lentilles (guindaille de protéines!) préparée à la façon montagnarde et de beaucoup de boissons, encore et encore de l’eau qu’il faut avaler par litres entiers si nous voulons nous acclimater et éviter les maux de têtes. Nous regagnons, lentement car chaque pas un peu précipité nous essouffle directement, nos tentes avant le coucher du soleil afin de préparer un repas chaud. Avalé rapidement et sans trop d’appétit nous faisons un dernier check-up médical. Le pronostic est pas brillant ! Seule une partie a passé les fatidiques 80% de saturation en oxygène dans le sang pour pouvoir continuer notre ascension. Les filles s’adaptent plus vite, du à leurs constitution paraît t’il et Catherine détient le record! Yolaine, déjà malade à l’arrivée, s’acclimate malgré tout difficilement et envisage de redescendre le lendemain si cela ne s’améliore pas. Tout le monde finit par se coucher sans faire trop de pronostic sur la suite de l’ascension. Malgré tout, le matériel nécessaire pour le camp III est prêt à être porté le lendemain. Une aspirine pour dormir et le baromètre est toujours anticyclonique malgré quelques nuages en fin de journée…
Jour 8 : 3 Janvier 2003 – Portage à Nido de Condores : CAMP III
La nuit fut tellement bonne que je ne fais même pas de test médical ! Marie, Stéphane, Catherine et Hugues se sentent d’attaque pour le fameux portage. La météo est toujours parfaite et ayant tous à peu près bien récupéré et pleins de nouvelles forces, nous décidons de partir comme prévu. Chargés avec une partie des tentes, réchauds , carburant, nourriture,… Nous commençons de poursuivre l’ascension vers le camp de base III Nido de Condores à 5400 mètres d’altitude. La montée est rude, non seulement à cause du sentier en lacets dans une gigantesque pente d’éboulis qui roulent sous nos pieds mais en plus, à chaque mètre que nous gagnons c’est un peu d’oxygène que nous perdons ! C’est à peu près 8H30 d’effort continu qu’il nous faudra fournir pour emmener nos sacs pesant entre 10 et 15kgs sur une dénivelé d’à peu près 1100mètres. Les derniers sont faits au rythme incroyable d’un pas alterné de 3 respirations tellement l’altitude nous mets à bout de souffle au moindre effort. Tandis que les premiers choisissent un emplacement pour entreposer le matériel, Marie et Catherine arrivent tellement épuisés et en manque d’oxygène qu’ils décident de redescendre, accompagnés de Stéphane, immédiatement sans même prendre le temps d’une pause. Hugues et moi-même explorons un peu les environs et tentons de repérer la suite de la voie. Il ne reste ici, plus que la brûlure du soleil car le rayonnement plus intense encore dû à l’altitude et la faible pression atmosphérique brûle avant même de réchauffer, ce qu’il ne fait plus ! La relative chaleur du camp de base II a laissé la place à un vent glacé sur ce col fort exposé, rendant le froid plus vif encore. Nous ne devons pas nous éterniser aujourd’hui, notre acclimatation étant encore insuffisante, le moindre mouvement nous essouffle et nous décidons de redescendre. Seulement 2 heures de descente dans cette immense pente d’éboulis avec une technique qui s’approche plus du ski en chaussures (le “NI” pour les adeptes) que de la marche. Un repas de riz (pour varier de temps en temps) dans les tentes car le soleil est déjà derrière les crêtes puis c’est le repos bien mérité.
Jour 9 : 4 Janvier 2003 – Acclimatation
Cette journée est à nouveau consacrée à l’acclimatation et au repos après la longue et éprouvante journée de portage de la veille. Nous restons donc à Plaza de Mulas toute la journée. Un nouveau check médical plein de bonnes nouvelles nous donne un excellent pronostic pour le sommet. Malgré tout, Yolaine ne se sent pas d’attaque pour monter encore, ayant eu assez de mal à monter jusqu’ici. Comme nous décidons de monter demain matin pour le camp de base III pour y passer la nuit et tenter le sommet le lendemain, elle décide de redescendre et de faire un peu de tourisme au Chili en nous attendant. Ce sont donc les préparatifs pour le sommet qui nous occuperont une bonne partie de la journée. Nourriture, habits chauds, matériel technique, en cas, … Remplissent petit à petit nos sacs. Une fois terminé nous nous rendons au refuge pour nous y reposer et engloutir les pizzas du chef avec de copieux bols de potage. Boire, encore boire. Non seulement il faut s’acclimater le plus possible mais en plus l’air est tellement sec que la déshydratation menace tellement qu’il faut boire tout le temps, soif ou pas ! Nous profitons de ce refuge pour s’improviser un brin de toilette. L’itinéraire et l’ascension des prochains jours sont minutieusement préparés puis nous prenons un spaghetti Carbonara et allons dormir tôt en préparation du lendemain.
Jour 10 : 5 Janvier 2003 – Ascension à Nido de Condores – CAMP III
Yolaine nous quitte donc de bonne heure et descend avec un convoi de mules et d’autres montagnards pour ne pas faire la route seule. Nous attaquons également la montée vers le camp III à 5400 mètres de bon matin, là ou nous avons déposé une partie du matériel 2 jours plus tôt. Quoique nous l’ayons déjà parcourue et que nous soyons en principe mieux acclimatés, cette raide montée continue sur un sentier d’éboulis reste, avec des sacs bien remplis, une épreuve de force et d’endurance qui nous prendra à peu près 8 heures de notre journée. C’est à dire que le soleil est bien bas quand le ” nid des condors ” apparaît. La première tente est presque montée en au moins 45 minutes (pour une VE 25, c’est sûrement un record) parce que rien que bouger un gros caillou de moins de 5 kilos nécessite de s’asseoir quelques minutes pour reprendre son souffle ! Une tente est presque montée quand Catherine et Marie nous rejoignent, tellement épuisées qu ‘elles se réfugient directement à l’abri et dans les duvets. Il y a cependant urgence de préparer le repas et de reconstituer nos réserves d’eau épuisées par la montée. Commence alors le lent et patient travail de récolter la neige et de la laisser fondre par petites quantités dans les casseroles. Même le réchaud MSR perd de son rendement et doit être remis sous pression régulièrement pour garder une efficacité suffisante, ne parlons même pas du briquet tempête qu n’a jamais voulu s’allumer, pas assez d’oxygène ! Le soleil se couche rapidement et nous offre le plus magnifique des paysages à cette altitude où seul le sommet du massif de l’Aconcagua se dresse encore au dessus de nous. L’horizon et le ciel s’embrasent puis s’évanouit pour laisser la place à la nuit glaciale qui se prépare lentement. Le froid déjà nous gagne dès que le rayonnement solaire nous quitte et les étoiles brillent, vibrant de leur éclat métallique et cristallin sur la toile céleste partagée avec la lune d’une clarté étonnante. La nuit sera froide et l’air, déjà vidé de son oxygène ne contient plus que des traces infimes d’humidité nous obligeant constamment à nous hydrater. Chaque mouvement est un effort qui nous essouffle profondément. Des mouvements simples et banals comme se mettre dans son sac de couchage demande une grande concentration pour ne pas s’essouffler de trop et quand bien même il faut bien quelques minutes, une fois l’opération réussie pour récupérer une respiration à peu près normale. En s’assoupissant, bien emballé dans nos duvets, la respiration déjà trop peu profonde se ralentit encore. C’est alors le réveil en sursaut au bord de l’étouffement et du mal de tête qui nous fait reprendre la respiration… La nuit sera courte, froide et peu profonde pour tout le monde.
Jour 11 : 6 Janvier 2003 – Sommet de l’Aconcagua ?
Réveil fixé à 6h00 et check up de chacun pour évaluer la nuit passée et la forme ce matin. Il a fait très froid et la tente est complètement givrée à l’intérieur. En plus de l’altitude, le froid a allégé notre sommeil devenant plus du repos qu’une vraie nuit réparatrice. Nous sommes, à 5400 mètre déjà à la limite d’acclimatation alors qu’elle est de 7800 mètres en Himalaya. C’est pourquoi nous décidons de tenter le sommet d’une traite plutôt que de monter au camp de base suivant et d’y passer une nuit encore plus difficile. Nous faisons fondre un peu de neige et préparons un thé copieux pour s’hydrater un maximum avant de partir. Hugues et Marie ne se sentent pas d’attaque et préfèrent nous attendre au camp. Stéphane, Catherine et moi partons donc tous les trois, sacs légers sur le dos et sur nous toutes les couches disponibles pour se protéger du froid intense et du vent qui souffle maintenant très fort au lever du soleil. La vue qui se découvre autour de nous est plus majestueuse à chaque mètre gravi et à cette altitude, il devient perceptible que la terre est ronde. Notre progression entre ciel et terre se fait de plus en plus lente et éprouvante. Le massif de l’Aconcagua n’est pas d’origine volcanique comme d’autres en Amérique du Sud mais nous traversons des agglomérats sulfureux trahis par leurs couleur jaunâtre et qui dégagent de fortes odeurs de souffre difficile à respirer. C’est de là que proviendrait la différence d’oxygène en comparaison à d’autres chaînes de montagnes. Après seulement 2h30 de montée pour atteindre la respectable altitude de 5900 mètres, soit une dénivelée de 500 mètres environ il faut se rendre à l’évidence que notre acclimatation est insuffisante pour continuer. Tous les symptômes réapparaissent immédiatement et notre progression est beaucoup trop lente pour espérer atteindre le sommet. Nous continuons quelque peu jusqu’au ” Berlin Camp ” à 6000 mètres. Devant nous, presque à portée de main, la suite de la voie normale et le sommet qui semble si proche. Mais gravir un mètre à cette altitude exige des dizaine de fois plus d’énergie qu’au niveau de la mer et il faut bien se résoudre à redescendre car nous n’avons rien pour passer la nuit ici et c’est risquer l’œdème par manque d’acclimatation. Tous les guides nous conseillaient de ne pas tenter le sommet avant 10 jours d’acclimatation et nous sommes seulement à notre 7ième jour sur le massif. Nous profitons de l’endroit pour s’imprégner de boissons, d’en-cas et surtout de la magie des lieux depuis ce promontoire fantastique au milieu d’un monde minéral gigantesque et de toute beauté. Voici donc la vue la plus proche que nous aurons de notre sommet. Quelques pentes encore à traverser et cailloux à gravir… Mais c’est heureux que nous décidons de retourner à Nido de Condores pour retrouver Hugues et Marie. Tout le matériel est rapidement embarqué pour la longue descente, chargés comme des mules, dans les éboulis jusqu’à Plaza de Mulas. C’est là que nous prenons enfin un peu de repos avant de trier le matériel pour en confier une partie aux mules. Stéphane nous trouve des chaises et une bière locale d’on ne sait où, que nous savourons avec le plus grand bonheur! Une tente seulement est rapidement remontée pour y passer la nuit. Rompus par ces 2 jours intenses, la nuit commence quasi avec le coucher du soleil. Le vent se lève cette nuit et souffle en rafale toute la nuit si bien que nous ne parvenons pas à dormir, à 3 dans cette étroite tente. Nous somme tout de même rassuré d’être redescendu car nous imaginons bien les conditions au camp de base supérieur !
Jour 13 : 7 Janvier 2003 – Retour
A 9h00, les mules emportent une grosse partie de notre matériel. Heureusement car la descente risque d’être sportive, sans escales à Confluencia, cela fera plus de 25 kms de descente qui demandera 6h30 sans escales ! Mais l’appel de l’hôtel, des bons repas à table sur des chaises et surtout la douche nous fait oublier la longueur et la fatigue de la descente. Arrivés juste à temps au rendez-vous avec le minibus de l’agence, nous retrouvons nos T-shirts, bermudas et sandales plus adaptés à la bienfaisante chaleur de la vallée. Après quelques jours de tourisme près de Santiago, nous nous envolons pour le Désert d’Atacama au nord du Chili à La découverte des volcans, geysers et lacs salés de l’altiplano à 4000 mètres d’altitude.
Merci à Stéphane, Marie, Hugues, Yolaine et Catherine pour cette merveilleuse expérience
et à Capexpe (Dom!)
pour son enthousiasme et son aide précieuse.
Miguel