avec 4 enfants de 11 à 2 ans et 2 ânes

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Raconté par Priscilla

Merveilleux accueil chez « la grande Thérèse » ! Elle a fait tourner une machine de linge avec nos affaires qui doivent commencer à sentir sérieusement l’âne (entre autres… !), quel bonheur d’enfiler un T-shirt qui sent bon !mmm ! puis un délicieux petit déj avec plein de confitures maison, yaourts et fruits. On se sent tellement bien chez elle. La « grande Thérèse » est assez bourrue, et en même temps nous sort de temps en temps des confidences pleines de lumière qui m’émerveillent et touche quelque chose de bien profond.Elle a une maison mal agencée, avec plein de brol et de choses qui se déglinguent partout, mais elle est incroyablement généreuse, accueillante en toute simplicité, elle a une force de vie épatante du haut de sa 60aine bien passée et son dos et bassin qui la font terriblement souffrir. Elle nous a appris la chanson des pelerins avec sa voix forte et puissante. Elle nous a accompagné jusqu’à l’église, en saluant joyeusement les personnes dans la rue de ce petit village où manifestement tout le monde la connaît, nous avons encore chanté quelques chants à St Jacques, de tout notre cœur, puis l’adieu. On a beau savoir qu’on n’est là que pour une nuit, le moment de l’adieu est souvent un moment plein d’émotions. On garde notre ange d’accueil avec nous le long du Chemin, le cœur rempli de « mercis » pour cette belle rencontre….

Puis marche jusque Castet-Arrouy, dans des paysages magnifiques de colines qui ondulent jusqu’à l’infini. Il fait très chaud.

Pi nic devant la jolie petite église que Thérèse aime tant dans laquelle nous portons tous ses « mercis » qu’elle nous a transmis. Puis, après un tour de table, on décide de continuer à marcher 3 Km jusque Barrachin.

Pas de bol : Amadéo se fait marcher sur le pied droit par Simon. Petite blessure et surtout les 2 derniers doigts de pied qui gonflent… pause de 15 minutes. Ca va mieux, mais impossible de marcher… Amadéo monte sur Simon qui n’a pas l’air d’en souffrir trop. On téléphone à 2 gîtes : pas de réponse. On va voir aux 2 maisons avoisinantes (à 200 m chacune) : il n’y a que des chiens. Bon, on continue jusque Barrachin qui doit être à 1 Km environ. Arrivés tout près, les ânes refusent de passer le petit pont. On a beau les pousser, les tirer, leur faire miroiter des carottes ; impossible ! plus têtus qu’eux tu meures !

On continue alors jusque Boué, un lieu-dit avec une seule maison : personne ne répond ! Quelle poisse ! Il fait très chaud, je commence à désespérer, j’ai terriblement chaud, Rodrigue en a marre de tenir Zénon, Elodie veut descendre de l’âne et Amadéo ne sait toujours pas bien marcher… Je rêve d’une bonne douche et en veux à tout le monde, Bon Dieu y compris ! Je ne suis pas du tout prête à faire du camping sauvage sans eau et surtout sans une bonne douche !! Et voilà, (humour du Seigneur ? ) qu’il commence à pleuviner, la voilà ma douche ! N’empêche qu’on n’est toujours sans logement…

On continue jusque Tarissan, les enfants sont très courageux, je suis impressionnée par Thérèse qui peut faire preuve de volonté quand il le faut. Elle marche très bien.  Au gîte de Tarissan, l’accueil est tel que nous nous enfuyons illico. Thérèse est fatiguée, mais comme Amadéo va mieux il lui laisse la place sur l’âne, Arnaud porte toujours Elodie. Les enfants sont courageux et ne se plaignent pas du tout. L’adversité resserre les liens et nous repartons plus forts qu’avant.

Qques Km plus loin, Arnaud aperçoit une maison sur les hauteurs avant Lectoure, et va voir s’ils ne pourraient pas nous laisser planter nos tentes chez eux. En voyant les enfants, la dame n’a pas le cœur de nous renvoyer, et elle s’arrange pour que les ânes puissent brouter dans le pré voisin, et nous laisse dormir dans son abri de jardin. Youpie ! Nous préparons les pâtes lyophilisées, et après avoir couché les enfants, nous buvons une petite tasse de café/thé pour faire plus connaissance avec nos hôtes. Lui était camionneur poids lourds, et a dû arrêter il y a 12 ans à cause de son dos. Il a souffert le martyr pendant 3 ans, s’est fait opérer et se serait suicidé s’il avait pu bouger. C’est sa femme qui nous racontait tout cela, et c’était impressionnant comme sa compassion et sa tendresse transpiraient dans ses paroles. Elle le soutient incroyablement, alors qu’il ne peut presque plus rien faire Elle sert dans un self d’un collège et aime son métier, le contact avec les enfants, la bonne ambiance avec ses collègues… Ils ont 3 enfants, dont 2 jumeaux, Marie et Christophe. Moment plein d’émotions quand Nicole me raconte la naissance des jumeaux. Ils ont passé quelques heures dans une couveuse trop chaude, et ils ont tous les 2 été atteints au cerveau. Ils sont depuis 26 ans « différents » des autres, mais le plus dur c’est quand ils sortent du cadre familial et amical, et de sentir le regard des autres. Malgré toutes ces difficultés, quelle joie de vivre, quelle générosité, quel exemple !