Bienvenue sur notre expé Spéléologie – mars 2006 !

Le récit de l’expé spéléo!
N’oubliez pas d’aller voir les photos, d’autres suivront.

Jeudi 20 juillet

Départ tardif de Belgique, vu le projet optimiste de se caser à 5 dans une golf, avec tout le matos spéléo-escalade et notamment 500m de cordes… la folie.

La moitié du matos a donc pris place sur le toit, le porte bagage étant constitué d’une … échelle et d’un coffre de toit.

Quelques plantages gps plus tard, tout le monde était mort crevé donc bivouac à la belle sur une aire d’autoroute au sud de Paris.

Vendredi 21 juillet

Guillebert voulait absolument des croissants frais mais nous n’avons pas cédé: petit dej façon station d’autoroute.

Bien des kms plus tard, nous sommes arrivés en vue de Millau. Comme l’après-midi était déjà bien avancée, une petite grotte avec une verticale absolue de 106m nous semblait une bonne façon de terminer cette petite journée: abime du Mas Raynal. Juste histoire de s’échauffer…

L’histoire a voulu que les choses prennent un peu de retard: rouler jusqu’au Causse du Larzac + ne pas se paumer sur les petites routes + trouver la grotte (pas facile) + chercher de l’eau + apporter la voiture sans arracher le bas de caisse sur la piste + déballer les affaires + préparer les cordes + s’équiper et régler le matos à sa taille = descente à 21h30…

L’entrée est impressionnante. C’est un gouffre gigantesque dans lequel la lumière du jour (enfin quand il y en a encore) pénètre à flots. De très loin on perçoit le grondement de la rivière souterraine qui coule en contrebas, invisible.

Il y a deux parcours pour descendre au fond. Aussi nous avons choisi de former deux équipes: Greg et Guillebert dans la grande verticale, tandis que Michel et moi prendrons par une série de puits parallèles. Arrivés au fond, il s’agit de se croiser et de remonter par l’autre itinéraire.
Nath est malade et pique un somme en surface.

Déjà Greg équipe le puits et disparait dans l’obscurité, en déroulant la corde de 200m. Bientôt Guillebert suit.
Il s’agit à présent pour Michel et moi de ne pas trainer, car les deux attendent déjà en bas que nous leur installions les cordes de remontée.

Nous descendons un premier puits (21m). Au dessus de nos têtes se dessine le profil d’une arche rocheuse impressionnante. Un second ressaut de 4 mètres nous amène dans une marmite de géant remplie de feuilles en putréfaction. Il faut prudemment passer sans tomber dans la bouillie.

Deux puits s’enchainent: 15m puis un toboggan d’une dizaine de mètres. Dans le premier la corde est trop courte et je n’atteins pas le sol, je suis obligé de remonter. Nous rectifions l’équipement.

Nous voici sur un gros bloc coincé, en dessous de nous le puits de pince en forme de faille et le grondement de la rivière devient soudain très fort, impressionant. Nous voyons déjà remonter Guillebert. Au prix d’un petit pendule, il parvient à changer de corde.

J’essaie de communiquer avec Greg. “Attends” “Libre?” “Attends” “Libre?” “ATTENDS bordel”. Impossible de s’entendre avec le tumulte de la rivière. Je vois juste la lampe 25m en contrebas.

Finalement je peux le rejoindre. Michel me suit.

Ils commencaient à s’impatienter, les deux du bas.
Greg entame la remontée à son tour. Nous nous reverrons à la surface.

Le bas du puits est occupé par un barrage. Un vrai barrage en béton avec des vannes et tout et tout. Vestiges du projet fou d’un ingénieur qui, en 1920, voulait employer le torrent à des fins de production d’électricité. Un projet anéanti par la trop importante fissuration du calcaire. Aujourd’hui une ruine à l’abandon.

Je laisse remonter Michel en premier. Me voici seul avec le vacarme de la rivière. Bientôt la lumière de Michel disparait quelque part dans le plafond.
J’attends un temps interminable. Je m’imagine que le corde est toujours occupée. Finalement, je me décide à monter. J’arrive en surface en même temps que Greg. Guillebert est sorti le premier, Michel attend depuis vingt minutes.
L’odeur du causse, mélange de terre et d’herbes méridionales, est délicieuse. L’air est encore tiède.

Greg s’est tapé tout le déséquipement. Il est arrivé en surface je ne sais comment avec trois kits. Surtout il s’est cassé la gueule dans la vasque putride. Toujours gai.

Il est minuit et demie, nous lançons l’opération “spaggetti matriciana”.

Samedi 22 juillet

Bivouac a la belle interrompu par les gouttes vers 7 heures. Providentiel sinon nous aurions dormi jusqu’à midi. Pas très rigolo sur le moment.

Champ de bataille de cordes, mousquetons, gamelles, baudriers, réchauds, et sacs de couchages gisants.

Guib a eu ses croissants.

La logistique nous imposait de nous trouver un point fixe pour les prochains jours, aux environs du Causse Noir, de l’autre côté de Millau. Nous étions trop chargés que pour nomader. Office du tourisme, adresses des campings. Les matos lovers pendant ce temps dans les magasins de sport.

Objectif un camping pas trop beauf et sans les caravanes hollandaises. Genre coin de paradis idyllique avec vue paradisiaque. Mais il semble que ce n’était pas possible…

Nous voici donc dans un camping avec des beaufs et une caravane hollandaise juste à côté avec un gosse qui se réveillait toutes les nuits en hurlant.

La chance dans l’histoire est que le camping était tenus par des spéléos. Très sympathiques et de bon conseil.

Nous aurions eu tort de ne pas profiter des baignades dans le Tarn. Nath a trouvé mieux à faire en tapissant les murs des sanitaires avec du dégueulis.
Courses à Millau.

Comme nous sommes des gens organisés, et puisqu’une grosse descente spéléo ça ne s’improvise pas, nous avons consacré la soirée à la préparation du matos pour le gros objectif de la semaine: l’Aven de Puech Nègre, sur le Causse Noir.
Mesure des cordes, comptage des mousquetons: 200m de corde de 9mm et 184m de corde de 10,5mm; 35 mousquetons, sangles.
De la bouffe à crever, 2l d’eau par personne et par descente, du carbure de réserve, l’appareil photo.
Le tout à caser dans cinq gros kit-bags. Ah ça tombe bien ça, on est cinq.

Dimanche 23 juillet

Départ matinal, nous étions bien préparés. Concentration et préparation car l’objectif est ici plus sérieux: descente et équipement jusqu’à -270m, et si la forme est bonne, remontée de la rivière souterraine sur plusieurs kilomètres.

Pour accèder à l’entrée avec la voiture il faut suivre une mauvaise piste sur 2km. Michel a souffert pour la voiture torturée entre les coups au bas de caisse et les griffures d’épineux sur les portières. Il a fallu souvent sortir pour délester.

L’emplacement pour se changer, qui marque la fin de la piste, est absolument paradisiaque. Une petite clairière noyée de soleil. La température est ici plus supportable que dans la vallée du Tarn.

Vers midi nous posons à l’entrée de la grotte, un orifice ( 1x1m) d’une autre ampleur que le Mas Raynal, qui souffle un agréable courant d’air froid (15°C).

Le premier puits de 20m, creusé dans la dolomie, est absolument sec. Il est magnifiquement déchiqueté. On arrive rapidement au sommet d’un second puits, de 87m, mais fractionné en de multiples tronçons.
Nous nous retrouvons tous au bas de cette grande diaclase pour aborder le puits suivant: un magnifique plein vide de 45m, dans une salle gigantesque en forme de cloche. On a l’impression de descendre dans un trou noir…

Pause bouffe. Nath ne se sent pas trop bien. La parois de la grotte ne méritent pas le même sort que celles des sanitaires.

Greg et Nath décident de remonter. Guib, Mitch et moi nous essaierons d’équiper jusqu’à la rivière à -270, mais nous n’irons dans tous les cas pas au-delà.

Après deux petits puits magnifiques, 10 et 12 mètres, nous pénétrons dans un méandre. C’est un conduit assez horizontal, pas très large (50cm), mais parfois très haut (entre 4 et 10m), et qui serpente tout le temps. On progresse en égyptien, avec le kit de préférence devant soi, agrippé par la poignée et en appui sur le genou. 150 mètres, en surface c’est rien, mais dans un méandre je vous assure ça fait un bout de chemin.

Finalement nous arrivons au sommet d’un puits de 10 mètres à l’accès acrobatique. La cavité redevient verticale. Nous enchainons un puits de 13 mètres, puis de 20 mètres, une galerie, un dernier puits de 19 mètres.

Nous voici quasiment les pieds dans cette rivière qui coule ici à 270 mètres de profondeur…

C’est l’occasion de faire un dépot bouffe- carbure -eau. Nous en avons fait régulièrement durant la descente. Une stratégie pour porter le moins possible, et uniquement à la descente.

Avant de nous lancer dans la remontée, nous jetons un petit coup d’oeil dans les galeries que parcourt la rivière. C’est spacieux, genre petite conduite de métro, magnifique.

Sortie du dernier à 23h30. A la sortie du méandre nous avons perdu Michel, laissé un puits en arrière. Pas malin finalement comme stratégie de ne pas s’attendre systématiquement.

Coucher en milieu de nuit. Bon une urgence nous a un peu retardé sur la route: sauvetage d’un lièvre épileptique déshydraté. Heureusement qu’on avait un alpi-secouriste!!

Lundi 24 juillet

Matinée repos, courses carburant, bouteilles d’eau et bouffe de fond de trou.

Guillebert nous convainc de prendre des forces au Mc Do.

L’occasion de tester leur excellent parcours spéléo. Trop bon. Si vous voulez l’adresse, n’hésitez pas à me demander.

Finalement nous voici contraints de faire notre seconde descente dans Puech Nègre en nocturne: début de la descente à 18h pour Nath, Greg, Guib et moi. Nous devons être rentrés en Belgique mardi soir…
Michel attend en surface, faut dire qu’on a bien donné la veille.
Guillebert remontera après le puits de 45m, séance photos.

Nous voici donc dans le méandre Greg, Nath et moi. Nath passe rapidement en mode “Formule 1”: impossible de la suivre ou de la rattraper.
Ca ne traine pas car tout est équipé, nous voici bientôt à la rivière.

On se donne une heure pour remonter la rivière, ensuite demi-tour. Le but serait de revenir par une autre galerie (galerie de la boue), mais nous n’avons pas beaucoup d’informations, sinon qu’elle est magnifique avec des concrétions dans tous les sens.

Nous progressons d’abord sur des éboulis avant de retrouver la rivière. La progression est aisée et les formes des galeries sont magnifiques. De temps à autre nous devons quitter la rivière, voire ramper un petit peu pour franchir des siphons ou des éboulements.

Bien évidemment après une heure nous ne sommes encore nulle part mais je convainc tout le monde de continuer encore jusqu’au départ de la galerie de la boue, histoire de faire une boucle et non pas un demi-tour. Sur le plan cette galerie semble spacieuse. Malheureusement nous n’avions pas la coupe, sinon nous aurions vu qu’elle n’était pas toujours très haute…

Nous avons donc trouvé le départ de cette galerie de la boue. C’était magnifique, splendide, fabuleux, plein de cristaux blanc, de fistuleuses, d’excentriques aux formes étonnantes. Il fallait faire extrêmement attention de ne rien casser, se faufiler en étant toujours aux aguets.

Malheureusement les choses se sont gâtées car la galerie était de plus en plus occupée par l’eau, qui est d’abord rentrée dans les bottes, puis jusqu’aux cuisses. Ensuite il a fallu ramper dans de la boue liquide infâme. Chapeau à Greg qui n’était pas aussi bien équipé. Nous avons continué car cela semblait la solution la plus rapide pour revenir à notre point de départ.
Après des centaines de mètres de cette progression éprouvante, nous sommes soudains arrivés à la fin de la galerie. Stupéfaction car nous étions au sommet d’un puits de dix mètres, avec en contrebas la galerie dans laquelle nous étions passés il y a plusieurs heures…. et nous avions oublié la corde de rappel, spécialement descendue pour celà, au bas des puits!!!!!

Nous avons tout essayé, y compris accrocher ensemble baudriers, persos, sangles, mousquetons, pour faire une corde de fortune, mais ce n’était ni fiable ni assez long. Il n’était pas question de prendre le moindre risque, aussi nous avons décidé de faire demi-tour.

On s’est donc retapé toute cette chierie de galerie dans l’autre sens, avec l’eau, la boue. Sans compter la fatique, car 3h30 du matin. Bon coup de barre.
Après 2h30 d’efforts on est repassés sous ce maudit puits. 10m à vol d’oiseau. Je crois que je n’avais encore jamais rien fait d’aussi frustrant.

Optimisme heureusement pour la remontée. Sauf qu’il a fallu ressortir les 400 mètres de corde, mouillés évidemment. On était tellement chargés sur la fin que je n’arrivais plus à tout porter et j’ai du remonter le matos en plusieurs fois.

Après 18 heures passés dans la grotte, surface. Il est midi, soleil et chaleur. On est vidés, assommés par la fatigue.

Michel court dans tous les sens pour replier le camp, pas de temps à perdre pour rentrer en Belgique.

Arrêt au camping, douche méritée et bonne bouffe. Enfin autre chose que des cacahuètes salées, des biscuits et des barres chocolatées.

Je dois dire que la route du retour m’a semblée infiniment plus courte que celle de l’aller. Je dois aussi préciser que j’ai dormi tout le temps sauf sur les aires d’autoroute.

Trip intense mais … trop court. Le temps passe trop vite.

Merci à tous.

Nico