Expé de ski de rando pour amateurs de grandes étendues blanches.
Il vaut mieux savoir skier mais des débutants et débutantes en ski de rando sont accueillis avec joie. Selon le nombre et les envies nous comptons organiser deux groupes avec des objectifs différents.
Noel Grindelwald, Oberland : 26/12/2001 au 05/01/2002.

Récit et photos de dix jours de ski passés entre la Bresse (Vosges), Pralognan (Vanoise) et Grindelwald (Oberland Bernois).

A la base, on avait prévu de faire une semaine de ski de rando dans la Vanoise. On ne le savait pas encore, mais il avait été écrit que les choses se passeraient différement !

Récapitulons :

Mercredi 26 décembre 2001

Mathieu, Miguel et moi étions partis en éclaireurs le mercredi 26 décembre. Après de longues délibérations, on avait décidé de faire une halte de quelques jours dans les Vosges, histoire de se mettre en jambes. Le reste du groupe était censé nous retrouver à Pralognan-la-Vanoise le 29. La peau des ventres encore bien tendue suite aux festivités de Noël, on avait pas trop envie de planter la tente dès la première nuit (ça aurait pu être mauvais pour notre méta-mobile!). Des amis de Mathieu ayant loué pour quelques jours un appart’ dans la région, le problème était réglé. Direction “La Bresse”.

Après une route sans histoire (avec une halte à Gérardmer pour acheter une cocotte et monter les chaînes en un temps record) et une irruption sans frapper dans le salon des proprios (bien joué Mathieu), nous voici bien au chaud dans notre squat du Col des Moinats. Soirée bien agréable passée à discuter sans taboo de la faculté héréditaire qu’ont les amibes pour faire du ski de randonnée (ou “comment résumer en une seule phrase les 36 sujets de conversation qui ont été abordés au cours de la soirée”).

Jeudi 27 décembre 2001

Alors qu’on est en train de se tâter pour voir si on ne profiterait pas une deuxième fois de l’hôspitalité de nos hôtes (bin ouais, monter et démonter une tente, ça l’use, et on c’est pas notre genre d’abîmer le matériel), voilà que surgit la fermière-matrone-propriétaire des lieux (prévu à la base pour 5 personnes mais pour l’occasion occupé par 8). Après un sermon de son cru et nos excuses les plus sincères (cause toujours), elle s’emporte sur d’autres sujets absolument sans intérêts. Nous nous éclipsons en douce…

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Maintenant libérés de toute entrave, nous quittons la voiture les skis aux pieds et la tente sur le dos. Objectif : le Grand Ballon d’Alsace (1424m) par la Route des Crêtes. Mais le problème, dans les Vosges, c’est qu’il y a beaucoup d’arbres. Et les arbres, pour s’orienter, c’est pas top… Après quelques heures de marche à travers la forêt, alors que nous sommes persuadés de toucher au but, nous voici de retour à la voiture (désolé les gars, on avait dit qu’on en parlerait à personne mais j’ai pas pû m’en empêcher)! La boucle est bouclée. On s’est planté. Déception.

Comme le temps se gâte et qu’après tout on est quand même pas la pour s’emmerder, on reprend la voiture jusqu’à un village portant un nom charmant : “Kruth” (encore plus charmant quand on le prononce à l’allemande en retirant les chaussettes que l’on a porté non-stop pendant les 10 jours d’expé). Le bar-auberge est ouvert, ça tombe bien !

Alors que nous nous émerveillons devant le dispositif ingénieux disposé sur la lunette du WC pour éviter tout risque de contamination, un flash-radio spécial nous annonce pour la nuit d’importantes chutes de neige et des vents jusqu’à 100 km/h sur les hauteurs vosgiennes. Notre sang ne fait qu’un tour et, après une courte discussion avec le patron du bistrot qui tente désespérement de nous décourager (c’est bien mal nous connaître), nous fonçons vers la bagnole tels Batman et Robin vers la c02707.jpgBat-Mobile (les capes stupides et les masques ridicules en moins).

Montée jusqu’à Markstein. Plantage de la tente dans la neige sous la tempête. Dépeçage de la cocotte. Rien ne peut nous arriver.

Vendredi 28 décembre 2001

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Réveil humide dans la tente : il ne gèle plus et tout est trempé. On remballe. Cette fois-ci c’est du sérieux : c’est le redoux dans les Vosges, on part pour les Alpes. Petite halte à Mulhouse toutefois pour un resto asiatique. Bon petit repas couronné par de délicieux (?) nougats chinois – pour vous donner un point de comparaison, essayez d’imaginer un crouton de soja trempé dans de la confiture et enroulé dans un pilchard, le tout enrobé de Skippy (bon, ok, là j’exagère un peu mais j’ai pas pu trouver plus proche comme comparaison).

Arrivée à Pralognan en début de soirée. Tels les hommes de Cro-Magnon (ou ceux de Bin Laden, mais il paraît qu’on peut pas rire de ces choses-là) cherchant une grotte où passer la nuit, nous nous mettons en chasse d’un squat acceptable. Deux tours de village plus tard, nous sommes toujours bredouille (ou plutôt “broucouille” comme on dit là-bas). Nous décidons d’aller casser la croute. Le bar-resto-PMU est l’endroit idéal pour faire des rencontres et se trouver un logement. A peine un pied à l’intérieur, Miguel a déjà repéré sa proie. Sans hésiter, il attaque. Il s’agit d’un pisteur plus imbibé d’alcool que de conscience professionnelle. Le bougre nous regarde d’un drôle d’air. Pas de doute, il nous prend pour des fous. Monter au refuge, en cette saison ? Mais il n’y a pas de neige ! Et en plus il fait froid ! Il va même jusqu’à nous prendre pour des belges… c’est dire. Il nous quitte en nous lançant un “Salut les alpins belges, et bonne chance, ah ah ah”. Une chose est sûr, demain matin, si les skieurs veulent suivre la trace du Ratrack, ils auront intérêt à bien maîtriser la godille !

La tartiflette du patron et le petit vin qui va avec nous a donné assez de courage pour nous attaquer à notre dernier espoir de passer la nuit au chaud : le centre de vacances “Vacanciel” (le Club Med local, en gros). Passer par la réception nous semble impossible, mais le reflet de la lune sur une porte vitrée nous révèle une issue de secours mal fermée. Nous nous infiltrons dans le camp ennemi et partons silencieusement à la recherche du lieu béni qui nous servira de refuge pour la nuit… Bingo, une cave chauffée nous tend les bras. Nous n’en demandons pas plus, et après avoir été chercher nos affaires, nous nous installons bien au chaud. C’est pas cette nuit qu’on se caillera les burnes sous la tente !

Samedi 29 décembre 2001

7h20. Une porte qui s’ouvre. Une lampe qui s’allume. Une voix : “M’enfin, pourquoi vous dormez ici, y’avait plus de place en haut ?”. Nous émergeons difficilement de notre sommeil et de nos sacs de couchage : “Euuh, non, enfin, euuh…”. Et le type se casse. En moins de deux, on est debout en train de remballer nous affaire, disposés à nous tirer vite fait avant que quelqu’un ne se rende compte qu’on est pas vraiment autorisés à se trouver là où on est. Trop tard, le gars revient, son franc est tombé. Engueulade, passage par la réception, photocopie des cartes d’identité, et mise à la porte. On s’en fout, on a bien dormi et on a pas du planter la tente.

Qu’à cela ne tienne, la vie continue. Au programme pour aujourd’hui : ski de piste en attendant le reste du groupe qui doit arriver en début d’après-midi (Barbara, Aurélie, Bénédicte, Michel et Julien). On skie, mais c’est pas terrible, il pleut jusqu’à 2000m et on se rend compte qu’il n’y a pas encore de neige en altitude. Notre plan d’aller se taper au Refuge du Col de la Vanoise est en train de prendre l’eau (au propre comme au figuré). Une seule solution : passer au plan B. Depuis l’abribus de Pralognan (près de Grand Bouquetin) qui est devenu notre QG (avec espace couvert, toilettes et tout et tout), on téléphone aux voitures qui sont en route pour nous rejoindre. Après mure réflexion, rendez-vous est fixé à Alby-sur-Chéran (entre Chambéry et Annecy).

Quelques heures plus tard, nous voici tous attablés autour d’une (enfin, plutôt huit) tasse de chocolat chaud dans le bar-PMU d’Alby. La tenancière du café, rayonnante dans son ensemble mauve vif assorti à son maquillage, est toute étonnée de voir autant d’étrangers dans son bistrot. Les étrangers, quant à eux, sont plutôt perplexes. Ils tentent de cerner la situation. La grande carte des Alpes est étalée sur la table. Michel se renseigne par GSM : pas assez de neige au Grand-Saint-Bernard, mais apparement, en Suisse, la situation serait meilleure. Julien ferme les yeux et pointe son doigt sur la carte. On ira à Interlaken (Oberland Bernois).

Reste à savoir où passer la nuit (il est déjà tard). Soit on monte les tentes à Montreux, soit on s’entasse dans une chambre cage-à-poule d’une chaîne d’hôtels bien connue. La seconde proposition prend le dessus (ce serait bête de déjà avoir froid la première nuit alors qu’on est pas encore en montagne). Le Formule 1 de Lausanne est envahi par les ambassadeurs de Passeport Pépé (euh, pardon, Passeport Expé). On fait sècher la tente dans la chambre et on prend une bonne douche. Finalement, c’est pas si mal, cet hôtel. Pour fêter dignement notre arrivée en Suisse et histoire d’emmagasiner quelques calories, Bénédicte nous emmène manger une fondue dans le centre de Lausanne. Personne n’a perdu son bout de pain. Normal, on est tous des pros du piolet !

Dimanche 30 décembre 2001

Arrivée à Interlaken. Le gérant de l’Intersport local nous conseille de monter jusqu’à Grindelwald (au pied de l’Eiger, du Mönch et de la Jungfraü). Une fois sur place, on se rend compte que le village n’est pas vraiment fait pour les gens comme nous : une seule longue rue commerçante, pas de parking longue durée, un bureau des guides où il n’y a pas de guide avant 16h00, … la totale, quoi. Tant bien que mal, après un certain nombre de péripéties qui ne seront pas relatées ici, les sacs sont faits, l’itinéraire est décidé, et on parvient à caser les voitures dans le parking d’un hôtel. Reste à prendre deux bus avant d’arriver au point de départ de notre expé. Comme il est tard, ce sont les derniers. Pas question de les rater.

Nous sommes tous rassemblés avec notre matos. Alors que l’ont voit le bus se pointer, Jul se rend compte qu’il a oublié son Arva. Course jusqu’à la voiture. Pendant ce temps, Barbara fait la causette avec le chauffeur afin de le faire patienter (et Dieu sait que c’est pas facile de mettre un bus suisse en retard). Ok, c’est bon, tout le monde est là et on a tout. C’est parti mon kiki !

En arrivant au départ du second bus, on se rend compte qu’on a pas assez d’argent. Course jusqu’au Mr Cash le plus proche. File. Il est en panne. Re-file devant un second appareil. Cette fois-ci, ça marche. On saute dans le bus. Le chauffeur n’est pas très content des quelques minutes de retard sur son horaire. Tant pis pour lui.

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C’est en débarquant de ce bus que l’aventure a vraiment commencé. On est à Bussalp, 1800m d’altitude, il y a plein de neige et c’est la pleine lune. La montée avec les peaux commence, féerique. Le soleil est couché depuis longtemps déjà, mais la lune éclaire presque comme en plein jour. Pas besoin de frontale. c02801a.jpgLa vue sur les sommets environnants est grandiose. C’est magique. Après une heure de marche, on commence à penser à monter le camp. Alors que certain d’entre nous envisagent de dormir sous tente, une équipe de “squat-sniffers” se met en route. Après quelques recherches, bingo, on trouve le moyen d’ouvrir un des chalet d’alpage. Un chalet tout en bois en altitude à Grindelwald, c’est pas du squat de tapettes ! Certes, c’est un peu rustique (en fait c’est une grosse étable), mais il y a quand même une chambre avec des vrais lits et même des couettes en duvet. Un vrai palace ! Et puis la soupe chaude avec moultes croutons de soja, quel bonheur ! N’est-ce pas Béné ?

Lundi 31 décembre 2001

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Dernier jour de 2001. Après une séance d’exercice avec les Arva (à voir la vitesse à laquelle on les utilise, ça donne pas envie de rester coincé sous une coulée de neige), c’est le départ. La matinée est grise. Notre tentative d’ascension est vite abandonnée, à cause du risque trop élevé d’avalanches. La neige n’est pas stable et ça craque de partout. Retour près de “notre” chalet pour le repas de midi. L’après-midi, le ciel se découvre et le temps passe au beau. On en profite pour se balader (en ski) dans les environs du chalet.

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Bénédicte a eu la bonne idée d’apporter une bouteille de champagne pour le réveillon. Comme il fait très froid (-25°C ?), il est un peu gelé. Petite veillée autour du feu. C’est sûr, on se souviendra du sorbet de champagne mangé à la fourchette dans un bol en plastique (le petit arrière-goût de nasi goreng était assez “nouvelle cuisine”) ! Deuxième nuit dans notre chalet d’alpage.

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Mardi 1er janvier 2002

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2002 commence en beauté. Il fait superbe. L’endroit qui coinçait la veille passe à merveille ajourd’hui. Michel, sans doute un peu fatigué par l’itinéraire qu’il vient de nous tracer (il faut dire que ça tirait tout droit dans la pente), trouve c02811a.jpgun moyen efficace de s’alléger en jouant au Petit Poucet. On monte jusqu’au sommet du Faulhorn (2681m). Vue splendide à 360° sur les Alpes.

Après le pic-nic, petite descente dans la peuf pour les amateurs. Cette fois-ci, on dort sous tentes. Soirée à thème “aventures africaines” où il est question de certains Faustin et Jean-Célestin.

Mercredi 2 janvier 2002

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La nuit a été difficile. A quatre par tente, c’est un peu juste point de vue place. Mais au moins, on a pas eu froid. Comme on a rendez-vous à 12h00 à Grindelwald avec Manu, David et Astrid, on se met en route. Un peu de peuf puis descente dans les sapins par la piste de luge (avec des matelas accrochés aux arbres dans les tournants, on a vraiment rien à craindre). Il fait toujours grand beau.

Ils sont là, tout frais et tout propres, à nous attendre à la gare de Grindelwald. Pour accueillir les uns et dire au revoir aux autres (Béné, Aurélie et Michel nous quittent), on s’enfile des 5, 13 et 50 à l’hôtel de la gare (ceux qui étaient là comprendront).

En dignes représentans de Passeport Expé, toujours prêts à affronter de nouvelles expériences, nous décidons d’amener nos jeunes recrues dans notre pied-à-terre Grindelwaldois. Nous reprenons donc le bus jusqu’à Bussalp et nous enfilons la montée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. La pendaison de crémaillère est fêtée dignement grâce à l’apport calorique liquide de Manu (la vinasse, quoi).

Jeudi 3 janvier 2002

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Grande journée de ski de rando. Tout d’abord montée jusqu’au col sous le Faulhorn. Ensuite, superbe traversée du massif. Les rochers affleurants sont superbes et donnent envie de revenir dans la région en été. Une belle c02820a.jpgdescente dans la peuf, un pic-nic au soleil, quelques bonnes montées, une descente fortement exposée aux avalanches,… tous les ingrédients sont réunis. C’est la journée parfaite !

Aujourd’hui, on s’arrête tôt, histoire d’avoir le temps de planter les tentes à la lumière du jour et de bouffer à l’aise sans se geler. A 15h00, on s’arrête et on commence à monter le camp.

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Il est déjà 18h00, l’heure de se mettre au pieu ! Il faut dire qu’il fait déjà noir et que la température est en train de chuter. Barbara, Mathieu et moi partageons une tente. Une fois les chaussures de ski et la couche de Gore-Tex (ou plutôt Geur-Tex, comme dirait Mathieu) enlevées, une subtile odeur de vieilles chaussettes et de Capilènes pas frais se répand dans l’atmosphère. En un instant, notre tente se transforme en un véritable “Palais des Mille Senteurs”. On tente bien une petite toilette mais même le parfum envoûtant (!) du puissant gel-désinfectant Hérôme ne parvient pas à mettre fin à la puanteur. C’est dans ces cas-là qu’on est content d’avoir le nez bouché (même si ça oblige certains d’entre nous à manger la bouche ouverte) !

Vendredi 4 janvier 2002
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Lever à 6h30. Petite montée, puis le rêve de tout skieur : descente (presque) non-stop de 2700 à 1050m. Pic-nic au soleil avec visite d’un troupeau de chamois. Sauvetage d’une moufle. Pour terminer, un peu de ski de piste puis un bus pour arriver au centre de Grindelwald.

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Mais l’expé n’est pas finie pour autant : pas moyen de démarrer la Golf. Après plusieurs tentatives infructueuses avec des cables, on fait appel à Europ Asistance. Un quart d’heure après, un mécano local est sur place. Pas très souriant sous sa grosse moustache, il entreprend de remorquer la voiture jusqu’à son garage. Il démarre comme un fou et roule comme un tapé sur la route tortueuse qui mène à Grindelwald. Après 30 secondes au volant de la voiture remorquée, je me rend compte que ça ne va pas aller : comme la ventilation ne fonctionne pas, une croute de givre se forme à l’intérieur et à l’extérieur du pare-brise. Rapidement, je ne vois plus rien du tout. Je crois ma dernière heure arrivée, d’autant plus que cet espèce de suisse conduit toujours aussi vite. Dans un dernier sursaut d’énergie j’entrouve la portière (les vitres électriques ne fonctionnent pas non plus) et fais des grands signes au dépanneur. Ouf, il a compris. Il s’arrête, gratte mon pare-brise et démarre un peu plus doucement. Arrivés à son garage, les choses ne semblent pas s’arranger, d’autant plus que la communication n’est pas très facile (ma connaissance du Schweitzer-Deutsch est assez limitée). Heureusement arrive Barbara, notre interprète chargée de relations préférée. Après quelques mots au dépanneur, la moustache se met à sourire. Le moteur aussi, il redémarre !

On charge au passage de quoi compléter la collection de skis de Passeport Expé (bien vu Miguel) et c’est parti direction la Belgique. C’est sûr, on retournera dans l’Oberland Bernois !

Guirec, le 6 janvier 2002.

Source : http://membres.lycos.fr/guirec/outdoor/0201grindelwald/index.htm