Vamos a descubrir las montanas chilenas…

Partie précédente du récit

 

Bariloche

Bariloche

C’est dans la ville de Bariloche que nous fêterons Noël, profitant de la restauration argentine: viande à volonté… mais à des heures plus que tardives (commencer à manger à 1h du matin est tard? mais non, c’est tout à fait normal…). Ensuite, nous nous éloignerons du centre ville pour un petit gite près du lac à une vingtaine de kilomètres de la cité, proche de divers sites d’escalade sportive. La météo est splendide… trop chaude dirait le grimpeur fort à la recherche d’excuses ;-). Les sites magnifiques! Nous prenons ces deux premiers jours de façon cool (voire très cool), histoire de récupérer de la fatigue du voyage et de prendre confiance doucement. Le gite dans lequel nous dormons est tenu par un homme à la personnalité très intéressante (ce fut la première personnalité “intéressante” rencontrée lors de ce voyage… premier d’une longue série…) qui nous remercia grandement de notre visite (au sommet de la haute saison, nous étions seuls)… Ces deux jours de “grimpe cool” passée, nous décidons d’attaquer un peu plus sérieusement et d’enfin s’attaquer à des faces qui nous ont fait traverser le globe jusqu’ici.

Sur la route de Frey

Sur la route de Frey

C’est donc vers le refuge de Frey, derrière le Cerro Catedral que nous allons planter notre tente. L’endroit est connu des grimpeurs et propose de la grimpe alpine sur un grand nombre d’aiguilles (ou Torre, juste pour montrer que ma maitrise de l’Espagnol est presque impeccable maintenant). C’est sur un parking de supermarché de Bariloche devant les yeux ébahis de certains passants que nous vidons nos 6 sacs de matériel pour en remplir 2 avec ce qui nous servira pour 7 jours: une tente, 2 cordes, une grande quantité de matériel, de la nourriture pour 7 jours… quelques vêtements de rechange… et nous voici prêts avec 2 sacs à dos quelque peu “lourds”. La montée vers Frey prend 4-5 heures et fut le premier gros effort physique de ces vacances: il fait chaud, les sacs sont lourds… et nous rencontrons ces charmantes créatures que sont les “tabanos” (taons) qui feront partie intégrante de tout le reste des vacances. Au milieu de la montée, nous sommes récompensés par un concert de guitare/batterie… de la part de 2 randonneurs qui montent au même endroit que nous avec leurs instruments respectifs (quand je disais ci-dessus que nous avons rencontré des personnalités intéressantes durant ce trip…). Le refuge est finalement atteint dans la soirée et dans un état de fatigue avancée. La tente est montée au moment où le vent commence à se lever… et avec lui… le froid qui arrive. Nous sommes maintenant à un peu moins de 2000 mètres d’altitude. Nous aurions aimé profiter d’une première nuit reposante mais la météo locale nous a réservé un cadeau d’accueil: le vent souffla de plus en plus fort… nous empêchant de fermer un oeil de la nuit. La seule sensation qui me reste de cette nuit est : comment cette tente a-t-elle tenue? Nous avons passé la nuit à observer les pans de la tente voler dans tous les sens, à sortir rattacher les piquets… et à espérer que tout ne se déchire pas. Au matin, nous avons pu réaliser que nous fûmes chanceux: certains de nos voisins ayant vu leur habitat provisoire se déchirer en petits morceaux, voire s’envoller complètement, ce qui est relativement regrettable ;-)!

 

Refuge de Frey

Refuge de Frey

 

Frey...

Frey…

Au petit matin, vu la force du vent, on se dit que ce premier jour est perdu et nous le prenons cool: rencontre avec les tenanciers du refuge, avec d’autres grimpeurs… au global: avec plein de gens très ouverts et très accueillants. Puis finalement en début d’après-midi, notre impatience nous a poussés à enfiler nos baudriers et à braver la tempête pour une première ascension sur “l’Aguija Frey” qui se trouve juste devant le refuge. Il ne fait pas chaud et le vent souffle toujours mais une petite voie facile de ~ 150 mètres fut gravie. Un retour à l’escalade en traditionel pour ma part… retour pas évident. Même les longueurs en 5+ me demande de la concentration. Mais une escalade magnifique et un cadre absolument stupéfiant. Tout s’est bien passé! Et c’est avec le sourire aux lèvres que nous redescendrons vers le refuge, content d’avoir bravé les éléments pour cette première journée.

Le jour suivant nous réserve une réelle surprise: le vent s’est complètement retiré et c’est un magnifique soleil qui nous fait sortir de la tente. Génial! Le ptit déjeuner est englouti rapidement et c’est vers “l’Aguija Abuelo” que nous nous dirigeons pour une autre longue voie, un poil plus difficile que la veille.

Bernard en lead

Bernard en lead

Je m’envole dans une première longueur de près de 60 mètres… Bernard luttera vainement dans une fissure surplombante que forme la seconde longueur… qui nous fait conclure que les cotations sont sévères! Je terminerai le tout par une dernière longueur plus facile mais splendide qui me verra effectuer quelques mouvements très techiques avant de terminer par une cheminée, ma spécialité (… en mode ironie). Une photo sommitale plus tard, nous nous retrouvons devant l’aiguille M2 où nous terminerons la journée en réalisant des voies de une longueur.

Une nuit plus tard, c’est encore le beau temps qui nous réveille. Cette fois, c’est l’aiguille la plus haute dans la vallée qui attire notre attention. Après près de 2 heures de randonnée pour atteindre la base de l’aiguille… et la traversée (quelque peu bancale) de quelques névés tardifs, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas les seuls à avoir jeter notre dévolu vers cette aiguille spectaculaire et que pas mal de coordées font la file dans la voie. Nous changeons donc rapidement nos plans: en lieu et forme de la voie normale, nous allons nous diriger vers la face Est pour une voie légèrement plus difficile et moins parcourue. La traversersée qui nous permet d’atteindre le départ de la voie est plus que sportive, traversant des pentes neigeuses plus qu’ardues… la concentration est maximale, la chute sur ces pentes de glace est interdite! Il nous faut ainsi une bonne heure pour atteindre ce que nous pensons être le départ de la voie. C’est à Bernard que revient l’honneur d’ouvrir cette première longueur (ce genre de choses se joue toujours à la courte paille) et à trouver un itinéraire. Ensuite, le niveau monte un ptit peu pour une seconde longueur faite de traversées diverses que je mènerai. Le niveau monte encore par après pour Bernard qui forcera un petit offwidth, suivi d’une traversée somptueuse et d’une remontée en dalle sur une petite fissure. La longueur d’après me verra effectuer des mouvements d’équilibre assez peu communs: en équilibre dans une cheminée sur une arrête fine… très très intéressant! Finalement, nous rejoignons le flux de grimpeurs pour la dernière longueur de la voie normale qui (après un temps d’attente trop long) nous permit d’atteindre le sommet de la vallée! Sommet d’où la vue est imprenable… vue sur les volcans voisins, entre autre. C’est dans le noir que nous terminerons la marche qui nous ramèna à notre tente!

Sommet !

Sommet !

Nous consacrons ensuite la dernière journée de l’année 2015 à du repos… lever tard (enfin, je devrais plutôt dire: encore plus tard que d’habitude), et journée consacrée à … ne rien faire! Bref, un peu de lecture au soleil pour moi (ce fabuleux livre de notre star nationale: Jean Bourgeois). Un peu de flânerie au soleil… Un “plouf” dans le lac (siiik c’est pas chaud) histoire de se “laver” un ptit peu (et faire croire à tous nos lecteurs que nous avons une hygiène irréprochable…) et nous voilà déjà à l’heure de l’apéritif,… on est le 31 décembre tout de même. Un grand nombre de randonneurs sont montés au refuge pour fêter la nouvelle année! Un barbecue est par ailleurs organisé! Bref, la soirée s’annonce bien! Après quelques bières (la bière étant brassée sur place… en tant que belges, on ne peut qu’apprécier!) et quelques hot dogs, la soirée commence. Il s’agira pour moi d’un tout bon moment des vacances. Dans un décor somptueux, c’est une 40aine de personnes qui se retrouvent et qui partagent cette soirée dans une simplicité que j’apprécie tout particulièrement. Pas de barrière de langue (alors que très honnêtement, notre Espagnol laisse clairement à désirer), pas de barrière d’âge, de sexe, de classe sociale… des contacts simples et enrichissants le temps d’une soirée, des contacts faciles et des rencontres parfois inattendues (un conquérant de l’Everest par exemple). La soirée dansante du refuge nous aura tenu éveillés jusque fort tard, permettant de célébrer l’avènement de 2016 comme il se doit et de démontrer tous mes talents de danseur de salsa ;-). La lune brille, les étoiles sont légions dans un ciel pur… avant de rentrer dormir, je m’allonge à côté du lac quelques instants: pour profiter simplement du moment présent: entre les étoiles et la montagne, deux “passions” qui occupent une part importante de ma vie. Je laisse le temps s’écouler réfléchissant à ce que je peux bien attendre de 2016… à commencer par un pied qui ne me pose plus de soucis [NDLR: malheureusement, ce ne sera pas pour 2016 :-(]. Je resterai ainsi un temps certain, prenant le temps d’apprécier la chance que j’ai de vivre de tels moments… me laissant penser que j’ai une bonne étoile qui veille sur moi de là-haut… et qui doit bien se marrer ;-)! M’en sentant plus proche que jamais. Bref, ce fut un passage vers l’an neuf des plus improbables et des plus réussis… Un moment où bien que sachant pertinemment bien que tout n’est point parfait dans ma vie (loin s’en faut), je suis à l’endroit où je dois être! Ne laissant aucun doute sur les choix que j’ai faits pour en arriver là.

Aguja la Vieja

Aguja la Vieja

C’est relativement tôt pour un premier janvier que nous nous mettons en route le lendemain en direction d’un autre Torre: l’Aguja la Vieja et une voie nommée pour moi: SudAfricana qui remonte la tour suivant une fissure évidente mais qui traverse un surplomb et qui offre quelques passages en offwidth: la fissure devient tellement large qu’on coince n’importe quelle partie de son corps dedans! Trois longueurs splendides! Ensuite, je pousse Bernard pour une seconde ascension de cette aiguille suivant une voie en dalle un poil plus difficile et surtout: engagée à souhait! La chute ne sera pas permise dans cette ascension technique que je leaderai. Bref, un excellent premier de l’an avec un peu d’adrénaline pour bien commencer l’année.

Le lendemain sera déjà notre dernier jour à Frey. Nous nous lancons dans une voie plus difficile avec notamment une longueur mythique pour Bernard qui enchainera à vue cette longueur plus délicate. Un petit exploit!
Après, il faudra packer les sacs, faire ses adieux à tout ce ptit monde avec qui on a partagé quelques bons moments à ce refuge et puis il faudra reprendre le chemin de la descente au pas de course, zigzagant entre les tabanos! Pour retrouver la civilisation, une bonne douche et un bon repas où nous pouvons nous féliciter de cette première semaine de grimpe! C’est parfait!

 

Suite du récit

From El Torre Principal

From El Torre Principal