Vamos a descubrir las montanas chilenas…

Partie précédente du récit

 

Refueling...

Refueling…

Le lendemain, nous avions prévu une autre longue voie (enfin, après celle de la veille je devrais dire moyenne, un “petit” 300 mètres seulement). Cependant, la mise en route fut plus difficile que prévue (c’est qu’on est plus tout jeunes ma ptite dame), l’approche nous prend encore plus d’une heure de marche (sachant qu’on est en camp avancé déjà…) comportant des passages de grimpe sur des énormes dalles que je qualifierais d’intéressants. Ensuite, lorsque nous arrivons au pied de la voie, quelques gouttes se font sentir! Et là, c’est l’échec: la motivation dont le niveau était déjà à peu près aussi haut que le niveau moyen des terres aux Pays-Bas est retombé à 0… le ciel menaçant nous convaincant de ne pas décoller dans la voie (l’impossibilité d’abandonner en cas de pépins ayant son ptit rôle dans la décision). Nous avons donc planqué le matos d’escalade tout près de ce départ et nous sommes redescendus au camp de base…

Cochamo village

Cochamo village

Le jour qui suit, c’est jour de repos… qui dit jour de repos, dit rando pour redescendre à Cochamo village pour… essentiellement des raisons personnelles. Bref… quelques heures de marche, un ptit resto accompagné d’un bon pisco sour et une remontée au soir… une bonne journée de repos (enfin… 5 heures de rando tout de même)! Car le lendemain, c’est grosse journée!

 

 

 

 

On démarre bien tôt et attaquons par 3 heures de marche d’approche (toujours la même, bien corsée, comme on les aime) qui nous ramène au même point que 2 jours plus tôt! Le matériel nous attend et nous attaquons la voie… la seconde longueur que Bernard leadera restera comme l’une des meilleurs du séjour: un gros dièdre fissuré qui se courbe vers la gauche… tout simplement splendide! La dernière longueur réserve également quelques mouvements très impressionants avec notamment un ptit passage bien physique en dévers suivi par quelques mouvements très fins sur microfissures… c’est Bernard qui se chargera de convertir cette longueur aussi! Splendide! On profitera de la vue au sommet, on récupèrera un peu également… car par après, c’est 3 bonnes heures de marche qui nous font terminer la journée pour redescendre au camp de base! Un push dans la journée qui laissera des traces (c’est qu’on vieillit ma ptite dame).

 

Une des plus belles longueurs du séjour !

Une des plus belles longueurs du séjour !

Approach...

Approach…

Les jours qui suivent, le temps de Patagonie nous a ratrappés… il pleut, il pleut et il pleut… la vallée se transforme en champ de boue ; les touristes moins préparés terminent trempés de la tête au pied ; les feux s’allument pour faire sécher les sacs de couchage et on tue le temps comme on peut… pour ma part, je m’initie à l’harmonica (après coup, je me dis que ca n’a pas dû aider à faire revenir le beau temps)… Bernard lit… on fait des plans pour les jours qui suivent, envisageant tous les scénarios possibles… on se réinvente météorologue (une fois de plus)… on essaie de lire le mouvement des nuages en espérant lire une amélioration (mais oui… et la marmotte, elle emballe le chocolat). On passe pas mal de temps à méditer… à discuter de tout et de rien… de la vie… à un âge où la pression sociale (et parfois plus) se fait sentir pour se poser, trouver son “significant other” et procréer (pr utiliser un terme ma fois fort froid), la forme de nomadisme (pour reprendre un terme cher au maitre de ce site web) et le célibat (prolongé) dans laquel je vis actuellement ne peuvent qu’être accompagnés d’une série de questionnements… la façon de vivre également… pour le moment, un peu au jour le jour… mais tout ca s’accompagne d’une liberté extraordinaire … bref, ces quelques moments forcés au repos à attendre que la pluie cesse sont l’occasion d’échanger là-dessus… C’est également de rencontrer d’autres grimpeurs sur le site et cela conduit à des situations très drôles par moment! Les personnalités rencontrées sont vraiment atypiques! C’est terrible! C’est aussi l’occasion de bien étudier le futur projet: un nouveau big wall de 1000mètres qui se situe juste à côté de notre camp de base et qui n’a pas encore été enchainé… une première qu’on aimerait bien réaliser dans les jours qui viennent.

 

Projet suivant...

Projet suivant… juste au-dessus du camp, il nous aura nargués durant tout le séjour…

Bernard dans la pitch 11

Bernard dans la pitch 11

Après 2 jours de pluie, celle-ci s’arrête et nous décidons de jouer le tout pour le tout et attaquons à 5h du matin… il faut se farcir la (pas si) courte (que ca) marche d’approche, traverser une tyrolienne, remonter la jungle humide… se retrouver avec de la boue jusqu’au genou, admirer la jungle qui se réveille doucement… pour se retrouver au pied de la voie et attaquer la face. Après une centaine de mètres de grimpe à une allure impressionante, c’est l’abandon: il faut se rendre à l’évidence, la face est encore complètement trempée… il nous faut redescendre et patienter un jour de plus sous le soleil! Le lendemain: même scénario: lever à 5h, ptit dej englouti et départ à la frontale. Comme la veille, on démarre l’approche dans le noir, en silence, pas encore complètement réveillé. Les seuls sons audibles sont les sons des mousquetons qui s’entrechoquent… avec de temps en temps un “plouf” suivi d’une série de jurons, synonyme d’un pas dans une “flaque” ou zone de boue de l’un d’entre nous. Comme la veille, on assiste à la Nature qui se réveille et comme la veille, on attaque à toute allure la voie! Et c’est sur un tempo d’enfer que sont gravies les 10 premières longueurs (un premier tiers). C’est par ailleurs là qu’on prendra le temps de prendre un second ptit dej. La suite sera plus laborieuse, beaucoup plus laborieuse. Pour différentes raisons: tout d’abord, les 10 premières longueurs étaient équipées depuis bien longtemps, ce qui implique pas mal de passage. Par contre, la suite est complètement neuve, ce qui implique que l’itinéraire est un peu plus difficile à trouver, le rocher plus fragile, voire carrément cassant… la végétation plus abondante (voire parfois la grimpe se fait dans la végétation), les cotations un peu plus folkloriques… je me dois de mentionner également un arrêt en catastrophe pour Bernard qui restera connu dans les annales sous le nom de “pitch thirteen”. Les longueurs dures sont vraiment dures (je pense à une longue longueur de Bernard bien déversante… à une traversée sous un gros toit pour moi… après près de 800 mètres de grimpe). Les passages dans la végétation complètement effrayants… quand on se retrouve sur du gazon dans une dalle et que tout bouge… j’ai même eu l’impression de faire partir un arbre en entier! Bref, la seconde partie de la voie reste splendide mais un peu plus aventureuse… et puis… la face n’a pas complètement séché ajoutant un peu de piment à l’affaire. C’est finalement devant une longueur en cheminée dans laquelle un petit ruisseau coulait que nous décidons d’abandonner… plus très loin du sommet (une centaine de mètres sans doute) après plus de 12h d’effort. Les rappels dans cette face nous réservent aussi leur petit lot d’émotions mais finalement, on parviendra au sol sains et saufs juste avant la tombée de la nuit! Cette première ne sera pas pour nous!

 

El amphiteatro!

El amphiteatro!

Le lendemain sera un jour de repos pour se remettre de ces émotions et surtout en fin de journée on réattaque nos fameuses randonnées d’approche pour se rendre à un nouveau site: l’amphithéatre. Une approche un peu plus longue que les autres… ca monte de nouveau de façon abrupte! Et c’est dans le noir qu’on atteindra le point de bivouac au centre d’un amphithéatre de roc et de parois d’environ 500 mètres de haut! La voie choisie du lendemain a été ouverte (entre autres) par une grimpeuse que nous avions rencontré (à l’époque) lors de notre trip en Afrique du Sud… smallworld! Ce matin-là, nous acceptons un troisième compagnon dans la cordée: un gars en voyage de noce… qui passe un mois posé à l’amphithéatre avec sa femme avec pour quasi seule nourriture… des noix… sans tente… pas de toilette, pas de douche… à la dure… mesdames: pensez-y pour votre voyage de noce! Bref, étant donné que sa femme se sentait un peu fatiguée, il a eu l’autorisation de rejoindre une autre cordée (après coup, quand il nous aura remercié 5 fois en disant que ca a sauvé ses vacances, on se posera tout de même quelques questions… mais bon, à chacun ses problèmes ;-)).

Approche "technique"...

Approche “technique”…

C’est donc une voie nettement plus dure qu’on tente… poussée par les grimpeurs de la vallée (une voie splendide). L’approche est technique et pas évidente avec notamment le franchissement de ce que les locaux ont nommé la “French slot”, un petit trou dans lequel il faut se faufiler dans un mouvement qui tient plus de la spéléo que de la grimpe en essayant de pas rester coincer. Puis, c’est Bernard qui ouvrira les hostilités… et c’est ensuite moi qui ait eu la chance de leader l’une des pitchs les plus belles du séjour: un splendide dièdre d’une quarantaine de mètres suivi d’une traversée surplombante sur une dizaine de mètres. Cela a donné le combat du séjour! A chaque mouvement, j’avais l’impression de partir… que mes forces m’abandonnaient… J’aurai effectué la traversée sans vraiment m’arrêter pour protéger… cela restera comme l’une des croix du séjour. La troisième pitch sera pour notre nouvelle recrue (super fort le gars…), puis Bernard devra leader une longueur vraiment engagée… ensuite on enverra une splendide fissure à doigts. Et voilà… “Todo cambia”, 5.11c, 450 mètres. Ensuite, c’est de nouveau quelques heures de marche (ou course à pied) pour redescendre dans la vallée pour une bonne nuit.

 

 

Bernard "adentro"

Bernard “adentro”

Ensuite, le lendemain soir, c’est à nouveau de nuit que nous remonterons vers l’amphithéatre pour notre dernière ascension. Quelques “gouttes” de pluie pendant la nuit nous force à ouvrir les couvertures de survie (on avait jugé bon de partir “léger”, c’est-à-dire sans tente)… on envisage même de redescendre de nuit… mais finalement, le lendemain matin, c’est un temps clairement “grimpable” qui s’installe. Pour cette dernière voie, nous partons dans un projet ambitieux! Très ambitieux: “Al centro y adentro”, 5.11d, 500 mètres. Sans doute la voie la plus difficile de tout le séjour. On se met comme objectif de s’amuser et prendre son pied pour cette dernière journée et on verra bien jusqu’où on grimpe…

Dalle technique et cheminée...

Dalle technique et cheminée…

et là, c’est ce que j’appelle la magie de l’escalade qui a opéré: Bernard et moi-même étions dans un jour “avec”: très concentrés sur l’escalade, tout s’est enchainé parfaitement bien… les longueurs ont succédé aux longueurs, on a avalé les difficultés avec une maitrise qui frisait la perfection (du moins à notre niveau… n’exagérons rien non plus ;-))… quelques offwidth pour justifier la partie “adentro” du nom de la voie (dont un terrible pour Bernard), quelques magnifiques fissures à doigts… 2 longueurs verticales à réglettes, super techniques que j’engloutirai dans un élan de perfection… tout ca pour nous mener vers une dernière longueur physique qui sera envoyé sans trembler par Bernard. Bref: nous voilà au sommet et cette voie fera partie des voies les plus belles que j’aurai grimpées dans ma vie. Un mélange de styles sublime, un itinéraire (presque) parfait… et puis une journée où nous étions à l’apothéose de ces vacances, tant au niveau de l’escalade que de l’entente dans la cordée. Ce genre de journée où on a l’impression de planer au-dessus de tout, où rien ne peut nous arrêter. Bref… je pourrais continuer à déverser tout mon optimisme sur ce que j’ai ressenti dans cette ascension pendant des pages et des pages mais je cloturerai d’un court et concis (comme le sire du même nom):  MAGNIFIQUE.

C’est éreintés qu’on redescendra vers le bivouac… où on avait laissé un peu de nourriture et surtout un paquet de bonbons (ceux me connaissent sauront qu’économiser un paquet de bonbons pendant plus de 20 jours tient de l’exploit) mais… qu’on nous aura volé (ca, si vous aviez été là, vous m’auriez vu fâché… mais vraiment fâché…). Ensuite, c’est la longue descente vers le camp de base qui commence (la dernière…) dans le noir. Ereintés et sans doute subissant un peu d’émotion, c’est très lentement qu’on redescendra et qu’on parcoura pour une dernière fois cette tyrolienne qui nous ramène à la maison. C’est vers 1h du matin que nous retrouvons nos tentes… autant dire que la journée fut (une fois encore) longue et dure ;-). Là, une très mauvaise surprise nous attend: les cheveux qui doivent ramener notre matériel le lendemain matin vers la civilsation sont prévus à 8 heure du mat’… donc on passera encore une bonne heure et demie à démonter notre camp de base… tels des zombis… et c’est à la belle étoile qu’on s’effondrera pour une dernière fois sous le ciel clair de Patagonie.

 

Suite et fin (snif) du récit par ici…

Dernier sommet !

Dernier sommet !