Vamos a descubrir las montanas chilenas…

Il y a de ces rêves qui semblent irréalisables, trop fous, trop grands, trop… Il y a ces excuses que la société moderne est capable de fournir en quantité presqu’illimitée pour ne pas les réaliser: trop dangereux, trop couteux, trop long, pas adapté par rapport au boulot, etc, etc… et puis il y a de ces rêves un peu particuliers qui ne se laissent pas (totalement) démolir par ces arguments (souvent) fallacieux. Pour moi, aller grimper en Patagonie faisait clairement partie de ceux-là, présent depuis de nombreuses années dans ma tête mais resté à l’état de sous-projet: pas assez fort en grimpe, pas assez autonome dans des zones vraiment reculées dans la Nature, pas assez de congés disponibles, engagé dans une relation, trop couteux… les excuses ne manquaient pas. Etonnemment, c’est au moment où mon niveau de grimpe était sans doute au plus bas (après de trop longs mois de convalescence suite à une entorse), où mes finances ne sont pas “au mieux de leur forme” (après 2 années passées en Afrique du Sud) que ce projet a pris forme. De mon côté, la fin de mon contrat sud Africain me laissait l’opportunité de prendre le temps pour un tel projet. D’un autre côté, une certaine stabilité du côté de Bernard aux US lui laissait la possibilité de prendre de longues vacances voire de quitter son job… lui aussi ayant ce type de projet qui traine dans sa tête. C’est ainsi que les discussions ont commencé: tout y est passé: d’un projet de 6 mois de grimpe “tout autour du monde”, à un projet de 3 mois… qui fut finalement réduit à 6 semaines pour des raisons diverses et variées. Les dates se sont imposées d’elles-mêmes: profitant des fêtes de fin d’année et de la belle saison dans le Sud de l’Amérique. La destination fut également rapidement choisie et c’est vers la vallée de Cochamo, au Chili que nos regards se sont posés. Vallée qui commence à être connue dans le monde de l’escalade… qui avait déjà attiré mon attention lors d’une visite préalable dans la région 4 années plus tôt… Le sort en était jeté, nous allions poser nos chaussons sur ce granite encore fort sauvage du nord de la Patagonie.

S’en suivit alors une phase de préparatifs: une “petite” expédition comme celle-ci ne s’improvise pas du jour au lendemain (encore que…). Les informations disponibles sur la région sont nettement plus difficiles à obtenir que pour un passage au Yosémite (par exemple): quelle météo attendre? quel matériel d’escalade prendre? comment trouver des infos sur les voies, etc…? quelle quantité et quel type de nourriture prendre pour une telle période dans la Nature? Comment transporter tout cela? Il serait aussi utile de “réviser” son espagnol un ptit peu (car non, savoir dire “Dos cervezas, per favor” n’est pas suffisant pour ce type de trip — même si cela reste un incontournable, voire un indipensable). Les questions sont nombreuses et les réponses pas toujours très claires.

En attendant le bus

En attendant le bus

C’est finalement vers la mi-décembre que je m’envole vers Santiago du Chili, un sac à dos rempli d’affaire chaude et la tête pas totalement sereine quant à nos préparatifs que j’ai parfois tendance à estimer comme incomplets… Bernard me rejoint quelques jours plus tard avec tout le matériel d’escalade et de camping (et on remercie son statut de grand voyageur qui lui permet de trimballer une grande quantité de sacs gratuitement). En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nos 6 sacs se retrouvent dans la soute d’un bus de nuit en direction du Sud et c’est moins de 12 heures après son atterrissage sur le sol chilien que Bernard se retrouve en route vers Puerto Montt, 12 heures au Sud de Santiago. La quantité de matériel et le poids de celui-ci ne nous permet pas de multiplier les déplacements. Nous avons du mal à tout déplacer à 2… et les seuls trajets permis sont donc réduits à des trajets du type “gare des bus-maison d’hôte”.

 

A Puerto Montt, les choses sérieuses commencent car il s’agit du dernier endroit où trouver nourriture, etc… avant Cochamo. Après quelques discussions, nous décidons de changer légèrement les plans et décidons de passer une dizaine de jours à Bariloche en Argentine avant de rejoindre Cochamo. Les raisons sont diverses: les prévisions météo ne sont pas optimales pour le Chili alors qu’elles sont excellentes de l’autre côté des montagnes ; nous avons toujours eu le projet de passer un peu de temps à Bariloche et il semble que d’un niveau général, cela soit plus accessible (approche plus facile, voies plus courtes, …). Bref, nous nous retrouvons rapidement dans un autre bus qui nous fait passer la frontière, quitter la pluie de Puerto Montt et rejoindre cette magnifique citée touristique de Bariloche qui fait penser à une ville suisse.

 

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