Bienvenue sur notre expé Vélo – octobre 2003 !
Que tal!
Je vous ecris d’Abancay, une petite ville a 160kms a l’Ouest de Cuzco. Depuis Huancayo, d’ou je vous avais ecrit la premier fois, j’ai dans les jambes 600kms et 4 cols et demie a plus de 3900m. Et tout ca sur des pistes en terres, cailloux ou sable, c’est selon. Le demi-col, c’est parce que la piste ne descendait que jusque 3600m entre les deux cols, et pas 2000m…D’ici a Cuzco, il me reste deux autres cols a 4050 et 3900, mais la route est asphaltee!
De Huancayo, la route remonte vers la abra (=col) imperial, gentiment, jusque 3900m. La route serpente au milieu de villageois qui vaquent a leurs occupations. De l’autre cote du col, c’est une autre histoire. Une descente raide, en lacets. Mais surtout, plus de macadam, de la terre. La piste est en refection, mais elle est plutot en bon etat. J’etais bien content d’etre en velo, parce que tandis que les voitures devaient attendre une ou deux heures a cause de ces travaux, moi je passais tranquillos a cote des buldozers.
La chemin que je suis est la route principale de Huancayo a Ayacucho, sans doute toutes les deux dans les 10 plus grandes villes du Perou. D’abord, cette route, je veux dire ce chemin, n’est meme pas sur ma carte. Ensuite, elle est a peine frequentee. Le second jour, j’ai croise, ou je me suis fait depasser, par cinq camions en tout et pour tout. L’aspect positif de tout ca, c’est que les villages ou je passe sont vraiment tout petit, et les gens extremement sympas. Comme il ne passe quasiment personne, tout un village (bon, allez, la moitie du village) jouait au volley grace a un filet tendu en travers du chemin. J’ai joue avec eux pendant quinze minutes. Quand je suis arrive, ils n’autorisaient pas les smashs. Ca a peut-etre change depuis mon passage 😉 . Autre anecdote: le gars d’un petit restau sur le bord du chemin m’a prepare un delicieux repas “asiatique” en 20 minutes, achat du poulet (deplume!), des legumes et preparation compris.
Pour ne rien gacher, les paysages etaient splendides: beaucoup de vegetations (je me serais parfois cru sur une piste africaine), et des roches de couleurs jaune, rouge ou blanche dans une vallee tres encaissee. Le hic dans tout ca: la qualite de la piste, qui peut aller de bonne a tres, mais alors tres, mediocre. C’est surtout frustrant dans les descentes, ou il est parfois impossible de faire plus que du 10 km/h. Pas beaucoup plus qu’en montee, et en moins confortable. Mais en gros, un jour et demie et 160kms de descente de cette vallee tres agreable.
La remontee vers Ayacucho le troisieme jour fut beaucoup plus penible. Beaucoup de camion, une piste tres mauvaise (imaginez-vous une route en terre cuite avec des gros cailloux incrustes) et de la poussiere, beaucoup de poussiere. Resultat des courses: le porte-bagages avant-droit cede 20 kms avant la ville.
Ayacucho est une vraie ville, a flanc de montagne, a une altitude de 2750 metres. C’est une vraie ville, mais il n’y a pas de route a proprement parler qui y mene, seulement trois pistes. Pour la petite histoire, c’est ici qu’est ne le “Sentier Lumineux” dans les anees 60. Ce groupement devint franchement terroriste dans les annees 80, ce qui rendit toute la region de Huancayo a Cuzco inaccessible pour le tourisme. Les chefs de la guerilla furent arretes entre 92 et 95, et depuis lors on voit des panneaux du style: “les touristes sont nos amis!”. Autant vous dire que le tourisme n’est pas encore tres developpe dans la region. A ayacucho, il y plein d’eglises de 16eme et 17eme siecle et quelques tres belles place. Pour se reposer, c’est le top.
La reparation de mon porte-bagages n’a pas pose de gros problemes: en 2 heures, un gars m’a refait le meme, en fer plutot qu’en aluminium. Mais celui-la ne tient pas une demi-journee: il plie mais ne rompt point. Le probleme, c’est qu’il plie tellement, qu’apres quelques heures, il commence a toucher les rayons! Pas trop grave, je rajoute un etage sur le porte-bagages arriere, et je continue.
Les paysages sont toujours aussi splendides et varies. Le plus impressionant, c’est la taille (en largeur et en hauteur/profondeur) des vallees. Le plus incroyable, c’est qu’il y a toujours des gens. Meme au-dessus de 4000m, il y a toujours des bergers, ou meme des gens qui cultivent des champs de pomme de terre (Je vous rappelle que la patate a ete importee en Europe d’ici!). Ces familles qui vivent tres hauts isolees sont tres farouches. Un soir, je manquais d’eau pour aller camper, et j’ai ete en demander dans une bergerie. Bon, demander, c’est un grand mot: ils ne parlent que le Quechua. Resultat des courses, toute la famille s’est enfuie a 100m de la maison et m’ont regarde, mi-etonnes, mi-soupconneux, remplir ma bidouille pliable a leur source. J’ai plante ma tente un peu plus loin, en-dessous du col a 4100m, avec une vue imprenable sur le coucher de soleil. Esperons que les photos rendront le quart de la moitie du spectacle.
Ce matin, avant d’arriver ici a Abancay, ce que je craignais arrriva: le porte-bagage avant droit lache lui aussi, au meme endroit. Previsible. En plus de la tour sur le porte-bagage arriere, je suis monte ici avec un sac-a-dos. Ca fait un peu cycliste-andin-bohemien. Mais pour le moment, pas une seule crevaison, malgre les 30 kgs de bagages et les descentes vertigineuses sur cailloux. Si vous faites jamais un grand tour a velo, je vous conseille sans hesiter les pneus Schwalbe Marathon xs, c’est le top!
Derniers details:
– une chambre d’hotel (propre mais pas dingue), je vous l’accorde, ca coute 2 euros.
– un repas, c’est 50 centimes. Mais ca peut aller de tres bon a il-faut-vraiment-avoir-faim-pour-apprecier.
– le “cebiche”, du poisson cru dans une vinaigrette avec des cacahuetes, c’est delicieux!
– cote sante, j’ai juste eu des petits ennuis intestinaux une journee. Je ne sais pas si c’est la qualite de l’eau ou le fait d’avoir les mains en permanence incrustees de lubrifiant pour chaine de velo melange a de la terre…
– Je me leve en general a 5h30 et je me couche a 20h30-21h. C’est pour pas etre trop en decalage avec vous 🙂 Non, c’est parce que c’est beaucoup plus agreable de rouler le matin tot quand il fait frais.
Je pense a vous tous quand je suis un peu cafardeux tout seul,
Merci pour les messages d’encouragement,
Rassurez-vous, tout ca s’apparente quand meme beacoup plus a des vacances qu’a une epreuve,
Hasta luego,
Mathieu