Bienvenue sur notre expé Vélo – octobre 2003 !

(Desole, j’ai pas de photos: je developperai mes films a mon retour
en Belgique. Qui a dit “technophobe?”)

Houulalaaa! Ca fait longtemps, hein? Je suis sur que vous vous demandez ce
que j’ai bien pu foutre pendant tout ce temps…Eh bien, voila.

De Puno, sur le lac Titicaca, j’ai ete me ballader sur les deux iles et demi
a proximite. Et demi, parce qu’il y en a une qui est une ile flottante,
construite en espece de roseaux. Meme les maisons et les bateaux sont faits
en roseaux. C’est plutot tres-tres-touristique, mais c’est assez joli.
Les deux autres iles sont des iles veritables, qui ont soi-disant garde leur
integrite culturelle. Il n’y a pas d’hotel ou de restau, on est loge dans
des familles. A moi, ca m’a plutot donne l’impression qu’ils avaient
conserve une certaine solidarite pour attirer les touristes…Mais bon,
ca m’a fait du bien de rencontrer d’autres touristes et de discuter en
francais ou en anglais.

La journee de velo suivante fut tres agreable: 130 kms le long du lac
Titicaca, et arrivee en Bolivie, a Copacabana. Les hotels etaient vides,
et les restaus ne pouvaient pas cuisiner grand-chose, vu que le blocus
n’avait ete leve que deux jours avant. Le lendemain matin, j’ai marche
jusqu’a la fin de la presqu’ile, ou un pecheur m’a emmene a la rame
jusqu’a l’Isla del Sol. Cette ile tres sauvage est magnifique: montagneuse
et parsemee de petite criques. De nouveau, j’ai pu profiter de la quasi
absence de touristes. Les gens etaient soulages d’en voir quelques-uns,
apres trois semaines d’inactivite.

[Petit intermede socio-politique sur la Bolivie]
La Bolivie, c’est 8 millions d’habitants sur un pays 15 fois plus grand
que la Belgique. La plupart vivent a plus de 3000m, les autres vivent
dans la jungle, dans le bassin amazonien. Le pays regorge de ressources
naturelles, mais c’est le pays le plus pauvre du continent. C’est
reellement un pays du Tiers-Monde, avec un taux de mortalite infantile
qui creve des plafonds, un taux d’analphabetisation des femmes record,
et un acces a l’eau potable tres limite en-dehors des villes.

Recemment, le projet du president ultra-liberal et pro-americain (le mot
est faible: il est incapable d’utiliser le subjonctif tellement il a
passe de temps aux USA) de vendre du gaz aux USA via le Chili pour
renflouer les caisses de l’etat a mis le feu aux poudres. Les paysans et
les mineurs, sur que le produit de cette vente n’arriveraient jamais
jusque chez eux, ont bloque toutes les routes d’acces aux grandes villes,
jusqu’a ce que le president demissione.

Le vice-president, un ancien journaliste, libre de toute appartenance
politique est maintenant aux commandes. Sa tache est immense:
il n’a pas d’argent pour payer les fonctionnaires, 70% de
la population aurait grand besoin de programmes d’education et
d’amelioration des infrastructures, et la situation sociale tendue a
rendu les investisseures etrangers frileux…Qui a dit “mission
impossible”? Et je ne parle meme pas du probleme de la coca,
cultivee pour plus de 60% pour le marche americain de la cocaine.
La pression des USA pour eradiquer les champs de coca est enorme,
mais il est impossible pour ces agriculteurs de survivre en
cultivant du cafe, des bananes ou des ananas…
[Fin du petit intermede socio-politique sur la Bolivie]

Ensuite, ce fut de nouveau une longue et belle journee de velo jusque La Paz,
legerement plus bas que le lac Titicaca, mais quand meme la plus haute
capitale du monde a 3650m. Un million et demi d’habitants dans une cuvette
tres encaissee, avec des sommets enneiges en arriere-plan, je vous jure
que ca a de la gueule quand on arrive au bord de la cuvette une heure avant
le coucher du soleil!

La Paz est une ville tres agreable, sauf quand il grele. Comme quasi
toutes les rues sont des pentes a plus de 15%, toute la circulation
est bloquee, et des torrents d’eau grise glaciale emportent tout ce
qui n’est pas bien accroche. Mais ca ne dure pas tres longtemps: apres
2 heures, tout est sec et on ne voit plus rien. J’ai aussi eu
l’occasion de diner avec le gouverneur de la banque nationale, un
ancien doctorand du CORE…oui, j’ai bien mange, j’avoue! Et le
musee du littoral bolivien, inexistant depuis la guerre avec le
Chili il y a 130 ans, est pour le moins cocasse.

Deux jours plus tard, je suis parti a velo, vers le nord et le bassin
amazonien. De La Paz, la route traverse la Cordillera Real par un col
a 4600-4700m, puis degringole en 80 kilometres jusqu’a 1500m.
Dans la montee, je me suis fait depasse
par 3 bus/camionettes d’agence de voyage de La Paz qui organise la descente
a VTT. Le debut de la descente est asphaltee, et j’ai rattrappe assez
rapidement les trois groupes de vetetistes, avec qui j’ai plus ou moins fait
la descente par la suite.

Cette descente jusque Coroico s’apelle “el camino de la muerte”, et porte
bien son nom. C’est un chemin de terre, de la largeur d’une voiture, borde
sur la gauche par un a-pic d’une centaine de metres la plupart du temps.
Jusqu’il y a trois ans, c’etait la route principale vers le nord du pays a
partir de La Paz. Resultat: une centaine de morts par an en moyenne. La
veille de ma descente, un touriste italien s’est d’ailleurs tue en velo. Il
faisait partie d’un groupe de touristes en VTT, et a panique en croisant une
voiture. Bon, la route est splendide, et ce n’est pas si dangereux que ca
quand on fait attention.

A Coroico, j’ai retrouve Chely, une israelienne avec qui j’avais mange un
soir aux environs de Cusco. A ce moment-la, elle voyageait avec un ami
allemand. Le lendemain, je suis reparti de bonne heure. La piste etait
spelendide, mais horriblement poussiereuse, a cause du traffic de camion
assez important. Vers 16h, je suis arrive a une petite ville, ou passait le
bus pour Rurrenabaque (ma destination finale) vers 17h. Je me suis dit que
je preferais me reserver des jours de velo plus interessants et je suis
arrive a Rurre le lendemain matin. J’ai retrouve Chely dans le bus, dans
lequel il y avait aussi un americain, Brad, qui voyageait seul.

Apres une journee de repos meritee et obligee (il a plus presque toute la
journee), nous sommes partis a trois pour deux jours dans la jungle, puis
trois jours dans la pampa.

La jungle, c’est vraiment comme dans les films. La vegetation est hyper
dense, il fait sombre, et ca sent la terre humide. L’ambiance est super, et
c’est ideal pour observer les insectes et la vegetation, mais on ne voit pas
tellement d’animaux, parce qu’on ne voit pas tres loin!
On a pu observer: les arbres a curare, des arbres qui marchent (80 cms par
an!), de l’ail sauvage (c’est un gros arbre qui pue l’ail a 10 metres a la
ronde), des arbres a quinine (d’ou est derive le medicament du meme nom
contre la malaria), des araignees aussi grande que ma main, des singes qui
crient tres forts, des perroquets, des arbres tapisses d’epines,…Et, le
top, un jaguar, la nuit, qui est reste scotche a 7-8 metres dans le faisceau
de ma lampe frontale pendant une quinzaine de secondes.

La pampa, c’est une plaine sans beacoup d’arbres (a part le long des
rivieres), plutot marecageuses, sillonee de rivieres etroites ou le courant
est tres faible. Ca grouille d’animaux qui sont relativement facile a
observer. En vrac: plein de caimans et d’alligators (on a meme attrape un
alligator de deux metres), des tortues, des capiwaras (un rongeur de la
taille d’un tres gros chien), plein d’oiseaux (divers echassiers,
palmipedes, aigles, toucans, perroquets), pas mal de singes,…Pas de
tapirs, malheureusement. Mais le plus impressionnant, ce sont les serpents,
cobras et anacondas, qui vivent dans les marais. Le premier jour, on a
patauge 4 heures, sans rien apercevoir. Le lendemain, on est retourne, Brad,
le guide et moi, repatauge pendant trois heures, sans rien voir de nouveau.
Puis, on a apercu un cobra qui s’enfuyait. Un quart d’heure plus tard, sur
le chemin du retour, on trouve un anaconda. Qui parvient a s’enfuir. Une
minute plus tard, on remet la main dessus…Et la, c’est la prise de l’annee
(au sens propre): quasiment quatre metres, 50-60 kgs, enorme! On a pu faire
les fiers, sur le chemin du campement, en le montrant aux autres groupes de
touristes. Les autres guides n’en revenaient pas.

Puis, ce fut le retour a Rurre, une nuit, 20 heures de bus penibles, et
directement le bus pour Cochabamba. D’ou je vous ecris.
Ouf!

Et pour terminer, pour ne pas changer une formule qui marche,
voici
“La Rubrique Anecdotique”
– Rurre est bourre d’israeliens, qui forment largement plus de la moitie des
touristes la-bas. Quand on pense qu’ils ne sont que 6 millions, c’est
dingue. Le probleme, c’est qu’ils sortent de trois ans de service
militaire, et qu’ils ont un “esprit de caserne” plutot developpe.
– Rurre est une ville qui me fait vachement penser a l’Afrique avec la
chaleur, la large riviere qui coule au bord de la ville, les bruits
d’animaux, la poussiere, les moustiques,… Ca change de l’Altiplano!
– L’internet a Rurre etait coupe depuis un mois. D’ou mon silence-radio…
– Au moment ou j’ai envoye mon dernier mail, ou j’ecrivais que je
deseperais d’une crevaison, mon pneu avant etait tranquillement en
train de se degonfler dans ma chambre d’hotel 🙂
– Dans les villes bolivienens, il y a plein de gens enchaines a des
telephones portables. Et ils vous harcelent pour que vous telephoniez
sur leur telephone, alors qu’il y a aussi plein de telephones fixes
publics. Je n’ai pas encore tout compris.
– Les beignets (saltenas, empenadas, et autres) qu’on vend ici dans
les rues sont delicieux. Mais, depuis que je suis en Bolivie, j’ai
aussi legerement plus de problemes intestinaux…Il faut croire que
j’apprecie la bouffe de mauvaise qualite!
– A la place de se laver les mains, en Bolivie et au Perou, on
manipule la nourriture a l’aide de sac en plastique. L’ecologie,
c’est pas encore trop ca…

Hasta luego,
je vais aller terminer quelques figures en Excell (je vous raconterai
ca la prochaine fois),
Amities a tout le monde,

Mathieu