3 jeunes aventuriers vont affronter les vents violents des plaines de Hardangervidda. Il faudra tirer notre matériel et notre nourriture dans des pulkka ainsi que planter notre tente dans le froid absolu. De nombreuses couches thermiques ainsi que d’épais sacs de couchages nous tiendront au chaud. Nous irons en voiture, départ un jeudi soir pour 16h de trajet (hors ferry).

Skating et murs de neige [5/9]

Ce matin, il fait beau et ensoleillé. Nous prenons le petit-déjeuner dehors pour profiter du soleil. Au moment du départ, il fait carrément trop chaud. Chacun lance son estimation de la température: 10°C, 15°C, 20°C… (D’après la météo du hollandais que nous allons bientôt rencontrer, il fait en fait -6°C.) Grégoire et Robert démarrent en short et en t-shirt. Je me mets en collants et torse-nu, car je n’ai pas jugé utile de prendre un short pour aller skier en Norvège.
Grégoire choisit de marcher en baskets car “la neige est bien dure, il n’y pas besoin de skis”. Quand je lui demande pourquoi il a pris des baskets (alors qu’on a déjà des bottines de ski et des VBL, de quoi couvrir la plupart des usages), il me répond: “Ben pour rentrer en stop à Dyranut. Mais t’inquiète, tu pourras faire du stop en bottines de ski. C’est très agréable aussi.”
Après 1km, les choix d’équipement les plus contestables sont corrigés. Je porte désormais un t-shirt et Grégoire a des skis aux pieds. On continue sous ce beau soleil jusqu’au refuge de Lagaros (avec un petit rond sur le premier A). On s’arrête pour manger (et mettre un pantalon pour certains). Robert et moi goûtons pour la première fois le brunost (ce “fromage” de chèvre brun typiquement norvégien). C’est mauvais. On capte un peu de réseau Edge (il parait que c’est un ancêtre de la 3G) et on tente d’obtenir la météo. On abandonne assez rapidement mais on trouve un charmant hollandais qui nous donne la météo qu’il a trouvé la veille je ne sais pas où. On annonce du vent du sud pour demain.

Nous poursuivons donc vers le sud pour remonter demain vers le nord-est (ça paraissait logique sur le moment). Après une descente où on utilise les pulkas comme des luges, Grégoire ressent un peu de vent. On lance les (grands) kites. Comme le vent n’est pas si génial, j’essaie d’avancer et de remonter au vent le plus possible, pendant que les deux kitesurfeurs jouent à faire des bords. Quand le vent diminue, je suis déjà sur le lac sur lequel on a prévu de dormir et les autres sont bien derrière. La tortue a gagné. Je fais une petite sieste sur la neige pour savourer ma victoire. Grégoire me rejoint dix minutes plus tard. Il reste deux kilomètres à faire sur le lac si on ne veut pas devoir trop remonter au vent demain matin. Je propose à Greg de finir en skating (skier en pas de patineur):
“On ne skaterait pas la fin pour ne pas devoir mettre les peaux?”
“Oui, pourquoi pas.”
On enlève quelques couches et on se met à skater.
Le skating est déjà une activité assez physique dans des conditions normales. Du coup avec des skis alpins et une pulka de 25kg, ce n’est pas super évident. On n’a pas vraiment attendu Robert.
Moi “Tu sais ce que fait Robert?”
Greg: “Je ne sais pas. J’espère qu’il ne fait pas comme nous parce que c’est vraiment horrible.”
On s’arrête après 1km.
Moi: “On a bien fait de ne pas mettre les peaux hein?”
Greg: “On a surtout bien fait de ne pas skater plus longtemps.”
Grégoire ne semble pas partager mon goût pour les mauvaises idées.

Robert nous rejoint un peu plus tard en peaux. Il a l’air d’avoir moins transpiré que nous. Après le skating, je m’adonne à ma deuxième passion: la construction d’un mur de neige autour de la tente. Grégoire se construit une toilette royale: une sorte de trône en blocs de neige avec un ski en guise de planche et Robert fait des trucs utiles comme monter la tente et préparer l’apéro.
Je fais une pause dans la construction de mon mur pour aller chercher de l’eau avec Grégoire et la hache. Cette fois, on a besoin de la hache pour casser 5cm de glace qui se trouve entre la neige et la première couche d’eau. On se congratule:
“C’était vraiment une bonne idée de prendre cette hache.”
“Encore une journée sans devoir faire fondre de la neige!”